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Breizh of the Dead
Breizh of the Dead
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Livre électronique225 pages3 heures

Breizh of the Dead

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À propos de ce livre électronique

En rentrant en Bretagne pour me présenter à sa famille et faire son coming out, Florent ne savait pas à quoi s’attendre. Une chose est sûre, il ne s’attendait pas à devoir composer avec une invasion de morts-vivants. Ni moi non plus, d’ailleurs...
Pendant un an, les choses n’ont pas trop mal tourné pour nous. Jusqu’à ce qu’un néonazi et sa bande de fanatiques investissent le supermarché où nous avions trouvé refuge aux côtés d’un groupe hétéroclite de rescapés de l’apocalypse et décident de massacrer tout le monde.
Tout le monde... ou presque.
Nous laisser pour morts était une erreur : moi et mon mec, on est des battants. Et pour étancher notre soif de vengeance, on est bien déterminés à survivre encore une journée.
Reste à savoir si notre couple y survivra...

LangueFrançais
Date de sortie21 mars 2020
ISBN9782954277271
Breizh of the Dead
Auteur

Julien Morgan

Julien est né en 1986 et a vécu en France et aux États-Unis. Après avoir travaillé un temps dans le cinéma, il s’est rendu compte qu’enseigner l’anglais était la couverture idéale pour ses méfaits d’auteur en série et sa vie secrète de dandy.Quand il n’est pas en train d’ourdir un roman, Julien sévit derrière un clavier d’un genre différent, à touches blanches et noires, ou bien une batterie. Il avoue sans complexe sa passion pour les licornes, le sexe et le rock’n’roll.Si ses exactions littéraires ont attisé votre curiosité, vous pouvez aussi le débusquer sur Facebook et Twitter.

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    Breizh of the Dead - Julien Morgan

    Julien Morgan

    BREIZH OF THE DEAD

    Roman

    Ne pas être mort n’est pas être vivant.

    E. E. CUMMINGS

    Autoroute pour l’enfer

    Novembre 2013, le Mois Noir

    C’était il y a un an. Il pleuvait.

    Nous étions partis de Paris dans ma voiture. Je tentais d’écouter un Roxy Music propulsé par des haut-parleurs engagés dans un combat perdu d’avance contre la pluie qui martelait le capot et le rugissement du moteur fatigué. Florent, recroquevillé comme une bête apeurée dans le siège passager, me gratifiait d’un soliloque ininterrompu depuis que nous avions quitté le périph.

    Au moment de franchir la barrière de péage de Saint-Arnoult et de nous engager sur l’autoroute, excédé, je lui ai intimé le silence :

    — Flo, arrête, tu es ridicule.

    Il m’a fixé de ses grands yeux bleus en répliquant :

    — C’est important pour moi.

    — Pour moi aussi… Je te rappelle que, contrairement à toi, je n’ai plus de famille. Mais t’angoisser ne changera rien à la manière dont ça va se passer. Et puis, entre nous, ce n’est pas comme s’ils allaient avoir le choc de leur vie.

    Mon petit ami a ouvert la bouche, stupéfait.

    — Ils ne savent pas que…

    — Flo, l’ai-je interrompu en soupirant, ce sont tes parents. Crois-moi, même s’ils n’en ont pas la certitude, ils s’en doutent forcément un peu.

    — Et pourquoi, s’il-te-plaît ?

    En guise de réponse, je l’ai ostensiblement reluqué : il portait un tee-shirt moulant, un slim déchiré aux genoux et plusieurs bracelets en plastique datant de sa dernière soirée clubbing à l’Oiseau Bariolé. À intervalles réguliers, il secouait la tête pour repousser la mèche blonde zébrée de mauve fluo qui lui barrait le front.

    Saisissant le message que j’essayais de lui faire passer, Flo m’a décoché un regard noir.

    — Il n’y a écrit nulle part sur mes fringues que je suce des bites, s’est-il défendu.

    Des bites ? J’espère pour toi que tu n’en suces pas d’autres que la mienne, sinon tu vas avoir un problème plus sérieux que tes parents sur les bras.

    Florent est parti d’un rire nerveux.

    — Crétin, a-t-il lâché.

    Je suis redevenu sérieux.

    — Détends-toi, d’accord ? Il leur faudra peut-être un peu de temps pour digérer la nouvelle, mais ils n’arrêteront pas d’être tes parents parce que tu préfères les mecs au filles. Ou Rihanna à Motörhead…

    Il a grimacé d’un air méprisant.

    — Sérieusement, qui peut bien aimer Motörhead ?

    — Qui peut bien aimer Rihanna ? ai-je contré en montant le volume de l’autoradio.

