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La bête des neiges: La bête des neiges
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Livre électronique222 pages3 heures

La bête des neiges: La bête des neiges

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À propos de ce livre électronique

Une créature provenant des confins du Nord a été sommée par Gudrún de détruire le royaume de Wulfgar. Sur son chemin, elle sème la mort et la désolation. Seul Kari fils de Ragnar sait pourquoi la créature voyage vers le comté. Sa mère, la sorcière, souhaite mettre à l’épreuve les dons d’enchanteur de son fils et constater les pouvoirs qu’il a hérités d’elle. Kari devra affronter la puissance qui est propre aux Voyageurs des Neiges et ses craintes afin de vaincre la malédiction de Gudrún. Il a besoin que ses amis soient à ses côtés, qu’ils lui fassent confiance. Toutefois, seule Jessa semble à la hauteur de ses espérances. Il s’en suivra une véritable guerre psychologique visant à éprouver le courage et la loyauté de tous ainsi que des luttes intestines qui devront à tout prix être remportées...
LangueFrançais
Date de sortie15 mai 2013
ISBN9782896839568
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    Aperçu du livre

    La bête des neiges - Catherine Fisher

    Joseph

    UN

    Les vagues, quand le souffle

    De la tempête les agite,

    S’y élèvent en masses

    Sombres vers les nuages

    Jusqu’au moment où le ciel s’obscurcit

    Et laisse couler ses larmes.

    La créature voyageait rapidement vers le sud. Toute la nuit, elle avait traversé un blizzard, laissant brièvement ses empreintes dans la toundra, avant que la neige ne les recouvre. Elle était un grand spectre courant sur les glaciers et une ombre qui s’agitait sous les cieux sombres et gelés.

    La faim la poussait à aller de l’avant. Une faim qui la tenaillait, la torturait. Et une voix. Une voix froide et claire provenant du plus profond des ténèbres immémoriales. Une voix qui avait capturé et rassemblé un à un les atomes constituant la bête à l’aide de sortilèges, de mots et de runes. Puis, cette voix l’avait envoyée vers le sud, tourmentée par un sentiment de vide que rien ne pouvait combler. La créature ne savait pas à qui cette voix appartenait. En fait, elle savait très peu de choses. Elle ignorait même où elle allait.

    La bête émit un grondement sourd qui résonna dans le gouffre de glace où elle se trouvait. La neige s’abattait sur elle, passant à travers son corps sans heurt. Elle escalada les parois glacées et fit une pause, regarda vers le nord et ressentit une certaine inquiétude. Mais la voix était toujours là, un murmure insistant. La créature fit demi-tour et dévala la montagne en courant.

    Il y avait quelques jours de cela, elle avait mangé une chose à plumes qu’elle avait trouvée sur un lac gelé. Mais cette pitance était nauséabonde et sans saveur, rien de plus qu’un squelette aux os curés. Elle avait vu des formes argentées filer sous la glace, hors de portée. Sans plus réfléchir, la bête des runes avait repris sa route. La lueur des étoiles était visible à travers son corps.

    Soudain, elle s’arrêta et leva la tête.

    Des formes sombres s’élevaient sur la colline au loin. La créature n’avait jamais rien vu de

    tel. Les formes se dressaient là, énormes et rigides, soupirant dans la bise. La voix fit tomber un mot, comme une goutte d’eau froide, dans l’oreille de la bête.

    Arbres.

    La créature se rendit vaguement compte que l’air avait changé au fil des kilomètres parcourus. Plusieurs jours auparavant, aux confins du Nord, les vents étaient glaciaux et il ne s’y trouvait que des montagnes de neige, un vide gelé. Maintenant, il faisait moins froid. Des choses poussaient ici.

    La créature des runes reluisit entre les arbres et s’arrêta de nouveau, au plus profond des ombres. La forêt était plongée dans le silence. Il s’y trouvait de nombreuses odeurs inédites qui accentuaient sa faim vorace : le parfum du pin, celui du bois et des feuilles en décomposition, l’odeur des champignons, les riches senteurs de la décrépitude. Et, plus loin, des parfums plus subtils de musc.

    Des animaux.

    La voix lui avait parlé des animaux, de la saveur de la viande et de la douce chaleur du sang.

    La bête prit de la vitesse, se faufilant avec hâte entre les arbres du sous-bois. La neige tombait toujours sur son corps, sans faire de bruit.

