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Je penserai toujours à vous: Roman
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Je penserai toujours à vous: Roman
Livre électronique164 pages2 heures

Je penserai toujours à vous: Roman

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À propos de ce livre électronique

Le 20 avril 2015, dans la campagne nantaise, une femme en apparence épanouie est retrouvée morte à quelques pas de son domicile. Qui est l'auteur de ce drame ? Quel était son motif ?

Audrey Bonnet, médecin généraliste dans la campagne nantaise, est retrouvée morte en lisière d’une forêt, non loin de son domicile, le 20 avril 2015. Elle avait tout pour être épanouie : un mariage heureux, Maëlle sa petite fille adorée et une installation professionnelle exceptionnelle. Elle était jeune, dynamique dans son activité avec une patientèle qui s’accroissait rapidement. Elle était aimée par l’ensemble de ses patients. Qui a bien pu briser cette vie ? Pour quelle raison ?
Au travers des regards croisés d’Audrey, de Paul, son mari, et de Laurent, son associé, seront retracées les deux dernières années de la vie de la jeune femme ponctuées de bonheur, de réussite, de doutes et de peurs. Les non-dits, les secrets et les erreurs conduiront progressivement et inévitablement à sa disparition.

Ce drame familial et psychologique retrace, sous différents points de vue, les deux dernières années de cette jeune femme aimée de tous. Une vie emplie de bonheur et de réussite, mais aussi de doutes, de peurs, de non-dits, de secrets et d'erreurs...

EXTRAIT

Je m’apprête maintenant à fermer le dernier carton, non sans un poids sur le cœur. J’ai l’impression de l’enterrer une deuxième fois. Je tremble, des secousses m’agitent, je suis fébrile. Je ne me contrôle pas. Même si ce n’est pas la première fois ces dernières semaines, je ne m’y habitue tout de même pas. Ce mal est violent, il agresse mon corps, j’ai l’impression à chaque fois d’être dépossédé de la maîtrise de mes gestes. Le rouleau de scotch que j’avais dans les mains s’échappe et roule sous le lit. Je m’accroupis pour voir où il a atterri. Il fait sombre dessous mais je parviens à apercevoir une forme dépasser d’une latte en bois. C’est fin mais du bout du lit je ne peux deviner à quoi elle correspond. Je fais le tour et m’accroupis à nouveau. C’est un carnet. Je ne savais pas qu’Audrey tenait un journal. Mais on parle bien de journal intime, ça veut bien dire qu’on ne le partage qu’avec soi. Un sentiment étrange s’empare de moi. Il y a à la fois de la curiosité, savoir ce qu’elle pouvait y écrire, de la peur de découvrir une partie d’elle qui m’était inconnue, cachée et qu’elle aurait souhaité garder secrète et une grande appréhension de la revoir renaître devant moi pour qu’elle meure et m’abandonne à nouveau.
Je ne suis pas prêt pour aujourd’hui. Il y a déjà eu tant d’émotion ce matin. Je décide de le mettre de côté pour le moment afin de terminer la tâche que je m’étais fixée ce matin. Je descends un par un tous les cartons dans le sous-sol, en les marquant de la lettre A et je remonte dans la chambre vidée à présent d’un morceau de ma vie, d’une partie de mon être. Il n’y a plus que sur le lit, sur notre lit conjugal ce petit carnet, cet objet que je n’aurais jamais dû avoir en ma possession, sur lequel elle ne voulait pas que je tombe. Je sais qu’il peut changer et désorienter mon existence, mes souvenirs. Parfois, de simples bouts de papier nous font découvrir la face cachée de nos proches, leur vision totalement opposée à ce que l’on imaginait, mais peuvent aussi nous aider à trouver une certaine vérité, à nous remettre dans le droit chemin.
Je ne devrais pas le lire. Je sais que ce n’est pas bien, je viole une partie de la vie d’Audrey mais je ne peux résister à la revoir, à la redécouvrir.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1982 en région Parisienne, Mathieu Artifoni décide de s’installer à Nantes après des années d’études à Paris où il exerce la profession de médecin au CHU depuis plus de 5 ans. Ce n’est que tardivement et récemment qu’il a trouvé dans l’écriture une passion et un exutoire.
LangueFrançais
Date de sortie12 juin 2019
ISBN9782851135834
Je penserai toujours à vous: Roman

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    Aperçu du livre

    Je penserai toujours à vous - Mathieu Artifoni

    Chapitre 1

    20 avril 2015

    Le corps du docteur Audrey Bonnet qui était âgée de 36 ans et avait disparu depuis plus d’un mois a été retrouvé hier dans une forêt à une dizaine de kilomètres de Clisson, sa ville d’exercice. Cette jeune femme n’avait plus donné signe de vie depuis le 1er avril 2015. C’est son mari qui avait donné l’alerte alors qu’elle était partie faire son jogging comme tous les dimanches matins. Cette petite ville paisible du vignoble nantais se réveille donc aujourd’hui sous le choc de cette découverte macabre. Une marche silencieuse en sa mémoire est prévue mardi 6 mars. Elle partira de la mairie à 14 h, traversera en silence la ville jusqu’au perron de son cabinet médical. Audrey Bonnet laisse derrière elle une petite fille de trois ans, ainsi que de nombreux patients qui regretteront ce charmant et compétent médecin toujours disponible pour leur venir en aide.

