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Pédagogie de la bande dessinée
Pédagogie de la bande dessinée
Pédagogie de la bande dessinée
Livre électronique167 pages1 heure

Pédagogie de la bande dessinée

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À propos de ce livre électronique

Malgré sa vitalité certaine, le secteur de la bande dessinée demeure encore largement stigmatisé dans les officines de la culture. Si de nombreux ouvrages traitent de l’enseignement AVEC la bande dessinée, peu portent à ce jour sur l’enseignement DE la bande dessinée, son histoire, ses œuvres marquantes, son dispositif expressif. Entre les études trop pointues et celles trop généralistes, une faille doit être comblée. Visant à jeter les premières assises d’un matériel d’accompagnement pédagogique pour la lecture de bandes dessinées, Philippe Sohet propose donc une lecture commentée de 1420406088198 d’Edmond Baudoin. Son analyse du contenu, de la mise en récit et de l’expression de cette œuvre, dont l’intérêt repose avant tout sur l’utilisation intelligente des ressources expressives que permet la bande dessinée, stimulera les interprétations les plus variées. Bibliothécaires, animateurs culturels, libraires, enseignants, étudiants et amateurs de bande dessinée y trouveront une source d’information fiable et accessible pour guider leur lecture._x000D_
LangueFrançais
Date de sortie22 août 2011
ISBN9782760532540
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    Aperçu du livre

    Pédagogie de la bande dessinée - Philippe Sohet

    couverture

    Un certain malaise

    D’une situation paradoxale

    Às’arrêter aux vitrines des librairies ou devant les rayons de nos bibliothèques, la vitalité du secteur de la bande dessinée ne semble guère se démentir. Les données parlent d’elles-mêmes: depuis plus de dix ans, la bande dessinée demeure un des secteurs les plus imposants de l’édition¹. Le nombre d’albums publiés ne cesse de croître. Le public francophone se voit ainsi proposer pas moins de trois mille nouvelles lectures par année! Forte de cette importance, la bande dessinée a, depuis des années, forcé les portes des bibliothèques publiques, des musées, des établissements scolaires et de l’université. Publications sur le sujet, prix, expositions, festivals, détournements par la publicité, adaptations cinématographiques se succèdent désormais sans discontinuer.

    À cet imposant développement économique se greffe un réel déploiement des horizons abordés par la bande dessinée. Aux côtés des secteurs de l’aventure et de l’humour, se retrouvent désormais des œuvres qui relèvent davantage de récits plus introspectifs, de l’autobiographie, du journal intime, du reportage, de la correspondance, de l’essai même. D’autres se démarquent par des propositions graphiques et formelles audacieuses visant à se rapprocher au plus près d’une narration qui soit « réellement graphique ».

    Mais, comme le démontre de manière saisissante Thierry Groensteen, la bande dessinée demeure encore et toujours « un objet culturel non identifié² ». Elle doit faire face à un retard de reconnaissance symbolique qui semble solidement ancré dans quelques stéréotypes et préjugés. Malgré son succès (ou à cause de celui-ci?), la bande dessinée demeure encore largement stigmatisée dans les officines de la culture, où elle se voit souvent caricaturée comme une production aux visées essentiellement commerciales, destinée à un public enfantin et dans une perspective de divertissement facile.

    Cette situation en porte-à-faux n’est malheureusement pas sans retombées sur la façon dont l’ensemble du secteur culturel et ses relais continuent d’aborder la bande dessinée et d’en faire la promotion.

    Pourtant, dans le domaine de la narration graphique comme dans celui du cinéma d’auteur ou de la littérature, il est devenu impossible de nier l’existence et le développement de véritables œuvres d’expression personnelle et de recherche. De plus en plus d’auteurs visent à innover tant dans leurs propos, leurs points de vue, par l’esthétique ou par l’exploration des possibilités d’expression de la bande dessinée. Ces productions de haute qualité sont exigeantes dans leur lecture; loin d’être « paresseuses », elles appellent une réelle intelligence de la planche et du dispositif de la bande dessinée. Las! Faute d’appareil critique et de relais culturels efficaces, ces ouvrages demeurent trop souvent peu reconnus, piètrement diffusés.

