Au-delà du masque
Par David Ward
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À propos de ce livre électronique
David Ward
David Ward is an established lawyer practicing in Sheffield and specializing in insolvency and dispute resolution. He has been cycling since his teenage years both in the UK and in continental Europe.
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Aperçu du livre
Au-delà du masque - David Ward
Copyright © 2006 David Ward
Titre original anglais : Beyond the Mask
Copyright © 2015 Éditions AdA Inc. pour la traduction française
Cette publication est publiée en accord avec Scholastic Canada Ltd.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Traduction : Renée Thivierge
Révision linguistique : Nicolas Whiting
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Catherine Vallée-Dumas
Conception de la couverture : Matthieu Fortin, Mathieu C. Dandurand
Illustration de la couverture : © David Sourwine
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier 978-2-89752-495-1
ISBN PDF numérique 978-2-89752-496-8
ISBN ePub 978-2-89752-497-5
Première impression : 2015
Dépôt légal : 2015
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7
Téléphone : 450-929-0296
Télécopieur : 450-929-0220
www.ada-inc.com
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Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Ward, David, 1967-
[Beyond the mask. Français]
Au-delà du masque
(La trilogie du masque ; 3)
Traduction de : Beyond the mask.
Pour enfants de 8 ans et plus.
ISBN 978-2-89752-495-1
I. Thivierge, Renée, 1942- . II. Titre. III. Titre : Beyond the mask. Français.
PS8595.A69B4914 2015 jC813’.6 C2014-942690-9PS9595.A69B4914 2015
Diffusion
Canada : Éditions AdA Inc.
France : D.G. Diffusion
Z.I. des Bogues
31750 Escalquens — France
Téléphone : 05.61.00.09.99
Suisse : Transat — 23.42.77.40
Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99
Conversion au format ePub par:
Lab Urbainwww.laburbain.com
Pour Tess
Remerciements spéciaux à Ron Jobe, Tracy Zuber, Scott Treimel et Sandy Bogart Johnston.
* 1 *
Les cavaliers arrivèrent à cheval. Pas moins de vingt montures trottaient à travers les arbres clairsemés et la prairie, descendant vers le village qui ne se méfiait pas. Tous étaient des guerriers expérimentés — leurs capes de combat tachées par l’eau, le soleil, le sang et le temps se mêlaient aux bois sombres de chaque côté d’eux. Il n’y avait aucun casque commun sur leurs têtes, mais plutôt une vulgaire collection dérobée aux hommes morts au combat dans les batailles passées. C’était la façon de faire d’une armée impitoyable et téméraire. C’était l’a façon de faire de l’Extérieur.
— Nous arrivons trop tard, murmura Voleur. Il y aura un massacre. Nous devrions partir.
Il tendit la main devant sa bouche pour dissimuler le nuage créé par son souffle. Il faisait froid dans ce pays. Plus froid que ce qu’avait dit Pippa.
Je fourrai mes mains engourdies profondément dans mon manteau. Les paroles de Voleur montraient son inquiétude, mais je ne répondis pas. Pippa nous avait menés jusqu’ici sans désastre, et je n’étais pas pressé d’agir contre sa volonté. Pas après que nous fûmes venus de si loin et que nous eûmes voyagé si longtemps.
Les yeux de Pippa observaient la grossière colonne de soldats.
— Il reste assez de temps pour prévenir le village, dit-elle.
J’évaluai la distance entre les premiers chevaux et la pente finale. La pâle lumière de l’aube émergeait au-delà de la sur-face de l’eau et s’unissait à la demi-lune pour éclairer le chemin des cavaliers.
— Pas beaucoup de temps, Pippa. Nous sommes dix et à pied. Si nous nous dépêchons, nous pourrons prévenir les villageois assez rapidement pour qu’ils puissent se défendre. Mais pas pour qu’ils s’échappent. Il y a peu d’endroits là-bas pour se cacher de ces hommes à dos de cheval.
Des arbres vert foncé, plus grands que tous ceux que nous avions vus à Grassland, nous dissimulaient. Un brouillard se déversait de la mer et reposait au-dessus des champs voisins comme la fumée d’un foyer. Je pinçai les lèvres. L’endroit était froid et tout était humide, mais il débordait de verdure et de terre fraîche. J’étais reconnaissant pour les manteaux chauds que nous avions trouvés dans le bateau qui nous avait emmenés ici.
Pippa suivit mon regard. C’était un petit village : pas plus de dix petites habitations nichées entre les montagnes et la mer. Les maisons se regroupaient autour d’une allée centrale, et des arbres entouraient le village de tous côtés comme des mains en coupe autour d’un bol. Il y avait aussi des fermes, mais il était difficile d’y accéder, et elles étaient très espacées. On les avait habilement installées, comme sur des marches, dans les flancs escarpés des montagnes. La meilleure prise était le village où il y avait de la nourriture, de l’eau et bien d’autres butins que les pillards pourraient traîner avec eux.
