À petit feu: Roman familial
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À propos de ce livre électronique
Soucieux de préserver sa vie de famille, le père se trouve doublement menacé de voir ses deux enfants placés en famille d’accueil et son épouse poussée au divorce. Les motifs invoqués ne suffisent pas à casser cette petite famille et briser l’avenir que le père entend assurer à ses enfants. Une vengeance larvée d’une partie de la belle-famille qui rechigne à accepter le mariage mixte. Appuyée par l’intervention du service social de l’enfance, la belle-famille décide de le faire payer au mari. Malgré ses fragilités, la jeune mère demande à s’accomplir par sa vie de famille. De nombreux rebondissements rendant l’affaire interminable bouleversent l’intime conviction du juge. Entre les convenances du service social de l’enfance qui prospèrent dans le dossier et l’effroi d’un père résolument impliqué à sa vie de famille, au soutien à son épouse, à la diligence envers ses enfants.
Suivez les multiples rebondissements de ce roman familial complexe dans lequel des beaux parents entrave l'unité d'une famille au père dévoué.
EXTRAIT
LA BELLE-MÈRE
Avec ton étranger de mari. C’est ça que tu appelles allez de l’avant ?
CANDICE
Maman ! Estarque est un type bien. Apprends un peu à le connaître. Peut-être changeras-tu ton opinion sur lui.
LA BELLE-MÈRE
Je n’ai pas envie de le connaître. Je veux que ma fille retrouve le droit chemin du cancan familial. Je veux que ma fille revienne à la raison et à sa vraie famille.
CANDICE
Organises-tu donc le retour de Taddeï à Paris ?
LA BELLE-MÈRE
S’il veut revenir à Paris et reprendre sa vie de famille avec toi, alors, je l’aide.
CANDICE, à son père.
Alors papa, es-tu d’accord avec le plan de maman ?
LE BEAU-PÈRE
J’opine que ta maman n’a pas tort.
CANDICE, murmurant.
De toute façon, tu te ranges toujours du côté de ta femme. (À haute voix.) Que fait-il d’autre pour ses enfants ? À part des cartes postales et quelques euros ?
LA BELLE-MÈRE
Taddeï prend de leurs nouvelles. Au moins, deux fois par semaine.
CANDICE, à elle-même.
Génial. (À sa mère.) Et maman facilite le regroupement familial. Chouette ! (À son père.) Regroupez-vous, sans moi !
LE BEAU-PÈRE
Tu peux parler ainsi. Tu n’es plus ma fille. Tu portes déjà un nom étranger à la famille. (Rires.)
CANDICE
Cumulativement avec mon nom de jeune fille, papa. Comme maman avec ton nom. Donc, je porte toujours ton nom. (Rires encore.)
LA BELLE-MÈRE
Sois quand même vigilante avec ton mari. Ne te laisse pas faire.
CANDICE
Je sais que ça t’arrache le cœur de me voir en couple avec Estarque. J’ai fondé une famille avec lui.
LA BELLE-MÈRE
Je souhaite arrêter tout ça. Je ne vais pas laisser ton africain de mari régenter ta vie.
CANDICE
Tous les africains ne ressemblent pas à ton prototype, maman.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur d'ouvrages d'essai et de roman, Richard Ossoma-Lesmois est Juriste de formation, diplômé de l’université de Brazzaville. Il vient de prouver encore une fois son talent et traduire sa passion des belles lettres par la scénarisation des difficultés ébranlant les rapports des membres appartenant aux familles mixtes ou recomposées.
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Aperçu du livre
À petit feu - Richard Ossoma-Lesmois
Richard Ossoma-lesmois
À petit feu
Roman
ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g© Lys Bleu Éditions – Richard Ossoma-Lesmois
ISBN : 978-2-85113-669-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Du même auteur
Franchir le pas ;
Retourné ;
Papa à quel prix ?
Envoûté par sa djellaba ;
Intégré puis astreint,
Guytho, maire de Blois.
