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Vies et morts de JRK
Vies et morts de JRK
Vies et morts de JRK
Livre électronique756 pages10 heures

Vies et morts de JRK

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À propos de ce livre électronique

Tel le phénix renaissant sans relâche de ses cendres, JRK, héros malgré lui, semble doté d'une inépuisable énergie qu'il consume en vies multiples. Professionnelle, sentimentale, publique, sociale ou privée, elles s'entrelacent car il regorge de ressources qu'il partage volontiers avec ses contemporains auxquels il mène la vie dure. Communicateur né il influence ses victimes au point de faire collaborer ses agresseurs avec Police et Gendarmerie pour mieux les enfermer dans la diabolique équation qui impose une gymnastique intense à son fan-club personnel essentiellement composé de femmes qu'il met en scène et valorise. Celles-ci, connaissances ou courtisanes, maîtresses ou traitresses, enquêtrices et collaboratrices ou tout bonnement amies se complaisent dans la volupté de plaire, ce qui ne rend pas la tâche de Primevère, jeune Capitaine de Police plus aisée dans les arcanes d'une intrigue à rebondissements entre la vie et ses risques. A chaque chapitre, il y en a tout de même quatre-vingts, se découvre un nouveau suspect ou un autre mobile.
LangueFrançais
Date de sortie2 juil. 2020
ISBN9782322177899
Vies et morts de JRK
Auteur

Jean Luc Weber

De formation classique à la base, de culture scientifique, l'auteur a écrit, traduit et commenté pour divers éditeurs français et étrangers depuis les années 90. Il évolue actuellement entre le roman policier et la nouvelle sociétale, l'historique et l'aventure. Après la gastronomie, le guide de randonnées, des éditions bilingues successivement chez Schauenbourg à Lahr, Hirlé à Strasbourg et la direction des éditions gastronomiques au Bastberg sur une vingtaine de titres, il en a assuré la direction éditoriale pour revenir ces dernières années au roman, Jamais de sang en 2014, Mort au 32? en mars 2020, Manon, bien sous tous rapports, sauf en avril, Le viol de Corona, Effets concomitants du confinement au mois de mai, A présent Vies et morts de JRK, et à venir, le Gourou de l'outre-Forêt, L'emménagement ou la maison hantée et quelques autres en préparation..

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    Aperçu du livre

    Vies et morts de JRK - Jean Luc Weber

    Sommaire

    Introit : La reprise

    Chapitre premier : Les dispositions en cas de…

    Chapitre deux : Un corps dans le Jardin

    Chapitre trois : L’inquiétude de deux femmes

    Chapitre quatre : Caroline à Hautepierre

    Chapitre cinq : Les gendarmes retournent sur les lieux

    Chapitre six : Jean-Claude, fin limier

    Chapitre sept : Carole et Alice, Manon et Virginie

    Chapitre huit : Le réveil I

    Chapitre neuf : Marie-France, Caroline et le professeur Goupil

    Chapitre dix : Le réveil II

    Chapitre onze : L’interne Pauline Settouch

    Chapitre douze : Le réveil III

    Chapitre treize : Le réveil IV

    Chapitre quatorze : Le docteur Settouch

    Chapitre quinze : Carole et Caroline

    Chapitre seize : Carole retrouve JR

    Chapitre six-sept : L’enquête I

    Chapitre dix-huit ! : Le diner

    Chapitre dix-neuf : La nuit avec la République racontée par Nadine

    Chapitre vingt : C’est au tour de Pauline

    Chapitre vingt-et-un : L’arrivée du printemps

    Chapitre vingt-deux : L’ange blond se prénommait Jade

    Chapitre vingt-trois : La confession de Jeannette

    Chapitre vingt-quatre : Cinq heures du matin

    Chapitre vingt-cinq : La seconde enquête

    Chapitre vingt-six : Le retour de Pauline

    Chapitre vingt-sept : Lieutenant Primevère

    Chapitre vingt-huit : Le professeur

    Chapitre vingt-neuf : Polices judiciaires

    Chapitre trente : Ah ! ces femmes

    Chapitre trente-et-un : Les affaires reprennent

    Chapitre trente-deux : Le affaires et les dames

    Chapitre trente-trois : Poursuite de l’enquête

    Chapitre trente-quatre : Les antécédents, souvenirs

    Chapitre trente-cinq : L’idée a germé

    Chapitre trente-six : Caroline

    Chapitre trente-six : Le premier rendez-vous

    Chapitre trente-six : Les caprices de Mathilde

    Chapitre trente-sept : La chance et la revanche

    Chapitre trente-huit : Jeux d’argents

    Chapitre trente-neuf : Affaires immobilières

    Chapitre quarante : Le rendez-vous avec la belle-fille

    Chapitre quarante-et-un : Réveillé en pleine nuit

    Chapitre quarante-deux : L’appel à Heidelberg

    Chapitre quarante-trois : Jeudi à la campagne, Carole et Manon.

    Chapitre quarante-quatre : Souvenir du lundi

    Chapitre quarante-cinq : Caroline

    Chapitre quarante-six : Le lundi

    Chapitre quarante-sept : Barbara

    Chapitre quarante-huit : Les prémices de la fondation

    Chapitre quarante-neuf : Le retour de Bastien

    Chapitre cinquante : Un mois plus tard. Les investigations de Carole

    Chapitre cinquante-et-un : Autres cas de femmes

    Chapitre cinquante-deux : Le point avec Sandra

    Chapitre cinquante-trois : La conférence téléphonique

    Chapitre cinquante-quatre : La semaine suivante.

    Chapitre cinquante-cinq : Les nouveaux bureaux

    Chapitre cinquante-six : Le projet de Siltzheim, en Allemagne.

    Chapitre cinquante-sept : Mardi à Erstein.

    Chapitre cinquante-huit : Carole

    Chapitre cinquante-neuf : Six mois plus tard

    Chapitre soixante : Madeleine

    Chapitre soixante-et-un : Virginie

    Chapitre soixante-deux : Heidelberg

    Chapitre soixante-trois : La vente aux enchères

    Chapitre soixante-quatre : Les putes de la place Blanche

    Chapitre soixante-quatre : Le grand déballage

    Chapitre soixante-cinq : L’échec d’une éducation

    Chapitre soixante-six : Les manigances de ces dames.

    Chapitre soixante-sept : Taupin en compétition avec Madeleine

    Chapitre soixante-huit : Virginie plaide pour sa mère

    Chapitre soixante-neuf : L’affaire d’Obernai

    Chapitre soixante-dix : Avec Carole

    Chapitre soixante-et-onze : Obernai

    Chapitre soixante-douze : Suzelle et Germaine.

    Chapitre soixante-treize : Avec Carole

    Chapitre soixante-quatorze : Les sociétés d’édition

    Chapitre soixante-quinze : Taupin et Mercier

    Chapitre soixante-seize : Hélène

    Chapitre soixante-dix-sept : Le retour

    Chapitre soixante-dix-huit : Anaïs

    Chapitre soixante-dix-neuf : Ceux de la vallée Les Gentil

    Chapitre quatre-vingt : Possibilités d’expansion

    Chapitre quatre-vingt-et-un : Corine Bastié, la parfumeuse…

    Chapitre quatre-vingt-deux : Après les vacances d’été…

    Chapitre quatre-vingt-trois : Mélanie fait amende honorable

    Chapitre quatre-vingt-quatre : Jean-Charles

    Chapitre quatre-vingt-cinq : L’enquête IV

    Chapitre quatre-vingt-six : Le plan

    Chapitre quatre-vingt-sept : Jérôme, accusé

    Chapitre quatre-vingt-huit : Enquête parallèle

    Chapitre quatre-vingt-neuf : Et Manon, pendant ce temps-là

    Chapitre quatre-vingt-dix : La quintescence.

