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Corps et Âme
Corps et Âme
Corps et Âme
Livre électronique201 pages2 heures

Corps et Âme

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À propos de ce livre électronique

Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme... Adage pour les uns, axiome pour les autres...Toujours est-il que si cette loi a du sens du point de vue du physicien, elle ne se vérifie pas encore dans le domaine du psychisme. Pourtant, le fonctionnement de l'esprit fait appel à la biochimie et, par conséquent, à la conjugaison des molécules et des atomes. Il est donc légitime de se poser la question. En abordant le sujet avec légèreté, grivoiserie, humour, avec un regard sur les traits de caractère caricaturés de nos congénères, il est possible d'appréhender l'éternité autrement....
LangueFrançais
Date de sortie12 déc. 2022
ISBN9782918338888
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    Corps et Âme - Jyhel

    JYHEL

    CORPS ET ÂME

    MORRIGANE ÉDITIONS

    13 bis, rue Georges Clémenceau — 95 440 ECOUEN (France) Siret : 510 558 679 000

    06 85 10 65 87 — morrigane.editions@yahoo.fr

    www.morrigane-editions.fr

    3

    À la vie après la mort !

    Avant-propos

    Toute ressemblance patronymique ou circonstancielle, dans cette histoire, ne serait que pure coïncidence.

    4

    Préface

    Depuis la nuit des temps où l'homme est devenu homme, la fin de l'existence, contrairement aux autres espèces vi- vantes, a été perçue comme une improbabilité. La vie est belle et la mort représente le passage aux ténèbres, le plon- geon dans le néant.

    L'abstraction du néant reste pour la grande majorité d'entre nous un domaine incompréhensible. Rien, devenir rien, aller dans un lieu imaginaire où il n'y a rien ! C'est tout le contraire de l'existence et de son environnement. Autant l'être humain comprend ce qu'il y a autour de lui, et s'il ne le comprend pas cela ne l'empêche pas de se familiariser avec en inventant une explication qui lui convient, autant à l'idée de tout voir disparaître pour laisser place à l'absence de matière, d'espace et de temps nos petites cervelles se dé- connectent.

    Certains ont bien essayé et essayent toujours en s'intéres- sant à ce qu'il y avait avant le big bang et ce que l'humani- té pourrait devenir après un big crunch. Bref, pour le plus grand nombre des habitants de cette planète, le choix est binaire. Soit nous avons une âme qui survit au corps soit nous n'en avons pas. Nous sommes nés poussière et nous retournerons poussière. Si c'est vrai, c'est bien triste !

    5

    Pourtant, en regardant attentivement la nature, c'est ce qui arrive au quotidien autour de nous, mais en respectant des cycles de renaissance.

    Alors l'âme dans tout ça ! Existe-t-elle ou non ? La pre- mière question, en admettant qu'elle existe, est de dire ce qu'elle est.

    Venant du mot latin « anima », elle signifie le souffle ou la respiration, autrement dit la vie à l'intérieur du corps de tout être vivant. Voilà une bonne nouvelle ! Selon un article du musée de l'Homme, consultable sur internet, nous parta- geons 35 % de nos gènes codants avec la jonquille et 70 % avec l'oursin. Ça pique !

    Seulement l'âme est peut-être autre chose que la vie, comme la synthèse de son vécu et de celui de sa famille via son éducation, sa culture, sa civilisation et aussi sa propre sensibilité. Toute la question est de savoir si elle se dissocie du corps ou non !

    6

    Selon Shiva...

    Dieu de la création et de la destruction, il accorde au chat une éternité digne de son pouvoir...

    « Un vieux matou, mathématicien émérite, mais fort dis- trait et incroyablement paresseux, somnolait à l’entrée d’un temple. De temps à autre, il entrouvrait un œil pour compter les mouches du voisinage et replongeait presque aussitôt dans sa douce léthargie. Shiva vint à passer par là. Émerveillé par la grâce naturelle, toute féline, que l’animal avait conservée, malgré un embonpoint considérable dû à son oisiveté, le Seigneur des Mondes lui demanda :

    - Qui es-tu et que sais-tu faire ?