De tout cœur avec vous
Partout où je vais, je pense à vous
Simone Akoli
Chanel Akoli
Luc Rojas Obonard
Personnages
CANDICE,
ESTARQUE, époux de Candice
Les enfants, KERLIN et NAËJUS
LA BELLE-MÈRE, mère de Candice,
LE BEAU-PÈRE, père de Candice
LA BELLE-SŒUR, sœur de Candice
FARINE, cousine de Candice,
ODIVAN LE BRUN, copain de Farine
LA TANTE et sa fille CHESLÈNE
MAËLYSE, sœur d’Estarque.
NOKO GINCK, oncle d’Estarque.
L’ASSISTANTE SOCIALE,
LA JUGE stagiaire,
LA CURATRICE, madame Jeansène.
LA RESPONSABLE du service social de la protection de l’enfance,
L’ÉDUCATRICE spécialisée à la protection de l’enfance,
LA JUGE des enfants,
L’ASSESSEUR.
LA VOIX.
Acte I
Au domicile familial
Scène première
CANDICE, ESTARQUE
Candice rentre dans la scène avec une enveloppe dans la main.
CANDICE, à son mari.
Doudou ! Chéri doudou ! Se rapprochant plus près de lui. C’est le tribunal. N’aie aucune crainte, doudou. Du courrier. Le tribunal. Ça vient de ma mère. Elle y était avec mes enfants. Tu sais, mes deux fils aînés. Lauré et Anelou.
CANDICE
Mais cette fois, c’est différent. Une dame passe voir Kerlin à la maison.
ESTARQUE
Qu’est-ce qu’il a notre fils, Kerlin ? Pour qu’une dame vienne le voir ?
CADICE
Rassure-toi, chéri. Il n’y a rien de grave. Une dame vient juste constater si tout va bien dans la maison avec Kerlin. S’il grandit bien, s’il se tient bien dans la communauté de la crèche. En fait, tout sur la bonne évolution de notre fils
ESTARQUE, baissant la tête.
Une dame passe voir notre fils ! (Puis, regardant son épouse.) Qu’est-ce qu’il a donc, mon fils, Kerlin, pour que cette dame s’assure que tout va bien ?
CANDICE
N’aie aucune crainte, doudou. Tout va bien se passer. Le juge a ordonné une enquête éducative sur Kerlin. Et par voie de conséquence, sur toute notre famille. Le juge veut s’assurer que notre enfant n’est pas en danger avec nous, à la maison. Comme il l’a fait pour mes deux grands, Lauré et Anelou. Une simple enquête par le biais du service social de l’enfance. Vois-tu ? Donc, rien de grave.
ESTARQUE
Rien de grave ?
CANDICE
Une simple enquête sociale.
ESTARQUE, étonné.
Le juge des enfants diligente une enquête sur notre enfant et partant, sur notre famille ! Tu oses dire qu’il n’y a rien de grave ! Bien sûr que c’est grave.
CANDICE
Des questions et des réponses sur Kerlin et sur nous. Comment nous vivons en famille. C’est tout. Ne te fais pas des soucis. (Le tenant à l’épaule.) Une petite enquête sociale.
ESTARQUE
Bien sûr que je me fais des soucis. Parce que ces gens-là, dès qu’ils fouinent votre vie, ils trouvent toujours des choses qui ne vont pas. Si ce n’est pas Kerlin comme ils prétendent l’aider, c’est la maman. Si ce n’est pas la maman, c’est le papa. Ils nous posent sur une balançoire jusqu’à nous faire craquer.
CANDICE
Ils ne vont pas trouver grand-chose chez nous. Kerlin est différent de mes premiers enfants. Kerlin a un père qui s’occupe de lui au quotidien.
ESTARQUE, arpentant, la tête baissée,
Pas si sûr, ma chérie. Ils vont mettre les voisins à contribution. À commencer par le gardien de l’immeuble.
CANDICE
Monsieur Philippe Dehais. J’avais oublié celui-là. Un haut-parleur.
ESTARQUE
Il me parle tout temps de sa nouvelle copine japonaise. Comme si on n’est des potes.
CANDICE
Attends : on parle bien du gardien. Philippe Dehais n’est plus avec sa Française. Parce qu’il se mélange maintenant aux étrangers.
