Le retour du Calù
Par Barbajohan
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Aperçu du livre
Le retour du Calù - Barbajohan
Le retour du Calù
Barbajohan
Le retour du Calù
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Cette œuvre n’est que pure fiction imaginative à la manière d’un conte dont l’auteur est familier. Peiregous est une synthèse de nombre de petits villages de notre arrière-pays du Countea de Nissa.
Ce roman, écrit en 2008 est le premier de la saga des « Commissaires Pérutti »
Remerciement :
Un grand merci à Georges Bonaldi, pour son travail de correcteur.
© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03084-5
Chapitre I
UN VILLAGE ENDORMI
Tout le monde vante la beauté de l’arrière-pays niçois, et surtout ses petits villages que l’on voit au loin perchés sur un piton rocheux ou à flanc de montagne.
Mais l’on aperçoit toujours ces villages soit depuis une nationale, soit depuis une départementale qui traverse dans le sens des vallées nos massifs de moyenne montagne pour aller soit vers une station de sport d’hiver (ou d’aventure d’été), soit vers un col qui permet de quitter le pays.
Aussi, passe-t-on, souvent devant le panneau indicateur dudit village au bord de la route. On regarde la petite route qui escalade en longs lacets le flanc de la montagne et qui conduit là-haut, et l’on se dit qu’on irait bien faire un tour à ce village, un de ses jours.
Mais le un de ces jours ne se produit jamais.
Même si en été, la population de ces villages double, c’est souvent le cas d’une estive familiale et souvent régionale ; il s’agit la plupart du temps des enfants, petits-enfants, cousins, neveux ou nièces de la dernière génération d’agriculteurs, d’artisans ou de commerçants qui d’année en année ont rejoins le cimetière. Et encore, lorsque les enfants grandissent et deviennent ados ou jeunes adultes célibataires, passer une semaine au village, où il n’y a rien, devient une corvée.
L’économie de survivance passant par le tourisme, c’est en effet la seule voie pour recueillir les subventions du Conseil Général ; il faut désenclaver et créer des animations pour faire venir le touriste.
L’histoire que je vais vous raconter se passe quelque part entre le Haut Var (Gorges de Daluis) et la Vésubie.
C’est un petit village arrimé sur un piton rocheux à 15 minutes en voiture d’un axe routier qui conduit aux sports d’hiver dans une usine à neige.
Ni son église, ni son lavoir, ni les quelques pierres de ce qui reste de son château médiéval et encore moins sa mairie ou son école communale (fermée en 1962), ne le distinguent des autres villages.
Aucun envahisseur historique, roi, prince, grand capitaine, n’a fait le détour pour s’y arrêter.
Aucun grand homme (ou femme) qu’il fût scientifique, romancier, peintre, sportif, voire comédien ou pire présentateur de télé, n’a daigné y voir le jour.
Et malgré quelques équipements touristiques récent, terrain polyvalent tenis-minifoot, pataugeoire, aire de pique-nique avec table, banc et poubelle plus éclairage de nuit, réhabilitation de l’auberge, restaurant, dépôt épicerie, boulangerie, toujours pas de touriste.
Aussi, les élus municipaux se réunirent-ils pour trouver « la solution ».
Mais la solution, n’était pas facile à trouver….
La Via Ferrata : « il y en a déjà une à P… et machin ne votera pas les crédits pour lui faire concurrence. »
Le parcours d’aventure dans les arbres : « Il y en a déjà une à B… et truc ne votera pas les crédits pour lui faire concurrence.
Le festival de…… : Ici, l’énumération est trop longue,
« Et s’il pleut, on n’a même pas eu les crédits et la subvention pour racheter un chapiteau pour le festin…. »
Bref, un véritable casse méninges.
Jusqu’au moment où du fond de la salle, parvinrent quelques paroles. « Ieu me remembra d’ou temps d’Ernest ». (Je me souviens du temps d’Ernest.)
