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Traité de la connaissabilité de Dieu: Théologie philosophique. Étude métaphysico-philosophique des indices de l’existence de Dieu - Tome 1
Traité de la connaissabilité de Dieu: Théologie philosophique. Étude métaphysico-philosophique des indices de l’existence de Dieu - Tome 1
Traité de la connaissabilité de Dieu: Théologie philosophique. Étude métaphysico-philosophique des indices de l’existence de Dieu - Tome 1
Livre électronique776 pages10 heures

Traité de la connaissabilité de Dieu: Théologie philosophique. Étude métaphysico-philosophique des indices de l’existence de Dieu - Tome 1

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À propos de ce livre électronique

« L’idée de Dieu est l’idée la plus haute de l’esprit humain. »
(Dostoïevski)
Aussi, ne faut-il pas s’étonner que cette idée qui paraît absolue, soit aussi fort complexe. D’un point de vue philosophique, l’idée de Dieu apparaît comme le point culminant de la synthèse métaphysique. Mais est-il possible de démontrer l’existence de Dieu ? Est-ce nécessaire ? Ce que nous voulons démontrer ici, c’est que l’homme est capable de connaître Dieu, indépendamment de la Révélation. Comment ? Tout simplement au moyen de la raison. Nous disons raison et non simplement intelligence ; l’emploi de ce mot inclut la légitimité et la valeur des trois opérations de l’esprit, appréhension, jugement, raisonnement. En fait, la véritable question est : y a-t-il, après tout, assez de raisons de concevoir l’existence de Dieu ? Le traité que nous présentons ici propose une réponse à cette question. Par ailleurs, les grandes questions philosophiques ne peuvent éluder la question de l’existence de Dieu.
Dans le présent ouvrage, nous exposerons douze « arguments », ouverts, réfléchis et concordants, en faveur de l’existence de Dieu, principe et fin de toutes choses. Bien entendu, le mot « argument » n’est pas employé dans le sens formel ou mathématique, mais dans le sens de la réflexion et du raisonnement philosophique. Il suppose donc la valeur de l’abstraction intellectuelle et requiert tout un raisonnement sur le possible.
LangueFrançais
Date de sortie13 nov. 2018
ISBN9782312063607
Traité de la connaissabilité de Dieu: Théologie philosophique. Étude métaphysico-philosophique des indices de l’existence de Dieu - Tome 1

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    Aperçu du livre

    Traité de la connaissabilité de Dieu - Paul-Emmanuel Stradda

    cover.jpg

    Traité de la connaissabilité de Dieu

    Paul-Emmanuel Stradda

    Traité de la connaissabilité de Dieu

    Théologie philosophique

    Étude métaphysico-philosophique des indices de l’existence de Dieu

    Tome 1

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2018

    ISBN : 978-2-312-06360-7

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    Préambule

    « Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront dite. C’est en effet d’après tes paroles que tu seras déclaré juste, et d’après tes paroles que tu seras condamné. »

    1. Constat philosophique

    Un regard lucide sur le monde moderne nous révèle, comme le plus incontestable des faits, la disparition croissante de la pensée métaphysique. Faut-il pour autant désespérer de l’objectivité du philosophe ? Et la sagesse du philosophe est-elle devenue un idéal périmé ? Le philosophe d’aujourd’hui est-il encore de bonne foi ? Et l’homme qui veut avoir le regard de Dieu, est-il l’audacieux idéal du métaphysicien ou est-ce tout simplement le mythe de Prométhée revisité ?

    En fait, le problème central qui se pose à la pensée métaphysique est celui de la vérité de l’être. Toutefois, il ressort à l’évidence que la vérité de l’être est et restera toujours en-deçà du réel, de Dieu et de la philosophie et que le réel, Dieu et la philosophie sont au-delà d’elle. C’est dire que la vérité de l’être est un Tout, une plénitude et qu’elle concentre en elle, le réel, Dieu et la philosophie. De même, il n’y a rien dans le réel de plus vrai que l’être et de plus agréable et doux que la vérité.

    D’un autre point de vue, les vérités les plus profondes se mûrissent dans la réflexion bien plus qu’elles ne se démontrent par la dialectique. Et la réflexion est un effort constant. Cependant, le discernement domine « l’oubli de l’être », il est la forme de l’affirmation métaphysique{1}.

    L’affirmation métaphysique est la proportion de l’être à la vérité intelligible. Le discernement permet d’affirmer la vérité de l’être et de l’intelligible. C’est dire également que l’intelligence et l’intelligible ont partie liée. L’intelligible est uni au destin de l’intelligence. Enfin, la vérité de l’être a des implications ontologiques et métaphysiques importantes. Et au-delà de la vérité de l’être qu’y a-t-il donc sinon la connaissance de Dieu ?

    Tout cela nous amène à tenter d’expliquer une question capitale : les rapports de la pensée à la connaissance.

    En effet, le sphinx de la destinée humaine s’est dressé devant l’homme aussitôt que l’intelligence s’est éveillée à la réflexion ; et depuis ce jour, de génération en génération, en tout temps et en tous lieux, le genre humain est venu se briser là dans le désespoir et l’impuissance. Que de théories, que d’interprétations politico-idéologiques, que de bruits, que d’enthousiasme, quelle gloire et quel néant. Y a-t-il un point de l’intelligence qui n’ait été exploré, un principe dont on n’ait usé et abusé ? Matérialisme et spiritualisme, idéalisme, dogmatisme, logicisme, sensualisme, positivisme, scepticisme, déisme, athéisme, etc., tant d’autres systèmes innommables dont le souvenir encombre encore les mémoires nous défient bien de trouver dans l’esprit une profondeur qui n’ait été retournée, une certitude qui n’ait été fouillée, un argument qui n’ait été analysé. Tout a été essayé, remué, retourné, disséqué, épuisé, généralisé, affirmé et nié. Sur cet amoncellement d’efforts où l’humanité a dressé toute la somme de son génie et de son opiniâtreté, l’humanité s’attendait à voir s’élever en définitive un monument solide et inébranlable. Mais non ! Ce sont toujours les mêmes contradictions qui reviennent, les mêmes anomalies et les mêmes mouvements instinctifs qui se répètent, les mêmes absurdités qui choquent, les mêmes erreurs qui se renouvellent. Et maintenant notre intelligence ne ressemble plus qu’à une cité détruite, trop petite pour contenir le trop plein de haine et de mépris, trop petite aujourd’hui pour contenir la ruine de nos passivités et de nos passions. En outre, certains raisonnements et certaines pensées n’ont servi qu’à exagérer les contradictions, multiplier les antinomies, obscurcir l’évidence et à nous prouver contre l’évidence et le bon sens que la vérité est un mythe. Bien entendu, la vérité n’est pas un mythe.

