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La voie de l’ignominie
La voie de l’ignominie
La voie de l’ignominie
Livre électronique227 pages3 heures

La voie de l’ignominie

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À propos de ce livre électronique

S’inspirant d’un scandale ayant eu lieu au 19e siècle, Clarke dépeint adroitement le monde privilégié de la haute société victorienne, dans lequel Hugh se voit forcé par Lady Lillian, sa mère étouffante, à se conformer au regard que la société porte sur la sexualité. La nature curieuse et rebelle de Hugh pousse Lady Lillian à envoyer le jeune homme innocent en pension, à Thorndike Academy, pour y être éduqué selon l’étiquette anglaise. Au lieu de cela, sa scolarité éveille des désirs interdits pour un étudiant plus âgé, Edmund. Cependant, ce sera l’aventure de Hugh avec William, un prolétaire, qui le plongera dans l’angoisse tout autant que l’extase. Durant quelques temps, Hugh et William voyageront le long de la Côte d’Azur, lieu de plaisirs hédonistes, mais également du mépris et d’une profonde tristesse. Enfin, la plus grande peur de Lady Lillian se réalise ‒ la destruction de l’innocence de Hugh ‒, provoquant le déshonneur de son fils et son incarcération dans la prison de Reading. Rejeté et trahi, Hugh est alors entraîné dans les chambres sombres et miteuses d’une pension mal famée, un lieu où la consommation de drogue et les plaisirs sensuels sont débridés, et qui appelle également au meurtre.

LangueFrançais
Date de sortie6 mars 2019
ISBN9780463045169
La voie de l’ignominie
Auteur

Aaron J Clarke

Aaron Clarke was born in Queensland on 24th January 1973, the middle child of two sisters. Like many other children, he watch a lot of television. Then one day he changed the channel to the ABC and saw "A Midsummer Night's Dream". Immediately taken aback by the lyrical beauty, he wanted to emulate Shakespeare.Aaron enrolled at James Cook University to study chemistry and biochemistry. In his second year he experienced his first psychotic episode and was hospitalised for several months. A year later he returned to JCU as an English student and started writing short stories and poems, which have been published in student publications and on the Internet.Please contact me at < aaron.clarke@my.jcu.edu.au > to discuss your opinions regarding my work, as I would greatly appreciate your point of view. Please address your questions as 'Reader Feedback' in the subject line of your email. Thanks, Aaron.

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    La voie de l’ignominie - Aaron J Clarke

    La voie

    l’ignominie

    Aaron J Clarke

    © 2019 Aaron J Clarke

    Tous droits réservés

    Smashwords Edition.

    Traduit de l’anglais par Angélique Olivia Moreau.

    Titre original : The Road to Ignominy

    Ouvrages du même auteur

    L’Épiphanie d’une vie

    Le Baiser du pécheur

    Les Fleurs du printemps

    Avant la chute

    Pour Linda et Jocelyn que je remercie beaucoup pour leur amitié et leur soutien.

    Chapitre I

    Ce furent les bavardages et les coups de marteau du juge qui le tirèrent de sa rêverie. Cela étant, Hugh était déterminé à ne montrer aucun signe de faiblesse, car ces chacals ne manqueraient pas de se repaître de sa douleur s’il avait l’inconscience de mouiller ses cils d’une larme. Alors il serra les lèvres, essayant de ne pas exprimer la terreur que lui causait ce verdict que la bouche du juge s’apprêtait à prononcer. Il réfléchit un instant à la terrible situation dans laquelle il se trouvait et à la façon dont il s’était retrouvé là où il se tenait présentement : dans le box des accusés, la honte lui courbant la nuque. Puis il ferma les yeux, espérant revivre une fois encore cette époque chérie, alors qu’il plongeait amoureusement dans les beaux yeux de son amant. Toutefois, ce moment était passé et il était sur le point de dégringoler dans l’abîme que représentait la vie carcérale. Les yeux horrifiés de Hugh se posèrent successivement sur le juge puis sur la foule qui s’était rassemblée pour assister à sa condamnation, et l’horreur qu’il craignait fut prononcée :

    — Avant de rendre mon jugement, j’ai besoin que vous avouiez votre culpabilité.