    DEUX

    Tous les objets précieux

    Qui avaient été dérobés au trésor.

    Oh ! Le poisson était frais, ça oui ! Elle se demanda si son repas était toujours en vie, tellement il semblait la fixer d’un œil torve tout en reposant dans son assiette de bois.

    La bière était encore pire. Avec détermination, elle en avala une lampée, puis se retourna vers l’homme assis sur un escabeau qui raccommodait ses filets.

    — Vous pouvez me servir quelque chose d’autre à boire ? Même de l’eau ferait l’affaire.

    — De l’eau ? Vous allez vous empoisonner ma petite dame !

    — Je crois que c’est déjà fait, dit Jessa en vidant le pâle liquide sur le sol couvert de paille. Je n’offrirais même pas cette gadoue infecte à mon pire ennemi !

    Imperturbable, l’homme se leva et rangea son filet.

    — J’ai un autre baril de bière. Mais il vous en coûtera plus cher.

    — Évidemment, dit-elle en repoussant son plat à l’autre bout de la table. Pendant que vous y êtes, vous pouvez m’arranger ce poisson ? Faites-le cuire, de préférence. Si j’avais eu envie de poisson cru, j’aurais pu facilement en harponner quelques-uns moi-même.

    — Avec votre langue, elle est aussi fourchue qu’un harpon, maugréa l’aubergiste en hochant la tête, l’air revêche.

    Il ramassa l’assiette, dégoûté, et disparut derrière un rideau bleu.

    Un grand sourire aux lèvres, Jessa appuya ses coudes sur la table et posa le menton sur son poing. Ç’avait été une bonne journée au marché. Elle y avait fait de très bonnes affaires, les meilleures depuis un long moment. Ils avaient vendu tout leur bétail, et ses hommes avaient pu s’acheter des épices, du fil, du cuir et de nouvelles épées avant de repartir pour la ferme. Elle attendait Skapti, le filiforme et sarcastique poète du comte. En fait, il aurait déjà dû être là. Ils devaient naviguer jusqu’au comté en attrapant la prochaine marée. Elle avait bien hâte.

    Quelqu’un entra dans l’auberge. Elle leva les yeux, mais ce n’était pas le scalde. Il s’agissait d’un petit homme tout maigre. Il prit place dans un coin et commanda de la bière.

    Il faisait chaud dans la pièce et il y régnait une odeur de nourriture, de chiens et de fumée. Une foule de voyageurs, de vendeurs ambulants et de marchandes y avait afflué pendant toute la journée, mais elle était maintenant seule. Jessa regarda vers le quai. Le soleil était toujours au-dessus de l’horizon, une boule rouge et froide plongeant lentement dans les brumes vaporeuses de la mer. Les nuits commençaient déjà à raccourcir. Par la porte ouverte, elle pouvait apercevoir, dans la lumière blafarde du jour tombant, les quilles des barques retournées sur la grève. Des goélands se chamaillaient au-dessus des filets de pêche. Tandis qu’elle écoutait les chants des oiseaux, elle s’aperçut que les claquements métalliques provenant de la forge avaient cessé, plongeant le village dans un silence uniquement brisé par le son des vagues et des goélands.

    L’aubergiste revint et posa sans cérémonie le plat de poisson devant Jessa.

    — Il est bien cuit maintenant.

    — Plutôt carbonisé, dit-elle en picorant le poisson avec son couteau.

    — À peine.

    Il posa une chope de bière à côté de l’assiette et eut à peine le temps de se retourner avant de recevoir un coup brutal au visage. L’inconnu frappa l’aubergiste avec le manche de son poignard et ce dernier s’effondra, inconscient, entre les tables.

    À moitié debout, Jessa fut figée par la stupeur.

    Puis, elle se rassit lentement.

    — Très sage décision.

    Le maigrichon la considéra un instant. Il avait de petits yeux sombres et vitreux, son visage était étroit et une barbiche ornait

    son menton. Le portrait craché d’un rat.

    D’un geste, il saisit le manche de son arme et en pointa la lame vers Jessa.

    — Lève-toi. Va près du mur. Ne crie pas.

    Elle se leva et essaya d’attraper son couteau qu’elle avait laissé derrière elle.

    — N’y pense même pas !

    Il lui agrippa le bras et la poussa.

    — Allez !

