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Le sursaut des panthères
Le sursaut des panthères
Le sursaut des panthères
Livre électronique194 pages2 heures

Le sursaut des panthères

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À propos de ce livre électronique

Au sortir des élections présidentielles d'aout 2016 au Gabon, une ferveur de résistance dont la diaspora gabonaise est l'épicentre se révélait au monde. Son ambition : interpeller la communauté internationale au sujet des résultats officiels fournis sont vivement contestés ; dénoncer moult arrestations arbitraires ;ainsi que protester contre la violence postélectorale devenue systématique dans ce relatif petit pays d'Afrique centrale. L"auteur nous livre une analyse de paradigmes sociopolitiques qui, à petit feu, ont conduit au sursaut de patriotisme observé depuis le septembre 2016, et manifesté par ce que l'on nomme depuis lors : la Résistance gabonaise.
LangueFrançais
Date de sortie29 janv. 2019
ISBN9782322168682
Le sursaut des panthères
Auteur

Belfégor Nkili Toung

Belfégor Nkili Toung, est politiste anticonformiste et essayiste gabonais. Il consacre l'essentiel de ses travaux à l'analyse des conditions de l'élaboration d'une nouvelle identité politique gabonaise.

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    Aperçu du livre

    Le sursaut des panthères - Belfégor Nkili Toung

    « Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen.

    Par l'obéissance il assure l'ordre ; par la résistance, il assure

    la liberté ».

    ALAIN, Propos d'un Normand, 4 septembre 1912

    Table

    INTRODUCTION

    PARTIE I: ÉTAT DES LIEUX D’UN RÉGIME RÉFRACTAIRE À LA DÉMOCRATIE

    Chapitre 1 : Les fondements historiques de l’hostilité face au multipartisme

    Le monopartisme au nom de l’unité nationale

    La tentative du RSDG contre la réhabilitation du multipartisme

    Chapitre 2 : Le non-respect de l’expression des urnes

    1993 ou l’espérance perdue

    Présidentielles de 1998 et 2005 : Bis repetita

    L’irruption d’Ali Bongo au pouvoir

    L’instrumentalisation du Haut-Ogooué en 2016

    Chapitre 3 : Le peuple gabonais en otage

    La partialité du juge électoral

    Les rencontres postélectorales

    L’absence d’une réelle garantie d’alternance

    La rupture du contrat de confiance démocratique

    PARTIE II: PLURALISME ET ÉTAT DE DROIT BAFOUÉS

    Chapitre 1 : L’opposition privée de ses droits et libertés fondamentaux

    L’opposition muselée dans les médias publics

    Attaques de médias proches de l’opposition

    Une prison à ciel ouvert

    L’influence du pouvoir politique sur la justice

    Chapitre 2 : Violence : Planification et instrumentalisation

    La répression violente des manifestations

    L’instrumentalisation politique de la violence

    Chapitre 3 : L’État face à l’impunité des crimes

    Les crimes économiques d’État

    Crimes dits rituels et inégalité des chances

    PARTIE III: L’ÉMERGENCE DE LA LIBÉRATION DU GABON À TRAVERS UN NOUVEAU FORMAT DE L’OPPOSITION

    Chapitre 1 : Nouvel idéal politique : La Libération

    La Libération du Gabon dans le discours politique

    Les figures de proue

    Chapitre 2 : Une nouvelle dynamique de l’opposition

    Une tentative de bipartisme de fait : La création de l’Union nationale (UN)

    La stratégie du boycott des législatives de 2011

    La prouesse d’une candidature unique

    PARTIE IV: LA DIASPORA DANS L’ÉMERGENCE DE LA RÉSISTANCE GABONAISE

    Chapitre 1 : Une structuration progressive de la diaspora

    Une coexistence de courants

    Une jeunesse gabonaise davantage politisée

    Médias sociaux, outils d’implication et de mobilisation politique

    Une diaspora gabonaise militante

    Les prémices d’une diaspora mobilisée

    Une diaspora structurée

    Chapitre 2 : Perspectives et défis de la Résistance gabonaise

    Le principal défi politique

    Le principal défi économique

    Le principal défi social

    CONCLUSION

    Bibliographie

    INTRODUCTION

    Libérez le Gabon ! C'est en substance, ce que traduisaient tous les slogans scandés avec détermination par plusieurs centaines de Gabonais, banderoles et pancartes en mains, prenant d'assaut les rues de la capitale française, le 3 septembre 2016. À l’ordre de cette marche pacifique : interpeller la communauté internationale pour exiger le rétablissement de la vérité des urnes de l’élection présidentielle, qui s’est achevée huit (8) jours plus tôt ; la libération des prisonniers politiques ; la justice pour toutes les personnes assassinées dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2016, au quartier général (QG) de l’opposition, dont Jean Ping est la figure de proue. Mais aussi, pour toutes celles assassinées dans les rues de Libreville et Port-Gentil, pendant cette période de fortes contestations postélectorales. À ces revendications, s'ajoutait entre autres, une demande de sanctions de la communauté internationale à l’encontre du régime gabonais, dont la responsabilité est sans équivoque, engagée et établie dans la situation diluvienne qui prévaut au Gabon.