    Mon effet est tombé à plat : la musique avait été remplacée par un flash d’informations criblé de parasites. Saisissant cette opportunité, Flo s’est empressé d’insérer le CD d’un groupe électro à la mode, une infamie au moins aussi inaudible que les crépitements statiques auxquels elle faisait suite – s’il y a bien quelque chose qu’on puisse accorder aux zombies, c’est d’avoir mis définitivement un terme à la pénible descente aux enfers de la musique pop.

    Nous étions tous les deux étudiants en médecine. Moi en troisième cycle, lui en premier. Notre différence d’âge peut sembler anodine, mais un monde nous séparait. À dix-neuf ans, Florent Quilleré est aussi naïf qu’exaspérant. Un test PAE le classerait dans la catégorie des « enfants spontanés », ces personnes fondamentalement incapables de se plier aux contraintes et fonctionnant suivant le mode de vie le plus susceptible de leur octroyer un plaisir immédiat. On ne peut pas lui en vouloir pour quoi que ce soit, pour la même raison qu’on pardonne à un enfant de se comporter comme un enfant.

    Dodelinant de la tête sur la ligne de basse entêtante, Florent me faisait comprendre dans son langage qu’il n’avait pas l’intention de prolonger cette conversation. Il s’est muré dans le silence pour le reste du trajet.

    Quand nous avons quitté l’autoroute quelques heures plus tard, un embouteillage monstrueux forçait le trafic presque à l’arrêt. Nous n’en avons compris la raison qu’au moment où un militaire nous a intimé l’ordre de bifurquer en direction de l’aire de repos située juste après le péage ; tous les véhicules avaient droit au même traitement. Le soldat s’est approché, trottant sous la pluie diluvienne. J’ai baissé ma vitre et il nous a salués d’un bref signe de tête.

    — Messieurs, votre destination s’il vous plaît ?

    — Paimpol, ai-je répondu. Que se passe-t-il ?

    — Par la RN 12 ?

    — Oui. Un problème ?

    — Autant vous prévenir, la voie express est coupée à la hauteur de Guingamp.

    Il ne devait pas être de la région, auquel cas il aurait su que la sortie pour Paimpol se situait avant celle de Guingamp. Je ne me suis pas donné la peine de le lui faire remarquer et l’ai remercié poliment après l’avoir assuré que nous resterions loin de cette zone. Je braquais pour repartir quand Florent a interpellé le militaire :

    — S’il vous plaît, on peut savoir ce qu’il se passe ? Il y a eu un accident ?

    — Désolé, je ne suis pas habilité à…

    — Mes grands-parents vivent à Lannion, a supplié Florent d’une petite voix.

    Le type a poussé un soupir agacé, penché son visage dégoulinant par la vitre baissée et confié à voix basse :

    — Un train qui transportait une cargaison dangereuse a déraillé entre Louargat et Plestin. Nos gars ont sécurisé la zone et la situation est sous contrôle, donc vous n’avez aucune raison de vous inquiéter, d’accord ?

    — Il y a eu des morts ? a insisté Florent.

    On s’en fiche, ai-je râlé intérieurement.

    — Même si je disposais de ce genre d’information, je ne serais pas censé vous les communiquer. Navré, jeune homme. Je vais vous demander de bien vouloir reprendre votre route, maintenant. Soyez prudents.

    — Attendez, est-ce que…

    — Merci, ai-je coupé court en passant la première.

    Il s’est écarté et nous avons repris notre route. Toutes ses préoccupations du moment évanouies, mon petit ami arborait un air confus. Comme je me réinsérais sur la voie express, Flo a tenté d’en savoir plus en allumant la radio. Il a passé plusieurs fréquences en revue avant de dénicher une station locale.

    « … premiers rapports dont nous disposons, le train de transport de marchandises a déraillé en heurtant un troupeau de vaches qui traversait la voie. Ses wagons se sont ensuite couchés. La présence de l’armée de terre sur les lieux de l’accident interroge, dans la mesure où ni la SNCF, ni le BEA, arrivé sur place il y a quelques heures, n’ont pour l’instant souhaité communiquer quant à la nature exacte de la cargaison. Certaines sources laissent entendre qu’il pourrait s’agir de pesticides ou d’un autre type de produits chimiques. Néanmoins, la préfecture n’a pas déclenché le plan ORSEC, ce qui semble indiquer que l’impact sur la population et l’environnement est limité ou tout au moins circonscrit en l’état actuel de la situation. Nous rappelons que cet accident, survenu à la hauteur de la commune de Plouaret, n’a officiellement fait aucune victime en dehors du conducteur du train. »

    Mon mec s’est tourné vers moi en baissant le volume, un air soupçonneux sur le visage.