ESTARQUE
Sa copine pour l’hiver, m’explique-t-il.
CANDICE
Comme il se la raconte. Parce que seul, l’hiver est glacial. (Rires.)
ESTARQUE
Il ne va pas nous louper. L’enquête passe devant sa loge.
CANDICE
D’autant qu’il est au courant de mes précédents. Il n’y a pas si longtemps qu’il ironisait sur moi en parlant de notre couple : cette fois, c’est le bon. Vous êtes mariés. Je vous vois souvent sortir tous les deux du bâtiment. Je ne reçois plus d’alertes vous concernant. (La main sur son front.) Mon Dieu ! Je n’avais pas vu les choses sous ces angles.
ESTARQUE
Sans oublier des voisins de palier et d’à-côté qui vont dire tout le mal qu’ils pensent de nous.
CANDICE
Des voisins haut-parleurs.
ESTARQUE, s’approchant plus près de sa femme.
Je me demande ce qu’il peut bien y avoir d’inquiétant chez Kerlin pour que le juge des enfants s’intéresse à lui.
CANDICE, baissant la tête.
C’est ma mère.
ESTARQUE
Qu’est-ce qu’elle veut à notre fils ?
CANDICE
C’est compliqué !
ESTARQUE, regardant étrangement son épouse.
Es-tu dans le coup ? (Se retournant.) Non, ma chérie. Nous sommes bien une famille. Vous n’allez quand même pas faire subir à notre fils, Kerlin, ce que tes fils aînés ont enduré !
CANDICE
Si cela ne tient qu’à moi. (Balbutiant.) Ma mère, l’autre jour au tribunal. Elle a révélé des choses inquiétantes concernant Kerlin au juge.
ESTARQUE, baissant à nouveau la tête.
Tu vis avec ta femme et ton fils. Tu n’as rien fait de répréhensible. Ni contre ta femme, ni contre ton fils. Au contraire. Tu t’impliques à fond, dans ta vie de famille. Toutes les heures, tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Avec toute la diligence requise à un père de famille. Tu te lèves, un matin, sous le coup d’une procédure judiciaire contre toi et ta famille.
CANDICE
Non ! Non ! Ce n’est pas tout à fait ça.
ESTARQUE
Qu’est-ce, alors ? Que nous veut ta maman ?
CANDICE
L’autre jour, au tribunal, ma mère expliqua au juge : (nettoyant sa gorge) j’ai un autre petit-fils. Le dernier enfant de ma fille, ici présente. Je m’inquiète beaucoup pour ce pauvre petit garçon. Il est né, il y a, à peine neuf mois. Kerlin, mon dernier petit-fils, ne va pas bien. Je m’inquiète pour sa croissance. Mon petit-fils ne bénéficie pas de bonnes conditions de vie, au domicile de ses parents, ma fille et son mari. La maison est sale. Il n’y a souvent rien à manger dans le frigo. Le papa ne travaille pas. C’est ma fille qui s’occupe de tout à la maison. Elle s’occupe d’elle-même. Elle s’occupe de son fils. Elle s’occupe de son mari. Déjà que ma fille présente des fragilités. Ouvrant grandement ses yeux sur son mari et regardant fixement son mari.
CANDICE
Ma mère ajouta : je souhaite que le juge fasse constater, par les assistantes sociales, tout ce qui se passe dans cette maison. Car il y a un petit garçon de neuf mois qui ne bénéficie pas des conditions d’une vie normale. Pas assez de couches de changes. Pas assez de lait approprié, indispensable à son âge. Le père préférant acheter toujours des laits de sous marque au super marché. Pas de régularité dans l’alimentation du bébé. Le père n’étant jamais à la maison pour aider sa femme, fragile, à s’occuper de son enfant. J’ignore même où le père habite. Des rendez-vous médicaux, nécessaires au suivi d’un bébé sont très espacés. À cause des incohérences du père.
ESTARQUE, se dirigeant vers la fenêtre.
