Calixte

Par Dominique Marie

Une expédition rentre d’un premier voyage intergalactique au cours duquel il a été découvert une planète bleue semblable à la terre. À la grande surprise des Terriens, les êtres humains de cet autre coin de l’espace n’occupent pas le rang que nous leur connaissons sur terre ; là-bas, ce sont des animaux qui règnent en maître. Les Terriens peuvent-ils accepter qu’ailleurs une autre humanité soit asservie ? Une seconde expédition est alors organisée, elle sera plus conséquente. Malgré son âge, le jeune héros parviendra à intégrer l’équipe partie sauver les hommes de cette lointaine planète.

• Langue: Français
• Éditeur: Les Éditions du Net
• Date de sortie: 27 nov. 2014
• ISBN: 9782312032115

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Calixte

Dominique Marie

Calixte

LES ÉDITIONS DU NET

22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

© Les Éditions du Net, 2014

ISBN : 978-2-312-03211-5

À mon Petit-Bonhomme ;

jeune homme,

il se reconnaîtra dans ces pages.

Chapitre 1

« Mesdames et Messieurs, cette boule de feu qui déchire les cieux, cette boule de feu qui descend sur nous, cette boule qui grossit au fur et à mesure qu’elle se rapproche de nous, ce phénomène, vous le connaissez bien maintenant, vous en avez l’habitude, sauf que cette fois-ci, pour la première fois au monde, il s’agit du premier vaisseau intergalactique qui nous revient d’un tout premier voyage entrepris hors de notre galaxie.

Je vous le rappelle, l’agence Spatio n’a de cesse de répondre le plus parfaitement possible à chacune de vos attentes et obéit à tous vos soucis, votre sécurité d’abord, votre confort tout autant, tout cela sans négliger votre légitime curiosité. N’oubliez pas, Mesdames et Messieurs, les prix pratiqués par l’agence Spatio, ils sont parmi les plus attractifs du marché. Nos prix très abordables étonnent les plus sceptiques.

Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Oui, Mesdames et Messieurs, pas comme les autres. Il ne s’agit pas de la navette Luna MCXXVI, qui revient d’un voyage biquotidien de la lune. Non, bien sûr. Aujourd’hui, il s’agit du vaisseau Calixte, Ca-lix-te, qui nous revient d’un voyage intergalactique. Vous rendez-vous compte ? In-ter-ga-lac-tique…

Oui, vous m’avez bien entendu, un voyage sidéral, je dirais même mieux, Mesdames et Messieurs, et pardonnez cette facilité, un voyage sidérant. Quelle aventure ! J’en ai les larmes aux yeux. Et c’est la Gouvernance Générale qui a choisi Spatio pour entreprendre une première expédition hors de notre galaxie. Cela positionne incontestablement Spatio en toute première place des agences des voyages sidéraux.

Le retour de Calixte du système G-Agrégat-12 relève d’une performance jusque-là jamais réalisée par l’humanité. Mesdames et Messieurs, nous assistons à une chose inouïe. Je peux à peine parler tant j’en ai la gorge serrée. Quand je pense que la société Spatio est l’acteur principal de cette fantastique prouesse, je ne comprends pas comment j’arrive encore à témoigner de cet immense succès et pour Spatio et pour l’humanité ! J’en pleure.

Dans moins de dix minutes, Calixte aura atterri. Dans moins de dix minutes, ses passagers descendront du vaisseau, là, sous nos yeux.

Je m’approche de la tribune des familles. Je m’en vais interroger ceux qui, pendant quatre ans, n’ont pas pu serrer dans leur bras un père, une mère, un fils ou une fille partis pour un si lointain voyage.

– Oui, c’est ma fille que j’attends. Bien sûr durant ces années, la Gouvernance Générale a tout fait pour nous faciliter la vie. Nous n’avons pas toujours pu correspondre par télé-vidéo. Mais jamais je n’ai douté du retour de ma fille. Au fond de moi, je la savais vivante, Monsieur. Je remercie l’État qui une fois de plus a fait preuve dans cette affaire d’une hauteur de sentiment à nulle autre pareille. Je le dis sans flagornerie. Vraiment, je le dis parce que c’est la vérité, tout simplement. Je suis émue bien sûr. Je retrouve enfin ma fille, quelle joie !

