Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le Manoir De Mondello
Le Manoir De Mondello
Le Manoir De Mondello
Livre électronique161 pages2 heures

Le Manoir De Mondello

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

À la mort de son grand-père, Johnny hérite d’une demeure ancienne, presque en ruines : le Manoir de Mondello. Son avocat, Angelo, ancien camarade de sorties et meilleur ami à l’époque du lycée, lié à lui par mille souvenirs potaches et embarrassants, lui conseille de tout vendre et de tenter d’en retirer le maximum. Mais Johnny se sent irrésistiblement attaché à cette vieille construction et ne veut y renoncer pour rien au monde. Bien au contraire, il abandonnera son travail et sa maison pour donner vie à un projet auquel personne ne semble croire. Entre les obstacles bureaucratiques et un problème économique à résoudre, Angelo et Johnny commenceront à revivre les moments qui les avaient liés jeunes et finiront par se sentir attirés l’un par l’autre. Aucun des deux ne semblera comprendre, mais ce sera l’atmosphère magique des plages du Manoir de Mondello qui révèlera aux deux hommes la clé de leur destin.

Dans ce roman, le protagoniste, Johnny, et son frère Alex, héritent de leur grand-père d’une demeure en ruines : le Manoir de Mondello. La lecture du testament sera confiée à Angelo, ex-compagnon de classe de Johnny et meilleur ami à l’époque du lycée. Alors qu’Angelo et Alex plaident pour vendre et en tirer un bénéfice, Johnny voit dans la propriété une façon de se réapproprier ses propres racines et poursuivre le rêve brisé de son grand-père défunt. Angelo finira par aider Johnny dans ce qu’il considère comme une aventure folle, modérant les rapports avec son frère, Alex, et servant de lien entre eux. Peu à peu, les protagonistes revivront les souvenirs qui les avaient étrangement liés plus jeunes, et découvriront que la relation loyale, passionnée et tendre qui les unissait a un nom : l’amour. Alors qu’ils rénovent le Manoir de Mondello, apprendre à ne pas en avoir honte sera le continuum de l’œuvre.
LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie1 avr. 2021
ISBN9788835416227
Le Manoir De Mondello

Auteurs associés

Lié à Le Manoir De Mondello

Livres électroniques liés

Fiction gay pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le Manoir De Mondello

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Manoir De Mondello - Salvatore Savasta

    Chapitre I

    ne m’appelle pas fils

    sauf si tu es sur le point de me coucher sur ton testament.  

    Cit. Al Mcguire

    Lorsque je sortis de l’ascenseur, je me dirigeai vers la dame assise derrière un bureau : sur le mur, un panneau indiquait : Casati, Gattai et Pavesi, Docteurs en Droit.

    Je me présentai et la secrétaire m’invita en souriant à m’installer. Je pris place sur un divan en cuir et regardai autour de moi. Je me trouvais dans un environnement agréable : les portes en verre fumé, le carrelage caché sous de précieux tapis et les murs constellés de tableaux représentant Palerme au XIXème siècle me firent comprendre que je me trouvais dans un cabinet d’avocats reconnu et à la riche clientèle.

    Ce serait pour moi une journée douce et amère à la fois : douce parce que je reverrais bientôt Angelo Pavesi après plus d’un an, et amère car l’occasion était triste. La lecture du testament de mon grand-père. Tous les avoirs des Biondi auraient un nouveau propriétaire.  

    Je m’efforçai de penser à quelque chose de joyeux car, bien que je sache depuis longtemps que ce jour arriverait tôt ou tard, mon grand-père me manquait vraiment. Il avait été un père. Ma famille ne comptait que moi, mon frère Alex, mon grand-père Giovanni dont j’avais hérité le prénom, un grand-oncle et une grand-tante. Mon grand-père, avec ses frère et sœur, était revenu d’Amérique après s’y être rendu en quête de fortune. C’était un émigré qui, après avoir trouvé sa marmite d’or au pied de l’arc-en-ciel, avait choisi de rentrer dans sa patrie une fois devenu père.

    Je pensai donc à ma vie, à mon mariage brisé à vingt-cinq ans et à combien j’avais changé depuis. Aujourd’hui, trentenaire, je me sentais sûr de moi et relativement heureux de ce que j’étais et avais. Deux semaines plus tôt, j’avais rencontré une femme qui me plaisait beaucoup : elle m’avait été présentée lors d’une fête sur le bord de mer de Capaci. Federica, une personne charmante, intelligente et sympathique. Une écrivaine qui habitait Capaci depuis moins de deux mois. Après quelques rendez-vous, j’avais compris que j’avais rencontré une vraie femme, la tête bien pleine au-dessus de son décolleté, avec laquelle pouvoir concevoir une relation durable et solide. Au-delà de cela, je venais d’être promu agent en chef dans le fast food où je travaillais. Je repensai ainsi à la façon tendre et compatissante avec laquelle on me regardait le premier jour de travail : encore un diplômé qui finit par travailler dans un fast food. Je savais aujourd’hui avoir fait le bon choix. Bien entendu, mes amis du lycée qui étaient devenus médecins, avocats, enseignants et architectes avaient haussé les sourcils de surprise quand j’avais parlé de mon nouvel emploi et de combien il m’enthousiasmait. Mais j’avais mis un moment avant de comprendre qu’ils n’étaient pas de vrais amis. Ils ne pouvaient pas l’être s’ils me jugeaient uniquement sur mon statut social.

