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Petites Misères de la vie conjugale: Tome I
Petites Misères de la vie conjugale: Tome I
Petites Misères de la vie conjugale: Tome I
Livre électronique119 pages4 heures

Petites Misères de la vie conjugale: Tome I

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À propos de ce livre électronique

Balzac se promène en observateur amusé dans l'intimité des couples : dans cette suite de saynètes sur la vie conjugale, il porte à son apogée le genre des physiologies - petites études de moeurs traitées avec légèreté. L'essentiel est alors de saisir sur le vif les petites mesquineries et les grandes déceptions du mariage bourgeois - tout en gardant toujours un rire généreux. D'un côté, Adolphe, l'homme bourgeois, se signale par une aridité mentale désespérante ; de l'autre, la femme, Caroline, est réduite à être l'un des « plus jolis joujoux que l'industrie sociale ait inventés ». Ensemble, les jeunes époux vont suivre pas à pas le chemin qui mène de la promesse de bonheur aux « misères » du mariage. Le narrateur, lui, se permet de délicieusement compter les points dans la guerre des sexes.
LangueFrançais
Date de sortie16 sept. 2022
ISBN9782322458059
Petites Misères de la vie conjugale: Tome I
Auteur

Honoré de Balzac

Honoré de Balzac (1799-1850) was a French novelist, short story writer, and playwright. Regarded as one of the key figures of French and European literature, Balzac’s realist approach to writing would influence Charles Dickens, Émile Zola, Henry James, Gustave Flaubert, and Karl Marx. With a precocious attitude and fierce intellect, Balzac struggled first in school and then in business before dedicating himself to the pursuit of writing as both an art and a profession. His distinctly industrious work routine—he spent hours each day writing furiously by hand and made extensive edits during the publication process—led to a prodigious output of dozens of novels, stories, plays, and novellas. La Comédie humaine, Balzac’s most famous work, is a sequence of 91 finished and 46 unfinished stories, novels, and essays with which he attempted to realistically and exhaustively portray every aspect of French society during the early-nineteenth century.

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    Aperçu du livre

    Petites Misères de la vie conjugale - Honoré de Balzac

    Petites Misères de la vie conjugale

    Petites Misères de la vie conjugale

    Première Partie

    Préface : OÙ CHACUN RETROUVERA SES IMPRESSIONS DE MARIAGE

    LES DÉCOUVERTES.

    LES ATTENTIONS D’UNE JEUNE FEMME.

    LES TAQUINAGES.

    LE CONCLUSUM.

    LA LOGIQUE DES FEMMES.

    JÉSUITISME DES FEMMES.

    SOUVENIRS ET REGRETS.

    OBSERVATION.

    EXEMPLES.

    LE TAON CONJUGAL.

    LES TRAVAUX FORCÉS.

    DES RISETTES JAUNES.

    RÈGLE GÉNÉRALE.

    NOSOGRAPHIE DE LA VILLA.

    LA MISÈRE DANS LA MISÈRE.

    LE DIX-HUIT BRUMAIRE DES MÉNAGES.

    L’ART D’ÊTRE VICTIME.

    LA CAMPAGNE DE FRANCE.

    LE SOLO DE CORBILLARD.

    Page de copyright

    Petites Misères de la vie conjugale

    Honoré de Balzac

    Première Partie

    Préface : OÙ CHACUN RETROUVERA SES IMPRESSIONS DE MARIAGE

    Un ami vous parle d’une jeune personne :

    — Bonne famille, bien élevée, jolie, et trois cent mille francs comptant. Vous avez désiré rencontrer cet objet charmant. Généralement, toutes les entrevues fortuites sont préméditées. Et vous parlez à cet objet devenu très-timide.

    VOUS

    Une soirée charmante ?…

    ELLE

    Oh ! oui, monsieur. Vous êtes admis à courtiser la jeune personne.

    LA BELLE-MÈRE (au futur)

    Vous ne sauriez croire combien cette chère petite fille est susceptible d’attachement. Cependant les deux familles sont en délicatesse à propos des questions d’intérêt.

    VOTRE PÈRE (à la belle-mère)

    Ma ferme vaut cinq cent mille francs, ma chère dame !…

    VOTRE FUTURE BELLE-MÈRE

    Et notre maison, mon cher monsieur, est à un coin de rue.

    Un contrat s’ensuit, discuté par deux affreux notaires : un petit, un grand. Puis les deux familles jugent nécessaire de vous faire passer à la mairie, à l’église, avant de procéder au coucher de la mariée, qui fait des façons. Et après !… il vous arrive une foule de petites misères imprévues, comme ceci : LE COUP DE JARNAC.

    Est-ce une petite, est-ce une grande misère ? je ne sais ; elle est grande pour les gendres ou pour vos belles-filles, elle est excessivement petite pour vous.

    — Petite, cela vous plaît à dire ; mais un enfant coûte énormément ! s’écrie un époux dix fois trop heureux qui fait baptiser son onzième, nommé le petit dernier,

    — un mot avec lequel les femmes abusent leurs familles.

    Quelle est cette misère ? me direz-vous. Hé bien ! cette misère est, comme beaucoup de petites misères conjugales : un bonheur pour quelqu’un.

    Vous avez, il y a quatre mois, marié votre fille, que nous appellerons du doux nom de CAROLINE, pour en faire le type de toutes les épouses.

    Caroline est, comme toujours, une charmante jeune personne, et vous lui avez trouvé pour mari :

    Soit un avoué de première instance, soit un capitaine en second, peut-être un ingénieur de troisième classe ; ou un juge suppléant ; ou encore un jeune vicomte. Mais plus certainement, ce que recherchent le plus les familles sensées, l’idéal de leurs désirs : le fils unique d’un riche propriétaire !… (Voyez la Préface.)