    Chapitre 2

    Paul

    15 mai 2015

    Je n’avais, jusqu’à présent, pas réussi à fouiller dans notre armoire. J’avais peur que la vision des affaires d’Audrey accentue le mal qui me ronge depuis sa disparition. Même près d’un mois après, la douleur n’a pas changé, elle est toujours aussi forte, aussi oppressante. Mais il faut bien faire face. Je le dois pour Maëlle. Je ne peux pas m’écrouler. Elle vient de perdre sa mère. Si l’unique repère qui lui reste perd le fil, elle ne s’en remettra pas. Elle sera déjà déstabilisée. Inévitablement. Comment ne pas en être autrement en étant séparée de sa mère à trois ans, l’âge de l’innocence et de la découverte du monde environnant ? Quelle société accepte de lui enlever sa maman aussi jeune ? Pourquoi ôter la vie d’une mère ?

    J’ai tenté de faire bonne figure. Je me le suis imposé. C’est dur de faire semblant, c’est infernal de jouer à tenter de garder des habitudes lorsqu’un être si cher nous a quittés. Je me forçais à réveiller Maëlle tous les jours à la même heure, pour garder les automatismes d’avant le drame. Elle savait que sa maman ne reviendrait plus, qu’elle ne la verrait plus. Enfin le comprenait-elle vraiment ? Je n’en suis pas sûr. C’est impossible d’imaginer qu’elle ne sera plus jamais là, dans son esprit de bébé. Car elle était encore un bébé au moment où cette catastrophe s’est produite. Elle ne savait pas encore ce que signifiait le mot mort. Peut-être que maintenant elle se l’imagine. On lui a volé son enfance, sa candeur. Elle a pleuré, elle aussi. Toutes les nuits, elle se réveillait, en larmes, hurlant pour qu’on lui rende sa maman. J’ai fini par dormir avec elle. Je la rassurais un peu et elle me faisait du bien aussi.

    Le petit déjeuner était très silencieux, bien différent du déroulement d’avant, où tous les matins elle et sa mère chantaient à tue-tête. Les vieux tubes de Dorothée avaient été remis au goût du jour pour leur plus grand plaisir. Et le mien aussi, finalement. La musique et les paroles ne sont pas d’une grande complexité mais le matin les airs parfumaient la maison de fraîcheur et de bonne humeur. Nous les gardions tous les trois toute la journée dans la tête. Ça égayait notre vie, la remplissait de légèreté et d’énergie.

    Tout s’est arrêté du jour au lendemain. Sa disparition, l’attente puis l’annonce de sa mort ont rempli la maison de silence. Il n’y a plus eu de chanson, plus un seul sourire. Maëlle est retournée rapidement à l’école, c’est ce que les psychologues avaient proposé, pour qu’elle retrouve ses petites copines, sa maîtresse, ses repères. Mais elle pleurait en permanence, elle s’isolait régulièrement dans la cour lors de la récréation, me disait son institutrice.

    Tout cela ne pouvait plus durer ainsi. Il lui fallait une coupure, un changement de décor. Elle vient juste de partir chez ses grands-parents, mes beaux-parents qui eux aussi ont été profondément atteints par le décès de leur fille unique, mais je sais que tous les deux, arriveront à surpasser leur douleur pour lui apporter toute l’attention dont elle a besoin. Ensemble, ils parviendront à prendre un peu de recul. Et si l’un des deux craque, l’autre prendra le relais. L’éloignement lui fera probablement un peu de bien.

    Moi, par contre, je me retrouve maintenant seul. C’est le moment propice pour faire un peu de rangement dans ses affaires. Maëlle au moins ne verra pas que je touche aux vêtements de sa maman. Je ne m’en séparerai pas, enfin pas tout de suite. Je vais les ranger dans une caisse. Mais au moins, je pourrai ouvrir l’armoire sans tomber sur un de ses tee-shirts, une de ses chemises, un pull ou une robe. Je ne la reverrai pas systématiquement devant moi avec son sourire aux lèvres dans sa tenue rouge satin en train de tourner sur elle-même pour que je l’admire tel un mannequin sur les podiums de défilé, à chaque fois que j’ouvre la porte de cette penderie. Ce n’est pas son image qui m’est insupportable, sûrement pas son souvenir. Mais c’est tout le flou qui entoure sa disparition qui me torture. Elle a été emportée par un mystère, qui m’assomme à chaque fois que je repense à elle, qui me tétanise et m’arrache la poitrine et surtout le cœur qui continue à y battre. Inéluctablement, les larmes coulent et brûlent mes joues. Je ne peux plus survivre ainsi. C’est pour cela que j’ai décidé aujourd’hui de tenter de mettre une distance au rappel incessant et horrible de sa mort.