Je n’arrive pas à y croire ! Ma belle-mère ! Ma belle-mère, mon premier ennemi. (Revenant vers son épouse.) N’êtes-vous pas partis au tribunal pour un problème concernant tes deux fils aînés, Lauré et Anelou ?
CANDICE
Si. Mais à la fin de l’audience, le juge demanda à mes parents s’ils n’avaient pas quelque chose à ajouter. Vu que la procédure sur moi et mes enfants s’arrêta. Les enfants confiés maintenant à mes parents. Ce fut le moyen pour ma mère d’ajouter le nom de Kerlin dans le dossier.
ESTARQUE
Bien évidemment que le juge se saisit d’office. Puisqu’il s’agit de la même personne de la mère. (Regardant le plafond.) Mon Dieu ! Quel cauchemar ! (À lui-même et à voix basse.) Ils s’attaquent à mon fils, Kerlin. Ils veulent me le prendre. Mon fils n’a rien à voir avec les difficultés qu’ont connues ses demi-frères. (À haute voix.) Mon fils n’était même pas né quand vos problèmes ont commencé. (Regardant à nouveau le plafond.) Mon Dieu ! Aidez-moi !
CANDICE, Fuyant le regard de son mari.
Ma mère quand elle a quelque chose dans la tête. Elle va jusqu’au bout.
ESTARQUE
Kerlin ne lui a rien fait.
CANDICE, Tentant de tempérer.
Ayant constaté que mes deux fils aînés furent épanouis et heureux auprès de leurs grands-parents, donc chez mes père et mère, le juge arrêta la mesure d’assistance éducative. En revanche, le juge plaça définitivement Lauré et Anelou chez mes parents. Plutôt que de les envoyer vers une famille d’accueil, étrangère et lointaine pour mes parents et moi.
ESTARQUE
Pour combien de temps ?
CANDICE
C’est fini, la mesure ! Jusqu’à ce que Lauré et Anelou acquièrent leur majorité. Après, je peux les récupérer. (Triste.) Chez mes parents, je peux, au moins, voir mes enfants sans rendez-vous et sans autorisation préalable. Chose qui nous a le plus soulagés dans la décision du juge.
ESTARQUE, à lui-même.
Kerlin ne donne-t-il donc pas des signes d’un enfant heureux aux côtés de ses parents ? Il convient de le surveiller par le regard d’un tiers. (À son épouse.) Je ne vois pas du tout le rapport entre les difficultés qu’ont connues tes deux fils aînés et notre enfant. Ta mère veut-elle nous arracher, en plus, Kerlin ? Tes deux enfants dont elle vient d’obtenir la garde ne lui suffisent-ils pas ?
CANDICE
Comme ma mère nourrit peu d’admiration pour toi. Elle l’exprime par ses inquiétudes sur l’évolution de Kerlin.
ESTARQUE, tournant le dos à sa femme.
Il vaut mieux avoir ta belle-mère pour toi que de l’avoir contre toi. (Se redressant devant sa femme.) Tes deux fils aînés n’ont pas de père déclaré à l’état civil. Tandis que notre fils, Kerlin vit aux côtés de ses parents mariés.
CANDICE
Ma mère est régulièrement en contact avec Taddeï, le père de mes deux fils. En vacances, en Guadeloupe l’été dernier, ma mère a rencontré Taddeï plus d’une fois. Lauré et Anelou ont passé un week-end chez leur père. À la grande satisfaction de ma mère. (Respirant.)
ESTARQUE
J’imagine. Après tout, les enfants rencontrent leur père naturel.
CANDICE
Ma mère fait tout pour ramener le père de mes deux enfants en métropole. Dans le but de le rapprocher de moi et lui permettre de reconnaître ses enfants plus tard. Ma mère souhaite que je retourne avec Taddeï. Nous devons reprendre notre vie là où nous l’avons laissée.
ESTARQUE
Que feriez-vous de notre enfant à nous, je veux parler de Kerlin ?
CANDICE, Souriant.
Remis aux services sociaux. Voilà le bon plan de ma mère. Ah ! Ma mère ! Quand elle a quelque chose dans la tête, elle va jusqu’au bout.