    C’est la beauté, c’est l’amour qui nous élèvent ; c’est la beauté de l’amour et l’amour de la beauté ; c’est la beauté de la liberté et la liberté de la beauté ; c’est le sentiment même qu’il y a dans l’amour quelque chose de surhumain, de divin ; c’est dans l’amour que s’identifie l’humain et se vérifie le divin. Une conclusion s’impose. L’absence de raisonnement critique et lucide, issu d’un esprit bienveillant et libre, conduit machinalement l’intelligence à la brutalité ou à la barbarie, au fanatisme ou au fatalisme, c’est-à-dire au hasard, au chaos, au néant. Dans un monde de fous, la philosophie est inutile. L’histoire de notre intelligence commence toujours par la réflexion. C’est la réflexion qui est notre personnalité véritable, la substance indélébile de notre identité, notre résurrection incessante.

    En définitive, la vie commence avec la pensée, car l’art de penser a pour fin la recherche de la vérité. Cette recherche de la vérité est le couronnement de l’intelligence. C’est dans cette recherche en effet, que l’on retrouve le plus d’affirmations conformes au bon sens, et exprimant le mieux la philosophia perennis.

    Cela dit, là où le matérialisme domine, la confusion et le trouble règnent.

    L’homme se détruit lui-même faute de savoir reconnaître la vraie valeur du monde. Pour réaliser cette reconnaissance, il faut effectuer une conversion, un retour en soi. En soi, l’homme trouvera les réponses à ses aspirations, la paix intérieure et la vérité.

    L’homme perd sa valeur dans le futile, son approche du monde est alors artificielle, superficielle, réductrice. En voulant dominer le monde, sa vérité lui échappe. La raison orgueilleuse se ne reconnaît pas submergée par l’infini qui la dépasse. Elle se rend incapable de saisir le fond véritable de l’être. L’homme doit se libérer de cet élan vaniteux qui entrave ce retour en soi. Pourtant, une perpétuelle insatisfaction naît d’une force intérieure qui le pousse à réagir. Il s’agit donc de renoncer à un aveuglement pour retrouver une richesse profonde, une quête intérieure, une présence valorisante. Les vérités fondamentales sont saisies par le fond le plus intime de la personne enfin humble, par le cœur. La logique du cœur révèle la valeur du réel, elle ramène à l’être, à la personne.

    L’homme d’aujourd’hui est malheureux. Il est malheureux parce qu’il souffre de solitude. L’homme moderne est désespérément seul avec lui-même. L’homme d’aujourd’hui n’habite plus un univers articulé, ordonné à un autre monde invisible, référence de ses valeurs, accomplissement de ses espérances. La totalité, le monde spirituel ont tragiquement disparu de l’horizon humain. Celui-ci est limité à l’espace du sensible, de la corporéité. Rien dans notre monde moderne n’est bâti pour durer. La modernité est emportée dans le tourbillon incontrôlable de l’apparence et de l’éphémère qui apparaissent comme le symbole même des incohérences et des contradictions de notre société. L’éternel, le définitif échappent complètement à la vie individuelle. Ayant à vivre dans ce monde qui ne s’appuie sur aucune métaphysique, l’homme moderne ne peut qu’avoir une vision narcissique, utilitariste et névrotique des choses. Car qu’on le veuille ou non, le vide métaphysique caractérise notre monde contemporain. Pire encore, en dehors de toute transcendance, Dieu n’existe qu’en fonction de l’homme, il revêt le masque humain.

    En somme, l’homme contemporain est malade dans son être même. L’homme moderne est aussi comme un enfant éperdu devant la mort. De tout cela résultent évidemment trois conséquences notables.

    La première conséquence est qu’en définitive, l’homme contemporain souffre de plus en plus de solitude, comme nous disions, et ce malgré internet, les réseaux sociaux et la vitesse des déplacements.

    La deuxième conséquence est que l’homme est muré en lui-même, dans son pessimisme qui grandit de jour en jour. En vérité, il vit sans allégresse intérieure ; il est souvent triste et va de crise en crise.

    Enfin, la troisième conséquence est la perte du sens du sacré et du transcendant. La perte du sens du sacré est la réduction de l’être. Elle est aussi la négation d’un ordre objectif, d’une valeur objective. La perte du sens du transcendant est une ignorance de l’immuable et n’est qu’impuissance devant le flux inexorable, flux du temps, flux de l’immédiat.

    Vision pessimiste ? Difficultés à surmonter ? Dans tous les cas, il faut être un grand naïf pour ne pas constater toutes ces réalités. Cependant, l’homme a les ressources nécessaires pour renouer avec un vouloir plus profond qui est spontanément une reprise, un éveil de l’intériorité spirituelle. La forme la plus élevée de l’intériorité spirituelle est l’intériorité de la personne. Celle-ci est la manifestation concrète la plus haute de l’homme. Tout le sens de l’intériorité spirituelle trouve son achèvement dans l’expérience de l’amour de l’autre.

    Mais ce n’est pas tout. La présence des sophismes apportent un bouleversement profond, non seulement dans notre raisonnement, mais dans notre existence. En bref, les sophismes forment une « dialectique » du mensonge et de l’illusion. Comment cela ? Tout simplement parce que les sophismes nous volent la vérité.

    De fait, les faux prophètes nient Dieu au profit de l’homme ; d’autres nient l’homme par respect pour Dieu. Pour mieux affirmer l’homme, on arrive à supprimer Dieu. Pour mieux affirmer l’existence de Dieu, on arrive à nier la vie de l’homme. Bien entendu, ces deux extrêmes sont faux. Parce qu’il y a un juste milieu à tenir entre ceux qui nient Dieu pour mieux affirmer l’homme, et ceux qui nient l’homme pour mieux affirmer Dieu.

    L’homme ne peut pas se suffire. Il n’est pas viable s’il en vient à tout nier et à tout détruire. Dans la mesure où l’on a oublié Dieu et la conscience, on n’a plus de respect que pour la force matérielle ou les idoles. Et à ceux qui ont oublié les principes élémentaires de la morale fondamentale, il faut rappeler qu’au-delà de la matière, plus vivant qu’elle, il y a l’esprit, l’esprit de Dieu qui est amour et vérité, et l’esprit de l’homme qui fait de tous les êtres humains des êtres foncièrement égaux devant Dieu, infiniment dignes de respect et de bienveillance. L’esprit est donc commun à Dieu et aux hommes. Il n’y a donc pas de disjonction à faire : Dieu ou l’homme. Il n’y a pas à choisir Dieu ou l’homme. Dieu et l’homme constituent une vérité indissociable, une vérité immuable, une vérité absolue. Le grand mal, c’est l’oubli ou la négation de cette réalité totale et divine.

    Mais laissons cela et avançons dans notre analyse.

    La logique peut nous fait grimper jusqu’à un échelon très haut. Mais elle s’avère inadéquate à porter plus haut encore ; elle se trouve alors devant le vide. La raison nous amène jusqu’au dernier échelon, jusqu’au sommet de l’échelle. Mais arrivés là, il nous faut « sauter », « bondir », engager librement toute notre personnalité. Mais cette raison qui n’a pu que nous acheminer jusqu’au dernier échelon, nous retrouve et se remet à notre service après le « saut » qu’elle est incapable de nous faire accomplir. Cependant, la logique peut aussi nous mener à l’incertitude. Par contre, c’est l’émerveillement qui achemine une personne vers la foi et lui en facilite l’accès. Sous ce rapport, l’antique philosophie grecque avait raison, qui voyait dans « l’étonnement » la condition fondamentale de toute démarche intellectuelle vers la vérité.