    Depuis quelque temps, j’avais également compris combien il était important de suivre mon instinct, sans me préoccuper de ce que pensaient les gens. Ce matin-là aussi, j’avais suivi mon instinct en me rendant au cabinet d’avocats. Mon grand-père n’était pas très riche et il avait eu de gros problèmes financiers les dernières années, mais il avait toujours possédé une imagination fantasque et je pensais que son testament serait pour le moins intéressant.

    Une porte du bureau de Casati, Gattai et Pavesi s’ouvrit et une charmante jeune femme, sortie de la pièce dont la porte affichait le nom d’Angelo Pavesi, vint vers moi.

    « L’avocat a dû s’absenter un moment, monsieur Biondi. Mais vous pouvez patienter dans son bureau, si vous le souhaitez. Vous attendez d’autres personnes, n’est-ce pas ?»

    — Je pense que oui » répondis-je, certain que mon frère avait été appelé, peut-être avec nos grand-oncle et grand-tante.

    Un instant plus tard, je me retrouvai seul dans le bureau d’Angelo. C’était une pièce accueillante, avec des tapis orientaux, des tableaux de maîtres et de précieux meubles anciens. Je ne m’attendais pas à une telle décoration de la part d’Angelo, pas de celui que j’avais connu au lycée du moins.

    Je me souvenais de lui comme d’un garçon plein de vie et d’énergie à l’horrible accent de Catane, sa ville natale. Il était du genre à aimer rester dehors et à pratiquer tous les types de sport possibles. L’hiver, il allait skier sur l’Etna, y retournait l’été pour escalader le volcan et durant les demi-saisons, il se contentait de longues promenades dans les bois qui entourent l’arrière-pays sicilien. Je me rappelais très bien son esprit rebelle et idéaliste, toujours prêt à défendre les droits des plus faibles. Et il me semblait le voir faire partie de ce genre de corporation et de classe sociale qu’il refusait et combattait. Il paraissait aujourd’hui lutter pour des causes beaucoup plus proches de l’argent que de ses chers idéaux, auxquels il s’agrippait avec énormément de ferveur.

    Après son diplôme, lorsqu’il avait épousé Agata, une amie commune, il avait changé du tout au tout et était devenu ambitieux. Il cachait sa personnalité originelle comme si elle n’avait jamais existé. Je ne l’avais pas supporté et mon amitié, avec Agata et avec Angelo ensuite, s’était peu à peu éteinte.

    Ce qu’il s’était passé avec Angelo était arrivé avec Marianna également, ma femme, bien que beaucoup d’autres problèmes se soient créés avec elle. La principale raison de mon divorce était le manque de passion sous les draps. Nous pouvions rester plus de six mois sans faire l’amour, ni en ressentir le besoin. Sans se sentir attirés l’un par l’autre. Et cela nous amena à la décision de divorcer.

    Je ne sais si ce fut le motif de la rupture entre Angelo et Agata, mais ce fut le seul qui naquit dans mon esprit. L’unique chose dont j’étais sûr était la douleur que j’éprouvais face au changement si radical que je voyais dans le bureau de celui que j’avais considéré comme mon meilleur ami pour la vie.

    L’unique fois où je l’avais récemment rencontré était dans un restaurant où je m’étais rendu en compagnie d’une jeune femme. Angelo était entré quelques minutes plus tard, alors que nous étions déjà assis. Il était avec une jeune femme très tape-à-l’œil, blonde et grande, et il me suffit d’un regard pour constater qu’elle était l’exact opposé d’Agata. Le hasard voulut que nous soyons assis à des tables proches. Nous nous étions salués d’un Salut aussi poli que froid. Nous avions, selon le rituel, présenté nos partenaires respectives avant de glisser dans un silence extrêmement long et embarrassant lorsque nous avions réalisé que la proximité était excessive et ne permettait aucune intimité.

    J’en étais à mon second rendez-vous avec ma compagne et je fus très embarrassé quand j’entendis Angelo commencer à parler. J’en restai inconsolable. Contrait d’écouter Angelo, le nouveau et méconnaissable Angelo, qui cherchait à faire bonne impression sur sa nouvelle petite amie en citant toutes les qualités qu’il avait acquises : une fervente ambition, la connaissance de tout ce qui fascine les gens et les femmes en particulier, et un amour aussi incroyable que hors de propos pour les joies de la vie de célibataire. Ses mots sonnaient faux. Je compris que c’était son premier rendez-vous et qu’il essayait de faire mouche de façon positive, mais sa façon de faire était déprimante. Il passait pour le type classique, désespéré et ivre, que l’on s’attendrait à trouver dans un bar, en train d’offrir à boire à une femme pour la mettre dans son lit.