Je soulevai le menton de Pippa.
— As-tu envie de tout risquer pour un village sans savoir si c’est vraiment le tien ?
Ses yeux, si verts, me fixèrent à leur tour avec la confiance d’un soldat.
— As-tu besoin de le demander ?
Une main brune et chaleureuse se posa sur mon épaule, et Feelah s’agenouilla à côté de nous.
— Coriko. Pourquoi devons-nous tous y aller ? Pourquoi ne pas tout simplement y aller à deux ? Les petits n’ont pas besoin de voir une autre bataille. Mon Voleur et toi, allez-y. Criez et faites du bruit, puis mettez-vous à courir vers les bois. Vous serez partis avant l’arrivée des pillards, et tous les gens du village seront debout avec les armes qu’ils ont en leur possession.
Elle haussa les épaules.
— Alors, au moins, nous aurons fait ce que nous pouvions.
Pippa haussa les sourcils. Voleur hocha la tête. Je tournai mon attention vers l’endroit où Bran veillait sur les petits. Il lui était difficile de ne pas pouvoir discuter des plans. Il parlait même de mieux en mieux la langue qui nous unissait tous : la langue des guerriers et des esclaves, la langue des Lanciers, qui nous avaient si longtemps tenus en esclavage. À quand cela remontait-il ? Le printemps et l’été avaient passé. L’hiver, dans toute son amertume, nous avait empêchés d’explorer plus au nord, et nous passions nos journées à chercher de la chaleur.
Pendant plus de trois saisons, nous avions vécu dans ce pays, cherchant en vain le village d’où Pippa avait été enlevée quand les Lanciers l’avaient prise et emmenée à Grassland. Les souvenirs de Pippa se clarifiaient de plus en plus : des noms de lieux, de lacs, de montagnes. Mais ils étaient comme une carte dessinée par un enfant — confus et sans aucune compréhension des distances.
Je jetai un coup d’œil à mes compagnons. Nous étions un groupe fatigué et déguenillé. Nos vêtements, trempés par la mer, blanchis par le soleil et battus par l’hiver, étaient au mieux mal ajustés. Le bateau que nous avions pris à Grassland semblait s’amenuiser chaque jour. Au point où j’en étais, je détestais même le regarder.
Le front plissé, Bran me dévisagea. Je lui signalai Viens. Il se tint très bas et se précipita de mon côté.
— Qu’est-ce qu’on va faire ?
Il avait utilisé la langue du Nord — une langue, j’en prenais conscience, que les personnes qui dormaient dans le village plus bas utilisaient peut-être.
— Feelah a dit qu’il fallait que seulement deux d’entre nous aillent prévenir le village. Les autres resteront ici. Je doute que les pillards aillent dans les bois, alors vous devriez être en sécurité ici. À travers la prairie, il y a un chemin qui mène directement au fjord.
Il plissa les yeux.
— Tu veux dire que nous serons trois à descendre.
Je grognai.
— Si un des petits se met à crier, ou alors que des éclaireurs sont envoyés vers les arbres, nous avons besoin que tu sois ici. Vous devez les emmener plus profondément dans les bois ou retourner au bateau. Par ailleurs, tu ne sais pas encore manier une épée. Tu pourrais tout aussi bien me couper comme si j’étais un des pillards !
Pippa nous interrompit.
— C’est mon village. Du moins, de tout mon cœur, je crois que ce l’est. Vois-tu ce bâtiment ? Le plus proche de la mer ?
Je hochai la tête.
— Passé le village, au-delà de la pente ?
— Oui. Je l’ai vu avant ; j’en suis certaine.
Elle prit une profonde inspiration.
— Feelah a raison. Nous ne devrions pas mettre tout le monde en danger à cause de moi. Coriko et moi devons y aller.
— Je n’aime pas ça, grogna Voleur. Nous avons déjà été en danger. Et ce n’est pas le premier village que nous avons cru être celui de Pippa. Il n’est pas différent des autres. Coriko et moi devons y aller. Il pourrait y avoir de la bataille.
Pippa frappa le sol.
— C’est le village. Je le sais !
Nous nous regardâmes, Voleur et moi. Je ne me souvenais pas du nombre de fois où nous avions rampé à travers les champs et où nous nous étions glissés dans les villes tout au long de cette côte pour finir par découvrir que nous n’avions pas trouvé la maison de Pippa. Et nous ne pouvions pas demander où son village se trouvait, étant donné qu’elle ne se souvenait plus de son nom. Elle savait qu’elle se souviendrait du nom si elle l’entendait, mais maintenant, ce n’était pas utile pour nous.
Lorsque le nombre des journées passées depuis notre départ de Grassland avait dépassé les cent cinquante, j’avais cessé d’espérer trouver des noms, et j’avais plutôt essayé de faire voir à Pippa le plus de villages possible. Il lui faudrait le voir, et pourtant, il semblait y avoir une infinité de petits villages le long de cette côte. L’été était devenu l’automne, puis l’hiver, et nous n’avions toujours rien trouvé.