    Il aurait été surprenant, qu'une énième élection présidentielle, soit la cinquième depuis la réhabilitation du multipartisme au Gabon en 1990, qui s‘est déroulée comme il est malheureusement de coutume, à savoir : déroulement du scrutin électoral, déclaration des résultats officiels puis vague de contestations de ces derniers par l’opposition, suscita cette mobilisation inédite, riche en participants, en émotions et en slogans anti-régime Bongo.

    Il faudrait sans doute dire que, les manifestations dans les principales villes du Gabon ; l'assaut sanglant mené au QG par la Garde républicaine aux ordres du Pouvoir ; les nombreuses images de victimes baignant dans leur sang ; les images d’innombrables impacts de balles sur les murs de l'immeuble abritant le QG, qui témoignaient de la violence inouïe qui a régné cette nuit ; les nombreux témoignages choquants de rescapés et le climat de terreur qui prévalait dans un Gabon alors coupé du monde avec une connexion internet sciemment bridée par le gouvernement, ont sonné le glas d'une relative indifférence partisane souvent observée lors des contestations postélectorales précédentes, et, ont manifestement suscité un élan de patriotisme s'inscrivant au-delà des clivages politiques, donnant ainsi une dimension citoyenne et singulière à cette indéniable forte mobilisation.

    En un laps de temps, aussi indignés et révoltés, les Gabonais du monde emboîtèrent le pas des « Franciliens »¹. Du Cap en Afrique du Sud, jusqu’en Amérique du Nord, en passant par le Maroc, le Ghana et bien d’autres pays, des sit-ins sont organisés devant les représentations gabonaises de ces pays. Obligeant ainsi, la communauté internationale au constat que, les résultats de cette élection, dont les nombreuses irrégularités se sont avérées et confirmées plus tard, par les différents rapports des missions d’observation électorale, de l’Union européenne (MOE) ; de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de l’Union africaine (UA) ne reflétaient pas la volonté souveraine du peuple gabonais, qui s’est exprimé dans les urnes le 27 août 2016.

    La forte contestation citoyenne, couplée à l'immense impopularité du maintien au pouvoir d'Ali Bongo, sont plus que révélatrices de la ferme volonté des Gabonais, de satisfaire leur soif d’alternance démocratique et de changement dans leur pays. Elles sont inéluctablement par leur généralisation et leur permanence, l’acte fondateur de ce que l’on appellera la « Résistance gabonaise », qui prit corps en regroupant en son sein, du moins sur l’aspect idéologique, toutes les mouvances antisystèmes Bongo.

    À l'ère de l'exaltation de la liberté, et au cours d'une décennie qui a vu des peuples d'Afrique, en l'occurrence, du Maghreb à l'Afrique de l'Ouest, affirmer leur détermination à imposer la démocratie, en renversant les dictatures qui les ont asservis pendant des décennies, il est légitime que le peuple gabonais sous le règne cinquantenaire des Bongo, manifeste une volonté pour le moins identique. Satisfaire sa volonté de démocratie, qui depuis l’établissement du régime Bongo en 1967, semble être un luxe que les Gabonais ne pourraient s’offrir. C’est ainsi, qu’il est apparu comme un devoir, l'invocation du droit naturel de tout peuple, de résister à l'oppression, cette forme de gouvernance basée sur la violation répétée et systématique, par les pouvoirs publics, par un usurpateur, des principes constitutionnels et spécialement de ceux qui protègent les droits publics individuels².

    Par ailleurs, et faudrait-il le rappeler, cette résistance puise sa légitimité et sa légalité dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) de 1789, qui elle-même, est constitutive du préambule de la Constitution gabonaise, et qui dispose en son article 2 :

    « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression. »³

    De plus, le leitmotiv des résistants gabonais : la « Libération du Gabon », traduit assez nettement le sentiment, d'un Gabon pris en otage, que partagent ces hommes et ces femmes animés d'un élan de patriotisme, qui continuent aujourd'hui, soit deux (2) ans plus tard, de protester par des manifestations à Paris, à Nice et ailleurs en France. Mais également, à manœuvrer auprès de nombreuses institutions internationales, pour que leurs revendications soient effectivement prises en compte, et afin que la démocratie et la justice règnent en lieu et place d’intérêts personnels et de tractations économiques obscures, qui conduisent au péril de la Nation gabonaise.

