LE DUO NOUS PROPOSE UN PORTRAIT COMPLET ET EXHAUSTIF DE NOTRE PAYS
LE LIVRE DE L’ANNÉE 2021. Le formidable ouvrage de Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely aurait pu s’intituler La Carte et le Territoire, si un certain Michel Houellebecq n’était pas déjà passé par là… On tiendrait pourtant un bon résumé des travaux de ce duo, qui nous propose un portrait complet et exhaustif de la France d’aujourd’hui – celle qui suit le mouvement des « Gilets jaunes » –, et de ses évolutions ou mutations. « Comment raconter ces transformations ? » se demandent d’ailleurs, en introduction, les deux auteurs de cet essai atypique, que nous avons choisi de désigner comme « livre de l’année 2021 » – distinction généralement attribuée à un roman ou à un récit. Un tel choix pourrait surprendre, mais il n’a rien d’un hasard ou d’un malentendu. Il est dans la nature de Lire Magazine littéraire d’évoquer tous les genres ou domaines éditoriaux, parmi lesquels les essais classés en « sciences humaines ».
propose ainsi des analyses imparables sur la réalité contemporaine de l’Hexagone, tiraillée selon les lieux entre désindustrialisation et gentrification, ruralité désertée et villes TGV. Jérôme Fourquet (dont on avait déjà pu apprécier ) et Jean-Laurent Cassely nous montrent un pays dont la classe moyenne se cherche des repères et dont la culture identitaire fait désormais se croiser l’histoire de son terroir et des influences américaines, japonaises ou africaines. Ils nous offrent en outre des pages étonnantes sur des sujets a priori anecdotiques mais ô combien révélateurs – la guerre des « boulangeries », le modèle du pavillon (avec sa piscine et son barbecue), l’économie du « bien-être » ou l’essor des enseignes ditesest aussi passionnant, c’est justement parce que ses auteurs ont su parfaitement allier la rigueur scientifique et un souci d’accessibilité, d’incarnation, d’illustration pour rendre intelligibles leur propos (le tout avec quelques références littéraires bien senties…). Oui, il s’agit d’un grand livre, qui sera sans doute récupéré à plus ou moins bon escient par la classe politique, dans les prochains mois – mais c’est une autre histoire. À vous de trier, alors, le bon grain de l’ivraie…