    L'autre, sans même entrebâiller les paupières, marmon- na :

    - Je suis un vieux chat très savant, et je sais parfaitement compter.

    - Magnifique ! Et jusqu’où peux-tu compter ?

    - Mais voyons, je peux compter jusqu’à l’infini !

    - Dans ce cas, fais-moi plaisir. Compte pour moi, l’ami,

    compte...

    Le chat s’étira, bâilla profondément, puis, avec une petite

    moue de dédain amusée, se mit à réciter : - Un...deux...trois...quatre...

    7

    Chaque chiffre était prononcé d’une voix plus murmu- rante et vague. À sept, le chat était à moitié endormi. À neuf, il ronflait carrément, abîmé dans un sommeil béat.

    - Puisque tu sais seulement compter jusqu’à neuf, décréta le grand Shiva, souverain des Sphères, je t’accorde neuf vies.»

    C’est ainsi que les chats disposèrent de neuf existences. Mais Shiva, qui était aussi un subtil philosophe, médita lon- guement. Le matou lui avait assuré qu’il pouvait compter jusqu’à l’infini. Certes, il s’était arrêté au chiffre neuf, puis s’était endormi. Or, le sommeil, sans nom, sans forme, sans pensée, n’est-il pas une fidèle préfiguration de l’infini ?

    Alors Shiva compléta son décret : au bout de ses neuf vies, le chat accéderait directement à la félicité suprême. »

    8

    Une expérience délicate

    Le choc a été particulièrement brutal ! Pourtant, je roulais tranquillement sur cette route nationale, avec un petit brin de musique pour égayer les quelques kilomètres qu'il me restait à parcourir, quand un camion de taille moyenne s'est déporté vers moi au dernier moment. Le temps m'a singu- lièrement manqué pour voir si le chauffeur s'était endormi, s'il s'affairait après son téléphone portable ou s'il était dis- trait par autre chose.

    Maintenant, c'est trop tard, c'est fait ! Ma voiture est écra- bouillée ! Peu importe, ce n'est que de la tôle, comme on dit ! Avec un peu de plastique quand même !

    Il fait nuit maintenant, les gyrophares clignotent autour de moi dans un silence de cathédrale. Pourtant, il y a du bruit, mais, quand on voit ces lumières bleues, peut-être s'attend-on à entendre le sempiternel pin-pon qui va avec !

    Un homme en blanc m'a déjà posé une perfusion avec un petit sac de liquide scotché à l'appui-tête. Maintenant, un pompier tronçonne la tôle dans des gerbes d'étincelles, tan- dis qu'un autre pulvérise de la neige carbonique sur le mo- teur posé sur mes jambes.

    La douleur est encore inexistante.

    Comprimées dans cet amas de tôle fumante, mes jambes, mes cuisses devraient me lancer, mais il n'en est rien. Est-ce

    9

    mon adrénaline qui s'est déversée à flots dans mes veines ou bien la morphine injectée dans le cathéter ? Soudain un sol- dat du feu interpelle son collègue le tronçonneur qui vient de poser son outil.

    - Ça sent la double amputation !

    L'autre ne répond pas. Il dit ça pour me faire marcher,

    sans doute, quoique l'ambiance est plutôt particulière et l'humour n'est peut-être pas le bienvenu !

    Le haut de la voiture est maintenant retiré. Il ne reste plus qu'à m'extraire. Une curieuse sensation de flottement me parcourt. Je suis dans le gaz, ut dicitur¹. Le bloc-moteur est à son tour retiré et là, c'est un peu la panique.

    - Vous avez le résultat du groupe ? - AB+ !

    - Prévenez les urgences !

    Délicatement, le personnel médical réussit à me dégager, à me mouvoir et à me positionner sur le brancard. Ma carcasse me donne l'impression d'être brisée en mille morceaux, à l'instar d'une partie de mikado à son début lorsqu'on laisse tomber tous les bouts de bois sur la table.