    Introit

    La reprise

    Dès leur retour de vacances aux Seychelles, Carole se remit au travail.

    Des réflexions qu’ils s’étaient faites entre eux deux il était ressorti qu’au vu de toutes les entreprises, toutes les créations créées, tous les renouvellements en cours tout court, et toutes préparations d’avenir pour logiques et construites qu’elles semblaient être, le système ne pouvait fonctionner qu’en présence des deux personnages, JR bien entendu puisqu’il en était l’instigateur, mais aussi et presque surtout Carole.

    Et Carole avait donc pour mission essentielle de constituer autour d’elle et de parfaire une équipe dynamique et cohérente répondant aux attentes et au cahier de charges implicite qu’avait peu à peu formulé JR et qui s’était auto construit autour de quelques idées claires. Cela était le premier point.

    Bien qu’elle ne le formulât pas franchement, Carole avait par deux fois au moins suscité le débat sur ce que deviendrait toute la construction en cas de défaillance, voire au pire en cas de disparition du créateur. En tant que DGS, elle était opérationnellement au plus près de la décision, avait potentiellement les manettes en mains, ou mieux, celles-ci aux manettes, mais pour autant elle n’avait pas le pouvoir légal d’une part, ni matériellement les moyens de gérer en lieu et place d’un JR absent pour quelque motif que ce fut

    Et ainsi JR lui avait promis de mettre en place les mesures efficaces pour pallier son absence ponctuelle, voire définitive et avait déclaré :

    - Ceci se fera parallèlement à la création des deux fondations par la mise en place de dispositions testamentaires pour mes parts personnelles et l’adoption dans les différentes sociétés des pare-fous ou au moins des « conduites à tenir en cas de… » avait-il ronchonné, contrairement à son habitude. On voyait ainsi que bien que lucide, JR n’était pas prêt à lâcher la rampe du moins volontairement.

    Ils étaient rentrés le samedi après-midi, le 13 août. Carole avait, avant leur départ, convié son pool le mardi à neuf heures. Ce meeting rassemblerait outre Manon et sa copine Virginie, les deux stagiaires à mi-temps pour l’été selon le vœu de JR. Alice, la dernière recrue qui devait reprendre le « bureau » et ses tâches redondantes pour lui permettre de prendre de la hauteur, Gertrude Gentil, l’épouse de l’éditeur schirmeckois devrait se joindre à l’équipe.

    Il n’y avait pour l’heure d’autre ordre du jour que le point des différentes affaires en cours, et le programme des semaines à venir. JR ne serait pas au bureau, il réfléchirait puis prendrait contact avec Caroline pour les statuts des Fondations, lui avait-il confirmé en quittant la voiture au retour de l’aéroport de Francfort.

    - Je verrai avec Caroline ce qu’on peut prévoir comme statuts pour les fondations et ce qu’on peut mettre en place comme directives d’intérim dans les différentes sociétés et qu’il faudra faire adopter par les réunions d’associés et ou actionnaires de celles-ci. Elle préparera un premier jet et on pourra en discuter !

    - Je vois, monsieur veux se changer les idées, Dix-neuf jours avec la même, c’est déjà de la monotonie !

    - Madame est bête ou juste injuste. Je n’ai jamais parlé de monotonie, pas davantage que de monogamie. Et il rajouta.

    - Mon anniversaire est vendredi prochain. C’est un chiffre anodin, on fera un petit quelque chose entre nous. Préviens surtout ta fille qu’elle informe sa copine, que je ne serai pas disponible pour elle.

    - Je ne comprends pas, fit Carole d’un air interrogatif.

    - Possible, mais tu m’étonnes, elles ont, ai-je entendu dire, enquêté pour connaitre la fameuse date, soi- disant « pour faire mon thème astral ». Et comme par ailleurs l’autre voulait « m’offrir sa fleur ou sa rondelle » lorsqu’elle aurait dix-huit ans et que ça tomberait pile….

    - Et que toi tu ne voudrais pas. Deviendrais-tu sérieux ?

    - C’est une question ?

    - Non

    - Bonsoir et merci pour ces vacances !

    Chapitre premier

    Les dispositions en cas de…

    Il appela Caroline :

    - Ah, JR, enfin !

    - Alors comment vont tes amours ?

    - Fous-toi de ma pomme ! Tu sais bien que c’est le vide dans mon cœur…Ils sont tous…

    - Halte, ne fais pas du machisme à reculons. Ça c’est typique des mecs standards quand ils parlent de leurs nanas. Et comme tu n’es pas une femme standard. Alors ?

    - Couci-couça. Par contre, côté Blaesheim, ça ne va pas être coton. Anaïs m’a contactée pour savoir si elle peut démarrer. Annette ne veut pas.

    - Tu pourrais l’accompagner, lui remettre les clés, arrondir les angles, etc.

    - Oui, bien sûr, si tu m’expliques tout ce que je ne sais pas.

    - OK, de toutes façons, il faut qu’on se voie, tu vas avoir la grande mission de préparer les fondations, faire des textes additionnels, les dispositions transitoires à prendre dans tous les cas de figures, empêchements ponctuels ou transitoires et autres de ma part.

    - Ce dernier point est nouveau. Jamais entendu parler. Je me trompe ou tu veux me dicter ton testament ? Je suis avocate, pas notaire.

    - Ça ne fait rien, la loi est la même pour toutes, ou tous. En fait, il ne s’agit pas de mes dernières volontés, mais de mes volontés tout courtes.

    - Vaut mieux ça. Je dois venir tout de suite. Tu sais que j’ai très envie, ou tu n’es pas seul ?

    - Eh bien, trois questions d’un coup, je réponds dans l’ordre. Non, oui, non. Ce qui veut dire que pas aujourd’hui, le temps que je me remette du décalage horaire, oui, je sais que…Non, je suis seul…Test réussi ?

    - Mhh !

    - Demain, vers midi ?

    - OK

    - Emmène de quoi enregistrer, ainsi on pourra discuter.

    - Et comme c’est toi qui vas parler j’aurai la bouche et les mains libres !

    - Décidément tu ne penses qu’à ça.

    - Ben oui, trois semaines, c’est long tout de même.

    - A demain…Et il raccrocha.

    - C’est terrible. Il faudra tout mettre au point, parce que jalouse, pas jalouses, un jour elles vont s’étriper. Et encore ces deux-là, ça va, mais les autres, celles qui ont des mecs.

    Il était en train de faire un second tri des mails arrivés. Il avait parcouru l’essentiel dans la voiture sur son portable. Il n’y avait pas le feu au lac. Le téléphone, son portable perso, sonna.

    Un coup d’œil lui fit voir Carole.

    - Oui, Carole ? Je te manque déjà ? Que me vaut l’honneur ?

    - Manon vient de me donner tout un laïus d’Alice.

    Et elle m’a en gros raconté. D’une part les Gentil sont venus ensemble la première semaine. Elle n’a rien compris. Ils ont chialé, parlé de leur maison, de liquidateur, de l’argent qui ne suffisait pas. Devant leur désarroi et leur insistance, elle a téléphoné à Caroline que j’avais mise sur la liste des personnes à contacter en cas de problème. Et celle-ci lui a conseillé de voir ce que demandait le liquidateur si cela pouvait attendre « votre » retour. Et le liquidateur a dit OK, dans la semaine qui suit le 15 août. Alors elle a dit aux Gentil de ne pas s’inquiéter.