    Le juge discerna un soupçon de contrition dans l’attitude du criminel et l’encouragea :

    — Vous confesser purifiera votre conscience de cette perversion.

    Pourtant, ce que les coups d’œil méprisants de Hugh disaient au juge était : « Vous n’avez aucune autorité à empiéter sur ma vie et je suis entièrement innocent ». Que cela peut-il leur faire, qui je choisis d’aimer ? Au demeurant, sa position dans la société ‒ sans parler de son éducation à Cambridge ‒ l’avait protégé de la dure réalité d’exister dans un monde où il fallait travailler pour subsister. Toutefois, c’étaient la naïveté de Hugh autant que son incapacité à ou son refus de vivre selon les règles de la bienséance qui étaient la cause de sa présence dans ce box. Si seulement il avait agi avec discrétion, si seulement il s’était montré assez intelligent pour mentir à tout le monde. Hélas, le pauvre homme était trop honnête et trop moderne à la fois pour le décorum victorien. À présent, Hugh se retrouvait pris dans le piège du scandale, un destin qui était pire que la mort, car dans la mort, on pouvait encore espérer le pardon d’un dieu miséricordieux, pas comme ce juge odieux qui attendait sa réponse. Alors il dit, sotto voce :

    — Je suis innocent.

    — Parlez plus fort !

    — Ma conscience est aussi pure que la vôtre.

    — Vous avez été surpris en flagrant délit avec un autre homme.

    Irrité par la nature audacieuse de l’accusé, le juge poursuivit avec véhémence :

    — Comment l’expliquez-vous ?

    Hugh eut alors une réponse qu’on aurait pu prendre pour suicidaire :

    — Eh bien, de telles choses sont complètement naturelles.

    Oh, quel tapage ses mots créèrent dans la foule, qui ne s’attendait pas à une telle impudence. Quoi qu’il en soit, Hugh tira sa force de l’agitation que ses mots avaient fait naître dans l’esprit de cette foule qui voulait le voir puni. Et ils auraient voulu qu’il subisse les indignités de la prison afin de le guérir de sa déviance et l’empêcher ainsi de menacer leur sens des bienséances. Et tandis que la voix du juge continuait d’égrener des paroles dans le lointain, Hugh ferma les yeux et les souvenirs de son passé se mirent à danser dans le théâtre de sa conscience…

    … La douceur du tissu éveilla une réaction viscérale dans l’esprit impressionnable du jeune garçon, car cette sensation ressemblait au contact de la chair humaine. L’enfant continua un long moment à caresser l’ourlet soyeux de la robe de sa mère, qui avait un certain je ne sais quoi qui le fascinait, car la vive profusion de couleurs renfermait la réponse à sa question. La question qu’il craignait de poser était celle qu’un innocent poserait s’il possédait la témérité de s’en enquérir : c’est-à-dire comment les bébés venaient au monde. C’est pourquoi l’enfant sauta avec précaution des genoux de sa mère assise et se dirigea vers la grande baie vitrée qui s’ouvrait sur un éden de couleurs et de teintes paradisiaques, puis il revint lentement sur ses pas vers la ravissante matriarche et dit à mi-voix :

    — Maman, comment les gens…

    Hugh s’interrompit, craignant de poursuivre, car il avait remarqué la contrariété que le visage de sa mère semblait diffuser dans sa direction. Toutefois, il poursuivit bravement :

    — Comment les gens viennent-ils au monde ?

    Alarmée par cette question innocente, la dame toussa nerveusement et sans beaucoup de considération pour les conséquences que cela aurait sur l’enfant, elle répondit :

    — Voilà une chose à laquelle je ne suis pas disposée à répondre, car les petits garçons n’ont pas besoin de le savoir avant qu’ils ne soient beaucoup plus vieux.

    Elle vit que son visage rougissait de honte et ajouta d’un ton cassant :

    — D’ailleurs, c’est un homme qui devrait te l’expliquer.