– Moi, c’est pareil. Je remercie la Gouvernance Générale qui nous a beaucoup soutenus. Quand, il y a deux mois, j’ai pu retrouver mon épouse par la télé-vidéo, ce fut formidable. Ces quatre années ont été trop longues, beaucoup trop longues.

– Je ne vous dis pas que ce n’est pas pareil, car moi aussi, je dois reconnaître que sans les mesures prises en ma faveur, savoir mon fils si loin, n’aurait pas été supportable. Mais surtout, Monsieur, quelle joie, quel soulagement ! Ils sont vivants ! Quand je pense que nous les avions crus perdus ! C’est une joie indescriptible de les savoir aujourd’hui de retour ! Oui, vous ne pouvez comprendre. En fait, la Gouvernance Générale a un plan extraordinaire pour chacun des passagers de Calixte, ils devraient à leur arrivée, être tous promus comme membres des Conseils Locaux. Vous rendez-vous compte ? C’est formidable non ? J’en suis très fière, vraiment fière. Fantastique non ? »

La foule est de plus en plus nombreuse malgré l’heure avancée de la nuit. Le service d’ordre, très affairé, donne ses consignes. Le public est cantonné dans les aires prévues à cet effet. Il est vrai que l’événement est d’importance : jamais un vaisseau n’était revenu d’une expédition aussi lointaine.

La presse est présente et l’on parle dans les trois langues officielles : chinois, arabe, anglais. Les caméras bien sûr scrutent le ciel ; la boule de feu est devenue énorme, dans l’obscurité de la nuit ; c’est en soi un spectacle. Partout des calicots à l’enseigne de la compagnie Spatio vantent l’événement. Sur le char officiel mis à disposition par la compagnie Spatio, siègent les membres de la Gouvernance Générale. Une tribune accueille les familles des aventuriers de l’espace, une autre les membres des conseils des Premiers, les membres des Conseils Régionaux et Locaux.

Dans le ciel bientôt la boule de feu s’éteint, cela provoque un tonnerre d’applaudissements, les lampadaires implantés pour saluer l’événement, prennent le relais, l’atterrissage approche en douceur. Les passagers du vaisseau intergalactique poseront enfin le pied sur la planète maternelle.

La brillance de la lune s’efface derrière cette masse énorme qui descend en douceur. C’est le vaisseau qui opère son atterrissage. Les applaudissements, les sifflets et les cris marquent l’impatience du public. Un souffle de chaleur saisit la foule, un silence rompt le brouhaha mais pas pour bien longtemps.

« Mesdames et Messieurs, nous venons d’assister à un atterrissage impeccable. La compagnie Spatio n’en attendait pas moins du commandant de Calixte. Nous voyons maintenant sortir les premiers passagers de Calixte, leurs premiers pas sur terre depuis une si longue absence ! Quelle appréhension, vous rendez-vous compte, après quatre années d’absence ! Je m’approche maintenant des passagers de l’aventure. Je devrais dire : je m’approche maintenant de ces Excellences. En effet la Gouvernance Générale vient de promouvoir les membres d’équipage aux responsabilités des Conseils Locaux, les officiers à celles des Conseils Régionaux et le commandant à celles du Conseil des Premiers. Il s’agit là, évidemment d’un honneur exceptionnel fait à chacun d’entre eux, mais ô combien mérité ! Je m’approche de l’un des tout premiers atterrissants. S’il vous plaît, vous venez de vivre une épopée extraordinaire, le mot est d’ailleurs faible. Pouvez-vous nous faire part de vos premières impressions ?

– C’est en effet une épopée qui marquera pour toujours la mémoire des hommes. Croyez-moi.

– Pouvez-vous préciser votre conviction ?

– Ce voyage n’a rencontré aucune difficulté technique. De ce point de vue, c’est un sans-faute.

