À trottinette: Vers notre vie en 2050
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À propos de ce livre électronique
Ce livre se veut léger, humble, et vrai. Comme de se déplacer à trottinette, comme de laisser vagabonder sa pensée sur le chemin de la Hollande, et surtout comme d’oser imaginer ce que sera notre vie quotidienne dans trente ans. Ce livre est aussi un acte de résistance. Il est rare de lire ou d’entendre une vision du futur autre que l’expression d’une dépression collective. L’actualité quotidienne, les nationalismes et le populisme, le terrorisme et le fanatisme… notre univers semble aller de mal en pire. Le monde était-il donc mieux avant ? Courons-nous tout droit vers l’effondrement ?
Non car au-delà de cette actualité et de ces peurs se révèlent les tendances de fond d’évolution positive de notre société. Le niveau et l’espérance de vie progressent, comme l’accès à l’information dans le monde et, c’est le plus important, les humains ont compris la clé qui va guider notre futur : LA LIBERTÉ vis à vis du travail, de la religion, de l’argent, du pouvoir…
Chacune des huit étapes qui jalonnent ce périple à trottinette est l’occasion d’imaginer l’avenir. Ces visions de demain sont parfois proches des changements que nous commençons à connaître, parfois décalées, « utopiques » diraient certains ? Tant mieux. Cela nous aide à visualiser un chemin intéressant. Et possible.
Le long d'une expédition à trottinette en huit étapes, cet essai vous invite à visualiser l'avenir qui se prépare à partir d'une observation minutieuse des actualités.
EXTRAIT
Il n’empêche qu’en 2050, nous avons bien progressé, et partout dans le monde, dans l’ingrédient numéro 1 à même de procurer du bonheur : la liberté. Moins de conflits de pouvoir, moins de quête d’argent et de nécessité de travailler, un corps en bonne santé… : que rêver de mieux ? Pourvu que cela serve un seul but : être libre. Le bonheur est peut-être le simple résultat de la liberté, résumait Ivan Jablonka dans son livre « en camping-car ». Adolescent dans les années 1980, il n’aimait pas subir l’injonction « soyez-heureux, bordel » de son père juif ayant connu la Shoah. Mais il vivait le bonheur de ces étés ensoleillés dans la nature parce que le camping-car lui offrait… la liberté.
Chacun dispose aujourd’hui de beaucoup de liberté et de moyens pour être heureux, mais on a aussi placé la barre du bonheur plus haut. De peur que mener tranquillement sa vie conduise à la routine et à l’ennui, on rêve d’atteindre des objectifs ambitieux. On veut par exemple réussir dans un sport, apprendre à jouer un instrument de musique, ou plutôt « savoir jouer », et c’est là l’erreur : la recherche du but plutôt que le bonheur du chemin. Nous recherchons émotions, sensations, frissons. Et heureusement, pas par des expédients chimiques. Les « soma », ces pilules du bonheur du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley n’existent plus en 2050. Bouddha avait compris que la recherche de sensations de plaisir constituait en fait la racine profonde de la souffrance à venir. Pour atteindre un vrai bonheur, les hommes ont besoin de ralentir la poursuite du plaisir, pas de l’accélérer. Bouddha nous encourage à observer comment les sensations s’élèvent puis disparaissent. On comprend alors que ces sensations sont éphémères et dénuées de sens. Quel est l’intérêt de courir après quelque chose qui disparaît aussitôt qu’on l’aperçoit ? 2050 n’est pas un paradis artificiel !
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Baptiste De Gandt est promoteur des mobilités douces, directeur de l’association Le Grand Huit. Auparavant chasseur de têtes puis directeur des Ressources Humaines, il a découvert un jour le bonheur de délaisser la voiture, développant ainsi qualité de vie, relations de proximité, santé, protection de l’environnement, simplicité et sourire.
En savoir plus sur Jean Baptiste De Gandt
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Avis sur À trottinette
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Aperçu du livre
À trottinette - Jean-Baptiste De Gandt
Remerciements
« Ecrivain », ce n’est sans doute pas un « travail » mais une passion, et une compétence qui ne s’improvise pas. Écrire mon premier livre était une expérience enthousiasmante mais impossible sans l’aide précieuse de « buddies » experts en la matière : Amy Huttington pour la traduction en anglais et le coaching en publication dans cette langue. Boris Martin pour la réécriture appliquée de chaque page, et Aline Duriez qui savait que Boris serait le meilleur pour m’aider dans cette tâche. Merci à Benoît Couzi et aux Éditions du Lys Bleu de m’avoir fait confiance pour cette publication et de communiquer avec les auteurs avec respect et sympathie pour les aider à réaliser leur projet d’édition de livre.