    Sur cette censure, elle se releva du divan et quitta la pièce, laissant le pauvre enfant dans la confusion la plus totale, car il en déduisit que ce à quoi elle faisait allusion était une chose franchement dégoûtante pour une dame telle que sa mère. Oh, il aurait voulu savoir ce qu’elle dissimulait… alors il descendit le couloir en courant, manquant entrer en collision avec une femme de chambre qui lui lança :

    — Maître Hugh, regardez où vous allez.

    Marmonnant une excuse, il poursuivit sa course dans le couloir, où il vit la robe de soie de sa mère pénétrer dans la bibliothèque avant que la porte ne se referme. Comme Hugh s’approchait, il entendit les pleurs sourds de sa mère dont la détresse émotionnelle communiqua au garçon la honte irrépressible de l’avoir blessée par une question désagréable. Mais il aurait pourtant voulu savoir, car la boîte qui renfermait les secrets de l’âge adulte était à présent à sa portée. Impatient de connaître le contenu de cette précieuse boîte, Hugh ouvrit la porte et pénétra dans la pièce où il vit sa chère maman sangloter devant la photographie du père qu’il n’avait jamais connu, et il se dit que Papa devait lui avoir fait quelque chose.

    Il se précipita vers elle, déposa un baiser sur sa joue humide puis déclara :

    — Maman, je suis désolé. Je n’aurais pas dû vous demander cela.

    Mais elle le repoussa et il sentit son regard méprisant le brûler. Pour la première fois de sa vie, il comprenait ce que cela signifiait d’être méprisé ; toutefois, il ne put s’empêcher de ressentir une certaine mortification d’être traité de la sorte. Alors il infligea une blessure à la fierté de sa mère en lui reposant la question à laquelle elle n’osait pas répondre, ce à quoi elle le gifla et se mit à lui hurler :

    — Tu ne devrais pas connaître ce genre de choses. Elles souilleront ton innocence comme elles l’ont fait pour moi. C’est pour cela que tu ne dois pas savoir.

    … À présent, Hugh comprenait de quoi elle parlait, car la chair corrompait tout ce qu’elle touchait d’un désir irrésistible auquel il était devenu dépendant. Jusqu’à maintenant, il avait dérivé dans les courants d’une sensualité sur les eaux de laquelle il flottait vers des îles habitées par de jeunes Apollons. Et c’était dans ces terres arcadiennes que leurs baisers et leurs caresses lui avaient fait goûter le paradis : s’il les quittait, le choc l’aurait certainement rendu fou. C’était précisément le risque que Hugh prenait, planté dans le box des accusés, élaborant un mensonge qui lui permettrait d’éviter d’admettre sa préférence pour le genre masculin, particulièrement devant sa mère qui était assise dans la galerie publique avec un air d’agitation surprise sur le visage. Pendant quelques instants, il la vit murmurer ce qui ressemblait à une prière, comme elle le faisait généralement dans des occasions de détresse suprême. Et en cet instant, son acte religieux le toucha profondément. Toutefois, Hugh savait que s’il disait la vérité, le collier de la captivité serait passé à son cou et cela lui était insupportable. Puis quand le juge cessa son soliloque étouffé et attendit la réponse de Hugh qui ne venait pas, il hurla :

    — Espèce d’impudent corniaud. Vous n’avez pas écouté une seule de mes paroles.

    Il vit l’effet que ses mots avaient sur lui et ce qu’il décela le ravit, puis il ajouta :

    — N’est-ce pas ?

    Hugh lui répondit par l’affirmative. Pourtant, cet acte de soumission n’apaisa pas le vieil homme qui poursuivit son interrogatoire caustique, et quand cela fut insuffisant, le magistrat ordonna à l’huissier de faire entrer le témoin.

    N’osant pas regarder le soleil qui consumait Hugh de désir, il baissa les yeux sur le parquet de bois usé de la salle d’audience, ce qui ne fit qu’attiser les soupçons, comme le démontra le visage de sa mère qui blanchit d’inquiétude. Hugh insista pourtant, et quand on lui dit de regarder son accusateur dans les yeux, le pauvre homme répondit d’une voix hachée :

    — Je… je ne préfère pas.