    Sans mot dire, un infirmier ou un docteur procède à une nouvelle injection dans la perf. Me voilà maintenant à l'in- térieur de l'ambulance. Cette fois, si le gyrophare n'est plus visible, la sirène est bien audible. Le véhicule est désormais en mouvement, mais sa vitesse est lente. Les urgentistes s'affairent avec précision sur ma personne. Un masque à oxygène est posé sur mon visage. Enfin, c'est ce que je de- vine, car à respirer cette nouvelle « atmosphère », j'ai l'im- pression de me requinquer.

    1- Comme on disait « Comme on dit » voilà deux mille ans dans notre belle province romaine.

    10

    On découpe mon pantalon ou plutôt ce qu'il en reste. J'en- tends le chauffeur de l'ambulance, en contact avec l'hôpital, réclamer la préparation de poches de sang. Mon système circulatoire doit avoir des fuites. C'est confirmé par le dia- logue technique entre les deux intervenants.

    - Point de compression dans l'aine ! - Il faudrait le faire des deux côtés ! - Garrot alors !

    Dire que l'indifférence prédomine malgré les propos alar- mants de mon environnement proche serait exagéré, j'ai plu- tôt la sensation d'être léger comme une plume. Quand mes yeux se ferment, il ne me reste plus qu'à partir en voyage.

    - Regardez-moi, Monsieur ! Gardez les yeux ouverts ! Ça va aller ! Restez avec nous !

    Ça me semble évident, je ne vais pas partir en courant. Ce sont plutôt eux qui s'éloignent ! Leurs voix deviennent loin- taines, elles se mettent à résonner puis s'estompent. Alors, comme par réaction, les voilà qui parlent plus fort.

    - Il fait un arrêt cardiaque ! Vite défibrillateur !

    Quelques sauts de carpe m'arc-boutent. C'est presque ri- golo. Les voix se rapprochent puis s'atténuent de nouveau, comme s'il ne fallait pas faire de bruit. Mon attention est plutôt accaparée par une succession d'images colorées que j'avais l'habitude de créer quand j'étais gosse, une fois au lit, la lumière éteinte, les yeux fermés sur lesquels j'exerçais une légère pression. Cela doit porter un nom scientifique, mais peu importe, ce n'est pas l'objet. Je me laisse bercer par ce cinémascope quelque peu abstrait. Puis, petit à petit, tout devient blanc, immaculé, malgré l'absence d'images, je revois mes parents, mon enfance, mes amis, tous les mo- ments marquants de mon existence.

    11

    La sensation du temps qui passe disparaît. L'univers blanc se rétrécit et me fait planer dans un tunnel hélicoïdal où l'extrémité, elle aussi en mouvement, est encore plus lumi- neuse. S'agit-il d'une expérience de mort imminente ou bien des joies du coma profond ?

    12

    Miaou !

    L'air est tiède. Ça sent bon. L’effluve délicieux d'un pot- au-feu de bon aloi inonde l'espace. Quel génie Henri IV ! En plus d'être un vert galant, il était à coup sûr un fin gourmet !

    Mes paupières s'entrouvrent légèrement. Tiens, pourquoi m'a-t-on mis dans un salon, sur un canapé et non pas dans un lit ? Une télé en noir et blanc déverse un flot d'informa- tions. Aucun intérêt ! La pitance serait plutôt ma préoccu- pation principale. J'ai comme un petit creux.

    Sur ce, une très jolie personne à la chevelure blonde bou- clée, aux formes galbées et avenantes, mais au regard aus- tère, vient à ma rencontre !

    - Toi, je te l'ai déjà dit : pas sur le sofa ! Dégage !

    J'ai aussitôt droit à un coup de torchon à vaisselle que

    j'évite en sautant sur la moquette.

    - Miaou ! lui réponds-je à titre de contestation.