Durant l’écriture de mon livre, j’étais heureux de partager ce projet avec mes amis et la famille. Davantage qu’un « comité de lecture », vous étiez mon conseil des sages, en accord ou non avec les idées du livre mais toujours très engagés pour me conseiller utilement et m’aider. Merci, Frédérique Lamoureux, Antoine De Gandt, Dominique Vasseur, Marie Duriez, Mathieu Ducatez, Olivier Bauchart, Marie De Gandt, Mariette Ducatez.
Merci à certaines femmes qui m’ont aidé à développer des visions différentes du monde de demain : Laurence Verkinder, Karima Delli, Linda Watson, Joëlle Lacroix-Desmazes, Anne Leroux, Marianne Moermann.
Axel, Cécile et Alice, mes enfants, vous aurez une bien meilleure pêche que moi en 2050. Et passée cette date encore, dans la deuxième moitié du 21ème siècle, peut-être lirez-vous à haute voix à vos petits-enfants, ce livre de leur ancêtre qui avait une vision si anxieuse de ce bonheur que vous vivez.
Point de départ
Ce matin-là, je pars de chez moi à trottinette. J’habite Lille et je vais en Hollande.
Au moment d’emprunter ce moyen de transport incongru pour la distance, cette phrase tourne en boucle, comme une ritournelle dont je suis l’interprète encore incrédule : je vais en Hollande à trottinette.
Parmi les membres du Grand Huit, d’autres ont déjà réalisé de beaux exploits. Florent a bouclé le tour du Japon à vélo et Claude a réalisé la traversée de la France sur les canaux en Stand Up Paddle : mille cent cinquante kilomètres du Nord au Sud. Mon périple n’est rien en comparaison de leur aventure sportive. Je suis simplement heureux de m’offrir une vraie coupure, d’entamer cette petite expédition en immersion dans le plat pays : La Belgique flamande et les Pays-Bas. Mon plaisir est de montrer par ce voyage qu’on peut facilement patiner, des kilomètres durant, à trottinette, un mode de déplacement simple, perçu encore comme un jeu d’enfant. Et c’est tant mieux.
Lentement, je vais trottiner sur les routes de campagne. Et le rythme va progressivement imprimer sa cadence à mon esprit. Dans ma tête aussi, cela va trottiner ! à raison de quatre heures de progression par jour, j’ai tout le loisir de réfléchir ; et le reste du temps, j’écrirai ces lignes.
Car dans le mois de mars vivifiant de Flandre, dans une mobilité douce vers le nord, je laisse mes pensées flâner, mon esprit vagabonder et me projeter vers notre futur. Le regard portant loin, bien au-dessus du guidon de ma trottinette, je plisse les yeux et j’imagine. J’essaie de visualiser à quoi ressemblera ma vie et ce que pourrait être l’avenir du monde. Cela peut sembler étrange à beaucoup de mes contemporains. Se livrer à un tel exercice de prospective ne manque pas d’ambition, voire de présomption. Et pourtant. S’interroger sur ce qu’il adviendra de soi, des siens et de la collectivité ne devrait-il pas être la préoccupation de chacun, à sa mesure, sans pour autant s’improviser Nostradamus d’opérette ? Comment vivrons-nous demain ? Que puis-je prévoir et imaginer au vu des tendances actuelles ? Comment nos enfants, nos petits-enfants, et nous-mêmes, allons-nous vivre ce monde de demain ? Bref, vers quoi allons-nous ? Se poser ces questions, n’est-ce pas aussi donner du sens à ce que nous vivons aujourd’hui ?
Cet hiver, comme chaque année, j’ai lu le Bilan du monde, ce hors-série de notre « grand quotidien du soir » qui revient sur l’année écoulée dans chaque pays et résume les perspectives géopolitiques pour celle qui s’annonce. Mais cela ne me suffisait pas ; je voulais porter mon regard au-delà des douze mois à venir. J’ai donc cherché de quoi lire davantage sur le monde de demain… et je suis, là encore, resté sur ma faim. Rien de ce que j’ai lu ne me donnait une idée de la manière dont nous vivrons vraiment au quotidien ni ne m’offrait une vision globale des actions que les hommes vont mettre en place pour essayer de faire réussir notre vie.
