Burn Out
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Aperçu du livre
Burn Out - Jacques Annabi-Perdriau
Burn Out
Jacques Annabi-Perdriau
Burn Out
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03917-6
Prologue
La houle rouge de ma déraison, désormais sans proie, chemine à mots comptés, le trajet incliné de l’axe de l’écliptique, s’en allant au hasard de sa marche ascendante, pêcher au fil du Temps, des restes de souvenirs…
Ma pensée animée de vibrations magnétiques, à cheval sur un tracé apocalyptique, embarque sur un navire au trajet sidéral.
Elle parcourt des ellipses éraflant au passage des tambours tendus de peaux humaines, que des marteaux fous à lier percutent, entretenant mon discours de battements ensanglantés aux accents gourds d’amour.
Elle parle à mon cœur, jouxtant ma mémoire, l’entretenant du rythme et de la mesure d’un son primordial tapis en son étui de musique, dont l’écho aux accents mélodieux, réveille mes sens qui s’étaient endormis.
De l’être me trotte la mémoire.
L’âme humaine fait tressaillir le corps éternel de chair et de sang.
Elle parcourt en silence le continuum du Temps avant qu’il ne s’en vienne avec l’âge descendant tarir la source d’où s’écoule en bruissant la musique des sphères, que depuis l’extrême illimité des espaces lointains, alimente la fontaine d’où jaillit l’Univers.
Toutes les planètes de la chétive à l’énorme narquoises accompagnent mes rêves d’enfant.
Ces rêves, qui font, que en ce moment même, depuis les confins de l’Espace une implosion de timbres me percute de l’intérieur tandis que imperturbable, sous la tempête qui ne dort que d’un œil, interpellé par mes anges, parmi les Gourmelins qui gravent des typons, ma folie exsangue, pour mes frères ophéliens, élabore la chanson d’une sorte de hache qui saperait le Temps, fracassant au passage le mercure ascendant du baromètre de ma pauvre vie. Cependant, qu’inlassable, suspendu au ciel d’Antan, le pendule galactique balance, égrainant machiavélique les faméliques minutes de mon agonie…
À mon tour embarqué sur le grand fleuve du Temps, je reçois de la vie les mots éternels aux baisers mouillés de poésie, pour que en cette ultime tentative, dans le verbe et sa parabole, je sache transmettre à ma descendance à tous mes frères les hommes, doux festins de voyance, fastes rassemblements de paroles, afin que au jour du grand jour, avant que de partir en pestilence, je puisse tendrement leur parler d’amour…
Itinérances
LILLE
Mon truc à moi, c’est « vendre ». Quand le produit est bon, que le prix est juste, alors je fonce.
On était aux environs de mars, ça devait faire quarante huit heures que j’écumais dans les règles les départements de la région du Nord.
Je bossais dur : trois quarts de rendez-vous, un quart de prospection.
J’avais bien mis en place mon argumentation. Ça se passait correctement, je vendais partout où je tapais. C’est comme çà que je me suis retrouvé à Lille.
J’ai pris une chambre sur la grand Place.
J’attendais le lendemain matin en rongeant mon frein. J’avais en ligne de mire un grossiste bien installé sur la région.
Je vendais des intercalaires en plastique bleu, lesquels placés dans des tiroirs spéciaux, faciliteraient instantanément le classement des cartes perforées pour les ordinateurs.
Fallait que je me magne, la bande magnétique apparue tout récemment me volait mon pain. Quand j’étais en péril, je plaçais du classement d’archives plutôt que de l’actif.
J’avais en vue de prospecter un peu en Allemagne en attendant d’atteindre mon objectif final, Stockholm.
Je décidais de me dégager du boulot, sortir de l’hôtel et commençais de traîner la savate sur la Grand Place et les rues adjacentes.
Je furetais partout à la recherche d’une librairie en allumant un peu le regard des belles mômes que je croisais.
Finalement je suis revenu sur mes pas et me suis posé au café de la Paix.
J’étais en rogne après Georges mon meilleur pote qui m’avait balancé une dédicace plutôt vacharde sur l’opuscule (recueil de poésies) qu’il venait d’écrire et publier.
Y devait se faire sept heures du soir.
Y’avait pas que la solitude du coureur de fond qui cavalait dans mon esprit, fallait aussi compter avec la mienne.
Celle de la solitude du vendeur représentant placier, parti à la conquête du monde, qui se les pelait tous les soirs dans des arrières salles de restaurant, qui n’évitait le moral dans les chaussettes que par l’or d’un bon de commande arraché dans la foulée et la perspective de vendre davantage et d’en tirer d’autres, et encore d’autres jusqu’à ce que…
À en croire Arthur Miller et son « Commis voyageur », se serait mon lot jusqu’au bout, terminer misérable comme çà, jusqu’à la fin des temps, cavaler, cavaler, sans jamais ne cesser de cavaler sur les chemins du soleil, à moins que…
Le cinoche sur la place donnait MASH, un film ricain. J’étais ponctuel pour la séance et me payais une chouette, vraiment chouette bonne toile.
Je suis sorti, j’ai traîné un peu dans les rues, finalement je me suis rentré.
De retour dans la chambre à l’hôtel, j’avais hâte d’écrire à Brigitte restée à Orly avec les enfants.
Sur ma lancée, j’ai répondu à Georges et me suis trouvé tout surpris de sentir mon écriture jaillir comme çà, sans effort.
J’ai posé mon crayon, me suis mis au pieu. J’ai dû m’endormir tout de suite.
Le lendemain, dès le réveil, j’ai senti la rage me tenailler l’estomac : j’étais venu, j’avais fait tout ce chemin pour… vendre, restait plus qu’à fonctionner.
Je me suis pointé chez le grossiste, J’ai argumenté mon produit, le mec en face de moi avait des doutes. En fait, il n’avait pas la signature. Il se sentirait plus rassuré si… Pas de problème, j’ai utilisé une des sept clefs de la vente chère à Marcel Chapotin : rassurer le prospect.
Je lui propose d’accompagner en appui-vente, son meilleur représentant « local », chargé de placer la camelote dans son secteur. On est allé chez l’un de ses clients, une des grandes usines du coin.
Je n’étais pas sur mon terrain, je l’ai joué couleur des murs, il fallait que je fasse attention à pas ne casser sa démo, ni porter préjudice à ce brave mec en lui faisant perdre le client par mon comportement. J’y