    Mais la semaine suivante, c’est à dire lundi dernier madame est revenue, car monsieur était tombé malade « Car il n’avait pas confiance en Alice » Madame devait demander ton, notre adresse de vacances pour nous contacter. Alice l’a rassurée, dit qu’elle ferait son possible, a rappelé Caroline qui lui a dit qu’elle ne voyait pas quoi faire d’autre. Sauf que le jeudi, avant-hier, elle est revenue, monsieur était à l’hôpital de Hautepierre et la dame très inquiète voire vindicative. Alice a alors, pour montrer sa sollicitude, accompagné madame à l’hôpital, a parlé au médecin et appris que monsieur Gentil avait en fait un néo de l’estomac connu depuis lurette et refusait les soins pour un problème de complémentaire impayée. Mais que pour le moment son état de santé était trop incertain pour qu’on put l’opérer. Elle a alors ramené madame Gentil à Schirmeck

    - Ben alors elle a fait tout ce qu’elle pouvait faire, Alice, même plus !

    - C’est aussi mon avis ! Attends je termine. Avant que de vadrouiller en laissant le bureau, Alice a alerté Manon, lui a raconté, et a demandé à Manon d’assurer la permanence.

    - OK ! Cela ne nous dit qu’une chose !

    - Quoi ?

    - Que ton équipe marche bien !

    - Vois-tu quelque chose à faire avant mardi ?

    - Non, nous ne sommes pas responsables de tous les maux de l’humanité quand même. Par contre, si tu veux, et si c’est possible, téléphone peut-être à Alice et félicite la pour son sans faute. Peut-être qu’un coup de fil apportera encore des détails non écrits.

    - Déjà fait ! je l’ai remerciée en nos deux noms et lui ai confirmé verbalement son embauche.

    - Parfait, et aussi pour toi qui devances mes idées. L’avenir sera beau !

    - Bonne soirée, mon chéri !

    - Mumm !

    Il se coucha tôt et s’endormit derechef, l’esprit tranquille.

    Caroline était arrivée comme prévu à onze heures le dimanche matin, gaie et alerte comme à l’accoutumée, mais c’était tout de même un peu spécial comme ambiance. En effet, mise à part Sandra dans la vie d’après Angèle de JR, aucune des connaissances féminines de JR n’avait été reçue à son domicile privé. Certes l’une ou l’autre fois, Caroline ou Carole et hier encore pour cette dernière, l’y avait déposé, peu y étaient rentrées.

    Passerait-on à l’étape suivante en ce dimanche de mi-août ?

    Caroline l’espérait mais n’osait y croire. La dernière fois ça y était presque mais ils passèrent la nuit au « Chant des oiseaux ».

    Le portail était clos, la Porsche était garée au fond de la cour et la Mazda noire devant le portail, à droite comme d’habitude. Caroline s’abstint de sonner, elle savait bien qu’il n’y avait à l’extérieur ni cloche ni carillon, les habitués entraient sans coup férir et rejoignaient le perron et faisaient tinter la grosse cloche d’airain.

    JR avait entendu arriver la belle, qui pourtant n’avait guère fait de bruit avec la petite 500 rouge rutilante et malicieuse. A peine s’était-elle garée, s’était gracieusement extraite du cocon et avait prestement rajusté sa courte jupe blanche, davantage par principe que pour ne pas énerver des voisins forcément sur le qui-vive comme c’est le cas à la campagne.

    « Demandez aux voisins, ils savent tout sur vous », répétait inlassablement et sans rire un JR volontiers gouailleur sur le sujet :

    - Si des fois j’ai besoin d’un alibi, j’envoie les flics chez Isabel…Précisément sa voisine toujours occupée aux mauvaises herbes de son petit jardin de deux mètres-carrés qui en était définitivement indemne. Il la héla :

    - Caroline !

    - J’arrive.

    Elle lui sauta au cou l’enlaçant des bras autant que des jambes faisant voleter son court habit. JR profita de l’aubaine pour tâter ses fesses douces et fraiches contrôlant un fait dont il était presque certain.

    Elle était accessible. Il l‘emporta sur la balancelle à l’ombre du grand hêtre et en deux temps et trois mouvements, ils rattrapèrent les trois semaines.

    - Ah ! Jeunesse, soupira-t-il, espérant bien faire durer la « sienne » suffisamment longtemps.

    Ils partirent ensuite déjeuner au Bœuf à Lochwiller, petit village proche, revinrent s’installer ensuite sous le hêtre et se mirent au travail.

    Ce ne fut pas une mince affaire.

    Vers 21 heures ils avaient en gros fait le tour de tous les problèmes, propositions de statuts, alinéas et sous chapitres, conduites aos tenir. Il y en avait dans tous les sens.

    Ils avaient discuté, envisagé et toujours enregistré. La prudente Caroline avait consciencieusement pris des notes et avait doublé la chose avec son pense-bête numérique selon le souhait de JR.

    Ils décidèrent avoir assez travaillé. Caroline mettrait les 48 prochaines heures à profit pour les propositions de rédaction des différents projets et viendrait les présenter le mercredi en fin de matinée à Haguenau au bureau, ce que Carole ne manquerait pas de lui confirmer la vielle.. Et JR l’invita à rester pour la nuit qu’ils passèrent donc pour la première fois dans l’ex lit conjugal de JR, utilisé depuis lors par lui-seul à l’exception d’une fois en effet par Sandra lors d’une soirée mémorable..

    Le lundi matin, jour férié, Caroline se remit en route , et au travail . L’essentiel restait à faire.

    JR voulait se reposer, et se donna deux jours.

    Demain peut-être ferait-il un tour dans le proche Palatinat visiter quelques amis retraités, par les petites routes au volant de sa Porsche, son péché mignon.

    Il téléphonerait en rentrant à Carole pour qu’elle organise le rendez-vous entre eux deux et Caroline le mercredi matin.

    Chapitre deux

    Un corps dans le Jardin

    Ce mercredi matin précisément, le policier municipal fraichement nommé arriva vers 7 heures 45 pour prendre son service à la Mairie. Il avait l’habitude de faire demi-tour avec son Kangoo de service au droit de la propriété de JR mais dut manœuvrer. D’ordinaire l’espace était suffisant vu que Porsche et Mazda encadraient l’entrée, mais cette fois si la Mazda était bien à sa place, la Porsche était garée de travers, portière ouverte. Georges n’en pris guère note, mais dut manœuvrer et vit dans son rétroviseur que non seulement la Porsche était garée porte ouverte mais que derrière, le portail baillait également.

    Il interrompit sa manœuvre. Il avait eu une impression bizarre, comme un pressentiment. Il était sur ce poste depuis trois semaines, n’avait pas beaucoup d’expérience, mais bon il avait à cœur de bien faire son travail.

    Il descendit donc de son véhicule.

    Il vit un homme allongé à plat ventre, la tête dans une mare de sang, à deux mètres derrière le portail entrouvert.

    Il s’avança prudemment et comme il l’avait vu faire dans des films, il essaya de trouver un pouls tout en se fendant d’un timide :

    - Hé, monsieur…

    Que faire ? Ce n’était pas chose courante ici-bas. Il retourna à sa voiture pour chercher son portable lorsque Mélanie, la secrétaire de mairie arriva elle-aussi pour prendre son service. Intriguée par la présence inhabituelle de la Mazda, de la Porsche et du Kangoo du Policier, elle s’arrêta plus par curiosité et s’enquit auprès de Georges qu’elle côtoyait désormais quotidiennement :

    - Que se passe-t-il ?

    - Il, il …est mort… ; balbutia-t-il !

    - Pas étonnant, avec la vie qu’il mène, éructa-t-elle machinalement puis, se reprenant, c’est Monsieur Kohl ?

    - Ben, ben, venez voir, vous le connaissez ? Elle s’approcha prudemment :

    - Oui, c’est lui, mais il est sacrément amoché. Et la plaie est derrière la tête, il est tombé en avant. Manifestement il ne s’est pas fait cela tout seul.