    Là, dans le bureau où je me trouvais, j’espérai de tout mon être faire face à l’ancien et cher Angelo, et nous serions au moins tous les deux à l’aise.

    Je me levai et m’approchai de la grande fenêtre derrière le bureau. La vue qu’elle offrait était magnifique, on y voyait l’entièreté du golfe et la marina de la Cala, limpide, bleu, infini et lumineux.

    Lorsque la porte s’ouvrit dans mon dos, je me retournai. Angelo apparut sur le seuil, bronzé, athlétique et sportif jusque dans son complet gris clair. Le scintillement de ses yeux marron foncé était celui de toujours ; ses cheveux châtains brillants n’avaient pas changé depuis que j’étais à peine plus qu’un adolescent. Il souriait de son habituel et merveilleux sourire cordial et totalement sincère. Je crus un instant être revenu à l’époque du lycée, comme si les années n’étaient jamais passées.

    « Johnny, dit-il doucement en venant vers moi pour m’étreindre et m’embrasser sur les joues. Nous nous éloignâmes un moment pour nous regarder.

    — Tu es splendide.

    — Toi aussi » répondis-je.

    Nous réalisâmes que nous étions encore enlacés, ses mains sur ma taille. Nous nous regardâmes encore un moment dans les yeux, puis nous lâchâmes peu à peu. Il rit, ses yeux noisette brillaient :

    « C’est tellement bon de te revoir. J’ai beaucoup pensé à toi ces derniers temps. Par rapport au testament de Giovanni et tout le reste. Je suis désolé que nous nous soyons perdus de vue.

    — Oui, mais tu sais comment c’est. Beaucoup de choses ont changé depuis le lycée » je répondis. Je ne pus ajouter après que nous nous soyons mariés, parce que le sens aurait pu être mal compris.

    Nous avions été bons amis. Notre amitié était profonde, presque exclusive. Bien entendu, nous sortions souvent en compagnie d’autres personnes, mais nous avions passé les plus beaux moments seuls : à se promener en bord de mer et discuter de tout, de la politique aux problèmes privés avec les filles ; à étudier ensemble toute la nuit, jusqu’à quatre heures du matin, fatigués et affamés, et nous rendre dans le quartier du tribunal sur nos Piaggio 50 cc pour dévorer des croissants à peine sortis du four. Il y avait également eu des moments tristes, lorsque mes parents étaient morts dans un accident de bateau. Je n’allai pas chez ma petite amie, mais chez Angelo, la seule personne au monde que j’avais envie de voir dans ces circonstances. Il m’avait serré dans ses bras, et évacuer mes larmes avait été facile. Il m’avait accompagné en ville discuter devant un café et était resté à mes côtés aussi longtemps que j’en avais eu besoin. Il avait rendu mon deuil un peu moins douloureux. Il m’avait appris que les problèmes doivent être divisés par deux et les joies multipliées par deux : c’était cela notre amitié, une façon de me soulager quand j’avais des soucis et de profiter de joies qui n’étaient pas les miennes. Il y eut des occasions où il aurait été naturel d’approfondir notre relation, si nous n’avions pas été deux hommes. Nous en avions parlé, convaincus de nous être un jour aimés. Nous étions ivres et étions parvenus à prononcer ces étranges mots : Je t’aime. Mais nous en avions ri nerveusement, ne sachant trop quoi penser. Nous ne voulions pas gâcher notre relation alors. J’avais besoin de lui, exactement comme il était. C’était une amitié pure, solide et merveilleuse. On pouvait parler de tout, sans risquer d’être jugés ou raillés.

    Mais aujourd’hui, en le rencontrant après tant d’années, je me demandai comment nous avions fait pour limiter notre relation à la simple amitié lorsque nous étions au lycée. Tout en lui me fascinait. Sa beauté sombre, sa voix gentille, ses yeux qui me regardaient avec une admiration visible. Il me semblait le voir pour la première fois.

    « Je suis désolé, Johnny, de te rencontrer à cause du décès de ton grand-père. En le disant, une lueur de tristesse apparut dans son regard. Tu sais que je le connaissais très bien moi aussi.

    J’acquiesçai :

    — Je me souviens du jour où il t’a vu, chez mes parents. Je ris en me rappelant. Après ton départ, mon grand-père a dit que tu serais son avocat parce qu’il en voulait un avec des idées neuves.

    Il sourit également et ajouta :

    — Il a été mon premier client, avant d’arriver à tout ceci ». Il indiqua la pièce d’un geste de la main.

    Le téléphone sur le bureau sonna et il prit le combiné. Je le regardai alors qu’il disait : « Oui, fais-le asseoir, s’il te plaît », et il donna des instructions sur d’autres choses à traiter.

    Il était aussi beau qu’à l’époque du lycée, je ne pouvais m’empêcher d’y penser. Il était alors le plus âgé du groupe parce qu’il avait redoublé la quatrième année. Aujourd’hui cependant, il avait atteint un âge qui lui donnait un étrange halo de maturité.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1