Ce désir d'infini bonheur: Essai d'anthropologie métaphysique et morale sur la vie après la vie
()
À propos de ce livre électronique
Cependant, pour atteindre ces buts gratifiants, il faudrait que nous fussions vivants pour toujours dans un au-delà qui nous échappe, capables de traverser victorieusement notre triste et inéluctable condition mortelle.
Question : sommes-nous donc des êtres contradictoires et apparemment mal fagotés, par constitution ? Avides d’un bonheur complet et définitif qui nous rassasie entièrement, mais en dépit de cette soif, des êtres limités et mortels dont le destin clos est de disparaître inexorablement ?
Deux solutions : consentir à notre finitude irrémédiable et sans issue, attitude de démission résignée ou stoïque, souvent influencée par le positivisme et le scientisme ambiant.
Ou bien, nous laisser emporter par la puissance des désirs immenses qui nous visitent et réjouissent l’esprit et le cœur. Bien des personnes authentiquement religieuses accèdent spontanément à cette voie.
Le choix ici proposé, de façon laïque, de la deuxième solution, n’est pas un doux rêve compensatoire et inconsistant : il prend appui sur une vision d’anthropologie métaphysique et morale – aujourd’hui largement ignorée ou rejetée – philosophiquement rigoureuse et bien outillée.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Benoît Antoine Dumas se fait l’écho de l’anthropologie réaliste de Saint Thomas d’Aquin, d’Aristote et autres penseurs dont il a reçu l’enseignement, et qu’il s’efforce d’actualiser, lui donnant une facture littéraire attrayante ; et moderne, à l’épreuve de redoutables questions.
Cette montée vers un Bien et un bonheur infinis sont le lot de l’âme humaine spirituelle. L’auteur se situe dans ce courant, universellement représenté, d’un dépassement transcendant.
Lié à Ce désir d'infini bonheur
Livres électroniques liés
Ecologie, bientraitance et bien commun : place et rôle des compétences émotionnelles et existentielles: Essai de psycho-sociologie positive Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMalaise dans la civilisation Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMon enfant, voilà la vie: Essai Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe roman de la vie: Essai Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPratiques et recherches féministes en matière de violence conjugale: Coconstruction des connaissances et expertises Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Jeu de l'indulgence: Essai Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationReporters en guerre: Communication militaire et journalistes en Indochine (1945-1954) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPourquoi nous sommes tous des djihadistes: J'étais en Syrie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMinorités sexuelles, Internet et santé Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Homme et sa destinée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMon Devoir (Tome 1) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Science et la conscience Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAdorno en 60 minutes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRéveillons-nous : tous ensemble nous le pouvons Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Philosophie de l'histoire comme science de l'évolution Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation60 questions étonnantes sur l'amitié et les réponses qu'y apporte la science: Un question-réponse sérieusement drôle pour déjouer les clichés ! Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAppel à la jeunesse burkinabè Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRéflexions sur le suicide: suivi de Madame de Staël par Émile Faguet Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIslam et islamisme en Occident: Éléments pour un dialogue Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL' IDEOLOGIE DU NAZISME DANS L'HISTOIRE DE L'ALLEMAGNE Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ quoi sert le conseil de sécurité des nations unies? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Nourritures terrestres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa crise syrienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu chevet de nos soins de santé: Comment les améliorer sensiblement ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa rationalite, une ou plurielle? Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Études européennes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEurope et sécurité après le Traité de Lisbonne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Locomotive ivre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'État, son rôle historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Créatorat: Un nouveau paradigme pour la vie en société Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Anthropologie pour vous