    - Alors il faut appeler la gendarmerie, si ce n’est pas une mort naturelle.

    - Mais ce n’est pas toi, la Police ?

    - Oui bien sûr mais les gendarmes c’est la Police judicaire. Je les appelle.

    Il prit son portable et appela la gendarmerie par le 17 en déclinant ses nom et qualité. Il avait trouvé un mort qui était manifestement mort de mort violente à l’entrée de sa propriété et demandait la marche à suivre.

    - On envoie tout ! Fut la réponse de la Centrale.

    Georges était resté sur place tandis que Mélanie était allée prendre son service au bureau de la Mairie à trente mètres après que Georges lui ait encore demandé :

    - Tu as dit, pas étonnant avec la vie qu’il mène ! Que voulais tu dire par là ?

    - Oh, bredouilla-t-elle en rougissant, des histoires de femmes et croustillantes je te le dis. Je n’en connais pas beaucoup qui n’y sont pas passées.

    - Vraiment ?

    - Oh, que oui !

    Georges voulut précisément poser la question qui tue : « toi aussi » ? Mais Mélanie était déjà partie, craignant d’avoir trop éveillé sa curiosité.

    Elle venait d’entrer dans son bureau lorsque son bip se mit à tinter. Volontaire chez les Sapeurs-Pompiers locaux, elle se précipita dans sa voiture rejoindre le Dépôt. Ce qu’elle ne savait pas en enfilant sa tenue, en petite tenue avec ses deux collègues masculins, c’est qu’ensemble ils iraient rejoindre avec le fourgon-secours le domicile de JR pour assistance à personne, les gendarmes ayant à tout hasard déclenché le processus.

    A huit heures 19, le FS des pompiers arriva en même temps sur les lieux. Marie-France, l’adjudante de gendarmerie descendit la première du véhicule alors que par radio le gendarme Hubert confirmait rapidement leur arrivée sur les lieux d’intervention. Georges l’accueillit et la dirigea vers le corps de la victime.

    - Bien, vous n’avez touché à rien. Lionel, on va rendre des photos avant de le retourner, mais aussi les abords et tout ce qui peut porter des traces, sang, etc. Elle avait prestement mis des gants de latex et voulait écarter précautionneusement le col de la chemise maculé de sang lorsqu’elle tressaillit mais, sang-froid de chef oblige, n’en laissa rien voir à ses collègues. Elle avait comme eu l’impression d’un mouvement. Elle avança prudemment deux doigts en direction du pouls carotidien. Une pulsation régulière était perceptible.

    Elle se releva rapidement et cria plus qu’elle ne dit :

    - Pompiers, notre victime est vivante, elle a un pouls. Demandez un SMUR ou mieux, un hélicoptère. Qu’on ne perde pas de temps, on nous le reprocherait. Il est presque huit heures et demi et l’alerte date de 7 heures 55. Il pourrait déjà être à l’hôpital.

    En entendant Marie-France donner des ordres, Georges et Mélanie, chacun de son côté, crurent bien défaillir.

    Georges en effet avait tout simplement décrété que la victime était morte occultant tout contact direct obnubilé par le « ne toucher à rien de ce qui pourrait représenter une scène de crime » mais oubliant toute notion de premier secours.

    Mélanie de son côté voyait revenir roder déjà le spectre de JR dont elle poursuivait le rêve au fouet régulièrement une nuit par semaine et avait équipé son lit d’une alèse puisque ledit cauchemar se soldait régulièrement par une perte involontaire des urines au moment du douloureux orgasme qui la réveillait hébétée et en sueur.

    Oui elle avait consciemment ou inconsciemment cru ou voulu croire Georges, la mort de JR la délivrant peut-être définitivement des affres de ce spectre redondant.

    Deuxième faute, forte de cette première certitude elle avait omis de sauver et laissé aller vers la mort un mourant par « non-assistance à personne en péril » et ce dans sa fonction de pompier.

    La régulation avait bien fonctionné. Le SDIS et Delplanque à la Régule du SAMU avaient compris qu’ils étaient au bord de la bavure et à huit heures quarante le VSAB des pompiers de Soultz s’annonçait, avec le VL infirmier en appui, à 44 le gros .4X4 du SMUR de Wissembourg était sur les lieux et à 48k, Dragon 67 se posait sur le terrain de football du village. Pendant que pompiers, infirmier, médecins et assistants s’affairaient autour de la victime qui bien que vivante ne repartirait surement pas sur ses deux jambes, Marie-France avait promptement demandé un fourgon avec deux hommes pour récupérer l’équipage de l’hélico au terrain de foot et avait demandé l’unité de recherche de la gendarmerie de Wissembourg pour le côté scientifique de l’enquête, les relevés de traces et leur documentation, prélèvement ainsi que deux enquêteurs en civil pour mener des entretiens avec des témoins, qu’au moins après ce qu’elle avait rapidement identifié comme un cafouillage police-gendarmerie..

    Mais elle voulait être la meilleure, l’occasion méritait d’être saisie pour se profiler, même si le délit avait régressé de meurtre à tentative d’homicide, l’intervention d’un tiers qu’ il fallait identifier ne pouvait-elle pas être réfutée. A neuf heures 14, juste avant que le blessé conditionné ne soit coquillé sur son matelas et chargé dans l’ambulance en direction de l’hélicoptère de la Protec à destination des Urgences de l’hôpital de Hautepierre, elle put s’entretenir pendant trente secondes avec les deux médecins, l’interne de Wissembourg et l’anesthésiste arrivé à bord de l’oiseau.

    Ils étaient formels, mais pas du tout d’accord :

    - Coma profond suite à traumatisme crânien chez un diabétique sous pompe sans hypoglycémie au moment de la prise en charge, dit l’interne.

    - Coma léger d’origine soit du TC occipital avec plaie soit séquellaire d’une hypoglycémie entre l’agression et l’arrêt de fonctionnement pompe

    En clair même si on ne connaissait pas vraiment la cause, on pouvait juste dire coma et pas dire quand il se réveillerait.

    La victime partie, il restait le policier municipal et le fourgon secours.

    Marie-France entreprit Georges :

    - Pourquoi grands dieux ne l’avez-vous pas examiné ? Le seul avantage c’est qu’on ait un lieu du crime intact sans piétinements avant photos. Alors ?

    - Excusez-moi madame, c’est mon premier cas et c’est à cause de la réflexion de Mélanie.

    - Et qui et cette Mélanie, et quelle est cette élucubration ?

    - Non, non, je voulais dire ce qu’elle a dit : elle a dit « pas étonnant avec la vie qu’il mène » et elle a fait tout un tas de commentaires sur les possibles rivaux concernant toutes les femmes qu’il avait…, enfin vous comprenez.

    - En fait non, mais vous allez me dire qui est cette Mélanie et je lui poserai la question directement. Vous passez à la brigade cet après-midi et vous ferez votre déposition aux enquêteurs de Wissembourg.

    - Euh

    - Et cette Mélanie, alors ?

    - Ben la voilà, elle était là au début à sept heures 45 et elle est revenue en pompier à huit heures dix en même temps que vous.

    - Merci.

    Elle se dirigea d’un pas élégant vers Mélanie qui faisait plutôt pâle dans sa combinaison de pompier.

    - C’est vous Mélanie ?

    - Oui madame.

    - Donc c’est vous qui avez découvert la victime avec le policier ?

    - Pas tout à fait, je suis arrivée après lui et il m’a demandé quoi faire. Il avait découvert un …le mort, enfin la victime, m’a dit « il est mort » et lorsque je lui ai demandé si c’était monsieur Kohl le propriétaire de la maison, il m’a demandé d’aller voir avec lui si c’était bien le cas. Je l’ai reconnu et je suis juste allée travailler lorsque j’ai été bipée par le bip du SDIS.

