Les Champs De Fraises
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À propos de ce livre électronique
Guido arrive au seuil de soixante ans, épanoui dans sa vie et sa carrière, avec des ambitions professionnelles futures. Il se retrouve, néanmoins, seul, abandonné de la part de sa maîtresse : avec un mariage qui bat de l’aile, et une profonde crise intérieure.
Lors du voyage pour rejoindre sa femme en bord de mer, il tombe sur une route bloquée et décide de changer de trajectoire.
Ainsi se trouve-t-il d’abord dans une auberge étrange, bien qu’accueillante, ensuite dans une série d’endroits où les personnes qu’il croise et les situations qu’il doit affronter l’obligent à se remettre en question, l’incitant à une introspection : sur le fait combien il a changé depuis sa jeunesse, sur ses rêves abandonnés, jusqu'à décider de changer complètement sa vie et d’essayer de reconquérir sa femme.
Avant qu’il ne soit trop tard.
Une histoire dans le cadre contemporain, mais à mi-chemin entre la réalité et la fantaisie où se font ressentir les impacts des chansons de Beatles et de la production de l’époque Post-Beatles de John Lennon, ainsi que de l’un des écrivains préférés du musicien : Lewis Carroll. Un décor féerique, où la magie est propulsée par le biais de l’Art, dans ses multiples formes : la Musique, la Peinture, la Poésie, la Sculpture et le Théâtre, où les «démons» à affronter sont incarnés par nos peurs, nos incertitudes, nos obsessions, nos renoncements.
Ce n’est pas un récit pour les enfants, au moins non pour ceux dont c’est l’âge réel : il est adapté à ceux qui ont maintenu, même lors de leur âge adulte, la capacité à rêver ou, au moins, essayent de le faire.
En résumé, une histoire dédiée aux enfants d’au-delà de quarante ans.
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Aperçu du livre
Les Champs De Fraises - Massimo Ferrarotti
langue
LES CHAMPS DE FRAISES
La couverture « Rêvant des fraises» d’Anna Bergamini
Traduit en Français par Sanja Audar
Sur un bout le trou était tout droit, et puis soudainement s’approfondissait, tellement à l’improviste qu’Alice n’eut même pas le temps de penser à s’arrêter et se retrouva embourbée dans la fange qui semblait très profonde.
(Lewis Carroll)
––––––––
Rien n’est réel et on ne peut s’accrocher à rien.
Les champs de fraises pour toujours.
(John Lennon)
Introduction
Après avoir vagabondé, pour les raisons théâtrales, dans le monde des contes de fée, mon désir naissant était d’essayer d’écrire une histoire qui, bien qu’installée dans notre époque, pourrait s’inspirer de l’oscillation entre la réalité et la fantaisie justement de l’univers féerique.
La motivation pour la narration est venue en réécoutant quelques albums de Beatles et de la production post-Beatles de John Lennon, réfléchissant aux textes de ses chansons et au fait que l’un des écrivains préférés du chanteur mythique fut Lewis Carroll.
Ainsi, puisqu’il n’y pas de limites dans le pire, je ne me suis pas seulement limité à penser à un conte de fées, mais je me suis acharné à l’écrire. Ce qui suit en est le résultat consécutif.
Ce n’est pas un récit pour les enfants, au moins non pour ceux dont c’est l’âge réel : il convient surtout à celui qui a maintenu à son âge adulte la même capacité à rêver, ou essaie de le faire quand même.
Bref, je pourrais dire que cette histoire est dédiée à tous les enfants d’au -delà de quarante ans...
Note
Pour ce qui est de la trame, elle n’a aucune référence aux personnes vivantes ni aux faits réels, sauf, évidemment, les citations d’artistes célébrissimes, d’ouvrages et de chansons populaires.
D’autre part, seulement après une lecture rapide et superficielle, je crois que c’est plus qu’évident que ces faits ne puissent aucunement survenir en réalité.
