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L´éveil: horreur
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L´éveil: horreur
Livre électronique504 pages7 heures

L´éveil: horreur

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À propos de ce livre électronique

Un endoit maudit pour certains, vénéré pour d'autres, des personnages piégés dans le désert et mystérieux coin de l'esprit à la recherche d'une vérité qui s'ouvre à chaque instant devant eux, les emmenant à la limite de la conscience . Une trame qui te conduira à un niveau extrême, à un monde habité par des ombres et des éclats de lumière qui t'inviteront à teer poser des questions sans réponse apparente, the plongeant dans le parallélisme de la fantaisie et la réalité convergeant vers un même punto.

Pénètre dans les confins de l'esprit de John et de Steven, engage-toi avec l'agent Sam à la recherche de signaux qui l'obligent à croire en des pouvoirs supérieurs, laisse-toi enlacer par la force expresive et sexuelle de Vanessa et ... n'oublie pas une chose: toute limite que tu t'imposes, n'est que dans ton esprit.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie30 nov. 2020
ISBN9781386953265
L´éveil: horreur

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    Aperçu du livre

    L´éveil - Isaac Barrao

    L’ÉVEIL

    ISAAC BARRAO

    Titre : L’éveil

    © 2016, Isaac Barrao

    ©Des textes : Isaac Barrao

    Illustration de la couverture : Jordi Alfonso

    Révision de style : AEN

    2ème édition

    Tous droits réservés

    Pour Sandra Miró,

    Ana I. Barrao,

    et Wolfgang Strauss.

    Pour avoir cru en moi quand personne d’autre n’y croyait.

    Indice

    ABANDONNÉS

    UNE DURE JOURNÉE

    ÉCLATS DE LUMIÈRE

    UTOPIE

    PÔLES OPPOSÉS

    KATE

    DE JUSTESSE

    CHAOS

    ESPOIR

    dES RÉPONSES ?

    NOUS NE SOMMES PAS SEULS

    SOUFFRANCE

    SATISFACTION

    RASTAN

    IMMORTELS

    ROAN

    IMPUISSANCE

    LORNA

    VIES CROISÉES

    ABANDONNÉS

    Assis par terre et les bras autour des jambes, il relève lentement la tête d’entre les genoux, il ouvre les yeux et cligne plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il réussisse à voir clair. Des cheveux bruns et frisés couvrent son visage caucasien, il porte un T-shirt noir à manches courtes imprimé (avec le dessin de deux révolvers dont les canons se font face) qui lui donne un air juvénile, malgré ses quarante ans.

    – Matt, il y a quelqu’un ici ! –s’écria Steven.

    John observe l’homme blond, qui doit avoir le même âge que lui. Il porte un costume coupé à l’italienne faisant penser à John qu’il s’agit d’un type ayant fait des études supérieures, avec un niveau de vie élevé et de bonnes manières. Et, bien qu’il ne le connaisse pas du tout, à ses traits bien définis et à son regard aimable, aux yeux bleus, il pressent que c’est un homme au cœur noble.

    – Tu vas bien ? –dit Steven, lui offrant la main pour qu’il puisse se relever. John se couvre le visage avec les bras. Cela rappelle à Steven qu’il est en train de braquer un pistolet semi-automatique sur le garçon. Il le cache rapidement derrière son dos, l’insérant dans son pantalon–. Je suis désolé, ce n’était pas mon intention de te faire peur. Tu te souviens de ton nom ?

    – Je m’appelle... –John essaie de se souvenir de son nom, tout en scrutant le paysage qui l’entoure.

    Le peu de lumière qui s’échappe d’une petite ampoule, fixée à un câble fin au milieu du local, laisse à peine entrevoir l’écurie. La couleur naturelle du bois n’a pas résisté à l’épreuve du temps, et l’humidité a pourri la structure, donnant refuge à une grande quantité d’insectes qui vivent en harmonie. En haut des poutres, d’imposants corbeaux, au plumage noir qui semble absorber l’obscurité, restent immobiles, comme s’ils attendaient leur tour pour faire leur entrée en scène. Dans les coins, recouvertes de filaments superposés, d’énormes araignées jouent avec leurs proies, les enveloppant avec amour dans un but évident : y planter les dents et aspirer leurs entrailles, pendant que, encore en vie, elles se tortillent et émettent une espèce de cri aigu jusqu’à ce qu’elles meurent. Le sol présente un aspect répugnant : la paille humide mêlée aux excréments dégage une forte odeur nauséabonde. Un habitat parfait pour des mouches grandes comme un poing, qui se réunissent par douzaines et forment un nuage grisâtre autour de cette oasis de nourriture.

