Éclats de vie: Recueil de poèmes
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À propos de ce livre électronique
Qui eut élu son domicile
En Estonie ou à Sarcelles,
Un diamant dans du grésil.
C’était à Lille
La belle ville
C’était à Lille,
Qu’elle fleurissait.
Recueil de poèmes, rimés en six ou huit pieds et quelques libertés, Éclats de vie est un voyage dans la vie, abordée sous l’angle du temps : tantôt le passé, tantôt le futur, rarement le présent. Il est une invitation suggérée, mais jamais exprimée, à vivre pleinement l’instant.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Benoît Van Der Hauwaert, lauréat du prix Desrousseaux 2020, utilise les mots pour décrire sa perception de la vie, de l’existence, du monde.
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Avis sur Éclats de vie
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Aperçu du livre
Éclats de vie - Benoît Van Der Hauwaert
Éclats de vie qui file
Le bistrot
Par un soir de beuverie,
Tous les quatre au bistrot,
Un soir de féérie,
Où tous les mots sont gros,
On a repeint la terre,
Tâchée de varicelle,
Et chanté de vieux airs
Sur un violoncelle.
Les étoiles ont prié
Pour qu’on fasse silence.
Dehors les peupliers,
Dressés comme des lances,
Vibraient d’indignation,
Scandant nos quatre noms,
Promettant punitions,
Vengeance et sans pardon.
Les hiboux de la nuit,
Aux yeux d’illuminés,
Annulèrent leur sortie,
Se privant de dîner.
Les matous du quartier,
En rut à cette époque,
Par nos voix, effrayés,
Éjaculèrent précoce.
Et nous, continuant
Nos folles libations,
Nous étions chats-huants,
Hurlant : Libération !
Usant des mots menteurs
Et des phrases débiles,
Nous étions des marcheurs,
Des passeurs d’Évangile.
Et le monde s’y pliait,
Des gens, reconnaissants,
Venaient nous supplier,
En priant plus avant.
Nous apportions l’amour
À la femme quittée,
Et passions par le four
Les dettes non acquittées.
Les puceaux par magie
Se faisaient libertins,
Et les impôts promis
Devenaient incertains.
Allions-nous réussir
Là où tous échouèrent ?
Allions-nous les punir,
Les faiseurs de misère ?
Mais nous étions trop seuls,
Ils étaient si nombreux,
Plus que paille en la meule
Qui craint si fort le feu.
Le vieux monde, attaqué,
Vite, en eut plein les burnes :
Les flics ont débarqué
Pour tapage nocturne.
La morale de l’histoire :
Pour promettre la lune,
Mieux vaut ne pas trop boire,
Sinon on prend des prunes.
Mais à l’inverse, à jeun,
Et un peu entraîné,
On vend des lendemains
Qu’on n’ose imaginer.
Rencontre à Lille
Elle bossait à Intermarché
Sur des horaires un peu pignoufs,
Le sentiment d’être arnaquée,
Dans ces rayons où l’on étouffe.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Qu’elle travaillait.
Il arrivait en Parisien
Pour un master à la Catho,
Il arrivait tout droit d’Enghien
Où les maisons sont des châteaux.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Qu’il étudiait.
Elle avait les lèvres en feu
D’avoir hurlé dans les manifs,
Elle détestait les fastueux
Et leurs discours expéditifs.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Qu’elle combattait.
Il avait son plan de carrière,
Ses stages prévus à l’étranger,
L’évolution de ses salaires
Évaluée et programmée.
C’était de Lille
La belle ville,
C’était de Lille,
Qu’il s’élançait.
Elle était belle comme un soleil
Qui eut élu son domicile
En Estonie ou à Sarcelles,
Un diamant dans du grésil.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Qu’elle fleurissait.
Il était raide et bien bâti,
Habitué des sports d’hiver,
Le corps moulé en beaux habits,
Le maintien droit et l’œil sévère.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Qu’il grandissait.
Elle le croisa rue Masséna,
Du côté de la Préfecture,
Le pas flottant, tout tralala
De s’être pris une biture.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Un pur hasard.
À travers son regard vitreux
Il ne vit qu’une tourterelle,
Un oiseau bleu venu des cieux
Pour l’embrasser à tire-d’aile.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Un peu hagard.
Elle ne vit qu’un enfant perdu,
En ce grand corps un peu sonné,
Un gros gamin fruit défendu,
À qui l’on pouvait pardonner.
C’était à Lille
La belle ville,
C’était à Lille,
Un soir d’été.
L’amour les prit telle une averse
Sans parapluie dans la cambrousse,
Il en plut tant, tonneau en perce,
Soudain leur vie leur devint douce.
C’était à Lille
La belle ville,