L’irruption ces dernières semaines du conflit israélo-palestinien dans notre actualité et plus singulièrement sur notre sol, la résurgence d’un antisémitisme qui ne se cache plus, à peine plus loin, les émeutes qui ont ravagé une partie de la France au début de l’été, dessinent-ils ce que vous appelez « la France d’après » ?
Voilà soixante ans, l’historien Paul Bois s'était interrogé dans Paysans de l’Ouest sur la formation et la genèse du schisme politique qui a longtemps structuré la Sarthe, entre un ouest du département qui votait à droite et un sud-est qui votait à gauche. Il fait remonter cette fracture à la Révolution française et à la chouannerie, où l'ouest du département prit fait et cause pour l'insurrection, quand l'est resta fidèle à la République. « La population, écrit-il, était alors vierge d’engagement Avec la violence de la Révolution et de l’insurrection, les événements se sont cristallisés au point de structurer un véritable clivage politique. C’est l’une des thèses de Bois qui développa le concept du : un élément traumatique fondateur va provoquer un schisme au point que l’on peut dire qu’il y a un avant et un après et que tout s’organise autour de cet événement au point de dessiner une nouvelle géographie électorale. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui ne constitue pas, de mon point de vue, un traumatisme historique au sens où l’entendait Bois, mais est davantage de l’ordre de la réitération.