Essai sur le don: Forme et raison de l’échange dans les sociétés primitives Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes réseaux sociaux sont-ils nos amis ?: Un débat sur l'impact de leur utilisation Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationManuel d'ethnographie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEssais Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFranc-maçonnerie: Les Grands Articles d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTémoins de Jéhovah et Franc-Maçonnerie : l'enquête vérité: Inclus : l'histoire du nom Jéhovah Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBody language: Reconnaître et interpréter les gestes de la confiance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉmile Durkheim: Les Grands Articles d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe la démocratie en Amérique: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTao Te King: Livre de la Voie et de la Vertu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMalaise dans la civilisation: Essai de métaphysique sur le devenir des cultures Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa crise de L'esprit: Suivi de : Bilan de l'Intelligence, Regards sur le monde actuel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRhétoriques, métaphores et technologies numériques: L'influence du langage sur notre perception de la numérisation du monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFuite de l'Absolu: Observations cyniques sur l'Occident postmoderne. volume I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTravail sur l'Algérie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLéopold Sédar Senghor: L'art africain comme philosophie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDictionnaire sur l’antisémitisme - Tome 1: Essai Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Enracinement : Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain: Le chef-d'oeuvre posthume de Simone Weil Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCerveau et éthique: Au-delà du bien et du mal Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Peulhs: Étude d'ethnologie africaine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe la démocratie en Amérique: (Parties 3 et 4) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes règles de la méthode sociologique (texte intégral de 1895): Le plaidoyer d'Émile Durkheim pour imposer la sociologie comme une science nouvelle Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe darwinisme social: critique et étymologie d'un concept Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPetites Misères de la vie conjugale: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHomme et fier de l’être: Un livre qui dénonce les préjugés contre les hommes et fait l'éloge de la masculinité Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMélanges d’histoire des religions Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNotes sur le Coran et autres textes sur les religions Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5LE QUEBEC LA CHARTE L' AUTRE ET APRES Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPhysiologie du jésuite: Essai humoristique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Ce désir d'infini bonheur
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Ce désir d'infini bonheur - Benoît Antoine Dumas
Présentation détaillée de l’ouvrage
Chapitre 1
Désir d’un bonheur infini et immortalité
Le désir d’un bonheur en plénitude : soif de la volonté ou du cœur aimant, ouverts au Bien infini et absolu
Réalisme anthropologique de cette orientation et réfutation des opinions contraires
La volonté de vivre toujours et l’immortalité : constitutives d’une part de nous-mêmes, et conditions requises à l’obtention d’un tel bonheur
L’élan du Moi profond vers un bonheur plénier et impérissable a impérieusement besoin d’être accueilli par delà la mort
Faute de quoi, il serait vain et même inexistant
Incapacité de la partie spirituelle de l’âme, déconnectée (le « Je » séparé de son support corporel), à exercer seule une quelconque activité.
Son impuissante à entrer en communion avec le Bien auquel elle aspire
La dialectique ascendante vers le Bien absolu suscite l’interrogation sur l’existence de Dieu : Qui nous fera voir le bonheur ?
Chapitre 2
Comment la vie moralement qualifiée et la réflexion philosophique s’ouvrent à l’attrait du Bien transcendant
Destinée humaine et champ moral : vers un pôle d’attraction transcendant
On reconnaît l’arbre à ses fruits, le bien moral rend l’homme bon
Se conduire selon la raison et consentir à l’attrait du bien
Sens moral, conscience morale et grands principes
Le bien moral : un bien pratique à réaliser et pas seulement à connaître ; devoirs et obligations
Détour par nos bien-aimés droits de l’homme
Consentement à l’attrait du bien plus encore que conformité à la raison
Les actions moralement bonnes médiatrices de notre relation au Bien
Vers l’identification du Bien transcendant
Le Bien transcendant ne serait-il un Dieu personnel ?
Remontée réaliste et pont lancé sur l’autre rive
Note sur droits de l’homme et devoirs correspondants
Chapitre 3
Bilan et éclosion de nos vies terrestres
Nécessité d’un jugement qui surplombe l’Histoire
Mérite et potentiel de bonheur
Bonté humaine et messianisme – vers le couronnement messianique de nos espérances terrestres…
Chapitre 4
L’âme humaine, donnée fiable et constitutive de l’anthropologie
Récapitulation de ce qui a été dit antérieurement, et nécessité de découvrir l’existence de l’âme spirituelle comme support de notre élan ascendant
les traditions religieuses et la philosophie face à « une croyance profonde, invétérée, spontanée, presque universellement répandue, en une survie dans l’au-delà »
Existence en l’homme d’un principe subsistant, appelé âme spirituelle, capable de survivre à la mort corporelle, affirmé à partir du fonctionnement de ses opérations de type intellectuel :
- le fonctionnement de la connaissance
- quelques opérations de nature spirituelle dont notre Moi pensant est l’auteur ou le sujet : la négation, la conscience de soi, l’acte libre et la liberté créatrice, la moralité de nos actes et la relation au Bien, le refus explicite de mourir et le désir de demeurer dans l’être
- les opérations de nature spirituelle : résultats de phénomènes neuro-biologiques ?