    Enfin, une autre problématique existe depuis toujours.

    Qu’est-ce qui a commencé ? Est-ce l’œuf ou la poule ? Est-ce le chêne ou le gland ? Ainsi de tout. Une immense circonvolution où tout s’enchaîne de l’infiniment grand à l’infiniment petit, où chaque chose se réclame de tout le reste, où il n’y a que singularité et complémentarité, réciprocité et équilibre, où rien n’a lieu qu’à la condition d’être à la fois conséquence d’un côté et principe de l’autre, cause d’un côté et effet de l’autre, d’où rien ne peut se détacher, se séparer, s’isoler. Tout communique et rien ne se confond. Tout est solidaire et interdépendant.

    Voilà l’univers où chaque chose est liée à l’ensemble. Univers qui fait aboutir en pleine évidence l’intelligence et la vie. Univers d’identité et de pluralité, mais aussi de beauté et d’amour. Univers de la liberté, de la dignité et de la royauté humaine. Hypothèse d’une régularité, d’une identité, d’une harmonie absolues ? Hypothèse d’un univers exécuté suivant un plan préconçu et persévérant ? Hypothèse de l’infiniment petit semblable à l’infiniment grand ? Hypothèse d’un infiniment grand semblable à lui-même à travers l’indéfinie pluralité des infiniments petits ? Hypothèse d’une harmonie préétablie entre l’intelligent et l’intelligible ? Hypothèse d’une intelligence consciente ? Hypothèse d’un Dieu logique avec lui-même ? Hypothèse d’un Dieu présent en tout et partout ?

    2. Les trois chaussures de la Sagesse

    Pour amorcer une étude philosophique, rien de tel qu’un conte ou une fable. C’est un genre plaisant et agréable à lire. Mais surtout, le récit allégorique donne à réfléchir et met en scène des idées et des valeurs. C’est la quête de la sagesse qui est au centre du texte « Les trois chaussures de la Sagesse ».

    Texte du conte philosophique : Les trois chaussures de la Sagesse

    Le première, qu’on appellera la Chaussure, elle appartient de toute éternité à Dieu, c’est la Chaussure majuscule, c’est la sagesse qui vient de Dieu, qui est Dieu.

    La deuxième, c’est la chaussure fabriquée d’après la Chaussure. Avec Aristote, nous dirons que pour faire la chaussure minuscule, il faut quatre choses : du cuir, un artisan, un but (pour protéger le pied par exemple) et ce qui nous intéresse ici une Forme, la Chaussure majuscule. Cette deuxième chaussure est la sagesse imitée, inspirée. C’est l’homme qui vit dans la sagesse et le bonheur de Dieu. L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette relation de l’homme avec Dieu.

    La troisième, c’est la chaussure peinte, par Rubens par exemple. Mais le plus grand peintre vaut de toute façon moins que le cordonnier : l’artiste ne sait pas faire la chaussure ou quelque autre objet, il est juste capable d’imiter l’œuvre de l’artisan. C’est Rubens qui doit vénérer le cordonnier et pas l’inverse, comme c’est l’usage aujourd’hui. Cette troisième chaussure est la sagesse existentielle, celle qui désigne la seule réalité humaine. Et cette réalité humaine est incomparablement plus qu’une simple existence, elle est la valeur ou la dignité par excellence. Toute la beauté de l’être se trouve en la personne humaine, celle-ci est constituée par « l’absolu », la conscience, la liberté et l’intériorité spirituelle.

    Moralité : en s’appuyant sur Dieu, la sagesse reste toujours et partout tournée vers ce qui est beau, bon et vrai. En s’appuyant sur l’homme, elle donne du « goût » à l’existence humaine et incite à la recherche de la connaissance et de la vérité.

    Autrement dit, nous pouvons juger de la beauté, de la bonté, de la vérité des choses sensibles car nous possédons, d’une certaine manière, le Beau, le Bien, le Vrai.

    Dès lors, il existe depuis toujours une connivence évidente entre Dieu et l’homme, entre Dieu et la sagesse.

    On peut même aller plus loin et affirmer que plus l’intelligence est spirituelle, plus elle exprime la totalité ; plus elle s’élève au transcendant, plus elle est appelée à se conformer au schéma divin. Plus la pensée est spirituelle, plus elle est relationnelle. La pensée spirituelle, est toujours une relation, une signification, un sens, c’est-à-dire un renvoi à autre chose qu’à lui-même.

    Introduction générale et atmosphère. Les éléments fondamentaux de la théologie philosophique

    1. La métaphysique

    « L’Esprit peut changer de métaphysique, il ne peut se passer de métaphysique ».

    Gaston Bachelard, La Philosophie du Non, Avant-propos, p. 13, PUF, 1940

    Le métaphysicien est un admiratif du réel, un contemplatif de l’être dans les êtres. Ainsi le véritable métaphysicien excelle à faire éclater la beauté de l’être. Il met l’unité de l’être en valeur, la vérité de l’être en lumière et la profondeur de l’être en plénitude. La philosophie sans la proportionnalité métaphysique est une contradiction, elle aura toujours un caractère d’insuffisance.

    Depuis, Kant, Nietzche et Marx, la modernité culturelle a effacé toute représentation métaphysique. Une pensée qui s’y réfère tombe immédiatement dans l’incompréhensible, dans l’absurde, puisque la métaphysique a perdu sa raison d’être. Dans cette perspective agnostique, la fin de la métaphysique a engendré un comportement nouveau concernant la culture, les arts, la pensée, voire même la vie spirituelle et morale. Car comment affirmer le définitif, l’essentiel dans une temporalité coupée de son support d’éternité. La fin de la métaphysique a également généré un processus de réduction du réel et d’effacement de Dieu. Dans la mesure où Dieu n’a plus de lieu propre qui était, en métaphysique le « méta », l’au-delà du sensible, il se voit en quelque sorte refoulé dans l’anonymat ou l’attitude privée. Cependant, la vraie métaphysique, la métaphysique pérenne, est celle qui s’élève toujours au plus haut point de vision, de perspective. Elle montre alors les relations de l’infini et du fini. La vraie philosophie quand elle est totale fait toujours apparaître le divin dans la connaissance, elle s’achève en une seule métaphysique immense : Dieu, l’Etre et l’Homme. Dieu et l’Etre sont comme les deux mamelles où s’abreuvent les réflexions métaphysiques de l’homme. La loi de la vie, elle-même, ne serait telle, qu’en étant d’abord une loi de l’être, c’est-à-dire une métaphysique.

    Cependant, Il faut un charisme spécial pour s’intéresser à la métaphysique. Souvent on ne voit dans les considérations métaphysiques qu’un dessèchement scientifique. En fait, la métaphysique est le portail d’un édifice, elle est une vision sur l’homme et le monde, un éclairage réfléchi de la vie concrète.