« Parlez plus fort Mestre Guidje, dit le maire, Ici c’est un débat démocratique, si vous avez quelque chose à dire, dites-le, le temps des critiques en messe basse est terminé. »
« Ben, je voulais dire qu’on a même plus de Calù (Fada en provençal) au village, que quand on avait encore le pauvre Ernest, à la fin des années 50, il y avait même des gens qui montaient du littoral ou de la ville pour voir son cinéma. »
« E alura ! » s’exclama le premier adjoint.
« Oui, dites en nous plus », poursuivit le secrétaire de Mairie.
« Comme je suis un des plus vieux, et que cela fait des dizaines d’années que je le regarde mourir le village, je me suis dit, d’abord il y a ceux qui quittent les métiers de la terre pour aller travailler en ville, après il n’y a plus assez de monde pour pouvoir tenir ouvert plusieurs bistrots, après c’est le tour du commerce, après l’école, après l’église, après la poste… même des calus, des ravis, des fadas, des simplets, il n’y en a plus dans nos villages. Eux aussi sont partis ou se sont éteints.
Tout le monde dit un village sans école, sans auberge, sans restaurant, sans boulanger, sans curé, ce n’est plus un village. Mais un village sans calù, non plus c’est plus un village, le calù c’était aussi l’âme du village… Et puis, je me suis souvenu d’Ernest…. »
« Parce qu’il n’y en a pas assez de détraqués, de fous, de camés en ville. Tu veux qu’on les fasse monter ici pour faire de l’animation ? », éructa le président de l’amicale des boulistes.
« Ne nous embilons pas. Je ne me rappelle guère d’Ernest, j’étais trop petit à l’époque, mais quel est le rapport avec le tourisme ? », temporisa le maire.
« Eh bien, le Ernest était un gamin réfugié de la débâcle de 40, et qui avait été placé par l’assistance publique chez Ernestine. Il avait récupéré, on ne sait où une tenue d’aviateur anglais avec le casque de cuir et les écouteurs, un harnais de parachute, et quelques horions de la toile d’un parachute d’un container du maquis.
Avec ça, deux planchas et quelques cagettes, il construisait sa cabine d’avion sur la place, en face le restaurant de Toine, et il inventait tout un tas de scènes de mitraillages, de bombardement, de DCA, en refaisant tous les bruits avec sa bouche.
Il baragouinait un sabir avec des mots anglais, allemands, français, bref à l’écouter et à le voir, on avait l’impression d’être au cinéma paroissial à regarder « Raid sur Berlin » avec Tyrone Power. Bref, à l’heure de l’apéro sur la terrasse du Toine, c’était les premières loges pour le spectacle, jusqu’au jour où ça s’est su, un journaliste de Nice-Matin était là, il a fait une photo et un article et c’est parti.
À partir de ce jour, le Toine, il a viré les quatre joueurs de belotte habituels et les trois buveurs de ballon vin limonade de la terrasse et il a mis des tables de restaurant avec nappe…
Des gens pour voir le numéro de l’aviateur, il y en avait tous les jours de la belle saison, même qu’une fois, il est venu des Belges et une fois des Anglais, et même que le Monsieur, il riait et il disait qu’il comprenait l’anglais de l’aviateur.
Voilà comment le Calù ; il en faisait venir des touristes au village jusqu’au jour où……
Le jour où son parachute, il n’a pas dû s’ouvrir…
. Bref, il a disparu, d’aucuns disent qu’il aurait sauté du promontoire de la grande balme. On a retrouvé des bouts de son parachute accrochés à la paroi, mais de l’Ernest pas de trace.
Ben, voilà, je m’étais dit que peut être la solution pour faire venir du monde, ce serait de retrouver un autre calù…… »
« Ce ne serait peut-être pas une aussi mauvaise idée que ça ! », dit le premier adjoint.
« Non mais, vous nous voyez passer une annonce de recrutement : Village Haut Pays Niçois cherche Calù pour spectacle vivant : écrire Mairie de… », dit le président du Comité des fêtes.
« En plus, cela ne marcherait pas, les gens veulent de l’authentique et un emploi de Calù même saisonnier, il y en a au village qui ne serait pas d’accord. Ce ne serait qu’une animation artistique de plus comme il s’en passe ailleurs…Ça ne marcherait pas », répéta le secrétaire de Mairie.