ESTARQUE
Présenté comme ça, je comprends mieux.
CANDICE
Le père de mes enfants est antillais. Toi, tu n’es pas antillais. Tu es africain. Ma mère accorde peu de crédit aux Africains. Je vois combien cette attitude de ma mère te ronge. Mais bon ! Que veux-tu ? C’est, ma mère ! Elle a un caractère bien trempé.
ESTARQUE
Et ton père ? Que pense-t-il de tout ça ?
CANDICE
D’ordinaire, mon père ne se mêle pas de la vie sentimentale de ses enfants. Ma sœur a fondé sa famille avec un maton avant de l’épouser. (Sourire.) Un Antillais à la quarantaine. Mon frère papillonne avec des filles de toutes les tailles, toutes les couleurs. En ce moment, il file le grand amour avec une jeune normande de 26 ans. Mon père ne s’immisce pas dans la vie amoureuse de ses enfants. Mais il se range toujours du côté de ma mère.
ESTARQUE
Il en est de même pour moi. (Forçant le sourire.) Tu passes en premier.
CANDICE, souriante.
Tu me tues. (Sereinement.) Mon père déteste de penser à rebours de ma mère. Par crainte de provoquer des tensions avec ma mère dans leur vie de couple. (Sourire à nouveau.) Quoi que pensent mes parents de ma décision de me mettre avec toi, je suis adulte, majeure et vaccinée. Je choisis ce qu’il y a de mieux pour ma vie personnelle. Même si, aux yeux de ma mère, je reste sa pouponnette adorée. (Respirant.) Je comprends que ma mère n’apprécie pas beaucoup les Africains en France. Dans ma vie amoureuse, j’ai connu des Antillais.
CANDICE, fronçant les sourcils.
Le père de mes enfants fut un Antillais. Taddeï, mon premier Antillais. Ça ne marcha pas avec lui. Taddeï me quitta, m’abandonnant avec mes deux gosses. Taddeï me quitta quelques semaines seulement après la naissance de Lauré. Je dus me débrouiller seule à élever mon fils. Heureusement que ma mère me soutint dans cette tâche de jeune mère.
ESTARQUE
Elle est toujours là pour sa fille.
CANDICE
Je reste sa pouponnette adorée. (Rires.) Taddeï réapparut soudainement quand Lauré eut à peine un an et demi. Il me supplia de le pardonner. Il argua son adolescence et son immaturité à cerner le rôle de jeune papa. Ignorant des choix utiles à faire dans une vie de famille. Taddeï changea. Je lui pardonnai. (Respirant, elle se dirige vers la fenêtre.) Taddeï me rendit enceinte à nouveau. Quand je lui annonçai qu’il alla être papa pour la deuxième fois, Taddeï me somma d’avorter. Il menaça de me quitter si je gardai cette grossesse. Contre son gré, je portai mon bébé. Et lui, il me quitta. Ce fut notre seconde séparation. Taddeï m’abandonna une fois de plus. Il retourna aux Antilles auprès de sa maman. Cette fois, cette séparation fut définitive.
CANDICE, fondant en larmes.
Taddeï retourna aux Antilles à la grande joie de sa maman.
ESTARQUE
Tu ne penses pas que sa maman alla quand même refuser d’accueillir son fils.
CANDICE
Assurément que non. Sa maman reprocha longtemps à son fils d’emménager avec une femme qui ne put garder ses propres enfants au quotidien. Une femme en échec scolaire avec laquelle aucun avenir ne fut possible. Sa maman ne supporta pas que son fils fît sa vie aux côtés d’une femme à moitié autonome. (Posant la main sur l’épaule de son mari.) Que fais-tu avec une femme comme moi ? Je te trempe dans des soucis. Toi qui parais si calme, si gentil, si attentionné. Tu mérites une femme mieux que moi. Une vraie femme.
ESTARQUE
Je t’aime pour tes qualités. Je ne regarde pas tes défauts. Je pose un trait dessus.
CANDICE
N’est-ce pas pour me rassurer que tu me sors ce livre ?