Peut-être.
L’auteur
I
Les premiers rayons du soleil levant transperçaient la fenêtre de la chambre à coucher. Après s’être aperçu d’un mouvement derrière lui, Guido se tourna et vit les omoplates dénudées de Lucia. Un moment plus tard, s’étant levée du bord du lit, elle était déjà debout en train de se rhabiller.
«Ciao», lui murmura-t-il.
«Entre nous c’est fini», riposta-t-elle. Une réponse nette, précise, irrévocable, tel un verdict de la Cour suprême. Guido se posa successivement les questions :« Suis-je en train de dormir encore, est-ce juste un cauchemar ? Suis-je réveillé, ai-je mal interprété ses paroles ? Aurait-elle envie de rigoler, à peine réveillée ?» Les trois non étaient comme un sifflet final de l’arbitre de foot. C’était fini, pas évident de comprendre pour quel motif, mais après tout, à quoi bon le savoir ? Il fut surpris pourtant par la sensation de stupeur qui l’envahissait simultanément à un certain soulagement. En fait, c’était la meilleure solution pour lui aussi. Notamment pour lui. Il avait su depuis toujours que cela ne pourrait pas durer, au moins pas longtemps : elle qui n’avait pas encore trente ans, et lui, eh bien, peu importe, quasiment le double de son âge. Pourtant, ils étaient bien ensemble, lui semblait-il, mais en ce moment-là il n’en était pas sûr du tout, il n’était plus sûr de rien. La seule certitude était qu’elle l’avait laissé, s’en allant de sa chambre, de ses étreintes, de sa vie, vers d’autres chambres, d’autres bras, d’autres hommes, qui sait lesquels mais sûrement beaucoup plus jeunes que lui.
La sonnerie du téléphone le secoua de ses propres pensées, le remettant à la réalité de cet instant-là, en plein après-midi d’un vendredi d’été, à l’intérieur de son bureau, derrière une porte avec la plaque : Ing. Guido Darmes- Vice-président.
Chaque fois qu’il entrait dans la pièce, il jetait un coup d’œil sur la plaque et sa pensée s’arrêtait inévitablement sur le préfixe : Vice.
Pour peu de temps seulement, pensa-t-il, ça aurait été la question de quelques mois, un an au plus, et puis il aurait abouti à prendre le poste de cet incompétent qui exerçait le rôle qu’il prenait pour prédestiné à lui.
Il avait travaillé laborieusement pour atteindre cet objectif, il lui appartenait de plein droit, même si cela signifiait, d’une certaine manière, donner un coup de couteau dans le dos à celui qui l’avait ramené dans la boîte, lui donnant la possibilité d’acquérir l’expérience et d’évoluer professionnellement. Paix à son âme, métaphoriquement parlant, c’était la conclusion logique de tout raisonnement.
Le téléphone portable émettait sa quatrième sonnerie, une de plus et la messagerie vocale se serait activée. Il décida d’y répondre à contrecœur.
Sur l’écran s’était déjà affiché le nom de la personne qui l’appelait : c’était son épouse. Même si cela ne s’était pas affiché, il devinait déjà le motif de son appel.
Après le dernier reniflement il décida de répondre, inspirant un peu d’air pour se racler la gorge.
«Allo».
«Alors, t’as décidé quoi? Tu arrives ?».
Et pourtant, un «Ciao», « Comment vas-tu» lui aurait été agréable à entendre, mais il savait parfaitement qu’elle était agacée et s’attendait logiquement à recevoir un coup direct de sa part.
Le samedi d’avant la discussion s’était plutôt enflammée et s’était résolue par la décision de sa légitime compagne de s’en aller seule dans la résidence au bord de la mer et d’y rester pendant quelques semaines, vu que le mari était obligé de rester en ville pour raisons professionnelles.
Elle aurait été encore davantage enragée si elle avait su quelles étaient les vraies raisons du mari.