    — Tu ne trouves pas ça bizarre ?

    — Bizarre ? Un train déraille et la SNCF chie dans la colle ? C’est l’inverse qui m’aurait paru bizarre, si tu veux tout savoir.

    — Au point d’appeler l’armée ? Hum. C’est quand même vraiment bizarre.

    — Okay. La SNCF a vraiment chié dans la colle.

    Flo s’est renfrogné, boudeur.

    Pour le consoler, j’ai éteint la radio et changé le CD dans le lecteur. Un piano jazzy a dansé dans l’habitacle et la voix suave de Willy DeVille a eu tôt fait de rallumer son sourire : c’était un morceau qui accompagnait souvent nos préliminaires. Il s’est tortillé de façon suggestive.

    — C’est l’uniforme qui t’a donné des idées ?

    — Peut-être bien.

    Une demi-heure plus tard, piqués par la curiosité, nous avons rallumé la radio, mais peut-être à cause de l’orage, peut-être parce que nous étions hors de portée de l’émetteur (peut-être parce que nous n’avions décidément pas de chance), l’un des premiers bulletins annonçant l’épidémie de morts-vivants s’est retrouvé noyé dans un crachotement statique. Tout ce que nous avons pu glaner, c’est que le bilan du déraillement s’était alourdi de façon aussi drastique que suspecte.

    — Connaissant le coin, a ricané Florent, on causera de ça pendant des années…

    À la nuit tombante, un panneau fouetté par une pluie drue a annoncé : « Bienvenue en Bretagne ».

    La nuit

    "Avant l’apparition des morts-vivants, l’Homme ne connaissait plus de milieu naturel hostile. Au lieu de satisfaire des besoins vitaux, il mobilisait son intelligence pour se conformer aux règles de conduite de la civilisation. Le fait est que, d’un point de vue purement physiologique, ces règles édictées par le cortex sont en conflit avec le diencéphale, notre cerveau primitif – cette partie de nous qui dicte nos impératifs ataviques, tels que tuer pour se nourrir. Avant que l’épidémie se déclare, notre civilisation s’était déjà condamnée elle-même par sa sophistication arrogante.

    Quand les morts reviennent à la vie, on ne peut s’empêcher de se dire que le naturel est revenu au galop juste à temps pour empêcher notre autodestruction, réparer une humanité courant irrémédiablement à sa perte."

    PR. JOSEPH HEUVELMANS

    (Journal personnel, entrée du 16 janvier 2014)

    Chapitre 1

    Octobre 2014

    Je n’ai jamais aimé la Bretagne.

    Florent fait quant à lui partie de ces indépendantistes forcenés qui, dans un passé pas si lointain, voulaient ériger une ligne Maginot aux marches de l’Ille-et-Vilaine pour empêcher le reste de la France d’entrer, ou peut-être les Bretons de sortir – à vrai dire, depuis l’invasion, ça n’a plus franchement d’importance. Chose étrange, en dépit de l’amoncellement exponentiel de cadavres en putréfaction dans le coin, sans parler de ceux qui se relèvent, l’amour de Florent pour sa terre natale ne l’a jamais quitté. Et moi, bien sûr, j’aime Florent.

    Mais je déteste cette putain de région.

    Évidemment, les zombies jouent pour beaucoup dans ce sentiment ; n’ayant jamais mis les pieds dans le coin avant l’apocalypse, je n’exclus pas la possibilité que la Bretagne ait été un endroit sympa quand les gens ne s’entretuaient pas encore pour une boîte de raviolis ou un groupe électrogène. Le fait est qu’aujourd’hui, c’est ni plus ni moins un no man’s land où errent des vivants, des morts, des péquenauds, des morts-vivants, et sans doute quelques péquenauds morts-vivants.

    Comme partout en France, pour ce que j’en sais.

    Mais voilà, de tous les endroits où nous aurions pu nous retrouver quand l’épidémie a éclaté, il a fallu que ce soit ici, chez les bouseux.

    — Arrête avec ce mot, me réprimande Florent.

    Je devais être en train de râler à voix haute. À quelques mètres du groupe électrogène installé sur le toit-terrasse du supermarché, debout sous notre douche de fortune (un jet d’arrosage relié à la citerne dans laquelle était autrefois entreposé le fioul, vomissant un liquide jaunâtre aux relents d’hydrocarbures), mon petit ami me couve d’un regard réprobateur.

    Le mien glisse sur son corps nu et son torse sculpté par l’entraînement physique que nous nous imposons.

    Goguenard, je réplique :

    — Et toi, arrête de prendre cet air sérieux quand tu as la queue à l’air.