    - OK. Et quelle remarque avez-vous faite au policier concernant la victime ?

    - Moi ?

    - Oui, je m’adresse à vous, concernant les…habitudes et la vie à risque de ce monsieur, de la victime ?

    - Ben vous savez, ce n’est pas facile avec tout ce que disent les gens…

    - Dans les médisances il y a toujours quelque chose à prendre, même si ce n’est pas au premier degré. Alors ?

    - Vous savez c’est un coureur…de jupons, et à ce qu’on dit, il n’y en a pas beaucoup qui n’y sont pas passées…

    - S’il n’y en a pas beaucoup qui n’y ont pas été, selon vous les autres oui. Pouvez-vous m’en citer quelques-unes, de vos amies ou connaissances, ou vous-même ?

    - Moi ?

    - Par exemple ?

    - Surement pas, dit-elle en rougissant et éclatant en sanglots, je suis une femme mariée.

    OK Marie-France avait compris l’aveu. Et poursuivit :

    - Et puisque mariée, votre mari était-il au courant ?

    - De quoi ?

    - Au courant de votre liaison ?

    - Mais ce n’était pas une liaison, juste une fois, le reste c’était des rêves.

    - Et de ce « une fois », votre mari était au courant ?

    - Je, je ne crois pas…

    - Et il était à la maison, votre mari hier et cette nuit ?

    - Je dormais quand il est rentré, de toute façon on fait chambre à part, je m’en fiche où il est ?

    - On lui posera la question. Vous passerez à quinze heures pour déposer à la brigade après des enquêteurs wissembourgeois.

    Chapitre trois

    L’inquiétude de deux femmes

    Ce mercredi Caroline attendait d’être contactée par Carole. Elle avait bien avancé sur les dossiers demandés et avait imprimé les premiers projets le mardi soir en quittant le bureau de sa patronne.

    A neuf heures comme elle était prête à partir, elle appela Carole pour connaitre l’heure du rendez-vous.

    Carole décrocha à la sixième sonnerie, elle s’entretenait avec Alice et était très étonnée de n’avoir plus entendu JR depuis samedi soir. Elle avait l’intention de saisir la première occasion avant d’appeler le liquidateur des Gentil, pour savoir ce qu’en pensait JR.

    - Allo Caroline, quel bon vent ?

    - Ben, ma question serait de savoir à quelle heure la réunion ?

    - Quoi, quelle réunion ?

    - JR ne t’as pas dit ? Quand on a eu fini de préparer les projets dimanche soir, projets que j’ai mis par écrit lundi et mardi et qui sont prêts, il m’a dit qu’il verrait avec toi à quelle heure mercredi, donc aujourd’hui et que comme d’hab tu me le dirais. C’est juste pour m’organiser.

    - Pas au courant ! La dernière fois que je l’ai eu au téléphone, c’était samedi vers 18 heures pour cette histoire de Gentil, tu dois savoir ?

    - Tu l’appelles alors ou on attend qu’il se réveille ?

    - Ce n’est pas normal. D’hab à neuf heures il est largement là et il n’a que je ne sache pas de rendez-vous ce matin. De plus quand il te dit qu’il me dira…en principe il le fait, je ne me souviens pas qu’il n’en ait jamais été différemment.

    - Je suis de ton avis.

    - Ne bouge pas je l’appelle, et je te rappelle

    Elle composa rapidement le privé « privé ». Deux fois

    « Votre interlocuteur n’est pas joignable veuillez composer et suivait le numéro de la JRK ». Elle rappela Caroline.

    - Pas joignable, renvoi sur la JRK. Merde qu’est-ce qu’on fait, j’ai un mauvais pressentiment. Je dis à Alice de rester là et je vais chez lui. A tout hasard, j’emmène le trousseau de réserve, mais je n’étais jamais chez lui à l’intérieur. Toi ?

    - Une fois…juste en l’accompagnant chercher quelque chose, mentit-elle.

    - Vingt minutes, je te tiens au courant. S’il n’est pas là, je ne sais pas, t’as une idée de ce qu’il faut faire, contacter Sandra ?

    - Attends, dans les conduites à tenir qu’«il m’a dictées » dimanche, il a beaucoup insisté, quand je lui ai demandé :

    - Tu me dicte ton testament ?

    - Cela peut être des dispositions en cas de mort mais aussi en cas de vie, avait-il un problème ?

    - Pas aigu pendant les vacances ?

    - Dimanche non plus ! Mais attend, je crois qu’il a répété à plusieurs reprises, de mettre dans toutes les conduites à tenir. « Dans tous les cas d’absence de courte ou moyenne durée, il conviendra d’expédier les affaires courantes au mieux de la situation, Carole a toutes signatures et ce pour tout le temps qu’une décision de justice ou notariale prenne le relai. En cas de défaillance de cette dernière le relai sera pris avec les mêmes prérogatives par Caroline. »

    - C’est clair, il fait un test, une mise à l’épreuve, ne le décevons pas.

    - Machiavel alors.

    - Tu devrais le connaitre, il joue avec nous jusqu’à l’épuisement. Du coup, c’est un salaud mais ça me rassure. Ok je vais quand même à R…

    - Oui, pour le moment on ne peut pas faire plus.

    - Je te tiens au courant.

    Elle informa Alice en deux mots et se mit en route si bien qu’à neuf heures 35 elle piaffait au feu tourne à gauche de la rue…

    Le véhicule des pompiers et trois véhicules de gendarmerie était garés devant la maison en plus de la Mazda et de la Porsche. Elle avança aussi loin, à savoir aussi près que possible, bondit de la voiture et se précipita sur le premier officiel venu.

    - Que se passe-t-il, qu’est-il arrivé ?

    Marie-France l’arrêta d’un :

    - Adjudant Marie-France Laforêt, qui êtes-vous, madame ?

    - Excusez-moi, moi c’est Carole, la directrice générale des services de JR, de la JRK, qu’est-il arrivé à JR ?

    - Vous parlez de Monsieur Kohl ?

    - Oui !

    - Suivez-moi, s’il vous plait ! Elle entraina Carole dans le Trafic bleu garé devant chez Isabelle. Venez, asseyez-vous, que nous puissions nous entretenir.

    En quelques phrases sans fioritures, elle exposa les faits. Il avait été agressé la veille au soir, trouvé ce matin comateux, blessé, manifestement une tentative d’homicide, cela se confirmerait surement, avait été évacué à Hautepierre en hélicoptère. Il devait être arrivé dans l’intervalle.

    Carole dut prendre sur soi pour ne pas perdre contenance, ne pas pleurer, garder la tête froide. Un éclair lui fit penser, mais à voix haute :

    - Même dans le coma, il est génial ce mec !

    - Que voulez-vous dire par là, madame, et puis-je par ailleurs vous poser quelques questions ?

    - Oui certainement, dans une minute, je contacte Caroline, notre avocate qui attends de mes nouvelles. Elle prit son portable.

    - Caroline ?

    - Oui, alors ?

    - Le pire est arrivé, mais il n’est pas mort. Il a été agressé hier soir, découvert dans le coma ce matin. Hélicoptère. Il vient d’arriver à Hautepierre. Va le voir, prends tout en main, au besoin trouve ses anciens copains médecins pour qu’ils l’aiguillent dans les meilleurs services. Si besoin, je sais qu’un très bon copain à lui est le docteur Kittel de Marlenheim. Et s’il faut de l’argent, tu sais…

    - Ok chef !

    - Arrête.

    - Je plaisante, merci de m’avoir prévenue aussi vite. La première qui a du neuf appelle l’autre.