    Toutefois, si l’âme de la Résistance peut paraître une nouveauté pour une certaine génération de Gabonais, qui a tout de même le mérite de faire preuve de détermination dans ce combat, elle n'est finalement pas si étrangère que cela à ce peuple. En effet, sous d’autres formes et à d'autres moments de l’histoire du Gabon, nombreux sont ceux qui ont consenti au sacrifice d'un lourd tribut, pour l’amélioration des conditions de vie des Gabonais, pour un lendemain meilleur. Des martyrs d’une résistance face à la tyrannie du régime, qui ont payé de leur liberté et de leurs vies, dont l’une des illustres figures est sans nul doute Martine Oulabou. Cette jeune enseignante assassinée le 23 mars 1992 lors d'une manifestation d'enseignants pour l'amélioration du système éducatif gabonais, aujourd’hui symbole d’un peuple gabonais qui refuse de baisser le poing face aux injustices et à la barbarie du régime qui le gouverne.

    S’il est aujourd’hui évident que, les manifestations organisées pour protester contre la prise d’assaut meurtrière du QG, et le climat de violences postélectorales de 2016, sont les actes fondateurs de la Résistance gabonaise, et, malgré les détracteurs de cette dernière, qui voudraient la réduire à un simple mouvement d'humeur partisan et contextuel sans consistance, l’observation d’une volonté profonde et permanente, de mettre fin au règne du régime des Bongo, partagée par nombre de Gabonais, ainsi que la constance dans le temps du mouvement de la Résistance gabonaise qui s'illustre au travers de thématiques diverses et variées, il serait tout aussi avisé, d’y voir une identité politique qui progressivement, prend encrage dans la sphère des idéologies politiques au Gabon ; un réel sursaut patriotique.

    Saisir cette nouvelle identité politique qu’est la Résistance, induit que l’on s’intéresse à différents facteurs, bien que non-exhaustifs, qui l’ont à petit pas souvent, conduit vers son éclosion.

    Aussi, face à un pouvoir qui s’est attelé à rejeter avec véhémence toute idée de multipartisme, et qui depuis que celui-ci s’est imposé à lui, s’emploie à le vider de sa substance, pouvait-on éviter la situation de crispation, sociale et politique, ainsi que le rejet de ce régime cinquantenaire comme il en est depuis septembre 2016 ?

    La métamorphose de la scène politique au travers d’un nouveau discours sur la « Libération du Gabon » est-elle sans réelle conséquence sur l’autoreprésentation des Gabonais qui désormais, luttent pour briser les chaînes forcées par leurs bourreaux de dirigeants ?

    Bien qu’il s’agisse d’une identité politique qui révèle le profond désir du peuple gabonais à prendre son destin en mains, et celui de voir le quotidien des populations amélioré, la diaspora gabonaise au travers de la partition qu’elle ne cesse de jouer depuis de nombreuses années en faveur du changement, puis de la Libération, est inéluctablement la pierre angulaire de ce mouvement de « dégagisme », notion utilisée en politique pour demander l'éviction, par la force ou non, de la ou des personnes détenant le pouvoir, sans volonté de le reprendre, conduisant ainsi à une vacance du pouvoir. Il vise dans certains cas à générer une réflexion autour de la notion de pouvoir pendant la période de vacance sans pour autant réclamer qu'une nouvelle personne ne prenne le pouvoir⁴.


    ¹ Gentilé d’Île de France

    ² http://www.cnrtl.fr/definition/oppression vu le 18 février 2018

    ³ Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, 1789

    ⁴ William Andureau, « Qu’est-ce que le « dégagisme » de Jean-Luc Mélenchon ? », sur lemonde.fr, 30 janvier 2017 vu le 06 février 2018

    PARTIE I

    ÉTAT DES LIEUX D’UN RÉGIME RÉFRACTAIRE À

    LA DÉMOCRATIE

    L'un des combats qui fondent la Résistance gabonaise, c'est celui de la protestation contre les nombreuses atteintes faites au multipartisme depuis des décennies, et qui sont un frein au processus de démocratisation, tant elles dépossèdent totalement le peuple de sa souveraineté. Pourtant consacrée de nouveau par la Constitution de 24 mars 1991, le multipartisme se vit encore comme une fiction sous les yeux des Gabonais. Par ailleurs, les différents mouvements sociaux en faveur de la démocratie depuis le début des années 1990, prouvent à suffisance l’immense soif des Gabonais de disposer de leur avenir en exerçant pleinement et en toute liberté leur souveraineté, à tout point de vue non négociable.

    Force est malheureusement de constater que, la démocratie multipartite, qui au départ était censée offrir au peuple souverain l'opportunité de choisir librement sa destinée et de contribuer à l'ouvrage du bien commun de tous à travers l'expression des différentes sensibilités, s'est vue dénaturée au fil des années à travers des mécanismes rodés, dans l'ultime but de maintenir

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