    Tout semble sorti du décor d’un film d’horreur de série B.

    – John, je m’appelle John –dit-il déconcerté, sans vraiment se souvenir, et avec la sensation de revivre, émerveillé comme un enfant qui découvre ses cinq sens.

    Matt s’approche d’eux d’un air énervé. Il est engoncé dans une espèce de pyjama blanc. À son allure, il pourrait être médecin ou patient. Il marche lentement et maladroitement. Au seul motif de pouvoir se mouvoir, avec ses 180 kilos, on devrait lui remettre la médaille du mérite. Il s’arrête en face de John. Son regard se perd sur son visage et, instantanément, ses petits yeux s’agrandissent et ses traits se tendent. Il comprend que John est aussi perdu que lui et qu’il ne peut donner aucune réponse. C’est sans doute cela le déclencheur, ce qui déchaîne sa furie et lui fait sortir un semi-automatique qu’il braque sur John, juste au milieu du visage, provoquant une situation absurde et irrationnelle.

    – Tu sais quelque chose. Parle, enfoiré ! Qui t’envoie ?

    Plongé dans son ignorance, Matt, qui ne cesse de frapper le front de John avec le canon du semi-automatique, tente de dissiper l’inconnue de cette équation. La réponse n’arrive pas.

    Steven, surpris, n’y croit pas. Il ne peut pas permettre un tel outrage. Ses principes moraux le poussent à agir. En quelques secondes, il prend la décision, peut-être mauvaise, de braquer l’arme sur la tête de Matt. Immédiatement, Matt répond en pointant à son tour son arme sous le menton de Steven.

    – Tu veux que je te fasse un lifting par balles ? –dit Matt avec son égo remonté, comme s’il avait préparé sa phrase et imitant le méchant d’un film de Tarantino.

    – Calme-toi, Matt. On est du même côté.

    – Certain ? Moi, je ne le crois pas, mon vieux. Tu m’as pris pour un idiot ? Je sais parfaitement ce qui se passe ici –réplique Matt, qui tente de compenser son grand complexe d’infériorité par cette attitude grotesque.

    Même avec une amnésie, il semble que nous, les humains, nous ne perdions pas l’instinct de nous mesurer entre nous pour déterminer qui sait quoi.

    John profite de l’absurde discussion, qui semble ne pas se terminer, pour se traîner par terre sur quelques mètres et s’éloigner d’eux. La forte puanteur de l’écurie lui donne des nausées qui l’obligent à se lever immédiatement. Avec le regard fixé sur l’énorme porte principale à deux battants, il traverse le local. À quelques pas de son but, il entend son nom.

    « Joooooooohn ».

    Il tourne la tête à gauche et à droite. Il essaie de voir la propriétaire de cette voix féminine, douce et angélique. Personne en vue. On n’entend que la discussion animée entre Matt et Steven. Une fois sécurisé le périmètre visuel à sa portée, le cerveau de John juge que la voix qu’il vient d’entendre est une erreur. Il se convainc qu’il a dû l’imaginer. Soudain, il ressent l’impérieuse nécessité de regarder entre les fentes de l’énorme porte à deux battants. Malgré son envergure, la seule chose qui la maintient fermée, c’est une fine chaîne couverte de rouille. Il appuie son front sur le bois vermoulu et scrute l’extérieur à travers l’espace qui s’est formé, avec l’espoir d’obtenir une réponse. Au moment où il y parvient, cet espoir s’évanouit.

    – J’aurais dû y penser –murmure John, en s’apercevant que, dehors, règne une totale obscurité–. Une seconde ! –s’écrie-t-il, se faisant peur à lui-même en constatant que, au loin et sans pouvoir identifier leur origine, des lumières circulaires et symétriques flottent au-dessus du sol à la même hauteur.

    Soudain, tirés du néant, des yeux de l’autre côté de la porte fixent leur regard spectral dans les siens. Personne ne semble avoir entendu le cri horrifié de John. La peur agit immédiatement. Le pouls s’accélère et le système nerveux crée une série de spasmes qui le force à s’éloigner de la porte. Cette fois, il n’y a pas de doute. Les frissons lui hérissent le poil. Le mécanisme de défense, qui s’active à la recherche d’une explication, s’annule immédiatement devant l’évidence. Un cri aigu et assourdissant qui s’amplifie en entrant dans l’écurie, réaffirme la présence de cet être étrange.