    - Ah oui. Appelle le bureau, mets Alice au courant mais précise bien : « Silence absolu » dans les différentes sociétés. Il est en déplacement. Elle saura faire.

    - Oui, salut.

    Elles raccrochèrent d’autant que Marie-France commençait à s’énerver. Aussi Carole poursuivit-elle à son intention :

    - Excusez-moi, mais nous rentrions juste de vacances et les affaires nécessitent d’être suivies, c’est ce que voudrait JR.

    - Oui. Maintenant vous vouliez dire quoi par ce « il est génial, même dans le coma ce mec ! »

    - Vous n’avez pas connu encore JR ? En effet, je voulais dire par là que ce matin au téléphone…

    - Vous lui avez téléphoné ce matin ?

    - Non, dernier contact téléphonique samedi soir à 18 heures. Je disais que ce matin, Caroline, notre avocate voulait un rendez-vous pour nous présenter à JR à moi, les protocoles qu’il lui a dictés ce week-end pour conduite à tenir en cas d’empêchement. Génial quand même d’y avoir pensé à temps, non ?

    - OK, en effet, c’est étonnant. Mais je crains que je n’aie pas terminé de m’étonner. Si j’ai bien compris monsieur Kohl est votre patron, y a-t-il d’autres relations plus privées entre vous ?

    - Oui, nous sommes amants. Et nous rentrions précisément samedi dernier de vacances aux Seychelles. Je l’avais déposé en début d’après-midi.

    - Et ces relations étaient stables ?

    - Pour moi oui, je peux même dire que moi j’étais, je suis fidèle.

    - Pas lui ?

    - Oh que non !

    - Et cela ne pose pas de problèmes ?

    - Non, il m’en avait prévenu au début de notre relation, que l’amour pour lui, c’était le passé commun avec son épouse, et que le reste, c’était du rab, ses termes. Et je peux vous dire que toutes les femmes n’envient peut-être pas son amour mais sa sollicitude, le fait de le savoir de son côté.

    - Ce qui tendrait à faire croire que les on-dit sont vrais ?

    - C’est une question ? Je ne sais pas ce qu’on dit.

    - Oh je vais formuler différemment. A-t-il d’autres liaisons ?

    - Evidemment.

    - Et vous les connaissez ?

    - J’en connais certaines, je vais dire la plupart, car je gère son agenda, et ce n’est pas une mince affaire. Mais certainement pas toutes.

    - Une certaine Mélanie ?

    - Ah Mélanie, oui enfin je sais qu’elle existe mais je ne la connais pas. Pourquoi, elle est suspecte ? Géographiquement elle sait où il habite et elle aurait un motif de lui en vouloir. Je pensais que c’était arrangé.

    - Pas elle, c’est peu probable en effet mais son époux aurait un motif.

    - Je n’ai pas d’avis, mais s’il se fait agresser par tous ceux qu’il a fait cocu, il n’en a pas fini de mourir. Par contre je vous prie de ne pas vous méprendre sur le sarcasme de mon ton. Je suis très affectée, et en plus je dois m’occuper de toutes les affaires pendantes. Pourvu qu’il se remette vite.

    - Et d’autres liaisons ?

    - Je ne devrais pas le dire mais pour cerner le coupable, et comme me le disait JR « tu es dans ton rôle, tu gères mon agenda, mais que cela ne sorte pas de la maison ». J’ai les coordonnées de tous ses contacts même privés.

    - Et cette avocate, j’ai cru comprendre que c’était plus qu’une avocate ?

    - Oui

    - Sont-ils amants ? Y aurait-il un rival ?

    - A la première question, oui c’est plus que probable. Je pense que si vous lui posez la question elle n’en fera aucun mystère. Pour la deuxième, c’est fort improbable, car Caroline doit lui être aussi fidèle que moi.

    - Rivalités entre vous ?

    - Dites, il est le patron je suis l’employée, et il me paye plutôt bien pour un boulot bien réalisé car motivant.

    - Non, vous et l’avocate ?

    - Bof, on aimerait ben être rivales, mais il nous l’interdit et sans lui nous perdons toutes les deux. Même si nous pouvions…

    - Pouvez-vous passer à la brigade pour rencontrer les enquêteurs de Wissembourg cette après-midi ?

    Je préférerais que ces messieurs passent au bureau chez nous à la JRK, parce que vous aurez surement besoin de coordonnées, d’emplois du temps et devant l’ordinateur…Je n’ai pas tous les chiffres en tête.

    Les services de l’identité venaient de finir leur travail et s’apprêtaient à mettre des scellés. Marie-France s’avança et demanda à Carole de s’approcher et de voir si des objets manquaient ou avaient été déplacés.

    Carole reprit la parole :

    - Je ne suis jamais entrée dans la propriété, a fortiori dans la maison, je n’ai aucune idée. Par contre un couple s’occupe de l’entretien intérieur et extérieur, les Gast, ils habitent le village. Ils pourront à coup sûr cous dire…

    - Et cette dame fait aussi partie des relations privilégiées de la victime ?

    - Non franc et ferme. Je n’ai jamais rien entendu là-dessus. Ils ont des clés et peuvent rentrer. Comment cela va-t-il se passer pour fermer la propriété ? On ne peut pas laisser ouvert à tous vents.

    - Oui c’est ennuyeux, parce que je ne peux pas mettre de scellés à la maison qui n’est pas le lieu du crime, et le jardin, la rubalise, on y croit ou non.

    - Me permettez-vous de fermer. J’ai apporté le trousseau de réserve que JR gardait au bureau en cas de perte. A propos de perte, les clés des voitures, je vois la Porsche ouverte, clés au tableau de bord. Puis-je la fermer ?

    - Oui c’est préférable. !!!

    Il était déjà onze heures. Carole se rendit à la Mairie.

    En entrant elle vit de suite Mélanie à son poste. Celle-ci sursauta comme le génie de sa lampe à sa vue.

    - Bonjour, lança Carole. Alors on fait courir des bruits. J’espère pour vous que l’enquête ne prouvera pas que vos ragots sont….

    Mélanie l’interrompit :

    - Je n’y suis vraiment pour rien, madame. C’est le policier qui a dit qu’il était mort, moi je suis juste allée voir si c’était lui. Mais je suis bien contente qu’il vive.

    - On ne sait pas encore dans quel état. Mais qu’est-ce que c’est que cette

    histoire ? Combien de temps a été perdu ?

    - Une bonne demi-heure, trois quarts d’heure ! Et maintenant la gendarme pense que c’est mon mari Hubert le meurtrier, enfin….

    Ça serait possible, en effet. Alors, c’est lui ?

    - Je, je ne crois pas.

    - Espérons, pour vous car s’il survit, il y aura surement des représailles, et si non, l’avocate est déjà sur le dossier.

    - Celle à la Fiat rouge ? Carole sortit sans en dire davantage.

    Elle retourna sur ses pas pour regagner sa voiture. Les gendarmes avaient disparu, la rue était déserte. Elle remarqua alors qu’elle avait toujours en mains le trousseau des clés de la Porsche. Et celle-ci garée de guingois faisait injure à l’image qu’elle se faisait de JR.

    Elle mit le moteur en marche, il ronronnait comme d’habitude. Ce que l’était moins, c’était elle, seule au volant de ce mythe automobile, cette vieille 911 qu’il avait acquise, fait rénover et qui avait depuis accompagné de nombreuses heures de leur bonheur, et de celui d’autres surement.

    Elle l’avait occasionnellement conduite, mais n’aimait guère ses réactions indomptables qui ne transparaissaient jamais quand JR était au volant. On eut dit qu’il ne faisait que l’effleurer qu’il ne faisait que la courtiser et peut-être jouissait-il de ses réactions félines qu’il domptait à merveille. Toute dans ses pensées elle n’avait pas vu s’approcher Isabelle qui toquait maintenant à la vitre.