    — Dans cette cour, vous devez m’obéir, hurla le juge.

    Hugh jeta un regard nerveux d’abord à lui, puis à la personne dont la présence causait tant de consternation dans son corps tremblant. Enfin, le moment que Hugh redoutait était arrivé : la résurgence d’une relation dont le seul but avait été de le faire chanter puis, quand cela n’a pas fonctionné, de le prendre au piège d’un procès. Le mensonge et le désir étaient des concepts nouveaux pour Hugh et à présent, il avait l’opportunité de les pratiquer à égale mesure contre le séduisant Adonis dont il aurait voulu embrasser les lèvres de Titien. Mais il avait peur d’ôter ce masque de décence qui le conduirait ultimement à une issue fatale et l’espace d’un instant, il se sentit impuissant, incapable de respirer. Au demeurant, Hugh dut réprimer ses sentiments en se montrant blasé. Sa ruse n’échappa pas toutefois à l’attention du garçon avenant dont les yeux l’enjoignaient à s’émerveiller devant sa perfection. Et tandis que le jeune homme déclinait devant la cour son identité, qui était William Smithson (un nom bien commun pour un spécimen exceptionnel du genre masculin), il s’exprima d’une manière qui affecta tant Hugh que ses cils se mouillèrent de larmes. La démonstration de faiblesse de Hugh fut perçue ipso facto comme une preuve de sa culpabilité, qui justifierait ainsi que sa connexion au monde soit annihilée. Ce qu’il craignait le plus – la captivité – était à même de devenir réalité s’il ne se reprenait pas et sauvait sa peau en relatant une contrevérité.

    Pourtant les échos de l’histoire murmuraient d’un son suave à l’oreille de Hugh, lui disant qu’il n’était pas grave de dévoiler l’histoire de sa vie à vous, l’observateur invisible, qui attendez patiemment dans la galerie du tribunal et dans les yeux duquel il se plonge…

    L’emportement de sa mère de la veille avait été décisif dans la jeune vie de Hugh, car cela intimait qu’il existait un mystère connu seulement des adultes et que, pour cette raison, il souhaitait désespérément découvrir. Il en conclut que quoi que cela puisse être, la chose avait une qualité cachée et dangereuse, et que s’il en découvrait le sens, lui aussi se comporterait aussi bizarrement que sa mère. Cependant, il continua d’observer de loin les interactions de sa mère avec les invités en leur majestueuse demeure. Il remarqua la façon dont elle résistait aux hommes dont le magnétisme n’était pas en adéquation avec le sien par un rire de dérision, généralement suivi d’un « cela m’a fait plaisir de discuter avec vous, mais je crains que d’autres invités ne requièrent ma présence. »

    Pendant qu’elle s’éloignait comme une flamme vacillante pour aller amorcer une conversation avec d’autres invités, le garçon entendit deux hommes discuter de sa mère dans un langage qu’il ne comprenait pas. Alors plus tard dans la journée, il s’aventura dans le jardin à la recherche de Mr. Jarvis, un ami de la famille. L’apercevant assis à l’ombre d’un grand érable, il s’avança lentement vers lui, restant silencieux un moment avant d’oser demander :

    — Jarvis, que signifie le mot « baiser » ?

    Choqué, l’homme lui demanda :

    — Qui t’as appris ce mot là ?

    — Je l’ai lu dans un livre, mentit l’enfant. Dites-moi ce que cela veut dire, je vous en prie.

    — Je crois que tu es assez âgé pour apprendre ce que cela veut dire, répondit-il nerveusement.

    L’enfant s’assit et l’homme le prévint :

    — Mais je t’engage à ne jamais parler à une dame de la sorte.

    L’enfant l’écouta alors en écarquillant des yeux incrédules, car ce qu’il entendait était dégoûtant, et il se dit : « Pas étonnant que Maman n’ait pas pu me l’expliquer.