    Dans une approche générale, disons que la métaphysique est une discipline philosophique qui considère, comme son sujet, l’être en tant qu’être. Elle prend comme objet tout le réel, justement pour considérer, non pas telle ou telle particularité, mais l’ordre le plus universel de l’être. L’être a, comme autant de visages sous lesquels il se montre à nous, des propriétés générales, l’unité, la vérité, la beauté, l’intelligibilité… Penser métaphysiquement, c’est aussi chercher à voir au-delà des apparences, au-delà du perceptible, du sensible, du tangible, du matériel. C’est chercher à appréhender ou à capter la réalité ontologique (le Réel) qui est présente derrière les choses, les êtres et les événements de ce monde. C’est voir avec les yeux de sa personne. C’est voir aussi avec les yeux du cœur. C’est une Pensée révélatrice d’Être que cette pensée métaphysique ; une Pensée très parlante, très significative. Elle vise l’unité, la totalité, l’altérité. L’idée de métaphysique est indissociable de la pensée profonde. Elle peut influencer toute notre façon de vivre, nous donner un sens, une sagesse, une conviction, une espérance… une relation.

    Le fondement de la métaphysique est Totalité. La métaphysique n’a de sens qu’au sein du Tout : sans totalité, parler de métaphysique n’a plus de sens. Ce « Tout » est une réalité intégrale et unique parce qu’il est l’image de l’infini, image de l’Etre infini. D’où la nécessité pour le philosophe de ne jamais perdre le point de vue du « tout » et de « l’unité ». Or, aujourd’hui, la totalité, l’unité ont tragiquement disparu de l’horizon humain et culturel. Totalité éclatée, notre monde moderne a perdu sa profondeur et son unité qui reposaient sur la reconnaissance de la valeur de l’Etre. Cette valeur est révélée dans sa plénitude par l’harmonie du réel. L’unité, la diversité et la richesse de l’Etre précisent cette valeur, cette harmonie du réel. Cependant, qu’on le veuille ou non, le vide métaphysique caractérise notre monde contemporain. L’effacement de l’Etre est une conséquence de l’effondrement métaphysique. Cet effondrement métaphysique ébranle l’horizon philosophique de l’homme et l’entraîne dans une spirale de la négation.

    2. Connaître et respecter les champs spécifiques

    Dans la mentalité courante, il y a un conflit entre la foi et la science, conflit qui laisse entendre que les deux réalités ne peuvent subsister chez la même personne. Pour beaucoup de gens, un scientifique devrait être un athée, ou du moins un agnostique alors qu’un croyant devrait ressembler à un poète, à un être plus ou moins rationnel, peu apte à comprendre le raisonnement scientifique. Selon l’étude du « Scientific American », beaucoup de grands scientifiques ne croient pas en Dieu. Pete Atkins{2}, grand chimiste, considère qu’un croyant ne peut pas être un vrai scientifique car la croyance religieuse est éloignée de la connaissance.

    Le biologiste Richard Dawkins{3} affirme quant à lui qu’il y a une contradiction dans le fait de s’occuper de questions scientifiques toute la semaine et d’aller à la messe le dimanche. Un sociologue fait remarquer dans cette enquête que depuis 200 ans il y a une espèce de campagne publicitaire selon laquelle si l’on veut être un bon scientifique il faut se défaire des chaînes de la religion. Un scientifique est même allé jusqu’à affirmer qu’à mesure que le niveau d’éducation augmente, la possibilité d’être chrétien diminue{4}. Il semblerait même que pour être croyant il faille être ignorant ou avoir un faible quotient intellectuel. Cette tendance athée frise le ridicule et relève d’un obscurantisme scientifique particulièrement « idiot ». Dès lors, la science et la foi : ne devons-nous pas choisir l’une ou l’autre, voire l’une contre l’autre{5} ?

    A la base de cette incrédulité, il y a d’une part le scepticisme vis-à-vis de tout ce qui est surnaturel, et la considération que l’on ne peut pas croire en Dieu étant donné tout le mal qui existe dans le monde. Et d’autre part, depuis les maîtres du soupçon, le scepticisme religieux nous confronte à cette triple négation : la négation de toute transcendance, Nietzsche ; de toute religion, Marx ; et de toute spiritualité, Freud. En fait, la base de l’athéisme moderne est la prétention parménidienne que notre monde constitue le seul être existant, l’être absolu, qui écarte a priori toute référence transcendante. Aussi, les bases de l’athéisme moderne sont à chercher aux origines de la pensée grecque. Les atomistes tels que Démocrite ont tenté d’expliquer le monde de façon strictement matérialiste. Tout comme les sophistes qui diront avec Protagoras qu’il n’y a pas de « vérité absolue ». Feuerbach (1804-1872), Marx (1818-1883), Nietzsche (1844-1900), Freud (1856-1939), Sartre (1905-1980) et Monod (1902-2000), pour n’en citer que quelques-uns, sont parmi les figures charnières de l’athéisme moderne.

    Toutefois, deux tendances, en apparence opposées, s’affirment chez les scientifiques. La première, plus ancienne, considère la foi comme une aventure aveugle, un saut inconsidéré dans l’irrationnel. Elle « tend à restreindre le jeu de la raison humaine à la seule rationalité scientifique, le reste de l’activité humaine ne relevant que du sentiment » (Jean-Paul II){6}. La seconde tendance, de retour avec la gnose de Princeton, consiste à se fabriquer un Dieu à l’image de ce que la raison scientifique permet d’appréhender du réel.

    Les traditions religieuses sont certes considérées comme intéressantes au plan historique, mais par ailleurs dépassées. Un syncrétisme ouvert opère un choix subjectif. Le panthéisme resurgit et reconnaît un vague dieu inaccessible, sans relation avec les hommes, impassible dans son superbe isolement, ou à l’inverse en fusion complète avec l’univers.

    Beaucoup de scientifiques disent croire en Dieu, mais en même temps une bonne part d’entre eux va chercher les sources de sens et de vie morale dans la propre expérience intérieure{7}. Il faut ajouter à cela que l’écrasante majorité des médias prônent un monde sans Dieu.

    La connaissance dans son sens le plus large n’appartient pas à la seule science. Les questions que le progrès de la science pose au scientifique se ramènent finalement à trois : existence d’un monde au-delà du niveau scientifique, place de l’homme face à ce monde, place de l’activité scientifique à l’intérieur de l’ensemble de l’activité humaine{8}.

    Le scientifique, en réfléchissant sur son activité, sur le progrès du monde, prend conscience de ce que l’univers a un sens, qu’il est compréhensible. Il y a, dans les événements et dans les choses, une logique profonde. L’homme peut, bien sûr, nier cela en affirmant que tout est absurde, mais ainsi il attaque les bases mêmes de toute science, c’est un véritable suicide intellectuel. Au contraire, si l’homme reste logique avec son comportement habituel, il est obligé d’affirmer que sa vie et celle de l’humanité doivent avoir un sens. Mais où trouver celui-ci ? Le progrès en tant que tel est insuffisant, il porte sur la vitesse de marche, non sur la direction. Il faut donc faire appel à une autre expérience humaine pour découvrir cette dernière{9}. Il semble qu’à ce niveau tous les hommes ont une pente naturelle qui les porte à la recherche de savoir et à l’exigence de vérité. Celle-ci n’est pas seulement intellectuelle, elle est également existentielle.