Même Bran avait joué son rôle. Il se mêlait aux enfants de villages étrangers pour poser des questions ou pour voler de la nourriture. Nous en apprenions plus à chaque endroit que nous visitions, mais nos débarquements étaient de plus en plus dangereux. Il était difficile de faire taire les petits et encore plus de les nourrir. Il nous fallait un approvisionnement régulier en nourriture pour diminuer le risque d’être pris. Mes compétences en chasse avec un arc et des flèches s’étaient aguerries, mais certains jours, aucun être vivant ne montrait poil ou plume. Le pire de tout, c’était que Bran était revenu avec des nouvelles horribles au dernier port : un bateau avec une voile orange avait jeté l’ancre dans la baie et avait envoyé un débarquement dans la ville. Bran avait appris que les guerriers à capes noires cherchaient un groupe de jeunes, deux garçons habiles à l’épée et deux filles, l’une avec des cheveux noirs, l’autre avec des cheveux comme le soleil. Ils donnaient des pièces à tous ceux qui avaient des informations. Je tremblais à l’idée que les Lanciers nous trouvent et nous ramènent à Grassland. C’était aussi une source de confusion d’entendre dire que des Lanciers étaient débarqués au vu et au su de tous dans une zone qu’ils avaient déjà pillée, même si nous savions qu’ils faisaient aussi le commerce de leurs tessons. Étaient-ils de moins en moins guerriers, comme l’espérait Pippa ? J’en doutais.
Je touchai Pippa, et je murmurai :
— Voleur a raison ; laisse-nous y aller. Il n’y a pas de place pour les robes aux jolies couleurs. Ce n’est probablement pas ton village. Pourquoi devrions-nous tout risquer ? Si les Lanciers ont envoyé des navires à notre recherche, cela ne peut signifier que Marumuk a changé d’avis à propos du fait de nous laisser partir.
— Nous ne savons pas si c’est pour cette raison que les navires des Lanciers sont à notre recherche, répliqua Pippa.
Voleur fit une grimace.
— Marumuk ne les a pas envoyés pour nous apporter des présents ! Il est en colère de nous avoir laissés partir. Peut-être qu’il n’écoute plus les conseils de Tia. Marumuk a peur que nous révélions les secrets de Grassland.
Je savais plus que quiconque que mon ancien maître était en colère contre nous. Il avait montré cette déception la dernière fois que nous nous étions affrontés dans les tunnels, sous la montagne de Grassland. Et pourtant, le puissant Marumuk — le plus grand chef que les Lanciers aient connu — s’était laissé convaincre de nous laisser partir. Même après avoir passé tous ces mois à nous former, Voleur et moi, et à nous choisir pour ses raids. Non, les secrets de Marumuk étaient en sécurité. Je ne pouvais imaginer pourquoi il nous cherchait, maintenant.
— C’est le village, fit valoir Pippa. C’est mon village. Et les gens sont en danger.
— Nous perdons du temps, prévint Voleur. Regardez ! Les pillards sont rendus à la moitié de la pente.
Déjà, les pillards se frayaient un chemin à travers les arbres dégarnis, et ils exhortaient leurs chevaux à se mettre au trot. La brume s’accrochait aux pieds des chevaux comme s’ils filaient sur des nuages.
— Taisez-vous, tous les deux ! ordonna Feelah. Écoutez Pippa et partez ! Tout de suite !
Elle tira fort sur ma natte et me força à me lever de la terre froide.
Je saisis Pippa, et je la tirai plus profondément dans les arbres en même temps que je criais par-dessus mon épaule :
— Restez ici. Attendez-nous. Nous reviendrons avec des nouvelles. Voyez à ce que les petits soient en sécurité.
— Sois sage, Coriko ! murmura Feelah.
Dans la prairie, les chevaux avaient l’avantage de courir sur l’herbe courte et les fougères sans que quoi que ce soit les ralentisse. Pippa et moi repoussions les branches de nos visages en évitant les doigts fourchus des arbres et le sol inégal, où les racines qui se soulevaient menaçaient de nous faire trébucher. L’odeur de la terre emplissait l’air, et des branches chargées de pluie trempaient nos vêtements.
— Plus vite, Pippa ! haletai-je.
Le bruit du tintement des harnais se joignit au martèlement de nos pieds.
— C’est ce que je fais !
Ses mots sortaient difficilement à chaque respiration.
— Je n’ai pas été formée comme toi pour être soldat.
— Cours !
Avec le poids de nos capes, il était difficile de nous déplacer librement. S’il n’avait pas fait si froid, je me serais débarrassé de la mienne bien avant. Bien entendu, les jambes de Pippa s’emmêlaient également dans la sienne.
Tant que nous restions dans les bois, je ne craignais pas que nous nous fassions attraper. Les soldats visaient le village et ne perdraient pas de temps à chasser des enfants à travers les arbres. Mais lorsque nous arriverions à ciel