– Vous faites l’éloge de la technicité éprouvée des vaisseaux de la compagnie Spatio, vous avez raison de le préciser. Mais continuez, je vous ai interrompu.

– Oui, je disais que le voyage s’est passé sans encombre. Aux performances du vaisseau, il faut ajouter la compétence de notre commandant de bord… Mais…, non…, je ne voudrais pas dévoiler prématurément le contenu de notre voyage avant que l’on y soit autorisé, cependant, sans rien dévoiler du fond de notre découverte, il me semble que je peux d’ores et déjà vous annoncer que la planète sur laquelle nous avons atterri, ressemble étrangement à la nôtre, par sa taille, son climat, son peuplement et pourtant, il y a là-bas de quoi nous surprendre, nous interroger, nous… N’insistez pas, il ne m’est pas permis de vous en dire davantage. L’information doit être analysée, chacun d’entre nous est pour l’instant tenu au secret, mais je puis vous assurer, qu’une planète bien lointaine est notre sœur jumelle, que la vie y existe, qu’elle ressemble étrangement à la nôtre mais qu’on y découvre des différences incroyables.

– C’est fabuleux ce que vous nous apprenez. Une autre Terre, ailleurs ! C’est fantastique ! Mais comprenez que vous ne nous en dites pas assez. Est-ce que là-bas vous auriez rencontré d’autres hommes ?

– Je regrette, il s’agit d’une information prématurée. Je ne peux ni confirmer ni infirmer ces conclusions hâtives que vous êtes le seul à formuler. Je ne peux vous en dire plus. Laissez-moi rejoindre ma famille, comprenez qu’après ces si longues années passées à naviguer parmi les étoiles, ce soit une préoccupation urgente. Merci, à bientôt.

– Je me tourne vers un autre passager et lui demande à quoi ressemblent ces hommes qu’il a rencontrés là-bas.

– Mais qui vous a dit que nous avions rencontré des êtres humains ? Je croyais cette information secrète. Je ne peux vous en dire plus, il est trop tôt. Sur ce sujet la Gouvernance Générale doit se prononcer, je ne peux vous en dire plus, je regrette, ce n’est pas l’heure encore, je ne peux, désolé.

– Un autre passager, passe près de moi, je l’arrête un instant… Excusez-moi, je comprends bien votre impatience à rejoindre votre famille, mais des milliards d’auditeurs attendent vos impressions, et je voudrais savoir si les hommes que vous avez rencontrés là-bas sont de beaucoup plus avancés que nous et s’ils ont le même aspect physique que nous.

– Oui et non, l’humanité de là-bas est différente mais pas de la manière que vous imaginez. Je ne suis pas autorisé à vous en dire davantage et m’étonne même que vous ayez pu me poser cette question. Bon, comprenez que je ne puisse avoir le temps. Je vous laisse, salut !

– Nous voilà dans l’embarras. Nous savons, à peu près de façon certaine, quoique l’information ne soit pas officielle, qu’une planète identique à la nôtre vient d’être découverte, que cette planète est habitée par des êtres humains, que les hommes et femmes de là-bas ne nous ressemblent pas, qu’ils ont des tas de trucs que nous n’avons pas, mais que les échanges ont été succincts, puisqu’aucun de ces humains de là-bas n’a embarqué dans le vaisseau spatial Calixte de chez Spatio et que tous les nôtres sont de retour. Est-ce à dire que ces hommes de là-bas y sont si bien qu’ils n’ont pas voulu embarquer dans Calixte ? C’est regrettable, ils auraient, sans nul doute, apprécié les prestations de la compagnie Spatio. Je crois bien qu’ils en auraient été impressionnés.

Je vous invite tous maintenant à diriger vos télé-vidéos sur ces émouvantes retrouvailles entre les voyageurs et leurs familles. Que de larmes sur ces visages après une si longue absence, que d’embrassades ! Mesdames et Messieurs, je n’ai jamais rien vu d’aussi poignant, les sanglots vont