    La science, depuis deux siècles, a donné à l’homme une nouvelle conscience de lui-même. Toute vision globale de l’homme et du monde, et la religion en est une, ne peut être admise que si elle respecte cet acquis. Autrement dit, une religion ne peut être humaine que si elle est une prise de position raisonnable.

    Or, aujourd’hui cela suppose une attitude vis-à-vis du progrès scientifique qui ne soit pas une simple négation. Il faut, au contraire, que la religion montre comment les acquisitions de la science permettent un approfondissement de la conception de l’homme et de Dieu. Elle doit indiquer comment la puissance mise au service de l’homme doit être utilisée pour son bien, pour le bien de ses semblables. Finalement, c’est de la religion qu’on attend le moyen de concilier un travail matériel scientifique, technique avec la recherche de la vérité et de Dieu{10}. Cette recherche de la vérité est en définitive soutenue par un véritable désir nostalgique, un profond appel au plus intime de l’être, enraciné dans le cœur : le désir nostalgique de Dieu{11}. Cela, saint Augustin l’a saisi dans une formule devenue classique : « Notre cœur reste dans l’inquiétude jusqu’à ce qu’il trouve la paix en toi, mon Dieu ».

    Cependant, dans l’effort de mieux comprendre la réalité, de déceler les rapports qu’elle détient, les comment et les pourquoi des faits, l’unité réelle qui sous-tend et enveloppe la diversité, la philosophie se présente comme l’interlocutrice privilégiée pour la rencontre et le dialogue entre la science et la foi. Ce dialogue s’instaure, non entre la science et la foi, entre des concepts et des idées, mais entre des personnes, des hommes de science et des hommes de foi, des hommes d’action et des hommes de pensée, les uns et les autres également passionnés pour l’homme et la connaissance{12}. Il y a un lien étroit entre les partenaires du dialogue et la recherche de la vérité. Ce dialogue passe par la rencontre, la communication, le respect, l’esprit d’ouverture, l’interrogation commune sur des questions importantes. C’est dire encore que la philosophie a à rendre compte de ce qui est dans la perspective du réel dans un discours vrai et universel, absolument cohérent : loin de nous éloigner du réel, elle prétend continuer et affermir notre présence dans l’être, notre proximité avec les choses que la vie perceptive nous confère. La philosophie sans doute a référence à l’absolu : elle vise le réel, l’universel. Comprenons bien que la philosophie réaliste, si elle part du réel, implique tout de suite l’interrogation. Le réel donne un contact direct avec ce-qui-est ; et du réel va naître l’étonnement, l’admiration, phase affective d’où naît l’interrogation{13}.

    C’est pourquoi, la philosophie recherche inlassablement la vérité de l’être, le sens de l’être en général, l’essence ultime de la vérité et des valeurs. C’est la présence de l’être qui fournit un point de départ à la réflexion philosophique, voire métaphysique. En d’autres termes, l’affirmation objective absolue, c’est-à-dire l’affirmation du réel, traduit une attitude naturelle de l’esprit humain. Il est certain également que, Etre, Réel, Essence, et Valeurs mettent en jeu des notions qui appartiennent proprement à la Métaphysique fondamentale.

    « La philosophie, écrit Heidegger, est dans la nécessité constante de justifier son existence devant les sciences » et se démarquer d’elle : son rôle est de remémorer à chacun la vérité toujours déjà oubliée de l’être. « Une telle pensée n’a pas de résultat. Elle ne produit aucun effet. Elle satisfait à son essence du moment qu’elle est » et « laisse l’Être-être ». Cette pensée ne progresse pas, mais régresserait plutôt. Elle s’enquiert de ce qui est relégué ou occulté dans et par la science. Elle délivre un savoir, mais ce savoir n’est pas une connaissance. Il correspond à une plus haute discipline de l’esprit, à ce que Husserl appelle « science rigoureuse », pour la distinguer de la science exacte, ou à ce que Heidegger nomme pensée méditante, par opposition à la pensée calculante{14}.

    Cela étant dit, c’est dans le respect des champs spécifiques que se trouvent les bases d’un vrai dialogue. La science ne crée pas la vérité ; elle la reçoit, sans pouvoir la justifier. Car elle ne peut fonder ses propres fondements. C’est son trait caractéristique, systématique. La réflexion sur les bases philosophiques de l’activité scientifique est d’une importance primordiale pour le dialogue interdisciplinaire. Rappeler les limites de la science à ce niveau est exact, mais il est non moins important de souligner que la recherche scientifique demeure illimitée à l’intérieur de son objet déterminé limité.

    En d’autres termes, le problème n’est pas de rappeler la science à l’intérieur de ses limites, mais plutôt de montrer quels sont ses vrais fondements. Ajoutons également que la science ne peut exister et progresser qu’en restant fidèle à de « grands principes » comme l’expérience des faits, l’esprit critique, la fidélité au réel, la cohérence, la simplicité, la précision. Sans ces grands principes, sans de grands principes, la science ne peut plus mériter son nom et se voit réduite à l’impuissance{15}.

    D’autre part, il y a toujours des liens naturels entre la science et la philosophie. Il n’y a donc pas d’opposition entre la science et la philosophie. Séparer les deux disciplines, c’est ouvrir la porte à des mépris d’une discipline envers l’autre. Mais il semble que la science et la philosophie, s’appuyant mutuellement, doivent pouvoir retrouver une unité dans l’effort de mieux comprendre la réalité. S’appuyant sur la capacité de l’homme de connaître la vérité, la philosophie doit orienter sa réflexion vers la vérité de l’être, vers la question du sens et des valeurs humaines. La science, quant à elle, continue à chercher la vérité et son ordre dans la connaissance purement empirique de la réalité, de faits et de rapports entre ces faits. Dès qu’on réfléchit sur les résultats scientifiques pour en déterminer la valeur d’être et pour formuler des problèmes ontologiques, on dépasse le domaine de la science « empirique » et l’on se trouve en « philosophie »{16}. Par ailleurs, la réalité est active. On ne peut donc perdre de vue l’aspect dynamique de l’être, car il est essentiel pour l’explication de la multiplicité.

    Mais malgré toutes les contraintes, toute activité scientifique et philosophique est une activité de la personne humaine fondée sur la recherche et l’exigence de la vérité. Les scientifiques et les philosophes sont également passionnés par l’homme et la connaissance de la réalité. Et ainsi, ils peuvent se rejoindre dans une valorisation de l’intelligence et dans l’émerveillement. « Le savoir commence par l’admiration », disait déjà Aristote. Les merveilles du réel, les mystères de l’être et de la vie frappent l’homme d’admiration et de surprise. La philosophie n’a pas d’autre origine : elle est fille de l’étonnement. Son domaine a les dimensions du monde.