    Je range notre chambre depuis déjà deux bonnes heures, toutefois entrecoupées très régulièrement par des pauses durant lesquelles je dois ouvrir en urgence la fenêtre. Il me faut prendre régulièrement une bouffée d’air frais pour éviter la sensation d’asphyxie brutale liée aux pulsions de chagrin, puisque chacun de ses vêtements ravive des souvenirs et accentue encore la réalité de sa disparition. J’en vois le bout, les cartons remplis de ses habits sont empilés les uns au-dessus des autres juste devant notre lit. Ils sont bien maintenus par du gros scotch marron pour ne pas que les tissus s’abîment et surtout pour ne pas que Maëlle puisse un jour tomber dessus. C’est dur de penser qu’une vie peut tenir dans ces quelques cartons. Bien sûr, il reste les souvenirs mais ce qui caractérise aussi une personne se sont les parures qu’elle a portées tout au long de son existence et qui ont marqué son style. Chaque vêtement me renvoie à un bout de vie que nous avons partagé. Chaque matière, chaque couleur me rappelle une image de nous ou un instant commun. Certains que j’avais oubliés me reviennent maintenant, je les redécouvre au plus profond de moi. Je me souviens du jour où nous avions passé une heure dans cette galerie marchande à chercher une tenue pour son premier jour dans son cabinet. Elle en voulait une discrète, sérieuse sans être trop sévère. Nous avions opté à deux pour un chemisier gris avec un pantalon noir. Je la voyais encore hésiter dans la cabine d’essayage alors que je tentais de la rassurer sur le côté respectable de cet ensemble sans note d’autorité ce qui lui permettrait de plaire à sa future patientèle qui devait avoir confiance en elle tout en respectant ses avis et décisions. Le premier contact était important disait-elle. « C’est demain que je vais être jugée. Si je suis trop décontractée, la nouvelle va vite se répandre dans le village que je fais de la médecine en dilettante. Si je suis trop stricte, je n’attirerais pas la patientèle féminine et pédiatrique alors que ce versant de la médecine m’intéresse énormément. Je ne veux pas tout gâcher dès le premier jour ». Le choix avait été difficile mais finalement il avait fait son effet car très vite Audrey était devenue un médecin incontournable à Clisson. Comme quoi, elle avait eu raison d’être hésitante, de peaufiner sa présentation. Peut-être que sa tenue avait participé à son adoption par la population clissonnaise. Je pense cependant qu’elle la doit bien plus au professionnalisme, à la perspicacité qu’elle a montrée par la suite.

    Je m’apprête maintenant à fermer le dernier carton, non sans un poids sur le cœur. J’ai l’impression de l’enterrer une deuxième fois. Je tremble, des secousses m’agitent, je suis fébrile. Je ne me contrôle pas. Même si ce n’est pas la première fois ces dernières semaines, je ne m’y habitue tout de même pas. Ce mal est violent, il agresse mon corps, j’ai l’impression à chaque fois d’être dépossédé de la maîtrise de mes gestes. Le rouleau de scotch que j’avais dans les mains s’échappe et roule sous le lit. Je m’accroupis pour voir où il a atterri. Il fait sombre dessous mais je parviens à apercevoir une forme dépasser d’une latte en bois. C’est fin mais du bout du lit je ne peux deviner à quoi elle correspond. Je fais le tour et m’accroupis à nouveau. C’est un carnet. Je ne savais pas qu’Audrey tenait un journal. Mais on parle bien de journal intime, ça veut bien dire qu’on ne le partage qu’avec soi. Un sentiment étrange s’empare de moi. Il y a à la fois de la curiosité, savoir ce qu’elle pouvait y écrire, de la peur de découvrir une partie d’elle qui m’était inconnue, cachée et qu’elle aurait souhaité garder secrète et une grande appréhension de la revoir renaître devant moi pour qu’elle meure et m’abandonne à nouveau.

    Je ne suis pas prêt pour aujourd’hui. Il y a déjà eu tant d’émotion ce matin. Je décide de le mettre de côté pour le moment afin de terminer la tâche que je m’étais fixée ce matin. Je descends un par un tous les cartons dans le sous-sol, en les marquant de la lettre A et je remonte dans la chambre vidée à présent d’un morceau de ma vie, d’une partie de mon être. Il n’y a plus que sur le lit, sur notre lit conjugal ce petit carnet, cet objet que je n’aurais jamais dû avoir en ma possession, sur lequel elle ne voulait pas que je

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