    J'en ai fait des rêves bizarres, mais celui-là n'est pas piqué des hannetons ! Pourtant, il y a quelque chose d'intrigant dans mon déplacement souple, silencieux et racé. Dans le couloir qui va vers la cuisine, où l'odeur du frichti s'inten- sifie, le bas d'un grand miroir vertical me renvoie tout de même mon image. En effet, cette glace est faite pour se voir de la tête aux pieds et elle remplit parfaitement son rôle

    13

    puisque ma silhouette réfléchie va bien de la tête aux pattes, mais horizontalement, ce qui me saisit brutalement. L'effroi est sans pareil ! Mon poil se hérisse ! Miaou miaou ! Pris de panique, je traverse la cuisine comme une flèche et ricoche à la façon d'une balle de flipper entre les pieds de la table et ceux des quatre chaises.

    - Robert !

    - Quoi donc ?

    - Qu'as-tu fait au chat ?

    - Rien, pourquoi !

    - Il est devenu complètement barge ! - Ça lui passera....

    Malgré la tiédeur ambiante, le frisson me parcourt en- core telle une onde maléfique qui rebondit sur l'extrémité de mon corps pour repartir dans l'autre sens en s'atténuant à peine. Ce tsunami intérieur me dévaste le mental ! Je suis un chat ! Un gentil petit minou tout noir, si je me réfère à la réflexion éphémère que le miroir m'a généreusement renvoyée. Allez, je me pince et je me réveille. Impossible de se pincer avec ces pattes-là ! Bon, il ne reste plus qu'à se griffer !

    - Ben Mimi ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Comment t'es-tu écor- ché l'oreille ?

    - Qu'est-ce qu'il y a encore ?

    - Mimi saigne !

    - Beaucoup ?

    - Non, il s'est juste bien arrangé l'oreille !

    - Fais gaffe qu'il ne nous tache pas la moquette !

    - Pauvre bête ! Viens, mon Mimi ! Maman va te soigner

    ça !

    Le coup de patte, toutes griffes dehors, ne m'a pas réveillé

    et, qui plus est, il m'a en effet labouré l'oreille. Ma maîtresse

    14

    me tend les bras, m'attrape sous les aisselles et me colle contre sa poitrine ; je rêve ! Va-t-elle me jouer Marion de Brassens ?

    - Qu'est-ce qu'il a mon gros bébé ? Allez, on va aller dans la salle de bain et on va nettoyer tout ça !

    - Bon, on mange ?

    - Deux minutes, je soigne le chat...

    - On s'en fout du chat, j'ai faim moi !

    - Deux minutes, j'te dis !

    - Mets-le dehors, qu'il aille draguer les minettes et qu'on

    mange tranquille !

    - T'as vu le temps qui fait ! Pauvre bête ! Les minettes sont

    toutes rentrées chez elles et pour le coup il pourrait bien nous tacher la moquette, comme tu dis. D'ailleurs, on va t'emmener chez le véto, hein mon Mimi ! Il va te couper ces deux petites boules qui te travaillent le psychisme et fini la bagarre, fini les minettes, tu vas prendre un bon gros kilo et tu vas rester faire dodo toute la journée ! Elle est pas belle la vie !

    - Bon, on mange ? - Voilà, voilà !

    Qu'est-ce que c'est que cette histoire de véto ? Voilà qu'elle veut m'amputer ma maîtresse ! Ce n'est pas la peine de me câliner comme un doudou pour ensuite m'infliger les pires sévices ! Et l'autre gros porc de Robert qui ne pense qu'à manger et me jeter dehors par tous les temps, elle va aussi l'emmener chez le véto, lui ? Peut-être y est-il déjà allé ? C'est pour ça qu'il est gros, qu'il ne pense qu'à manger et à dormir tout le temps. Hors de question de devenir comme lui !

    - Tiens, voilà ton assiette mon Mimi ! Toi aussi tu vas manger !

    15

    Aussitôt dit, aussitôt fait ! Elle sort du frigo une boîte de conserve déjà ouverte et verse son contenu dans mon écuelle. Sympa ce petit pâté ! Finalement, le léger ar- rière-goût de poisson me régale les papilles.

    Comme quoi les a priori, hein ! - Allez Robert, à table !

    Alors

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