Celles dont, par ailleurs, il avait été affranchi quelques heures auparavant.
Ainsi ne resta-t-il au vice-président que de mentir le plus gentiment possible, évoquant une dernière réunion qui l’aurait tenu occupé pendant le reste de l’après-midi, mais après laquelle il serait immédiatement parti la rejoindre.
La conversation se termina par «Ça va, à plus tard».
À peine avait-il terminé l’appel, lorsqu’il entendit quelqu’un frapper à la porte.
«Entrez», dit-il d’une voix grave et forte.
« Les messieurs que vous attendiez sont arrivés.»
Guido regarda la secrétaire d’un air interrogatif, lorsqu’elle ajouta : « C’est au sujet de cet approvisionnement à confirmer pour la nouvelle ligne de production.»
Tout lui revint à l’esprit : plongé dans ses pensées, il avait complètement oublié cette réunion. Pas grave, effectivement il avait, sans le vouloir, dit la vérité à son épouse, en évoquant une réunion de l’après-midi.
Avec un sens moral ambigu il aboutit à la conclusion qu’il avait donc été sincère.
«Je les laisse entrer» ?, s’étant de nouveau perdu dans ses élucubrations, alors que la secrétaire le regardait interloquée, n’ayant toujours pas reçu la réponse.
Pris dans la faute et agacé par la situation, il réagit immédiatement : « Bien sûr, qu’est-ce que tu attends», prononça-t-il d’un ton le plus dur possible.
La secrétaire rougit et se mit de côté, presque sursautant en arrière, un instant après que les deux hommes furent entrés d’un pas déterminé dans la pièce.
Les réunions précédentes avec les représentants du fournisseur se déroulaient en présence du Président, mais en son absence cela était sans doute une bonne occasion de prendre en main la négociation et surtout le contourner dans le prochain conseil d’administration.
En apercevant les corpulences de deux visiteurs, Guido pensa à quelques illustrations de Don Quichotte de la Manche. L’un des visiteurs était en fait petit et trapu, dans la quarantaine avec une calvitie naissante, alors que l’autre était grand et maigre, un peu plus jeune du premier, aux cheveux noirs divisés par une raie latérale du jour de la première communion.
Ils étaient vêtus, telle une armure, d’un costume bleu foncé, d’une chemise blanche avec la cravate unie, dans un élan de fantaisie ils avaient abouti à en mettre deux nuances diverses : plus claire pour l’un, plus sombre pour l’autre.
Sancho Pansa se présenta lui serrant la main d’un geste fort et déterminé, lui disant même son prénom, mais Guido laissa l’information se glisser sans lui accorder la moindre importance.
Don Quichotte se présenta à son tour, mais son nom subit le sort du précédent, tandis que la pensée du rôle que quelqu’un au sein de la boîte lui avait attribué lui trottait par la tête : Senior Technical Specialist Manager.
Il n’avait aucune idée de quoi il aurait pu s’agir, étant sûr que même le principal intéressé ne le savait pas. Peut-être pour cela avait-il une expression agressive comme ceux prêts à se lancer contre n’importe quel adversaire, ne fût-ce que les moulins à vent. Sa façon de serrer la main ressemblait proprement, en termes de cordialité, à ce qu’aurait fait un robot.
Sancho Pansa, était, contrairement à l’autre, souriant et gentil : il avait évidemment endossé le masque de vendeur expérimenté, prêt à soutenir n’importe quelle allégation, même la plus absurde, pourvu qu’elle soit utile pour conclure un accord commercial.
Naturellement, l’exactitude des choses racontées était pour lui égale à la considération de Guido au moment où ils ont fait connaissance. Donc, inexistante.
Le Vice-président n’était certes pas un novice à l’égard de la situation et les accords commerciaux en général, pour lesquels il glissa sans ciller des dizaines de pages de présentation des produits offerts : dans le but de fournir le mieux possible le marché par rapport à n’importe