    Mais avant que Jarvis ne puisse terminer d’enseigner à l’enfant la mécanique de la copulation, il avisa une ombrelle blanche tournoyante qui émergeait de derrière un camélia odorant et il ajouta à mi-voix :

    — Chut, pas un mot…

    Reconnaissant en sa propriétaire Lady Lillian en personne, il poursuivit d’une voix hachée :

    — Ta mère approche ; plus un mot.

    Comme elle s’approchait, le garçon se retira instinctivement, mais pas avant d’avoir voulu se précipiter vers elle pour lui dire :

    — Maman, vous avez l’air d’avoir soif. Laissez-moi aller vous chercher un verre de limonade.

    Irritée par la sollicitude de l’enfant, celle-ci murmura :

    — Si tu souhaites m’être utile, va plutôt cueillir un brin de lilas.

    Et sur cet ordre impérieux, le garçon dévala le chemin qui menait à un éventail de fleurs et d’arbres dont la beauté n’était pas altérée par le ver de la sexualité. Tandis que le garçon cueillait un brin de lilas, Lady Lillian murmura :

    — Il se comporte bizarrement. L’autre jour, il m’a interrogée sur…

    — Les relations entre les hommes et les femmes, rit Jarvis.

    — Vous le lui avez expliqué ?

    Quand il rechigna à lui répondre, elle s’écria faiblement :

    — Il faut que je sache !

    — Et si je l’avais fait ?

    Horrifiée par sa désinvolture, elle sanglota puis gifla prestement Jarvis qui l’embrassa soudain sur les lèvres. Mais Lillian le repoussa et dit d’un ton tranchant :

    — Il ne doit pas savoir de telles choses. Vous m’entendez ? Pas un mot.

    — Si je ne vous connaissais pas autant, je me dirais que vous voulez l’empêcher d’être un homme.

    — Et pourquoi pas ?

    — Pour quelle raison ? rétorqua-t-il.

    — Son père était un pervers. Il contaminait tout par son dévergondage.

    Elle était sur le point de verser quelques larmes qu’elle essuya rapidement avec son mouchoir de dentelle. Ils demeurèrent un instant sans rien dire, avant que le silence ne soit brisé par un faible sanglot :

    — Si j’avais su ce qu’il était, alors je…

    — Vous n’auriez pas épousé cette brute.

    — Précisément.

    — C’est la première fois que je vous entends admettre avoir commis cette erreur.

    — Ce n’est pas vrai. Si vous aviez pris la peine d’écouter, vous en auriez entendu bien davantage.

    Elle gardait les yeux braqués sur lui et cette impression d’impuissance virginale infectait l’esprit de Jarvis de la douleur sourde de goûter à ces lèvres précieuses.

    — D’ailleurs, j’ai attendu pour vous faire part d’une chose à laquelle je pense depuis longtemps.

    Honteuse d’avoir eu la témérité d’envisager de renouer le contact avec un homme qu’elle avait autrefois idolâtré, la grande dame réprima son embarras en ajoutant rapidement :

    — Je ne sais pas comment le dire sans paraître en manque d’affection.

    Bizarrement, ses actions montraient à Jarvis une femme qui était sur le point de dégringoler dans un abîme de sa propre création, mais qui découlait en réalité du souhait qu’avait une femme d’être embrassée, caressée et – plus important encore – d’aimer. Par le passé, il aurait proposé ses services. Mais il n’était pas certain de savoir ce qu’elle désirait. C’est pourquoi il poursuivit avec un empressement inhabituel :

    — Vous souhaitez reprendre notre relation ?

    Elle lui opposa un silence éloquent qui lui laissa croire qu’ils renoueraient bientôt leur liaison, et sur cet accord tacite, elle ouvrit son ombrelle, offrant au couple l’intimité suffisante pour échanger un baiser. Pendant un moment, elle se perdit dans un monde d’érotisme ; toutefois, le susurrement d’un pas sur l’herbe rompit le charme et elle se redressa brusquement avant de se diriger vers la verdure d’un buisson, laissant Jarvis dans un tel état d’excitation qu’il s’empressa de partir.

    — Maman, Maman. Je vous ai apporté une couronne de lilas.

    Agacée par la docilité d’un fils qu’elle aurait voulu gifler

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