J’ai donc choisi de m’assigner cette tâche et d’en livrer le résultat dans cet ouvrage, d’imaginer l’évolution que le monde pourrait connaître dans le futur. Sans prétention – puisque je ne suis ni chercheur ni expert –, sinon celle que m’offrent mon expérience, mes observations et mes lectures. À hauteur d’homme, à la mesure de ce que je suis, je veux prendre le temps de me poser, de faire le point et d’améliorer ma compréhension de l’environnement dans lequel je vis pour me sentir citoyen de ce monde, et non plus un être égaré dans un univers que, comme beaucoup de mes contemporains, je ne comprendrais plus.
Nous sommes trop souvent nostalgiques du passé et inquiets pour l’avenir. Je veux avoir envie de demain, le préparer, l’imaginer, en être acteur. Je ne veux plus rester seulement abreuvé de l’actualité immédiate servie par les médias. Je veux, au-delà des faits divers qui ponctuent nos journées, suivre l’évolution réelle du monde, ressentir ses changements les plus profonds qui sont rarement les plus médiatisés.
Si les écrits que j’ai pu trouver sur le thème du monde de demain m’ont déçu, c’est parce qu’on y retient principalement deux thèmes de prédilection. D’abord celui de la réalité virtuelle, de l’intelligence artificielle et des robots qui seront, dit-on, plus intelligents que nous. Les experts admettent pourtant ignorer ce qui pourrait se produire précisément dans le futur, et donc les conséquences sur nos habitudes de vie. L’autre thème abondamment traité est celui des big data et, ce faisant, du pouvoir que pourront exercer à notre insu les possesseurs de toutes les informations de nos communications numériques, en d’autres termes les fameux GAFAM (Google Apple Facebook Amazon et Microsoft). C’est ce thème qu’aborde, par exemple, le film The Circle dans lequel Emma Watson interprète une salariée de Google contrainte par ses employeurs de rester en communication permanente et à être transparente dans sa vie quotidienne. Le sujet de l’exploitation de nos données est certes d’une actualité brûlante, comme l’a bien montré l’affaire Snowden qui, comme des millions de personnes, m’a beaucoup interpellé. Cette peur que se réalise la prophétie orwellienne d’un Big Brother a le mérite de nous rendre vigilants, mais je regrette qu’elle dissimule mal le goût sulfureux des théories du complot, de plus en plus populaires. Une machination orchestrée par des conspirateurs nous manipulant tels des pantins serait en train de prendre le pouvoir, tandis que nos hommes et femmes politiques seraient bien incapables de nous protéger d’une manœuvre à laquelle ils ne seraient pas étrangers.
Je l’avoue ici : je suis GAFAM et trouve très pratique qu’Amazon me propose des lectures qui, statistiquement, devraient me plaire. Lorsque je les télécharge sur mon Kindle, je n’ai pas le sentiment de perdre de mon libre arbitre ou que mon intimité a été violée. Des analyses marketing peuvent me catégoriser selon mes habitudes quotidiennes de communication : comportement d’achat, mode de vie, centres d’intérêt, opinions politiques même, certainement. Et alors ? J’en suis persuadé, notre vie, nos faits et gestes de demain ne découleront pas uniquement de cette révolution numérique de la connaissance des données.
Ce qui m’intéresse davantage, c’est la manière dont nous vivrons dans le futur. Comment seront nos relations humaines, nos modes de pensée ? De quelle façon sera organisée la société, comment évolueront les États du monde, quelles langues parlerons-nous ? Qu’est-ce qui nous guidera et nous motivera dans le futur ? À quoi ressembleront le travail, l’éducation, l’amour, la famille et nos habitudes de vie dans le monde de demain ?