    Paralysé par l’anxiété, John se bouche les oreilles pour essayer d’amortir l’écho strident qu’émet cet être démoniaque. Il observe la manière dont on pousse avec rage vers l’intérieur, plusieurs fois, la porte à deux battants. La petite chaîne, aussi impossible que cela puisse paraître, supporte chaque charge, empêchant l’intrus d’entrer.

    – Assez, assez, assez !

    Terrorisé, John ferme les paupières et tourne le dos à la porte, comme si de cette manière il allait apaiser le chaos de cette situation inattendue.

    Tout à coup, le calme domine l’espace. La porte cesse de bouger, le silence règne à nouveau et, l’anxiété lui parcourant encore tout le corps, John relève la tête et ouvre les yeux.

    Très vite, ça recommence. Sans relâche.

    Steven et Matt cessent de discuter et, attirés par le bruit scandaleux, ils s’approchent de John, pour braquer les semi-automatiques sur son visage.

    – Qu’est-ce que tu fous, fils de pute ? –s’écrie Matt.

    Sans pouvoir digérer tout ce qui est en train de se passer en un espace de temps aussi court, l’alarme saute dans la tête de John. La cohérence, le calme et le bon sens se désactivent et sont relégués au second plan. Et, comme une cocotte-minute, la colère, le stress, la peur, la rage et une folie transitoire, font sauter la soupape de sécurité. Il attrape les deux canons des armes d’un geste rapide, referme fortement les mains dessus, et les approche de sa tête au point de sentir l’acier froid faisant pression sur la fine peau de son front.

    – Vous allez tirer ? Vous allez tirer ? Allez, allez ! Qu’est-ce que vous attendez ?! –hurle John, avec les yeux injectés de sang.

    On réécrit le scénario.

    Déconcerté, le duo de cowboys passe à l’arrière-plan, laissant le rôle principal à John.

    – Allez, fils de pute !! Tirez, tirez ! –gueule John encore une fois, avançant vers eux d’un pas résolu et les obligeant à reculer en même temps. Il se sent comme un prisonnier dans le couloir de la mort, sachant que la sentence est ferme, irrévocable, et l’exécution imminente.

    La porte oscille une dernière fois.

    La chaîne rouillée succombe sous la force de l’intrus. Elle jaillit sous forme de mitraille et frappe le dos de John qui, en sentant le métal lui déchirer la peau, lâche les canons pour se couvrir le visage.

    Sorti de l’enfer lui-même, un épais et obscur brouillard pénètre dans l’écurie. Il se déplace vers eux comme s’il avait une vie propre et un objectif fixé, en engloutissant John.

    « Ne crains rien, John », susurre à nouveau la même voix angélique de l’intérieur de la plus absolue obscurité de ce maudit brouillard qui, loin de s’arrêter, continue d’avancer en direction des matons, les obligeant à reculer, jusqu’à les acculer au fond de l’écurie.

    L’entité ne se fait pas prier. L’épais brouillard s’élève et reste suspendu au-dessus de leurs têtes.

    Steven ne peut croire ce qu’il voit. La situation dépasse toute logique et le pousse à traverser la fine ligne de la raison, tandis qu’il essaie de s’accrocher à une réalité que ses yeux ne captent pas. Et, avant de tomber dans l’abîme de la folie, au dernier moment, il est sauvé par une énergie qui l’enveloppe, lui assure paix et bonheur et dissipe tous les doutes en son for intérieur. Il se laisse porter par une force mystérieuse qui le guide et lui indique le chemin à suivre. Il arrache le semi-automatique des mains de Matt qui, immobile et sans sourciller, semble être entré en état de shock irréversible. Alors, il lance l’arme, en même temps que la sienne, vers John, qui se tenait devant la grande porte d’entrée.

    – Qu’est-ce qui se passe ici ? –murmure Steven qui, sans attendre de réponse, s’agenouille pour observer de près le nouveau-né apparu d’entre l’obscurité.

    Le surréalisme extrême de la situation donnerait la trouille à n’importe qui. Cependant, et malgré le liquide visqueux qui enveloppe le nouveau-né et le cordon ombilical pas encore coupé, Steven semble tranquille, détendu. Aucune crainte ne l’empêche de poser la main, avec le plus grand soin et très lentement, sur cet être surnaturel. Le bébé, sentant sa présence, ferme sa minuscule main, attrapant un des doigts de Steven, et lui offre un sourire. Néanmoins, toute cette harmonie qui semble avoir suspendu le temps, s’estompe rapidement. La créature née des entrailles du néant, tourne sa petite tête, pose son regard innocent sur Matt, et ouvre la bouche pour émettre un grognement terrifiant.

    Apeuré, Steven retire immédiatement sa main et se lève pour courir vers la porte d’entrée, près de John.