Le point : la condition pour que l’immortalité intéresse et serve à quelque chose est que les mouvements puissants de l’esprit et du cœur soient accueillis…
À quoi, à Qui s’en remettre pour une survie de l’âme qui soit gratifiante ?
- réincarnation ?
- foi des juifs de l’Ancien Testament et foi chrétienne
- comme philosophe, que pouvons-nous dire ? Ce rivage grandiose de nos désirs ne serait-il pas Quelqu’un ?
Le besoin de salut : catégorie d’anthropologie philosophique adéquate
Chapitre 5
Conception intégrative de l’âme humaine, biologique et spirituelle, et qui soutient les infinis désirs de l’homme (ce que devrait être la place de l’âme humaine dans une considération anthropologique qui n’escamote ni les données de la biologie moléculaire ni la question-clé de la destinée)
Quelques précisions sémantiques et historiques
Deux conceptions anthropologiques : l’homme esprit incarné ou l’homme animal raisonnable ?
La conception purement spiritualiste de l’âme humaine : éminente, mais partielle et réductrice
Vers une caractérisation à la fois réaliste et transcendante de l’âme humaine : l’approche psycho-somatique
Qu’est-ce que l’âme humaine ? - l’homme animal raisonnable
Grand détour par la biologie moléculaire - lumières de la biologie actuelle sur le mystère de l’activité vitale - comment peuvent s’articuler science et philosophie
(la biologie moléculaire, la vie, la cellule, structure de la cellule, noyau-chromosomes-ADN, structure de l’ADN, l’auto-régulation, mécanismes de la régulation cellulaire, les réactions de l’être vivant sont préparées. - d’après Georges Salet - « Hasard et certitude »)
Reprise philosophique
Les conceptions de la biologie actuelle intègrent le mécanicisme et le finalisme – Mécanicisme, Finalisme
Information, finalité, l’âme
(d’après le Pr. Nodé-Langlois, actualisant Aristote et Thomas d’Aquin en fonction des données scientifiques actuelles)
L’âme informe, selon des fonctions différenciées, l’être vivant complexe que nous sommes – dotée de facultés spirituelles, elle émerge
Cette âme est partout présente dans le corps, mais pas avec toutes ses puissances
Un des buts de l’éducation : favoriser l’émergence du moi spirituel
La foi judéo-chrétienne en la résurrection des corps est rendue plausible, car réduite à sa puissance spirituelle, l’âme du défunt, séparée de son corps, a perdu son intégrité et demeure en tension vers lui
Epilogue
Annexe 1 - Le mystère du mal
Annexe 2 - Le silence de Dieu
Introduction
Ce désir d’infini bonheur, essai d’anthropologie métaphysique et morale sur la vie après la vie
Dans une grande clarté, face au soleil peut-être, fermez les yeux, respirez profondément. Emplissez-vous du souffle de la vie, pensez au bonheur... Pensez à tout le bien que vous souhaitez : pour vous, pour vos proches, pour le monde entier. Rejoignez quelque temps l’immensité de vos désirs.
Je voudrais vous convaincre, à partir de données essentielles et véridiques de l’anthropologie, qu’il existe, de ce côté-ci, plusieurs chemins conduisant à l’existence de Dieu. De quoi est-ce que je parle ? De notre envie irrépressible de bonheur ; de notre aspiration à vivre toujours ; de notre orientation tenace au Bien moral, orientation accueillie ou rejetée, mais qui nous attire et nous mesure ; je parle de notre sens de la justice dont on se demande s’il sera un jour, ou ne sera pas, pleinement satisfait ; du bilan et de l’éclosion – possible, attendue ? – de notre vie terrestre personnelle comme de notre histoire collective. Autant de réalités décisives, présentes habituellement, au moins en sourdine, à notre champ de conscience, et qui sont propres à faire que nous nous approchions de Dieu. C’est le rôle de la philosophie de scruter ces mouvements puissants de l’esprit et du cœur, de les analyser avec curiosité et méthode, de leur donner forme et consistance, de découvrir leurs implications, et de suivre résolument leur élan ascendant.