En classe de première, notre professeur de français nous avait demandé de choisir un ouvrage parmi les quatre plus grands romans d’anticipation sans doute jamais écrits : Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, Farenheit 451 de Ray Bradbury, 1984 de Georges Orwell et Ravage de René Barjavel. C’est ce dernier que j’avais choisi, découvrant émerveillé ce livre paru en 1943 et dont l’action se situait en 2052. Avant de lire aussi les trois autres. On raconte que, ayant écrit son roman 1984 un an avant sa parution (en 1949), George Orwell aurait inversé les deux derniers chiffres formant 1948 pour trouver son titre et annoncer ainsi l’avènement de Big Brother presque un demi-siècle plus tard. Dans un style plus proche de l’exercice que je propose ici, Marc, l’enseignant québécois de prospective mis en scène par Claude Lelouch – dans son film Hasards et coïncidences – donnait envie de s’intéresser à sa spécialité : Comment interpréter les tendances actuelles pour imaginer ce que pourrait être demain. Mais c’est quand, demain ? Choisissons par exemple 2050. C’est proche et loin à la fois. Certains changements proposés dans ce livre paraîtront osés et d’autres moins. Peu importe pourvu qu’on imagine l’avenir.
Nous sommes nombreux à n’avoir aujourd’hui « plus vingt ans ». Quel âge aurons-nous en 2050 ? Avec les progrès de la médecine et de la science, on sera à cette date encore presque tous là. C’est une raison supplémentaire de s’intéresser à notre avenir. Et d’imaginer pourquoi pas, comme je le fais, en « profane », un scénario de ce que pourrait être notre vie. Se projeter dans le futur c’est aussi bien sûr pointer ce qui est en train de changer en 2019, et si dans ce livre nous parlons le plus souvent au présent en 2050, nous reviendrons souvent à comment cela était déjà en train de changer, autrefois, en 2019.
Contrairement à beaucoup d’auteurs, dont ceux qui formèrent le quatuor de mes premières lectures lycéennes, je n’ai pas connu la guerre ni subi de violences et nous sommes nombreux à partager cette chance. Pourquoi le monde dans lequel nous vivrons demain ne serait-il pas pacifique, raisonnable et humaniste ? Tant d’écrits, d’articles et de films sur le thème du futur nous donnent une vision inquiétante et dystopique de l’avenir. De fait, pour attirer l’attention aujourd’hui, il est préférable de parler tensions internationales, rapports de forces et de pouvoir, violences et guerres. En toile de fond de ce discours, c’est toujours l’annonce de la fin du monde qui est, somme toute, chroniquée. Certes, il faut alerter sur la dégradation du climat et de la planète, sur l’accueil réservé aux migrants et sur l’aide insuffisante aux populations déplacées, sur la liberté et les droits des femmes bafoués à des degrés divers partout sur la planète, ou encore sur le fanatisme religieux. Communiquer sur ces maux peut contribuer à les traiter, les résoudre, et préparer le monde de demain. À l’ère d’Internet, les injustices et les dangers sautent aux yeux, et c’est tant mieux car cela doit nous mobiliser. Mais on en oublie le courant de fond de progrès social et de conditions de vie dans tous les domaines depuis vingt ans.
Les scénarios catastrophes demeurent bien souvent la production de ceux qui se complaisent à nager dans le marais nauséabond de la peur et des réflexes de protection, du repli sur soi, du nationalisme primaire et du conservatisme. Ils ne sont pas loin d’avoir réussi tant la paranoïa s’avère bien installée, alimentant les idées noires chez beaucoup de nos concitoyens, éprouvant avec difficulté la réalité du monde dans lequel ils vivent et craignant par anticipation celui qu’on leur annonce.
Partageant ce projet de livre avec d’autres et leur posant la question ouverte de ce que sera 2050, je fus surpris de voir combien les visages se renfrognaient, traduisant la peur, le manque de confiance, le refus d’envisager cette question. Vivrions-nous dans les sociétés dites occidentales une passe de dépression collective ? Le monde était-il donc mieux avant et courons-nous effectivement vers l’effondrement ? Professeur de psychologie à Harvard, Steven Pinker était lui aussi dans ce mouvement dépressionnaire et fataliste comme nombre de ses pairs : résigné sur le risque de conflits violents, pessimiste sur la pauvreté, las de l’action de l’État et de la société civile. Jusqu’à ce qu’il constate que les statistiques prouvaient au contraire un monde en progrès significatif permanent dans l’amélioration de nos conditions de vie. Par exemple, depuis vingt ans, le pourcentage de personnes vivant dans le monde dans une extrême pauvreté (moins de 2 dollars par jour) a été