    Toute activité scientifique est une activité de la personne humaine fondée sur la recherche de la vérité, en définitive soutenue par une secrète nostalgie, un profond appel au plus intime de l’être, enraciné dans le cœur : la nostalgie de Dieu. « L’âme du savant est aujourd’hui inquiète lorsqu’elle se trouve aux frontières de l’inconnu et du mystérieux, de l’incertain et du prodigieux, et elle s’ouvre plus facilement aux valeurs spirituelles » (Paul VI). La science ne saurait éliminer la dimension de mystère de l’univers. Plus les réponses aux « comment ? » se font précises, plus surgit, inéluctable, l’interrogation abyssale : « Pourquoi ? », « Qui ? »{17}.

    Dans l’ensemble, la vraie découverte, c’est d’accepter Tout Ce Qui Est, c’est tout simplement la joie d’être présent au réel. Dans la vraie découverte, il y a la reconnaissance tacite de l’inconnu, du mystère. La vraie connaissance vise à « comprendre » en faisant voir à l’esprit humain comment tient ensemble ce qui lui est présenté. La vraie philosophie, en traçant ses propres limites, laisse la place ouverte à une révélation ou aux vérités révélées.

    Quant à l’objet, dans leurs recherches toujours plus affinées et toujours plus précises, les scientifiques le reconnaissent : les questions ultimes sur le monde et sur l’homme touchent en définitive à la sphère du sacré, du religieux : la recherche sur ce qu’est le monde rejoint l’interrogation sur ce que signifie le monde. Ces évolutions – progressives et significatives – touchent à la fois le scientifique et le croyant, la science et la foi. Toutes deux en sont remodelées et le dialogue transformé. En fait, ici, la science s’arrête au seuil des questions décisives : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous{18} ?

    Il existe donc un constant devoir de recherche « Les dieux n’ont pas tout dévoilé aux mortels dès l’origine, pour qu’ils trouvent peu à peu en cherchant le meilleur », disait déjà Xénophane (Fragment XVIII). Cette charge de scruter le monde et ses lois, le savant l’assume avec enthousiasme. Il pose des questions, mais pas toutes les questions, car son domaine n’embrasse pas l’universel. Homme d’expériences, de pensée et réflexion, le scientifique progresse dans ses découvertes, ses explications et ses interrogations, qui s’alimentent réciproquement et rencontrent nécessairement les affirmations de la foi{19}.

    De même, il n’est pas vrai de penser que la science et la philosophie constituent deux mondes à part et séparés, qui ne se rejoignent jamais : si l’un et l’autre ont un sens pour l’homme, c’est dans la vérité et la vérité de l’homme qu’ils deviennent, paradoxalement, des parallèles convergentes{20}. Quel mystère est l’homme et quel sujet fructueux est-il pour la philosophie ! Par ailleurs, le réel est en lui-même autre chose qu’un simple objet de la connaissance humaine, et si l’homme perd conscience, le monde n’en continue pas moins d’exister{21}.

    Ainsi, l’ordre admirable qui régit l’univers, l’intelligibilité du monde – « l’univers ruisselle d’intelligence » (Einstein) –, les lois de la nature, l’origine du cosmos ou de la vie, le rapport esprit-matière, l’infini, l’unité, la multiplicité, l’unicité, tous ces thèmes à haute inspiration métaphysique émergent de la culture moderne{22}.

    En conclusion, l’acceptation du réel tel qu’il se présente, et non tel qu’un chacun pourrait l’imaginer, entraîne un goût de la recherche et de la formation personnelle. Savoir reconnaître les limites de sa discipline est fondamental, c’est déjà les dépasser, et ne pas se laisser enfermer par elles. La diversité des ordres de connaissance appelle une synthèse des connaissances où ils convergent dans une intégration des savoirs. Toute spécialisation ne s’équilibre que dans une réflexion attentive à relever ses articulations avec les autres, dans une culture harmonique, aux vues amples, non fragmentées{23}.

    La vraie culture est humanisme, elle est dignité et sagesse. Elle se construit autour de l’homme, en quête de vérité et de bonheur. Elle s’adresse à toutes les dimensions de l’homme. Découvrant dans la nature une telle surabondance d’efficience et de réalité, les chercheurs se trouvent immanquablement conduits à adresser à la réalité des questions philosophiques et à chercher des solutions qui satisfassent les exigences légitimes de l’homme. C’est l’exigence de connaissance et de vérité qui caractérise le mieux l’existence humaine. Nulle connaissance humaine n’est infuse ; la moindre connaissance doit s’acquérir ! Les vrais philosophes ont l’esprit de connaissance, ils ont donc le besoin de connaître, de connaître l’être dans sa manifestation la plus immédiate et dans le présent du réel. C’est au cœur même de cette rassurante évidence de l’être existant que se trouve inscrite la source de toute connaissance empirique ou « expérimentale ». C’est pourquoi le problème de la valeur de la connaissance est ramené à celui de la vérité des choses ; quant à la vérité, elle est une métaphysique. C’est-à-dire qu’elle est la valeur fondamentale de l’Etre. En même temps, la recherche de la vérité est un mouvement vers l’unité, vers l’infini. Autrement dit, la vérité est une réalité qui porte en elle la plénitude de l’Etre où réside la profondeur de la connaissance.

    Ainsi, la méthode philosophique sera fondamentalement expérimentale, en ce sens que le point de départ de la philosophie est pris dans l’expérience des choses. Mais la philosophie vise également, par la raison, la vérité des choses qui accompagne l’être inséparablement. La philosophie doit essayer d’expliquer, expliquer aussi loin qu’elle le peut ; mais, à un certain niveau de profondeur, elle s’arrête devant un ineffable rebelle à toute analyse. Mais, depuis Kant, Nietzche et Marx, la modernité culturelle a effacé toute représentation métaphysique. Une pensée qui s’y réfère tombe immédiatement dans l’incompréhensible, dans l’absurde, puisque la métaphysique a perdu sa raison d’être. Dans cette perspective agnostique, la fin de la métaphysique a engendré un comportement nouveau concernant la culture, les arts, la pensée, voire même la vie spirituelle et morale. Car comment affirmer le définitif, l’essentiel dans une temporalité coupée de son support d’éternité.

    La fin de la métaphysique a également généré un processus de réduction du réel et d’effacement de Dieu. Dans la mesure où Dieu n’a plus de lieu propre qui était, en métaphysique le « méta », l’au-delà du sensible, il se voit en quelque sorte refoulé dans l’anonymat ou l’attitude privée. Cependant, la vraie métaphysique, la métaphysique pérenne, est celle qui s’élève toujours au plus haut point de vision, de perspective. Elle montre alors les relations de l’infini et du fini. La vraie philosophie quand elle est totale fait toujours apparaître le divin dans la connaissance, elle s’achève en une seule métaphysique immense : Dieu, l’être et l’homme.

