Une histoire des dunes

Par H.C. Andersen

Cette histoire nous vient des dunes de Jylland au Danemark, mais elle commence en Espagne, où un jeune couple nage dans le bonheur. La seule chose qu'il leur manque pour parfaire ce bonheur est un enfant, mais leur roi les envoie comme émissaires à la cour impériale de Russie et ils doivent donc quitter leur pays. En embarquant dans le bateau, ils ne se doutent pas que leur histoire n'ira pas plus loin que les dunes de Jylland et qu'une autre y commencera...-

• Langue: Français
• Éditeur: SAGA Egmont
• Date de sortie: 22 févr. 2021
• ISBN: 9788726239300

Aperçu du livre

Une histoire des dunes

Traduit par P. G. la Chasnais

Titre Original En historie fra klitterne

Langue Originale: Danois

Image de couverture: Shutterstock

Copyright © 1859, 2021 Hans Christian Andersen et SAGA Egmont

ISBN: 9788726239300

1ère edition ebook

Format: EPUB 3.0

Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée/archivée dans un système de récupération, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'accord écrit préalable de l'éditeur, ni être autrement diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publié et sans qu'une condition similaire ne soit imposée à l'acheteur ultérieur.

www.sagaegmont.com

Saga Egmont - une partie d'Egmont, www.egmont.com

UNE HISTOIRE DES DUNES

C’est une histoire des dunes du Jylland, mais elle n’y commence pas, elle commence bien loin, dans le sud, en Espagne; la mer est une route entre les deux pays; imaginez que vous êtes là-bas, en Espagne! Il y fait chaud et c’est ravissant; il y pousse des fleurs de grenadiers d’un rouge flamboyant parmi les lauriers sombres; des montagnes souffle un vent vivifiant sur les jardins d’orangers et les splendides salles mauresques aux coupoles dorées et aux murs colorés; dans les rues les enfants vont en procession avec des lumières et des drapeaux flottants, et au-dessus d’eux, haut et clair, s’élève le ciel avec des étoiles qui scintillent; les chants et les castagnettes résonnent, garçons et filles dansent et tournoient sous les acacias en fleurs, tandis que le mendiant, assis sur le marbre taillé, se rafraîchit avec le savoureux melon d’eau, et doucement somnole; tout cela est comme un rêve délicieux, et s’y laisser aller... oui, c’est ce que faisaient complètement deux jeunes nouveaux mariés, qui, d’ailleurs, jouissaient de tous les biens de la terre: santé, bonne humeur, fortune et considération.

— Nous sommes aussi heureux qu’on peut l’être, disaient-ils de tout leur cœur; ils pouvaient pourtant s’élever à un degré de bonheur encore plus haut, qui serait atteint lorsque Dieu leur aurait accordé un enfant, un fils qui leur ressemblerait d’âme et de corps.

L’heureux enfant serait accueilli avec enthousiasme, et trouverait la tendresse et les soins les plus délicats, avec tout le bien-être que peuvent donner la fortune et une famille à son aise.

Les jours s’écoulaient pour eux comme une fête.

— La vie est un don gracieux de l’amour, presque inconcevablement grand, disait la jeune femme, et cette pleine béatitude pourrait, dans l’autre vie, croître toujours éternellement!... Je ne conçois pas cette idée.

— C’est qu’elle est certainement présomptueuse de la part des hommes, dit le mari. C’est au fond un prodigieux orgueil de croire que l’on vivra éternellement... qu’on sera comme Dieu! C’est le serpent qui l’a dit, au surplus, et il était le maître du mensonge.

— Tu ne doutes pourtant pas qu’il y ait une vie après celle-ci? demanda la jeune épouse, et pour la première fois une ombre parut troubler le royaume ensoleillé de sa pensée.

— La foi le promet, les prêtres le disent! dit le jeune homme, mais précisément, dans tout mon bonheur, je sens et reconnais que c’est de la présomption, une pensée d’orgueil, d’exiger une autre vie après celle-ci, une félicité continuée,... ne nous est-il pas tant donné ici, dans cette existence, que nous pouvons et devons être satisfaits?

— Oui, cela nous a été donné, dit la jeune femme, mais pour combien de milliers de gens cette vie est une épreuve, combien sont comme jetés en ce monde à la misère, à la honte, à la maladie et au malheur! Non, s’il n’y avait pas une vie après celle-ci, tout, sur cette terre, serait trop inégalement partagé; alors, Dieu ne serait pas le Juste.

— Le mendiant que voilà a des joies, aussi grandes pour lui que celles du roi dans son château somptueux, dit le jeune homme, et ne crois-tu pas que la bête de somme,