    Florent m’adresse un sourire diabolique et se savonne en insistant exprès sur certaines parties de son anatomie. Voyant que ça ne prend pas, mon mec prend un air rêveur en questionnant :

    — D’après toi, il se passerait quoi si un zombie se faisait mordre par un vampire ?

    — Les vampires n’existent pas.

    — Jusqu’à il y a un an, les zombies n’existaient pas non plus, rétorque-t-il.

    — D’abord, pourquoi un vampire voudrait mordre un zombie ?

    Il hausse les épaules.

    — Pour le transformer en vampire ?

    J’objecte :

    — Un zombie est déjà mort.

    — Hum, Exactement. Du coup, est-ce que le vampire se transformerait en zombie, ou le zombie en vampire ?

    — Non, non, n’essaie pas de me la jouer à l’envers. Ils n’ont aucune raison de s’entre-dévorer, puisqu’ils sont morts tous les deux.

    — Tu te défiles, mon cœur, observe-t-il.

    — C’est juste que ton énigme n’a aucun foutu sens.

    — Tu vois ? Tu fais toujours ça quand tu te défiles.

    — Ça quoi ?

    — Tu jures.

    — Hé, je ne jure pas uniquement quand je me défile, me défends-je avec véhémence.

    — Donc tu admets que tu te défiles…

    — Va te faire foutre, mon chéri.

    Son regard dérive vers un point au loin.

    — Tout à l’heure, peut-être. En attendant, tu devrais plutôt te concentrer sur ce qu’il se passe en bas, conclut-il avant de fermer le robinet. On a de la compagnie.

    Je reporte mon attention sur le parking. Les derniers rayons du couchant embrasent les carcasses de voitures d’une lumière mordorée. Le « M » stylisé du McDonald’s, décoloré et piqué par l’oxyde de fer, se balance comme un gros pendule au sommet de son mât. Au milieu du panorama de rouille et d’asphalte, le mort-vivant en jean et cardigan blanc maculé de bile ne passe pas exactement inaperçu. Ses yeux vides sont perdus dans le vague. Des taches de sang souillent son jean et ses mocassins.

    D’emblée, le marcheur solitaire m’intrigue. D’abord, les morts-vivants se déplacent rarement seuls ; la contamination de proche en proche tend à leur faire adopter le comportement grégaire, moutonnier, dicté par leur cerveau reptilien. Ensuite, les zombies solitaires sont des cibles faciles : n’importe quel abruti armé d’un couteau de cuisine aurait déjà dû tailler ce légume putride en pièces depuis longtemps, moins pour se défendre que pour tuer son ennui. Mais parce qu’il est neuf heures du soir ou parce que je dois composer avec une érection naissante à la vue de mon petit ami nu muni de son Beuchat Espadon, un fusil harpon en aluminium aussi léger que redoutable d’efficacité, je décide que c’est sans importance.

    Laconiquement, je pose le pied droit dans l’étrier de mon arbalète et tends la corde, prêt à en découdre avec notre nouveau copain.

    Une arme de jet médiévale a certes l’avantage d’être aussi discrète (rameuter tous les marcheurs du coin en même temps n’est jamais souhaitable) qu’économe en munitions, mais je dois vous avouer que j’ai toujours eu un faible pour les antiquités. Côté pétoire, je porte sur moi un semi-automatique fabriqué par Manufrance et nommé « Le Français », reliquat d’une ère révolue. La vitrine du musée dans lequel je l’ai déniché comportait, à ma grande joie, un manuel datant des années 1930 expliquant en détail son fonctionnement, depuis la manière de le charger jusqu’aux spécificités d’entretien. Son côté vintage, avec son canon basculant – comme avec un fusil, on amorce la première balle manuellement – m’a aussitôt séduit.

    Traitez-moi de hipster si ça vous chante. Florent non plus ne comprend pas ma fascination pour les armes anciennes ; personnellement, je n’ai jamais compris ses goûts musicaux, donc je suppose que ça nous met sur un pied d’égalité. J’ai hérité cette passion de mon père, un horloger mordu de mécanique, mais de mécanique noble, comme il aimait à le préciser : lui parler de voitures et de moteurs aurait été aussi insultant que demander à Monet de repeindre une cuisine. Mon paternel collectionnait les armes et m’avait refilé le virus dès ma plus tendre enfance, en démontant devant moi un pistolet à air comprimé pour m’en expliquer le fonctionnement.

    Une fois, quand j’étais au collège, ma prof d’histoire-géo a convoqué mes parents. Elle avait diffusé en cours un documentaire sur la Deuxième Guerre mondiale et découvert à cette occasion le réflexe que j’avais acquis consistant à nommer les marque, modèle et calibre des armes

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