    Des relations ambiguës

    Certes, le questionnement sur les rapports entre la bande dessinée et le monde de la culture, comme celui de l’éducation, ne date pas d’hier. Rapports à proscrire, à contenir ou à favoriser? Même si les oukases alarmistes sur la dangerosité potentielle des Comics se font désormais beaucoup plus discrets, le débat se poursuit. On se rappelle le célèbre cri d’Antoine Roux, il y a près de quarante ans déjà: La bande dessinée peut être éducative³! Depuis lors, les contributions et publications sur le sujet se sont multipliées et, sans doute, chercherait-on en vain une revue pédagogique qui ne lui ait, à l’occasion, consacré un dossier⁴. Témoignages d’intervenants culturels, propositions didactiques, légitimation d’une pratique culturelle, défense d’un corpus spécifique s’y retrouvent chaque fois. Chaque fois aussi resurgit une ambiguïté de fond qui trahit en réalité le véritable enjeu sous-jacent à cette problématique: enseigner la bande dessinée ou enseigner avec la bande dessinée? Comme le posait naguère Pierre Fresnault-Deruelle: « Servir ou se servir de la bande dessinée⁵? »

    Et, de fait, on ne peut que constater le « détournement » dont la bande dessinée fait encore trop souvent les frais dans les officines culturelles. Nombre des expériences rapportées visent à utiliser la bande dessinée comme un tremplin (certains parlent d’appât!) pour l’acquisition de matières réputées plus rébarbatives. On ne compte plus les propositions sur « la bande dessinée et l’enseignement du français ». Plus récemment, on a reconnu la pertinence des contributions que pouvait offrir le corpus contemporain de bandes dessinées pour « illustrer » des matières à portée historique, sociale, psychologique ou géopolitique. De telles pratiques, parfois créatives, possèdent leur propre légitimité et ce n’est pas le lieu ici d’en évaluer les impacts.

    En comparaison, l’enseignement portant directement sur le domaine de la bande dessinée, son histoire, ses œuvres marquantes, son dispositif expressif, s’il n’est pas totalement inexistant, demeure sans conteste le cousin pauvre de la grande famille scolaire. Pour lapidaire qu’il puisse paraître, le constat proposé par Arnaud de la Croix et Frank Andriat semble bien refléter la situation qui prévaut toujours dans la majorité des cas: « L’école n’a pas encore parlé de la bande dessinée. En prétendant le faire, elle ne parle jamais qu’avec la bande dessinée⁶ ».

    Face à telle situation, il est tentant d’en retracer les prémisses dans la « réticence culturelle » des diverses institutions et de leurs intervenants, voire dans les préjugés ou les « réflexes conditionnés » des enseignants. Explication commode mais réductrice: ces mêmes intervenants et enseignants ne relèvent-ils pas, dorénavant, des générations qui sont nées et ont grandi avec l’effervescence de la production en bande dessinée. Il n’est donc peut-être pas inutile de continuer à chercher les maillons plus faibles dans la chaîne de la transmission culturelle, de tenter d’en identifier les lacunes.

    Une lacune certaine

    L’inconfort de la différence

    Après bien d’autres, Jimmy Beaulieu ne peut que le constater: « Que ce soit dans mon entourage ou chez des journalistes, j’ai souvent remarqué un décalage entre la capacité d’appréciation de la bande dessinée et des autres arts. Certains font preuve d’une intelligence d’analyse inouïe lorsqu’il s’agit d’art contemporain, de danse moderne, de musique expérimentale, de littérature, de gastronomie et même de cinéma (!), mais ils se trouvent démunis devant une bande dessinée le moindrement novatrice⁷. » Quiconque aura animé des ateliers de formation et recueilli les préoccupations des bibliothécaires et des libraires pourra témoigner de l’ampleur de ce sentiment de déroute.

    Pourtant, les livres et les manuels visant à nous sensibiliser aux perspectives et aux outils conceptuels propres à nous introduire aux mécanismes

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