« Sans parler qu’avec un vrai calù, en cas d’accident ou d’agression, le Maire serait responsable », rajouta le premier adjoint.
« Oui, c’était une belle histoire, mais n’y pensons plus. Je pense qu’elle est irréalisable. Nous trouverons bien d’autres solutions… », conclut le Maire.
Le Conseil Municipal se termina et tout le monde rentra chez soi.
Le Maire raconta l’histoire en rentrant à sa femme, se mit au lit, et s’endormit.
Du moins, il croyait s’endormir, il tourna, se retourna, et dès qu’il lui semblait s’assoupir, il rêvait et ce rêve le réveillait à nouveau.
Il rêvait, d’une tribune pleine de monde sur la place du village, de trois bistrots ouverts, d’une épicerie qui faisait des montagnes de pan-bagnat.
Il entendait les gens rire, il souriait devant les objectifs de la presse, le conseiller départemental faisait son éloge.
Et tout à coup, la sirène du 1er Mercredi du mois, les bruits de moteurs d’avions, le bruit des mitrailleuses, la DCA.
Sur la place, les gradins étaient remplis de morts, hommes, femmes, enfants et au milieu de la place dans une fumée noire et un cratère de bombe, « l’aviateur » qui riait d’un rire dément.
Je ne reprendrai plus de sanguins à l’huile le soir, conclut-il.
LA CONJURATION
Mais l’idée faisait son chemin, et prétextant diverses obligations plusieurs individus de confiance se retrouvèrent lors d’une réunion secrète.
Le Maire ouvrit la réunion : « Mesdames, Messieurs, nous nous sommes réunis ici sous la foi du serment pour envisager de la manière la plus sérieuse l’opération Calù
.
Nous sommes arrivés aux conclusions suivantes :
– Pour que l’opération réussisse, il faut l’entourer du plus haut niveau de secret.
– Pour que l’opération soit un succès ; il faut que même les habitants y croient, et pour cela fabriquer un véritable lien ancestral et familial entre l’identité et l’histoire du « Calù » et le village.
– Le profil du Calù devra être celui d’un comédien professionnel peu connu entre 45 et 58 ans. Il n’est pas question qu’un jour un touriste puisse dire : Lui, je l’ai vu dans tel film, telle pièce, ou telle publicité
et ce, compte tenu de nos ambitions, dans l’Europe entière.
– En ce qui concerne le rôle qu’il interprétera celui-ci se devra d’être drôle, surprenant et fédérateur. Notre Calù sera jovial, bien portant et seulement un peu bancal du cerveau.
– Le casting se fera pour des raisons de sécurité à Paris, le petit-neveu de X travaillant dans une importante société de production de télévision comme assistant de réalisation.
Nous lui confierons le mandat. Nul de nous-mêmes, ni le nom du village n’apparaîtront au cours de la transaction. Les frais seront pris sur la caisse noire de la mairie.
– Le professeur M…, Madame R et Monsieur D, seront chargés de dépouiller les archives de la mairie ainsi que les archives paroissiales pour fabriquer l’identité et l’histoire du « Calù ».
– Le Fils de X sera chargé du suivi de l’opération « Casting ».
– La prochaine réunion de suivi d’avancement de projet aura lieu dans deux semaines, même lieu, même heure.
– Y a-t-il des questions ? »
« Que fait-on du père Guidje, il s’apercevra un jour ou l’autre de la combine », dit D…
« Nous le mettrons dans la confidence le moment venu, et si nous n’obtenons pas de lui la plus grande discrétion et complicité. Il nous faudra alors le neutraliser… », dit d’une voix grave le premier adjoint.
Le complot dura des mois, les activistes durent changer de jour et de lieu de réunion, voire de voiture, pour certain même de tenue vestimentaire…
Certains commencèrent même à avoir des ennuis conjugaux ou familiaux.
D’autres remarquèrent certains manèges et les ficanasseries sur le dos de ces authentiques héros firent les beaux jours des ficanassières du village.