    Ce phénix, nous le nommerons ADOLPHE, quels que soient son état dans le monde, son âge, et la couleur de ses cheveux.

    L’avoué, le capitaine, l’ingénieur, le juge, enfin le gendre, Adolphe et sa famille ont vu dans mademoiselle Caroline :

    1° Mademoiselle Caroline ;

    2° Fille unique de votre femme et de vous.

    Ici, nous sommes forcés de demander, comme à la Chambre, la division :

    I. DE VOTRE FEMME !

    Votre femme doit recueillir l’héritage d’un oncle maternel, vieux podagre qu’elle mitonne, soigne, caresse et emmitoufle ; sans compter la fortune de son père à elle. Caroline a toujours adoré son oncle, son oncle qui la faisait sauter sur ses genoux, son oncle qui… son oncle que… son oncle enfin dont la succession est estimée deux cent mille francs.

    De votre femme, personne bien conservée, mais dont l’âge a été l’objet de mûres réflexions et d’un long examen de la part des aves et ataves de votre gendre. Après bien des escarmouches respectives entre les belles-mères, elles se sont confié leurs petits secrets de femmes mûres.

    — Et vous, ma chère dame ?

    — Moi, Dieu merci ! j’en suis quitte, et vous ?

    — Moi, je l’espère bien ! a dit votre femme.

    — Tu peux épouser Caroline, a dit la mère d’Adolphe à votre futur gendre, Caroline héritera seule de sa mère, de son oncle et de son grand-père.

    II. DE VOUS :

    Qui jouissez encore de votre grand-père maternel, un bon vieillard dont la succession ne vous sera pas disputée : il est en enfance, et dès lors incapable de tester.

    De vous, homme aimable, mais qui avez mené une vie assez libertine dans votre jeunesse. Vous avez d’ailleurs cinquante-neuf ans, votre tête est couronnée, on dirait d’un genou qui passe au travers d’une perruque grise.

    3° Une dot de trois cent mille francs !…

    4° La sœur unique de Caroline, une petite niaise de douze ans, souffreteuse et qui promet de ne pas laisser vieillir ses os.

    5° Votre fortune à vous, beau-père (dans un certain monde, on dit le papa beau-père), vingt mille livres de rente, qui s’augmenteront d’une succession sous peu de temps.

    6° La fortune de votre femme, qui doit se grossir de deux successions : l’oncle et le grand-père.

    Trois successions et les économies, ci. 750,000 f.

    Votre fortune 250,000

    Celle de votre femme 250,000

    Total 1,250,000 f. qui ne peuvent s’envoler !…

    Voilà l’autopsie de tous ces brillants hyménées qui conduisent leurs chœurs dansants et mangeants, en gants blancs, fleuris à la boutonnière, bouquets de fleurs d’oranger, cannetilles, voiles, remises et cochers allant de la mairie à l’église, de l’église au banquet, du banquet à la danse, et de la danse dans la chambre nuptiale, aux accents de l’orchestre et aux plaisanteries consacrées que disent les restes de dandies ; car n’y a-t-il pas, de par le monde, des restes de dandies, comme il y a des restes de chevaux anglais ?

    Oui, voilà l’ostéologie des plus amoureux désirs.

    La plupart des parents ont dit leur mot sur ce mariage.

    Ceux du côté du marié :

    — Adolphe a fait une bonne affaire.

    Ceux du côté de la mariée :

    — Caroline a fait un excellent mariage. Adolphe est fils unique, et il aura soixante mille francs de rente, un jour ou l’autre !…

    Un jour, l’heureux juge, l’ingénieur heureux, l’heureux capitaine ou l’heureux avoué, l’heureux fils unique d’un riche propriétaire, Adolphe enfin, vient dîner chez vous, accompagné de sa famille.

    Votre fille Caroline est excessivement orgueilleuse de la forme un peu bombée de sa taille. Toutes les femmes déploient une innocente coquetterie pour leur première grossesse. Semblables au soldat qui se pomponne pour sa première bataille, elles aiment à faire la pâle, la souffrante ; elles se lèvent d’une certaine manière, et marchent avec les plus jolies affectations.

    Encore fleurs, elles ont un fruit : elles anticipent alors sur la maternité.

    Toutes ces façons sont excessivement charmantes… la première fois.

    Votre femme, devenue la belle-mère d’Adolphe, se soumet à des corsets de haute pression. Quand sa fille rit, elle pleure ; quand sa Caroline étale son bonheur, elle rentre le sien. Après dîner, l’œil clairvoyant de la co-belle-mère a deviné l’œuvre de ténèbres.

    Votre femme est grosse ! la nouvelle éclate, et votre plus vieil ami de collège vous dit en riant :

    — Ah ! vous avez fait des nôtres ?

    Vous espérez dans une consultation qui doit avoir lieu le lendemain. Vous, homme de cœur, vous rougissez, vous espérez une hydropisie ; mais les médecins ont confirmé l’arrivée d’un petit dernier !

    Quelques maris timorés vont alors à la campagne ou mettent à exécution un voyage en Italie. Enfin une étrange confusion règne dans votre ménage. Vous et votre femme, vous êtes dans une fausse position.

    — Comment ! toi, vieux coquin, tu n’as pas eu honte de… ? vous dit un ami sur le boulevard.

    — Eh ! bien, oui ! fais-en autant, répliquez-vous enragé.

    — Comment, le jour où ta fille ?… mais c’est immoral ! Et une vieille femme ?

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