    - Oui ?

    - Excusez-moi, entama Isabelle dans un français maladroit, c’est grave pour JR ? Il est tombé et s’est cassé quelque chose ?

    - Vous êtes la voisine ? Vous n’avez rien vu ou entendu hier soir ? Les gendarmes ne vont ont pas encore questionné ?

    - Nous venons de revenir de l’hôpital, la maman de Raymond mon mari est au plus mal et nous avons passé la nuit à son chevet. Vivement que cela finisse, elle a quand même 90 ans… On a le droit de partir alors. Et JR ?

    - Il a, semble-t-il, été agressé hier soir et le Policier municipal l’a retrouvé dans le coma ce matin. Je vais vous donner la carte de la société ; c’est moi, Carole, la DGS de JR et provisoirement je m’occupe de tout. Par contre si vous apprenez quelque chose, je vous serais reconnaissante de m’en informer. Ah oui, autre chose, vous connaissez surement tout le monde ici. Où habitent donc les Gast qui s’occupent de la maison ?

    Isabelle donna les explications nécessaires, elle ne connaissait pas le numéro dans ka rie principale, mais se proposa d’accompagner Carole pour lui indiquer le chemin. Carole déclina. Elle avait une autre solution.

    Elle appela le bureau où Alice tenait la permanence.

    - Alice, c’est Carole ! Tu tiens le choc ? Y a-t-il des appels ?

    - Oh que oui, cela n’arrête pas. Surtout madame Gentil déjà deux fois…Je ne sais plus comment la rassurer.

    - Quand elle rappelle tu lui réponds simplement que je m’occupe d’elle mais plus aujourd’hui, je l’appelle demain.

    - Bien.

    - Autre chose ?

    - Caroline m’a appelée. C’est grave pour Monsieur JR ?

    - Oui, mais je n’en sais pas plus. En tous cas, elle t’a donné la consigne. Il est en déplacement et pour toute question tu te retranche derrière moi. Maintenant va dans le fichier-adresses de l’agenda !

    - Oui madame, je l’ouvre de suite.

    - Tu oublies le « madame », et tu vas dans JR privé.

    - OK j’y suis.

    - Regarde si tu trouves Gast ?

    - Oui une fois, Anny et JC

    - Et adresse et deux téléphones un fixe et un portable.

    - OK tu me l’envoies par SMS.

    - De suite.

    - Je reviens en début d’après-midi, tu veux bien rester au bureau ?

    - Oui bien sûr !

    Elle appela Caroline. Celle-ci décrocha, raccrocha et la mit en attente. Manifestement elle gênait. Elle prit le numéro d’Anny et l’appela, se présenta et la mit au courant. A priori le téléphone arabe n’avait pas encore fonctionné dans le village.

    - Ben ça alors, Et alors, que faut- il faire ?

    - Vous allez certainement être contactés par la gendarmerie pour voir avec eux sur les lieux si quelque hose a changé de place dans la propriété même la maison Vous verrez bien et ferez pour le mieux, JR vous fait confiance. Juste pour vous dire moi je rentre la Porsche dans la cour et laisse la Mazda à sa place. A part cela, en attendant les gendarmes, vous ne touchez à rien : pas leur mettre des bâtions dans les roues.

    - Oui bien sûr. Faut-il prévenir la fille d’Angèle ?

    - Je m’en occupe dès que je sais comment il va ? Pas encore l’inquiéter inutilement, cela viendra bien assez tôt. Je crois qu’elle est en Espagne.

    Chapitre quatre

    Caroline à Hautepierre

    Caroline était arrivée aux Urgences à Hautepierre et s’était fort intelligemment présentée comme l’avocate de la famille Kohl représentant ses intérêts pour récupérer les effets personnels de JR à la demande des autorités pour faits d’enquêtes. Aussi n’eut-elle aucune difficulté à se faire remettre le paquet de vêtements usagés et souillés, mais aussi le portable, le portefeuille, le porte-cartes et la pompe à insuline. Elle demanda à parler à un médecin mais comme ce n’était pas possible, on le comprend aisément, dans l’immédiat insista en remettant sa carte « professionnelle », qu’on veuille bien la prévenir dès que JR serait visible, qu’un médecin put établir un bilan.

    Contente de sa démarche, elle rejoignit rapidement son véhicule pour avoir accès à son ordinateur. Elle copia le contenu du portable, les données GPS et la mémoire de la pompe à insuline, s’étonnant que la Gendarmerie n’en ai pas fait de même avant elle pour avoir une part de la chronologie des faits précédents l’agression. En effet, juriste bien que jeune et généraliste, elle savait que juridiquement JR avait été victime d’un délit au moins qualifiable de tentative d’homicide car neutraliser une victime et la laisser pour mort c’est au moins cela, et nécessiterait forcément une enquête ordonnée par le parquet.

    La fonction géolocalisation du portable de JR avait bien enregistré le vol jusqu’à l’hôpital. Elle en consulta alors l’historique et put voir les arrêts et les horaires, le départ du village, l’arrivée la veille à 22 heures 39, donc il faisait déjà nuit.

    L’étape précédente était à Schweigen au nord de Wissembourg.

    En fin d’après-midi il avait été à Annweiler dans le Palatinat, cela ne lui disait rien. A midi il avait été à la cave Cléebourg.

    Son départ le mardi matin était resté noté à 10 heures 31.

    Rien d’exceptionnel, une virée en voiture qu’il avait très bien pu faire seul, mais aussi accompagné, pensa-t-elle, etc. Les enquêteurs verraient.

    De même que des relevés de carte bancaire viendraient apporter des réponses, corroborer ou infirmer certaines suppositions concernant les consommations et leurs lieux le cas échéant.

    La pompe à insuline était à l’arrêt et ne se laissa pas remettre en route ni interroger, par contre après l’avoir branchée sur son ordinateur elle reprit vie mais ne se laissa pas recharger par le PC. Cependant Caroline put en copier les fichiers et retrouver l’historique. La batterie s’était mise en alarme par trois fois en cours de journée « pour batterie faible » et la pompe avait arrêté de fonctionner à 18 heures 30. Donc se dit Caroline, s’il avait diné, et le connaissant JR avait diné, sans insuline il n’était pas en hypoglycémie et elle n’était pas la cause de la chute, à voir avec le médecin. Et elle se souvint du conseil de Carole. Appeler le copain de jeunesse de JR à Marlenheim, ce fameux Kittel. Peut-être celui-ci saurait servir d’interface avec les médecins du service où JR était soigné.

    Elle entra dans les contacts du Portable de JR et ne trouva pas de Kittel, évidemment. Soit que JR connaissait par cœur ce numéro, cela lui arrivait parfois encore, ou tout simplement l’avait-il enregistré sous le prénom. Mais

    celui-ci, elle ne le connaissait pas. Elle reprit alors la méthode analytique et éplucha la liste. Au bout d’une demi-heure, elle trouve, JO Marlenmobile. Elle appela

    - Docteur Kittel ?

    - Oui, grommela-t-on en réponse.

    - Excusez-moi de vous déranger, Docteur, je suis Caroline, l’avocate de monsieur Kohl, JR…

    - Qu’est-ce qu’il a encore fait comme bêtise, JR ?

    - Non, ce n’est pas cela, Il a été agressé et il est dans le coma à Hautepierre.

    Cela ne fit qu’un tour et Kittel, Jo s’engagea à mettre toute son énergie pour « donner un coup de main ».à son pote dans la dèche : Il téléphonera de suite au service, mais voulut connaitre les coordonnées pour « venir au rapport » et voulut en savoir plus sur la circonstance car il n’avait que quelquefois eu JJR au téléphone depuis les obsèques d’Angèle. Caroline donna les explications souhaitées, ne fut pas très diserte sur ses propres relations avec JR en mettant davantage Carole et la JRK en avant. Mais Jo ne l’entendait pas de cette oreille.

