Le royaume de la lecture serait-il en train de se vider de sa jeunesse, attirée par un monde virtuel bien plus accessible et divertissant? C’est en tout cas le postulat du docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm Michel Desmurget. Après le best-seller La Fabrique du crétin digital (sur les dangers des écrans pour les enfants), il publie Faites les lire! (voir la chronique page 59), un essai événement nourri de statistiques souvent accablantes démontrant les ravages des écrans sur le cerveau des adolescents. Et qui défend la lecture comme seule issue de secours à la crétinisation digitale. Et pas n’importe quelle lecture: essentiellement celle des livres, et plus encore des classiques de la littérature. Polémique en perspective?
Quoi qu’il en soit, dans cet ouvrage, qui dépasse largement les seules questions psychologiques, l’auteur commence par décrire une « lente agonie de la lecture ». Plus précisément? « Tous les ans paraissent les mêmes sondages et articles prétendant qu’il y a 86 % ou 88 % de lecteurs parmi les jeunes générations, ou que nos enfants n’ont jamais autant lu à l’heure d’Internet. Derrière ce genre d’affirmations se cachent deux hypothèses. Premièrement, peu importe la fréquence de lecture – tous les jours ou une fois par an; deuxièmement, tout se vaut – romans, mangas, recettes de cuisine, blogs de mode, etc. Cela veut dire qu’un ado qui a consulté Un discours à rebours de certains « pédagogistes » médiatiques. précise Michel Desmurget. Ce qui fait froid dans le dos…