    Jessa se libéra furieusement de son étreinte. Elle se rendit jusqu’au mur et se tint bien droite, blanche de rage. Or, elle devait garder son calme. Elle devait attendre le bon moment pour l’attaquer, un moment qui ne se présenterait pas deux fois.

    L’homme courut jusqu’à la porte, la ferma

    et laissa tomber la longue barre de bois dans le loquet. La pièce fut plongée dans la pénombre, la fenêtre étant désormais la seule source

    de lumière. Heureusement, il n’avait pas pensé à fermer les volets. Le voleur s’agenouilla à côté de l’aubergiste et, de sa main libre, fouilla adroitement les poches de sa victime.

    — Il est mort ? demanda brusquement Jessa.

    — Pas encore.

    Il retira une poignée de pièces des vêtements de l’homme et les fourra dans une bourse de cuir qu’il gardait autour du cou. Puis il retourna le corps de l’aubergiste.

    — Il est bien engraissé, comme tous ceux de son métier, maugréa-t-il en jetant rapidement un regard mauvais à Jessa. Pourquoi es-tu restée après tous les autres ?

    — J’attends quelqu’un, répondit-elle fermement.

    Elle jeta de brefs coups d’œil aux alentours, s’assurant de toujours croiser le regard du voleur quand il levait les yeux vers elle.

    — Il arrivera bientôt.

    — Ah oui ?

    — Pourquoi serais-je encore ici, sinon ?

    Il ne l’écoutait plus. Il se releva et enjamba l’aubergiste inconscient.

    — Où cache-t-il son argent ?

    — Je n’en ai aucune idée, rétorqua-t-elle froidement.

    Tout à coup, le maigrichon courut jusqu’au foyer et jeta par terre tout ce qui s’y trouvait d’un coup d’avant-bras, envoyant choir pots et marmites. Il se mit à fouiller partout. Il ouvrit un coffre qui se trouvait tout près, en retira les vêtements, ceintures, filets et autres hameçons qu’il contenait et jeta tout dans les cendres du foyer.

    Jessa fit un pas vers la fenêtre.

    — Ne bouge pas !

    Il se redressa, tenant une cassette métallique. Il enfonça la pointe de son poignard sous le couvercle et le força. Puis il arbora un large sourire, dévoilant de nombreuses dents cassées.

    Jessa fit furtivement un pas en avant. Skapti devait arriver d’une seconde à l’autre ! Et pourtant, ce ne serait peut-être pas une si bonne chose. Le poète ne se douterait de rien et ce saligaud avait l’air prêt à tout, même au meurtre. Elle lui jeta un coup d’œil, mais il était absorbé par la pluie de pièces d’argent qu’il faisait couler entre ses doigts crasseux.

    — Tu ferais mieux de filer maintenant que tu as obtenu ce que tu voulais. Mon ami sera là sous peu.

    Il referma brusquement la cassette et se précipita vers Jessa. De près, sa peau était grise de saleté et son haleine empestait.

    — Toi aussi tu dois avoir des pièces, non ? Après tout, le cuir fin de tes bottes et de ton manteau n’est pas donné, dit-il en plissant les yeux. Tu m’as l’air d’une jeune fille bien riche.

    Jessa soutint froidement son regard.

    — Je t’avertis, l’homme qui doit venir à ma rencontre est un homme du comte. C’est le poète du comte en personne. Nous sommes amis.

    Elle avait cru que cette révélation ferait hésiter son assaillant, mais, à sa grande surprise, il lui fit un sourire.

    — Le comte Wulfgar en personne ! Donc, nous sommes tous les deux amis avec des gens importants. Contente-toi de me donner ton argent !

    — Kari fils de Ragnar est aussi mon ami, lança-t-elle à tout hasard.

    Une expression furtive d’inquiétude, voire de peur, passa sur le visage de l’homme.

    — Le sorcier ? Le Voyageur des neiges ?

    Il toucha rapidement son amulette graisseuse.

    — Quel dommage qu’il ne soit pas ici !

    — Il peut voir ce qui se passe au loin. Peut-être nous observe-t-il en ce moment. Il ne t’oubliera pas si c’est le cas.

    L’homme la scruta nerveusement. Il se lécha les lèvres, puis dit :

    — Je vais courir le risque. Donne-moi ta bourse, ordonna-t-il en tendant la main.