    - Pas de famille, pas de femme dans la vie actuelle de JR ? J’avais cru comprendre lors d’un coup de fil. Peut-être cette Carole ?

    - Euh, je… hésita Caroline

    - Alors Carole, conclut Jo, puis un instant plus tard,

    - Ou vous-même peut-être, ou les deux ?

    - Oui, peu… Peut-être !

    - Donc oui ; toujours le même ce vieux salaud…excusez l’expression, on se connait de longue date. Je vois cela et vous tiens au courant

    - Merci Docteur.

    Comme elle n’avait pas eu de nouvelles, après une heure et demi elle retourna aux Urgences. JR revenait du scanner. Le médecin dit à Caroline.

    - Ceux qui ont fait cela n’y sont pas allés de main morte ; une embarrure occipitale, a priori pas trop de saignements internes mais tout de même une compression. Ceci-dit, nous ne comprenons tout de même pas les symptômes, ils ne sont pas cohérents. De toute façon on va la lever tout à l’heure cette embarrure, et on verra, traitement classique antioedeme et puis coma artificiel de protection, on en discute avec le Professeur.

    Caroline prit la parole ;

    - Un de ses confrères va peut-être vous appeler, le docteur…

    - Oui c’est déjà fait, c’est d’ailleurs pour cela que monsieur le Professeur reviendra cette après-midi. Et il m’a raconté une histoire de pompe à insuline. On ne savait pas qu’il était diabétique et on a mis ses écarts sur le compte du stress. Il porte bien un patch lecteur de glycémie mais il est codé avec l’appareil de lecture et il ne l’avait pas sur lui, c’est courant.

    - Si c’est important je peux contacter une amie qu’elle essaie de chercher ce lecteur ?

    - Pas nécessaire.

    - Côté pompe j’ai regardé l’historique : elle était en panne depuis 18 heures hier soir et comme il avait forcément mangé puisque l’agression a eu lieu à 22 heures 39…

    - Comment pouvez-vous le savoir ?

    - J’ai regardé l’historique de sa géolocalisation.

    - Ah vous aviez le code d’accès ?

    - Oui, bien entendu !

    - Ah, enfin cela ne me regarde pas…

    - Mais pas de problème, JR est aussi mon amant, pas que mon client.

    - Excusez-moi !

    - Pas de soucis, nous n’avons éventé aucun secret.

    - Par contre les gendarmes seront intéressés, ils ont déjà téléphoné et vont venir nous entendre.

    - Savez-vous quand ?

    - On leur a proposé fin d’après-midi, après l’intervention.

    - Si vous le permettez je serai présente également.

    Elle reviendrait donc en fin d’après-midi, le temps de faire le point avec Carole, peut-être ? Et ce super ami de JR quelle efficacité. Elle repartit à rêver de ces hommes de la trempe de JR, fiables dans la vie et son adversité jusqu’à la mort, de vrais amis donc après toutes ces années. Et elle ressentit encore un frisson en son sein ? Le souvenir de leur dernière étreinte qui ne datait que de quatre jours.

    - Aurais-je été sa dernière ? Envisagea-t-elle avec effroi en même temps qu’une certaine fierté mêlée de complaisance satisfaite.

    Chapitre cinq

    Les gendarmes retournent sur les lieux

    Marie-France Laforêt, de retour à la brigade, n’était pas satisfaite. Certes elle avait, en faisant bien son travail, en gros sauvé les meubles si l’on peut dire, mais ce n’était pas correct. Elle allait assurer ses arrières avec la hiérarchie et téléphona de suite à Wissembourg. L’adjudant, secrétaire du commandant de groupement fit barrage, c’est sa fonction, mais opiniâtre, elle réussit à joindre le Grand chef.

    - Commandant, Adjudant Laforêt, à l’appareil !

    - Oui, MF, c’est vous qui avez réveillé nos services ce matin, tout un remue-ménage dans la caserne en cette fin-août ? plaisanta-t-il.

    - Oui, chef, car cela parait être une affaire pouvant nous valoir des ennuis.

    - A savoir ? Vous savez que vous avez mon entier soutien.

    - Il ne s’agit pas de ma personne, Je me permets de résumer :Au départ alerte par le 17 du policier municipal : découverte d’un mort, manifestement mort violente, participation d’un tiers. Par sécurité je demande les pompiers, déjà lancés par le 17. Jusque-là OK. J’arrive en même temps que les pompiers, un FS, tout le monde bras ballants, pas de public. Je vais examiner le corps, il n’est pas mort.

    Rappel des pompiers, VSAB et comme nous avions déjà perdu trois quarts d’heures, je force le SAMU et l’hélico : une heure plus tard le blessé, toujours dans le coma est à Hautepierre.

    - Très bien réagi !

    Certes, mais le pire vient lorsque j’ai appelé l’hôpital pour un diag précis il y a un quart d’heure, les médecins, le jeune du SMUR et l’anesthésiste de l’hélico n’étaient pas d’accord, à Hautepierre on me dit que la victime est elle-même médecin, qu’une huile était déjà intervenue et que le professeur avait été rappelé pour l’intervention en urgence.

    - Cela ne nous rend tout de même pas responsables. Mais, MF, vous faites bien d’être attentive, rassemblez tous les éléments au mieux, c’est vous la patronne, je donne les ordres qu’on ne vous refuse rien.

    - Merci, chef.

    Elle voulait son soutien, elle l’avait eu, mais aussi encaissé l’entière responsabilité de l’enquête. Il fallait d’urgence qu’elle retourne sur les lieux. Elle rassembla l’équipe. Qu’avaient-ils au juste.

    Des contacts mais rien de tangible. Elle emmènerait Nadine comme chauffeur. Elles iraient revoir les lieux du délit, confronteraient le couple, ces Gast, qui s’occupaient de l’entretien et qui connaissaient à coup sur les lieux. Puis avec Nadine, elles récupéreraient à Haguenau au siège de cette nébuleuse JRK, les coordonnées de tout ce qui tournait autour de ce JR qui se dessinait comme une personnalité complexe non dénuée de relations, mais peut-être aussi de zones d’ombres moins avouables. Mais si tous les humains à personnalité complexe devaient se faire agresser… Après Haguenau, elle se rendraient à l’hôpital de Hautepierre.

    Avec un peu de chance elles pourraient même avoir accès à la victime au réveil de son anesthésie… On peut toujours rêver, ou alors elles y retourneraient demain. D’ailleurs…

    Hubert et son collègue Fourcard recevraient Mélanie et convoqueraient aussi son mari. Ils réentendraient Georges le policier municipal.

    Elle demanda à son équipe un travail consciencieux. Ceux qui avaient pris des photos des lieux les firent défiler sur l’écran de la salle de réunion.

    D’abord le portail, entrouvert avec le corps gisant à plat ventre de travers de sorte qu’on ne savait pas s’il était tombé en entrant, poussé et frappé après sa chute ou si la manip s’était produite alors qu’il revenait sur ses pas ou du perron pour ouvrir le portail et ranger sa voiture ?

    Le photographe avait fait ensuite de nombreux clichés tout autour du corps qu’on agrandissait maintenant à loisir et oui à droite de la tête, il y avait à côté de la flaque de sang et un petit peu recouvert par celle-ci, une excavation oblongue dans le gravier comme d’un tuyau qui aurait servi à frapper l’homme déjà à terre ? C’était une piste et on cherchait désormais une arme, barre, tuyau qui porterait le sang de la victime et on pouvait

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