LE FABULEUX DESTIN D’AMÉDÉE PAULIN
Mais par une belle soirée de juin, le taxi de Puget ayant pris un client au train des pignes, fit son apparition sur la place du village, s’arrêta devant l’auberge communale et un homme en descendit porteur de deux grosses valises et d’une malle.
Il traîna ses bagages l’un après l’autre à l’auberge et demanda une chambre.
« Vous comptez rester longtemps, Monsieur ? », s’enquit l’aubergiste.
« Quelques semaines » répondit-il.
« C’est que vous n’avez pas réservé, pour ce soir, cela pourra aller, mais pour le reste, je vais vous donner la chambre-studio au gîte à côté, vous y serez très bien ».
« C’est parfait » répondit le client.
« Vous pourrez prendre vos repas et petits déjeuners ici, tous les jours de la semaine avec toutefois un bémol. Le mardi, je vais faire les courses à Nice et la cuisine est fermée. Mais je pourrai vous faire préparer un en-cas que vous pourrez faire réchauffer avec le micro-onde du studio ».
« Cela me va ».
« Je peux vous demander de remplir votre fiche, une pièce d’identité et comment vous comptez régler ».
« Je vous règle immédiatement deux semaines d’avance en liquide, pourrais-je vous demander de m’aider à transporter mes bagages dans ma chambre, s’il était possible de boire un rafraîchissement, à quelle heure le souper est-il servi ? En ce qui concerne mes papiers d’identité, je me les suis fait voler avec une partie de mes affaires, mais je dispose d’une photocopie de mon passeport et d’un récépissé de déclaration de perte.
Cela suffira de toute façon, ma famille était honorablement connue dans ce village. Mon nom est Amédée Paulin ».
Ainsi, à partir de ce jour, « Le fabuleux destin d’Amédée Paulin » allait-il perturber la vie de ce paisible village, seuls quelques initiés étaient dans le secret……
Dans les jours qui suivirent l’arrivée d’Amédée, on l’observa discrètement du coin du rideau des fenêtres. Bientôt la tornade des « on dit que » finit par avoir raison des quelques feuilles sèches des roures (chênes) de la placette, survivantes de l’hiver passé.
« On m’a dit : qu’il était revenu pour régler une question d’héritage…
« On m’a dit qu’il était venu pour acheter la maison de…. »
« De source sûre, c’est quelqu’un qui fait une enquête sur…. »
« Il paraît que… »
« D’après M qui l’aurait entendu de V, ce serait pour »
« Et que si des fois, ce serait quelqu’un…. ».
« La mère B, l’a vu l’autre matin aller se promener vers…… »
Tous les remords ou les regrets cachés de chacun remontaient à la surface du marigot de la conscience des habitants du village comme des aigreurs d’estomac.
Pourtant tout collait, il y avait bien eu une famille Paulin dans le pays, venue de Savoie vers 1867, d’ailleurs deux noms, Pierre –Marie Paulin et Marius-Barnabé Paulin, inscris au monument aux morts de la grande guerre, le confirmaient.
Mais cette famille n’avait plus de biens, ni au village, ni aux alentours…
Le dernier des Paulin avait été Ernestine qui était morte en 1967 sans descendance, ni ayants droits.
Il faut dire que dans nos pays de montagne, la guerre de 14-18, fut une saignée pour les populations et sonna le glas de familles entières.
Les terres de montagne ne pouvant nourrir tout leur monde. Il y avait en plus des phénomènes de régulation naturelle. Une mortalité élevée par suite : soit de problèmes médicaux issus de situation de consanguinité, soit par suite de maladies ou de blessures mal soignées par manque d’argent. Il y avait aussi des solutions de régulation sociale ; l’envoi d’enfants vers le séminaire ou le couvent.
Le mari d’Ernestine, grand invalide de guerre était mort sans descendance quelques années après son retour des tranchées. Les parents avaient largement hypothéqué leurs biens pour survivre et l’Ernestine ne s’était jamais remariée ou mise en ménage pour assister ses parents. La lignée s’était donc tarie.
« Enfin s’il est là, c’est bien pour quelque chose…. »
« Moi, je m’en fous, je n’ai rien à me reprocher… »
« Parce que moi, j’aurais quelque chose à me reprocher peut-être ? »
« Oh, je dis pas ça pour toi ! ».