    Enfin, il est évident que nous vivons dans un monde multi-culturel et multi-religieux où la rencontre des opinions et des convictions les plus diverses est devenue une nécessité quotidienne. C’est dire que toutes les relations humaines se font chaque jour plus complexes et plus difficiles. Une seconde caractéristique de notre temps est l’expansion prodigieuse d’internet et des réseaux sociaux. Elle représente le grand événement qui est au point de départ de notre époque moderne. Du point de vue culturel et social, le monde moderne est maintenant organisé sous le signe de la dualité : la distinction entre le religieux et le profane. En tous cas, comme l’a dit le philosophe français Henri Bergson (1859-1941) dans les Deux Sources, le monde de demain, sous peine de sombrer dans le matérialisme, aura besoin d’un « supplément d’âme ». Il va de soi que le christianisme pourrait être ce « supplément d’âme » dans le monde de demain. « Ame », c’est-à-dire vie, force et esprit.

    Nous devons être absolument perméables à la lumière, à la vérité, réceptifs et humbles, homme et femme de bonne volonté, « homme et femme de désir », d’amour, de propension entraînant tout notre être. Certes, le doute est le commencement de la foi, comme la crainte est le commencement de la sagesse. Mais il faut oser, désirer, chercher, prier, aimer. La sagesse nous apprend à ne pas diviser la vérité ; la vérité, à ne pas confondre les choses. La lumière du soleil pénètre partout, sauf dans les habitations aux volets obstinément baissés ou dont les fenêtres sont recouvertes d’une épaisse couche de crasse.

    3. La recherche métaphysique

    La philosophie n’est pas d’aujourd’hui, elle était hier, elle sera demain, elle est pérenne. Quant à la métaphysique, elle est un univers fabuleux, extraordinaire, une fois entré, on n’en sort plus. En fait, la métaphysique repose sur un seul principe, l’unité dans la variété (l’un multiple ou l’unité-pluralité, l’un-autre). Ainsi, exprimer quelque chose de la grande affection qui m’unit à la métaphysique, mettre en relief toute sa richesse et sa profondeur et souligner toute son importance et sa pertinence pour la pensée philosophique comme pour la culture dans son ensemble, voilà une bonne introduction à cette « philosophie vraie, réelle et totale » qui anime toute ma recherche depuis des années. « L’arbre de la philosophie croît du sol nourricier de la métaphysique »{24} disait Martin Heidegger.

    En effet, comme l’avait perçu Leibniz, toute philosophie s’origine dans la question métaphysique du pourquoi : « Pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas rien ? » La métaphysique est donc la science des fondements qui s’efforce d’appréhender « l’Etre en tant qu’Etre »{25}. Dans sa quête de l’Etre, la métaphysique se heurte à son devenir. Le réel est d’une richesse qui dépasse la prise de l’esprit humain. L’intérêt métaphysique ne porte pas d’abord vers la richesse et la complexité de l’être réel, que nul intellect humain ne peut d’ailleurs embrasser d’une seule intuition. Mais c’est dans le désir de connaître qu’il faut saisir d’abord la première révélation de la tendance métaphysique. Même si la métaphysique semble abstraite, immatérielle et aride, elle est extrêmement précieuse : elle sous-tend la connaissance de tout le dehors du réalisme matériel comme tout le dedans du réalisme spirituel. La vérité fondamentale et sans laquelle toute métaphysique est vaine, c’est l’affirmation et la richesse de l’être. Mais pour accueillir l’être dans sa richesse et sa valeur, l’esprit doit effectuer un véritable détachement à l’égard de l’immédiat, des sollicitations trop particulières du concret. Tous ces liens qui empêchent l’esprit de s’ouvrir vraiment à l’appel de l’être, de l’accueillir dans sa vérité. Le seul vrai maître est intérieur. La vérité est reconnue dans le miroir de l’être.

    La recherche de la vérité est un impératif essentiel de la raison humaine. La vérité est une rationalité réelle et une réalité rationnelle. La vérité est bien relative à l’absolu mais pas un absolu détaché du réel.

    La connaissance est ainsi accueil de l’être mais aussi approbation. Et dans l’amour de la connaissance, la vérité de l’être est accueillie dans la plus grande amplitude. L’âme métaphysique sait reconnaître la valeur du réel, sa profondeur, sa diversité, sa véritable richesse, qu’occulte totalement l’approche réductrice de l’entendement.

    L’ouverture d’esprit est la vitalité spécifique de l’intelligence. La caractéristique la plus importante de l’esprit, c’est justement cette capacité d’ouverture. L’ouverture d’esprit est un engagement fondamental en faveur de la rationalité de l’être. Elle est liée à la connaissance, à la compréhension, à la raison, à la vérité, à un certain regard attentif.

    On peut dire qu’il y a inhibition de la raison quand tout ce qui est à connaître dans la réalité est au minimum de connaissance. Autrement dit, les profondeurs créatrices de la personne sont prisonnières du moi négatif, passif. Car la raison comprise au sens le plus vrai, c’est l’amour de la connaissance et la quête de la vérité.

    4. Le sacré dans les profondeurs de l’être

    Le visage de tout ce qui est et de l’être en tant qu’être est dignité.

    Tout ce qui est dignité donne une valeur et mérite le respect.

    Le peuple de l’humanité est le peuple des personnes humaines et de la réalité sacrée. Car il ne peut y avoir pour les hommes qu’une espèce de monde : le monde des hommes, le monde du nous. C’est cela le monde réel, le monde philosophique, le monde religieux.

    La philosophie est marquée par son attachement à l’homme,

    La religion est marquée par son attachement à Dieu.

    Cependant, le sacré ne peut se comprendre qu’en relation avec l’humain.

    Le sacré et l’humain ne sont jamais en opposition, bien au contraire, ils traduisent l’unité de la personne.

    La sacré ne se dit jamais de façon désordonnée ou agressive, car il est en contact permanent avec des réalités morales et profondes.

    Le sacré pointe au-delà de l’homme.

    Chaque fois que le sacré est malmené ou violenté, c’est l’humanité qui est malmenée ou violentée.

    Chaque fois que l’humanité est maltraitée ou brutalisée, c’est le sacré qui est maltraité ou brutalisé. Toute violence est voile jeté sur le sacré.

    Ainsi donc et assurément, la simple vision de la souffrance d’un homme ou même d’un animal, doit être conçu comme un abîme et cet abîme est celui de la mort du sens, laquelle est tout autant, si le sens est humain, notre mort. Tout s’effondre comme en une catastrophe dans le non-sens et l’absurde.

    La vérité du sacré, si elle a un sens, est vérité de l’amour jusqu’à un « maximum ». Et ce « maximum » est à ce point sacré qu’il nous dépasse tout aussi absolument, qu’en lui se condense l’énigme transcendante de notre dignité et de notre liberté. On peut dire que ce « maximum », que l’amour aboutit en Dieu. Car à quelque niveau qu’il soit, l’amour vient du divin, s’il est sincère, il tend à y faire remonter l’être qu’il envahit. Si le sens réel de l’amour est oublié, ignoré ou trahi, c’est Dieu lui-même qui est mutilé, défiguré, torturé.

    La pensée est le flux infini des idées. C’est la tâche de la raison d’atteindre le réel et l’intelligible, de rejoindre effectivement la vérité de l’être et celle de la pensée. Ce que la pensée veut atteindre, c’est l’existence sans doute, la conscience. Mais c’est surtout aller à ce fond de l’être que la pensée de tous les temps a cherché à atteindre, en l’appelant chose en soi, vérité profonde ou relation.