Vous le voyez : il s’agit bien d’une réflexion philosophique, mais qui porte sur des questions de base, simples, premières, concernant notre destinée d’hommes et de femmes appelés à vivre en plénitude, en quête d’infini, et paradoxalement condamnés à mourir.
On peut, certes, se poser la question de Dieu à partir de l’existence même de l’Univers (sa nécessité ou sa contingence...), de son intelligibilité et de son organisation, de sa beauté, de l’apparition de la vie, de l’évolution, de l’émergence de l’homme... Beaucoup d’entre nous n’ont pas les moyens, le temps, la compétence de se lancer dans l’étude des questions et des réponses. D’ailleurs, pas mal de philosophes et de scientifiques donnent l’impression d’être à sec ou de demeurer sceptiques sur ces sujets difficiles. Je pense les aborder moi aussi un jour prochain.
Mais sans attendre, je ressens l’urgence de proposer ces éclaircissements d’anthropologie métaphysique et morale accessibles au grand nombre, dont chacun peut parler à partir de sa propre expérience, de son engagement, de ses intuitions ou inquiétudes profondes. Les croyants le font surtout à partir de leur foi.
Je dois reconnaître moi aussi tout ce que je dois à la révélation chrétienne. Si celle-ci me donne une bonne assurance quant au but que je prétends atteindre et vers lequel j’entreprends d’entraîner le lecteur, je me suis employé à procéder dans cette recherche à partir des seules ressources de la raison, du cœur aimant, de l’intuition. Autrement dit, je ne tiens pas un discours formellement religieux se réclamant de la foi en Dieu, car ce Dieu je voudrais que l’on comprenne, dans notre culture largement imprégnée d’athéisme, qu’il est au moins envisageable – et peut-être plus – d’accéder à son existence de façon « laïque » et naturelle. Et si des sentiments authentiquement « religieux » – exempts de fanatisme et de formalismes superstitieux aliénants (pas inutile de le préciser...) – se trouvent attisés, tant mieux ! Que l’on découvre et que l’on sache qu’ils font partie de notre configuration humaine universelle d’êtres pensants, ayant soif d’absolu et de bonheur pour toujours.
*
Ce que je vais développer ne rencontrera peut-être pas beaucoup d’écho chez de nombreuses personnes qui recevront ces désirs d’infini bonheur comme d’aimables projections personnelles de l’auteur, pas forcément partagées, car invérifiables ; ou bien, s’agissant de notre futur transhistorique collectif, comme des utopies, enviables certes, mais ne représentant guère que des songes irréalistes et irréalisables...
Peut-être se sont-elles déjà repliées plus ou moins sereinement (frileusement ?) sur un bonheur moyen possible, de proportions humaines connues et à portée d’expérience prochaine : une santé correcte, un niveau de vie suffisant, l’amour des leurs, une vie à peu près réussie, des loisirs appréciés, le sentiment de servir ou d’avoir servi à quelque chose et d’accomplir ses devoirs, et d’autres motifs de satisfaction encore... dans l’ignorance de ce qui vient après et sans grand appétit pour un bonheur immortel transcendant jugé démesuré. Avec même certaines appréhensions d’être entraîné malgré soi dans un tourbillon divin inattendu, dérangeant, pas du tout programmé...
Je comprends que des gens qui ont été relativement favorisés par la vie s’en tiennent là. Je comprends que d’autres qui ont trimé, ont été malmenés, ont été éprouvés... et s’en sont à peu près bien sortis puissent refermer la main sur un bonheur par essence fragile et éphémère, qu’ils savent valoriser quand il se présente, dont ils profitent à leur niveau et à leur manière, dans une disposition d’ouverture à autrui et de partage.
À deux pas, deux jours, dix ou trente années de leur mort, beaucoup se contentent d’assumer le mieux possible le quotidien tel qu’il se présente, sans ressentir le besoin d’une échappée quelconque par le moyen d’éclairs que leur fourniraient la philosophie ou la religion. Ou en écartant carrément ce besoin. La condition humaine, finitude et mort comprises, est ce qu’elle est, voilà tout. On jouit d’un bonheur substantiel sans illumination ni percée transcendantale.