« Alors, tu le dis pour moi ! »
» Ton grand père, tu es sûr qu’il avait fini de payer la grange du haut au père Paulin ? ».
La tension devenait insupportable, le médecin du canton en constata les dégâts sur la pression artérielle de certain.
Le facteur commençait à trouver le service aux ordonnances médicales de ses tournées plus lourd que d’habitude.
« Ha vous aussi, vous prenez du Machin Chose…Ce doit être les jours qui allongent et avec le changement d’heure… »
À part ça, tout le monde était courtois avec l’Amédée, mais tout le monde gardait ses distances. Il ne serait venu, l’idée à personne d’engager une conversation prolongée avec lui, sur un autre sujet que des banalités météorologiques ».
Mal en prit au pauvre Mathieu qui un jour où son appareil dentaire était mal collé, prolongea la conversation au-delà des trois minutes réglementaires.
Il fut pris à parti par le gros Joël : « Je remarque que vous prenez le temps de vous dire des choses avec l’Amédée… »
« Mash non, Mash Non, par, parlesh do, do, t, t, temps que, que, quesh fà, sco… sholament ». répondit-il avec son accent de Belvédère. (Mais non, on parlait seulement du temps qu’il fait).
LE FANTÔME DU CHÂTEAU
Les jours passèrent…. Jusqu’au jour où !
Un de ces samedis soir des premiers beaux jours, une partie de boules, suivie d’une revanche au Vitou (sorte de Poker Nissart), s’était terminée très tard à l’auberge communale.
Tout le monde rentrant à pied, on n’avait pas lésiné sur le liquide…
. Paul, un des derniers de la classe 60, peinait péniblement pour accomplir les derniers trente mètres qui le séparaient de la porte de la maison.
« Je suis sûr que quand ils ont refait le pavage, ils ont modifié la pente de la rue…ça montait pas comme ça avant…. Putain qu’est-ce que je tiens… en plus j’ai une envie de pisser, je te dis pas. Mais si je m’arrête pour pisser et que je tombe, je me relève plus. Aquéou me gira la testa » (Maintenant j’ai la tête qui me tourne).
Il prit son équilibre en s’appuyant sur les deux murs de l’étroit escalier, et gravit balin balan les deux étages.
Arrivé chez lui, il jugea qu’il vaudrait mieux qu’il s’allongeât sur le canapé du salon, plutôt que de prendre le risque de salir le lit conjugal et déclencher les hostilités.
Mais, il avait toujours envie de pisser… Il se dirigea vers le cagadou (les WC), mit la main sur la poignée de la porte et essaya d’ouvrir. Le loquet était fermé de l’intérieur.
« Oh ! Y a quelqu’un » susurra t’il.
Une petite voix lui répondit : » C’est moi Papy »
« Et tu en as pour longtemps »
« Je sais pas… papy »
« Ma comment tu sais pas ?
« J’ai mangé des prunes papy, j’ai la cagagne »(Diarrhée)
Divers bruits intestinaux confirmèrent les dires du petit.
Paul, vira ses chaussures, se défie le pantalon, renouvela sa demande pressante toujours aussi discrètement, mais rien n’y fit. L’héritier maintenait sa position sur le trône.
Il se dit alors : « Tant pis je vais aller pisser du balcon qui donne sur les jardins. J’en peux plus et de toute façon à cette heure-là, il n’y aura personne pour me voir ».
La nuit était claire, l’air frais le surprit, et d’un air inquiet après avoir regardé et écouté ce qu’il y avait en dessous, il se soulagea, pissant avec des grognements de satisfaction.
C’est alors que son regard fut attiré par une lueur venant des anciens remparts du château…
Il s’escragnit les yeux pour mieux voir… Et si les vapeurs d’alcool ne l’avaient pas soutenu, il en aurait fait une embolie…
La lueur provenait d’une lanterne à chandelle qui éclairait vaguement une forme humaine. Cette forme humaine était recouverte d’une espèce de manteau redingote, la tête couverte d’un tricorne