    Son couteau renvoya la lueur des flammes. Jessa serra les poings, désespérée.

    Mais avant qu’elle ne fasse un mouvement, du bruit parvint de la porte d’entrée. On souleva le loquet.

    — Il y a quelqu’un ? demanda-t-on.

    Jessa fit demi-tour mais, en un éclair, l’homme au visage de rat avait posé sa lame contre la gorge de la jeune fille.

    — Ne dis rien, siffla-t-il.

    La porte trembla sous les coups de Skapti.

    — Jessa ! Thorgard ! Ouvrez !

    Elle pouvait sentir le souffle chaud de l’homme derrière son oreille et voir la saleté incrustée sous les ongles de sa main qui tenait le couteau. Il n’était pas plus grand qu’elle et plutôt maigrelet, mais il était nerveux et robuste. Elle le maudit en silence.

    Dehors, Skapti traîna les pieds devant l’auberge. Puis ils l’entendirent s’éloigner. Jessa en fut presque complètement désespérée. Elle savait que sa dernière chance était en train de s’en aller avec le poète et qu’elle devait impérativement agir tout de suite. Audacieusement, elle s’éloigna de l’homme.

    — D’accord. Tu peux avoir mon argent.

    Il la regarda sortir sa bourse de la poche intérieure de son manteau et la soupeser à contrecœur. Il fit un pas en avant en arborant une grimace ressemblant à un sourire et, sans hésiter, Jessa lança la bourse de toutes ses forces. Alors que le voleur s’efforçait de l’attraper, elle poussa une table contre lui et la souleva de manière à ce qu’elle se renverse sur lui en un grand fracas. L’homme était couvert de sel, de bière et de poisson carbonisé. Elle se précipita vers la fenêtre ouverte. Elle était à moitié sortie quand elle entendit le son mat du couteau qui se logea dans le bois, à quelques centimètres d’elle. En hurlant de colère, elle se jeta enfin à l’extérieur, se releva et courut dans l’obscurité vers les quais.

    — Skapti ! Skapti, attends !

    La silhouette dégingandée du poète se rapprocha d’elle.

    — Jessa, est-ce toi ?

    — Il est armé ! Dépêche-toi !

    Le scalde l’enlaça et prit les devants. Il dégaina son épée, essayant d’apercevoir quelque chose dans la pénombre.

    — Qui est armé ?

    Jessa raconta rapidement ce qui venait de lui arriver.

    — Il est seul ?

    — Oui.

    — Il ne t’a pas fait de mal ?

    — Non, je vais bien. Mais ce rat a volé tout mon argent.

    Le scalde lui décrocha un sourire et dit :

    — Nous ferions mieux d’aller le récupérer. Allons ! Quoiqu’il ait probablement déjà pris la fuite, dit-il en frottant son long nez. J’avoue qu’un recoin peu héroïque de mon cœur le souhaite.

    — Pas moi ! Je surveille tes arrières.

    Ils remontèrent le quai jusqu’à l’auberge. Jessa pouvait entendre les planches craquer sous leurs pas et les vagues lécher les poutres de bois.

    La porte était grande ouverte. Skapti regarda de tous les côtés, puis fit un bond à l’intérieur, son long visage anguleux éclairé par les lueurs mourantes du foyer. Il se redressa.

    — Désolé Jessa. Ton rat s’est enfui.

    Elle se précipita dans la pièce. Tout était en désordre, les tables renversées, la nourriture dans la paille. Frustrée, elle renversa une chaise d’un coup de pied.

    — Si seulement je ne lui avais pas lancé ma damnée bourse ! Comme j’ai été bête et stupide ! Elle contenait aussi l’argent de Wulfgar.

    — Tu n’avais pas le choix. Il était armé. Pas toi.

    — Oui, il y a cela aussi. « Aie toujours deux couteaux sur toi », disait mon père.

    — Un homme sage.

    — Si jamais je revois ce sale rat…

    — J’en serais fort étonné. Nous partons ce soir avec la marée.

    Skapti s’agenouilla près de l’aubergiste qui gémissait et le retourna de manière à ce qu’il soit étendu sur le dos.

    — Va chercher de l’eau pour ce gaillard… Et un peu de sa bière.

    — Sa bière ? maugréa-t-elle avec amertume. Cela suffira probablement à l’achever.

    TROIS

    C’était le plus beau des édifices sous le ciel

    Et c’est là que se

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