En présence de cette attitude rivée à l’horizon terrestre et, somme toute, assez conformiste, renforcée par tous les bénéfices attendus du progrès technique ainsi que par certaines idéologies scientifiques closes, je fais les deux observations suivantes.
Si les hommes arrivent à se satisfaire de cette vie et des bonheurs déjà si grands qu’elle peut offrir, sans chercher au-delà ni plus loin, c’est parce que ni le milieu culturel, ni l’éducation, ni l’enseignement de la philosophie, ni leur complexion... ne les ont incités à aller jusqu’au fond de leurs désirs, jusqu’aux limites de leurs rêves. Leur a manqué et manquent à la société les lumières d’une anthropologie métaphysique et morale qui explore toutes les dimensions et les élans du cœur humain, élève et entraîne celui-ci à l’infini de ses vœux. Ce à quoi j’essaye de remédier par ce travail – auquel la grande sensibilité romantique pourrait encore donner de l’air, des lettres et... des ailes.
Les religions et le judéo-christianisme en particulier sont pourvoyeurs d’infinis désirs, de façon constitutive. La philosophie, la littérature, l’art... ont besoin de regarder de leur côté pour trouver ou retrouver un humanisme ouvert à notre soif d’infini, une stimulation à notre quête d’un bonheur absolu... qui recouvre le champ individuel et social.
Alors, christianisme déguisé ma démarche ? Non pas. Mais philosophie consciente de ses enjeux et de ce que peuvent devenir ses propres ambitions et postulations au voisinage de l’espérance chrétienne intégrale, celle qui répond aux diverses attentes des croyants dont les yeux se tournent vers « les cieux nouveaux et la terre nouvelle où la Justice habitera ».
Surtout ne pas croire, ou feindre de croire, qu’une tension vers une félicité transcendante désactive l’engagement pour un monde nouveau, libéré du mal et de la mort. C’est le contraire qui doit s’affirmer chaque jour davantage ! Car le désir d’une vie immortelle bienheureuse puise et se construit dans la dynamique d’une vie moralement juste, confrontée à l’épreuve et au sacrifice, dans le mépris suffisant des richesses périssables, la défense des droits de l’homme et de l’enfant, la solidarité et le partage avec les pauvres, la recherche de la vérité qui rend libre, l’espérance active dans le succès de grandes causes...
Chapitre I
Désir d’un bonheur infini et immortalité
Le « vouloir vivre toujours » et l’immortalité sont conditions et composantes du bonheur – mais il faut quelqu’un pour les accueillir sur l’autre rive.
Il y a chez nous un élan ascendant vers un bonheur toujours plus immense, toujours plus parfait, et qui est en vérité une soif insatiable de la volonté ou du cœur aimant ouverts au Bien infini et absolu. Cette ascension « dialectique » nous porte au-delà du repos en des biens dont nous avons l’expérience, pour désirer plus et mieux :
« il me faut l’impossible ou un bonheur dément
qui comble l’être entier comme une eau bleue la bouche. »¹
Cet élan est tout à fait réel et exaltant mais, rationnellement, philosophiquement, nous ne pouvons garantir qu’il va atteindre son but.
Par contre, il est deux conditions à l’obtention d’un tel bonheur désiré, et qui en sont des composantes ; deux faces de la même tension, que l’on peut saisir dans le champ ouvert de l’anthropologie métaphysique. Les voici. S’il existe quelque part pour nous un bonheur transcendant, absolu, divin peut-être… il faut nécessairement que, par une part de n
ous-mêmes, la plus élevée, la plus consciente,
nous désirions vivre toujours,
et que, par nature, nous en soyons capables, c’est-à-dire constitués immortels.
Car l’obtention d’un bonheur maximum et sans limites suppose le vouloir vivre toujours et la traversée victorieuse de la mort. C’est bien le sens du titre ci-dessus, dont fait aussi partie cette clause : notre immortalité et notre vouloir vivre toujours sont vains, s’il n’existe personne pour les accueillir.
De cet accueil, nous dirons quelques mots à la fin du chapitre, mais en sachant qu’il ne dépend pas de nous. Tandis que vouloir vivre toujours et traverser la mort, conditions et composantes du bonheur, appartiennent de plein droit à notre condition humaine, il faut en parler sans complexe.
*
Tous nous désirons