    Traduisons cela par cette allégorie de la poupée russe.

    « La poupée russe. Ouvre-la, tu y trouves une deuxième poupée pareille, plus petite. Ouvre celle-ci, tu trouves la troisième. Continue jusqu’à la dernière, minuscule, et maintenant montre ton art : rassembler tous les éléments séparés, si bien qu’à la fin il ne reste là que l’unique poupée, remplie du contenu de toutes les autres. N’oublie pas que la plus petite est indivisible ».

    5. Métaphysique et ontologie : le problème de Dieu

    Impossible de parler de Dieu sans prononcer aussitôt une quantité invraisemblable de bêtise. On ne peut rien dire de Dieu, seulement parler avec lui, en lui. Si cette phrase semble folle ou prétentieuse, on l’entendra sans doute mieux en y remplaçant le mot « Dieu » par le mot « amour » qui est son exact équivalent : impossible de parler de l’amour sans prononcer aussitôt une quantité invraisemblable de bêtises. On ne peut rien dire de l’amour, seulement parler avec lui, en lui{26}. Les grands spirituels ont dit avec raison que l’amour va plus loin que la connaissance. C’est que l’intelligence s’arrête là où elle ne peut plus ni connaître, ni comprendre, elle se heurte à la barrière de l’inconnu. Notre volonté au contraire ou notre amour passe outre et pousse plus en avant. Les grands auteurs spirituels disent également que l’amour perfectionne l’intelligence, il enflamme et transforme notre volonté en lui donnant un incroyable élan pour des horizons magnifiques et insoupçonnés.

    La connaissance augmente l’amour et l’amour augmente la connaissance. Plus la personne connaît, plus elle aime et plus elle aime, plus elle connaît. Telle est la loi d’amour et de connaissance. L’homme a le souci de la vérité. L’esprit humain trouve la satisfaction lorsqu’il est devant une vérité. Et il se sent mal à l’aise quand il rencontre une erreur, une chose fausse soit dans le domaine scientifique par exemple les mathématiques soit dans la logique ou dans le domaine ontologique. Notre esprit répugne les erreurs, les déviations, le mensonge car la vérité n’existe pas dans tous ceci.

    Toute la grande spiritualité est également imbue de la grande idée de l’habitation divine en nous. Dieu est présent, il est présent dans notre vie, il respire et il vit en nous. Ainsi, plus l’âme généreuse entrevoit Dieu, plus elle a envie de le connaître et de l’aimer. La tendance foncière, transcendantale de l’âme est là. L’abstraction intellectuelle n’accède pas seulement aux contours de l’existence, au schéma spatio-temporel qui la situe, elle accède au trésor de l’intelligible par l’intelligence même. Et l’intelligence se saisissant des intelligibles, qu’elle dégage par sa propre force de l’expérience, au sein de sa propre vitalité interne, accède à l’existence même. Dans la perception abstractive, dans cette percée qu’elle opère sur le réel, ce que l’intelligence saisit, c’est l’être même dégagé pour lui-même, dans ses valeurs et ressources propres d’intelligibilité et de réalité. C’est-à-dire dans cette richesse et cette ampleur du réel, l’abstraction de l’être livre à l’intelligence un champ supra-observable infini d’où émerge la connaissance.

    Tout ce qui est dans le réel est relationnel. La relation est au fondement de toute réalité, comme le préalable à toute réponse. La relation se rencontre partout. Elle est ce qu’il y a de plus universellement répandue. Le monde lui-même est un enchevêtrement de relations. De tout être on peut dire : il est relation. De l’infiniment petit à l’infiniment grand, tout est relationnel. La relation pénètre ainsi les plus minimes différenciation du réel. A cet égard, la relation englobe également l’esprit, la pensée. La relation est la véritable signification de l’être. Elle atteint quelque chose de divin et d’éternel.

    Tout est relation et pourtant arriver à comprendre la relation est une des plus rares réussites de l’esprit et on n’y parvient jamais complètement. De même, il y a deux façons de concevoir l’existence. La première consiste à la croire dénuée de sens, émanant d’un quelconque hasard qui pourtant sait s’ordonner de temps en temps et ce intelligemment afin de structurer des formes de vies par exemple. La seconde consiste à la savoir n’être pas née d’un hasard puisque tout semble au contraire agencé et ordonné pour un sens précis. Le sens n’est pas le gardien du temps mais le gardien de l’être. Il y a indissolubilité du problème du sens et du problème du monde. Pour la simple raison qu’il n’est qu’un seul problème : le problème de ce monde, de l’être, de notre être. Il n’y a pas de sens du Sens. Il y a le Sens comme Sens, reconnaissance du Sens, présence de soi au Sens présent et certain de cette présence, reconnaissance de Dieu. Cette reconnaissance du Sens affirme notre être propre et révèle une intériorité, une personnalité. Se révélant, le Sens mène à la connaissance de soi et à la reconnaissance de la valeur du réel. C’est le Sens qui s’offre au recueillement et nous fait progresser vers l’absolu, vers Dieu. Le Sens est manifeste quand nous allons à la profondeur de notre être, de notre moi tout entier. En allant au plus profond de nous-mêmes, nous appréhendons plus intensément le Sens et nous nous offrons pleinement à l’Etre. C’est pourquoi la présence du Sens est saisie dans une constante signification, dans une constante ouverture à l’Etre. Se prétendre ouvert au Sens et se tenir fermé à Autrui, c’est se tenir fermé au Sens. Car il n’est pour l’homme qu’une possibilité humaine : reconnaître le Sens pour le Sens. Ainsi, si le Sens a une valeur ontologique, existentielle, spirituelle, c’est qu’il est uni au destin de l’homme ; il est son éveil, son avènement et, peut-on dire, son salut. Et, d’autre part, le Sens est bien relatif à l’absolu mais pas un absolu détaché du réel. Le Sens n’est pas quelque chose de séparé de l’humain, il est quelque chose de l’être, de la vérité. Le sens ramène à l’être. Mais le sens couvre également quelque mystère, le sens est le voile qui couvre Dieu. Le sens est alors quelque chose de divin, d’immuable, d’absolu. Le sens exprime Dieu et permet à la pensée de le reconnaître. Le sens revoie alors au principe absolu de toute vérité, de toute valeur, à Dieu.

    Cela nous conduit insensiblement de l’unité unifiante du sens à l’unité métaphysique qui exprime l’un des aspects les plus profonds du réel : l’existence de Dieu.

    La voie de la relation a été difficile entre la philosophie et la foi pendant ce dernier demi-siècle. La différence entre la philosophie et la foi s’est même de plus en plus accentuée. Une philosophie qui trouve son inspiration de la foi est de plus en plus suspecte. Cela dit, si l’on peut bien philosopher sans Dieu, cela n’implique aucunement que Dieu « tombe » en dehors de la philosophie.

    Une phrase célèbre de Pascal oppose le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » au Dieu des « philosophes

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