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Les Jambes Écartées
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Livre électronique76 pages1 heure

Les Jambes Écartées

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À propos de ce livre électronique

Il n’y a pas de péchés dans la nature, ce sont les hommes qui ont inventé le péché. Nous sommes une génération qui a poussé à la musique jetable et au porno, avec les images du 11 septembre en toile de fond. Le taux de suicide explose, les étudiants rampent dans l’addiction et les soirées de débauche. Les pires d’entre nous appellerons leurs enfants Mathéo ou Apolline. Pauvres gosses de riches que nous sommes. Stéphane et moi nous ne savons pas vraiment où nous allons, dans ce cirque, dans la grande comédie humaine qui respire le sexe et les écorchures. Puis un jour le corps a lâché, et tout a commencé.
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2013
ISBN9782312010151
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    Les Jambes Écartées - Maxence Celerier Battistella

    cover.jpg

    Les Jambes Écartées

    Maxence Celerier Battistella

    Les Jambes Écartées

    Suivi de

    Selan Ruchomal

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01014-4

    Avant-Propos

    Cela fait maintenant beaucoup trop de temps que j’écris dans des cahiers. J’ai eu, un jour, le besoin de mettre tout ça au clair, de faire le constat de ce qui constitue ma génération. J’aurais certainement pu aller piocher dans des moments de vie personnelle, forcé de constater que rien de tout ça ne fut passionnant. Rien de ce qui va être maintenant rédigé dans ces quelques pages n’est autobiographique, vraiment rien.

    Comme bien souvent, tout ce qui arrive autour de moi répond à des schémas très établis, certains appelleront cela le hasard, d’autres, comme moi, se contenteront de remarquer que rien de tout ça ne se produit sans que nous ne l’ayons provoqué. Avec du recul sur les événements, si nous avions su écouter les signes qui nous entourent, tout aurait été plus simple. Le problème est sans doute qu’ici, nous perdons notre instinct animal pour devenir des animaux culturels, nous n’écoutons plus les signes qui nous environnent.

    « Nous étions jeunes et larges d'épaules, bandits joyeux, insolents et drôles, on attendait que la mort nous frôle ».

          Bernard Lavilliers

    Il n’y a pas de péchés dans la nature, ce sont les hommes qui ont inventé le péché. Dans la grande comédie humaine, il y a ceux qui, un jour, vous prennent par la main, le reste n’a alors, à ce moment précis, plus aucune importance.

          Pour Maeva et Sébastien.

    Les Jambes Écartées

    11 H 34

    Le bruit de la douche d’un voisin est à cet instant la seule perturbation sonore de l’appartement. Du onzième étage, c’est à peine si l’on distingue qu’il y a une vie en bas, dans cette rue, qui borde un large cimetière qui ne m’était jamais apparu comme si vaste et si fourni en végétation. Tout est si calme et si normal qu’une bombe pourrait exploser ici, et maintenant, que rien ne m’empêcherait de finir le café à moitié froid qui repose sur ma cuisse.

    Je crois que c’est le tic-tac de la pendule qui fait maintenant office de Bombe, pour sortir mon corps, de la léthargie ultime, dans laquelle il aime à s’abîmer. J’ai donc posé ma tasse de café dans l’évier, je la laverai plus tard, je rentre dans la chambre attrape un tee-shirt, un jean, un boxer, je me mets nu. C’est assez singulier mais quand j’observe mon corps à cet instant, je sais qu’il est propre, que je n’ai pas besoin de me laver, que je serais mieux si je ne modifie rien, si je reste comme ça avec ce corps-là qui n’aura pas connu le réveil salutaire de la douche, celui qui vous coupe de la nuit, qui vous fait dire que c’est aujourd’hui, qu’avant la douche c’était hier. Je passe beaucoup de temps à regarder mon corps dans la glace, mais ce n’est ni pour l’admirer ni pour chercher un truc qui cloche, c’est simplement pour avoir une image, une image que je maîtrise tout autant qu’elle me maîtrise. Je finis par mettre mes vêtements, quarante secondes plus tard je suis dans l’ascenseur. L’odeur de la cigarette sur mon tee-shirt me rappelle que je suis encore un peu chez moi, que ce vêtement est à moi, j’aime avoir cette seconde peau de nicotine.

    La voiture de Stéphane est en bas, juste devant l’entrée. Le temps est couvert mais Stéphane a des lunettes de soleil. Je lui dis qu’il est cliché avec son look néo dandy rock à la Lou Reed. Il rit un peu, à l’arrière Justine dort encore. La chanson à la radio s’appelle «La Forêt». Je crois que c’est en sortant de la ville que je me sens enfin débarrassé d’un poids. Stéphane dit que la maison est libre et que ses parents lui ont laissé les clefs, que son cousin sera sûrement là, sans grande certitude, qu’il a apporté du vin et plein d’autres choses que je n’écoute pas. Justine est belle quand elle se réveille, de tout de façon Justine est toujours belle, même les jours de pluie.

    La route est longue et j’essaie de ne pas avoir envie de fumer dans la voiture. Stéphane raconte que sa mère ne voulait pas le laisser partir car la maison n’avait pas été chauffée de l’hiver, que le temps n’était pas au mieux depuis deux semaines, puis qu’il ne fallait pas que l’humidité rentre dans les pièces. Stéphane a dû faire comme d’habitude, il a dû dire oui et ne pas argumenter. Stéphane n’argumente jamais, il reste simplement là, ouvre grand sa bouche, pour déployer un large sourire qui va arrondir la forme de ses yeux verts, afin que l’interlocuteur d’en face vienne s’y planter, et que seul lui soit le centre d’attention. Il est comme ça Stéphane, il ne reste jamais plus d’une heure sans essayer de séduire pour obtenir ce qu’il veut, pas besoin de parler, son regard reste de la

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