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La Madone de l’avenir
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Livre électronique49 pages45 minutes

La Madone de l’avenir

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La Madone de l’avenir est une nouvelle de l’écrivain américain Henry James publiée en 1873.
Extrait
| I
L’histoire que je vais raconter me rappelle ma jeunesse et mon séjour en Italie, — deux beaux souvenirs. J’étais arrivé à Florence assez tard dans la soirée, et en achevant de souper, je me dis qu’un Américain qui débarque dans une pareille ville ne doit pas l’insulter en se mettant vulgairement au lit sous prétexte de fatigue. Je me levai donc, et je suivis une rue étroite qui s’ouvrait non loin de mon hôtel. Dix minutes après, je débouchai sur une grande piazza déserte qu’éclairaient les pâles rayons d’une lune d’automne. En face de moi se dressait le Palazzo-Vecchio, avec sa grande tourelle qui s’élance comme un pin au sommet d’une colline escarpée. Au bas de l’édifice se dessinaient vaguement des sculptures, et je m’approchai afin de les examiner. Une des figures que j’avais entrevues, placée à gauche de la porte du palais, était un magnifique colosse qui semblait lancer un défi aux passants. Je reconnus bien vite le David de Michel-Ange. Éclairée comme elle l’était, cette image de la force prenait un aspect sinistre, et ce fut avec une sorte de soulagement que je détournai les yeux pour contempler une statue de bronze posée sous la loggia, dont les élégantes arcades forment un si charmant contraste avec l’ensemble massif du palais. Rien de plus vivant, de plus gracieux que cette statue ; le personnage conserve un certain air de douceur, bien que le bras nerveux qu’il allonge tienne une tête de Gorgone. Ce personnage a nom Persée, et vous trouverez son histoire, non pas dans la mythologie grecque, mais dans les mémoires de Benvenuto Cellini.
Tandis que mon regard allait de l’une à l’autre de ces belles œuvres, je témoignai sans doute mon admiration par quelques paroles involontaires, car un individu que l’obscurité m’avait empêché d’apercevoir se leva sur les marches de la loggia et s’adressa à moi en très bon anglais. C’était un petit homme maigre, vêtu d’une sorte de tunique de velours noir (autant que je pus en juger) et coiffé d’une barrette moyen âge, d’où s’échappait une masse de cheveux rouges. Il me pria d’un ton insinuant de lui communiquer « mes impressions. » Je lui trouvai un air à la fois bizarre et pittoresque. On aurait été tenté de le prendre pour le génie de l’hospitalité esthétique, si en général ce génie-là n’accueillait les voyageurs sous la forme d’un guide dont la mise et l’allure sont celles d’un pauvre honteux. Cependant la brillante tirade que me valut mon silence embarrassé rendait l’hypothèse assez plausible...|

 
LangueFrançais
Date de sortie21 déc. 2019
ISBN9782714903754
La Madone de l’avenir
Auteur

Henry James

Henry James (1843-1916) was an American author of novels, short stories, plays, and non-fiction. He spent most of his life in Europe, and much of his work regards the interactions and complexities between American and European characters. Among his works in this vein are The Portrait of a Lady (1881), The Bostonians (1886), and The Ambassadors (1903). Through his influence, James ushered in the era of American realism in literature. In his lifetime he wrote 12 plays, 112 short stories, 20 novels, and many travel and critical works. He was nominated three times for the Noble Prize in Literature.

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    Aperçu du livre

    La Madone de l’avenir - Henry James

    édition2

    I

    L’histoire que je vais raconter me rappelle ma jeunesse et mon séjour en Italie, — deux beaux souvenirs. J’étais arrivé à Florence assez tard dans la soirée, et en achevant de souper, je me dis qu’un Américain qui débarque dans une pareille ville ne doit pas l’insulter en se mettant vulgairement au lit sous prétexte de fatigue. Je me levai donc, et je suivis une rue étroite qui s’ouvrait non loin de mon hôtel. Dix minutes après, je débouchai sur une grande piazza déserte qu’éclairaient les pâles rayons d’une lune d’automne. En face de moi se dressait le Palazzo-Vecchio, avec sa grande tourelle qui s’élance comme un pin au sommet d’une colline escarpée. Au bas de l’édifice se dessinaient vaguement des sculptures, et je m’approchai afin de les examiner. Une des figures que j’avais entrevues, placée à gauche de la porte du palais, était un magnifique colosse qui semblait lancer un défi aux passants. Je reconnus bien vite le David de Michel-Ange. Éclairée comme elle l’était, cette image de la force prenait un aspect sinistre, et ce fut avec une sorte de soulagement que je détournai les yeux pour contempler une statue de bronze posée sous la loggia, dont les élégantes arcades forment un si charmant contraste avec l’ensemble massif du palais. Rien de plus vivant, de plus gracieux que cette statue ; le personnage conserve un certain air de douceur, bien que le bras nerveux qu’il allonge tienne une tête de Gorgone. Ce personnage a nom Persée, et vous trouverez son histoire, non pas dans la mythologie grecque, mais dans les mémoires de Benvenuto Cellini.

    Tandis que mon regard allait de l’une à l’autre de ces belles œuvres, je témoignai sans doute mon admiration par quelques paroles involontaires, car un individu que l’obscurité m’avait empêché d’apercevoir se leva sur les marches de la loggia et s’adressa à moi en très bon anglais. C’était un petit homme maigre, vêtu d’une sorte de tunique de velours noir (autant que je pus en juger) et coiffé d’une barrette moyen âge, d’où s’échappait une masse de cheveux rouges. Il me pria d’un ton insinuant de lui communiquer « mes impressions. » Je lui trouvai un air à la fois bizarre et pittoresque. On aurait été tenté de le prendre pour le génie de l’hospitalité esthétique, si en général ce génie-là n’accueillait les voyageurs sous la forme d’un guide dont la mise et l’allure sont celles d’un pauvre honteux. Cependant la brillante tirade que me valut mon silence embarrassé rendait l’hypothèse assez plausible.

    — Je connais Florence depuis bien longtemps, monsieur, me dit mon interpellateur ; mais jamais je ne l’ai vue plus belle, plus vivante que ce soir. C’est que pour moi les fantômes des morts illustres viennent animer les rues désertes. Le présent est endormi ; le passé seul plane sur nous comme un rêve rendu visible. Figurezvous les vieux Florentins arrivant en couples pour juger la dernière œuvre de Michel-Ange ou de Benvenuto ! Quelle précieuse leçon, si l’on pouvait entendre leurs paroles ! Le plus modeste bourgeois d’entre eux, avec son bonnet de velours et sa longue robe, avait du goût. L’art régnait alors, monsieur. Le soleil brillait de tout son éclat, et ses larges rayons dissipaient les ténèbres ; nous, nous ne voyons qu’une supériorité dont le poids nous écrase. Le soleil a cessé de resplendir ; mais je m’imagine,… vous allez rire de moi…, je m’imagine que la clarté perdue nous illumine ce soir. Non, jamais le David ne m’a semblé plus grandiose, le Persée plus beau ! Cette atmosphère argentée par les rayons de la lune m’arrive imprégnée des secrets des maîtres, promettant de les révéler à quiconque se prosternera ici dans une pieuse contemplation ! — Mon intéressant rapsode remarqua sans doute mon air intrigué. Il rougit et se tut ; mais il ajouta bientôt avec un sourire

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