    – Écoute, je suis désolé pour tout à l’heure. Je ne voulais pas te viser avec l’arme –dit Steven dans une justification absurde et à contretemps, pour une chose qui avait été oubliée.

    – Nous avons des choses plus importantes pour lesquelles nous inquiéter, tu ne crois pas ? –dit John, essayant de découvrir pourquoi le gros con de Matt restait pétrifié et sans dire un mot.

    – Sortons d’ici, c’est de la folie tout ça.

    – Attends. Regarde, tu vois la même chose que moi ?

    – Merde ! Foutons le camp ! Bon Dieu, allons-nous-en !

    La scène devient la Opera Prima d’un auteur perturbé.

    Le nouveau-né commence à se comporter d’une manière étrange : son petit corps se tortille sur lui-même, bougeant les extrémités frénétiquement. Les cheveux sur le crâne poussent jusqu’à lui arriver à la ceinture. La masse musculaire s’élargit et tous ses os s’allongent et claquent sous la peau qui s’étire, comme si c’était du caoutchouc.

    Bien que pour John et Steven il se soit écoulé une minute, peut-être plus, à l’intérieur de cet espace invisible de quelques mètres carrés, à la merci du nuage noir suspendu au-dessus de la tête de Matt, le temps vient d’avancer, dans une métamorphose complexe, le processus naturel de la vie : le bébé vient de se transformer en une petite fille de dix ans.

    Pour une raison incompréhensible, Matt reste piégé dans le sortilège que cet être diabolique, avec un visage de porcelaine et une voix angélique, lui a jeté. Nue, avec la peau poisseuse et irradiant une lumière blanche, aveuglante, la petite fille se met debout et s’approche de lui. Avec un sourire endiablé, elle lève les bras à hauteur des petits yeux de Matt et tourne les poignets pour que celui-ci puisse contempler, en détail, le dos de ses mains. Alors, les ongles se déchaussent, poussés par les os des doigts qui s’ouvrent un passage dans la blanche et fine peau de la petite fille, et s’allongent de quelques centimètres pour devenir des griffes acérées.

    – Buuuuuuu !! –s’exclame-t-elle, en ouvrant les bras en croix.

    Matt se pisse dessus. Les doigts mortels de la petite fille sectionnent ses jambes à la hauteur des tendons de la rotule.

    Un cri sinistre se fraie un passage dans le silence de l’écurie et accroît sa tonalité à l’instant précis où la petite fille lève les mains à hauteur du crâne de Matt et introduit ses doigts de chirurgien entre l’os et la peau, pour les pousser fortement jusqu’à les loger derrière la nuque. Le spectacle continue. La petite fille sourit, savoure, sent. Elle s’approche suffisamment de Matt. Elle veut qu’il sente son haleine, qu’il voie ses pupilles disparaître sous ses paupières, le blanc ivoire du globe oculaire se teindre de rouge sang, et qu’il contemple la façon dont la peau blanchâtre de tout son corps, qui dégage cette lumière céleste et aveuglante, s’éteint et s’obscurcit progressivement.

    – Shhhhhh –dit la petite fille qui, une fois tus les cris de Matt, continue à parler avec calme et sérénité. Sa voix angélique a disparu pour faire place au son rude de quelques mots qui semblent sortis de l’enfer lui-même–. Regarde bien à l’intérieur de toi, Matt ! Tu vas sentir tout le mal que tu as causé au monde, multiplié par l’éternité !

    Des décharges électriques commencent à former des images abstraites et absurdes dans la tête du gros imbécile : du sang giclant d’un cou quand on passe la lame tranchante d’un couteau, le cri d’une femme qui s’éteint quand on l’étripe, une fille nue, bâillonnée et attachée à une chaise. L’une après l’autre, elles prennent forme et s’ordonnent chronologiquement, fouettant son âme, punissant son être avec ses propres pêchés.

    – Tu aimes ce que tu vois !? Ça te plaît !? Ressens-le, maudit connard ! –s’indigne la voix grave de l’entité.

    Incapable de répondre, Matt ouvre la bouche et expulse une mousse blanche pendant qu’il convulse sous le regard impassible de la petite fille qui, non contente de cela, tire fortement les mains vers l’extérieur et déchire la peau du crâne de ce pauvre malheureux. Fin de l’acte. Un puissant faisceau de lumière émerge de l’intérieur de cet être, chasse l’obscurité de son corps et lui fait récupérer son apparence angélique, innocente et inoffensive.

    – Partez, ici, il n’y a plus rien à voir –leur dit la voix angélique de la petite fille, fixant un doux regard sur John y Steven.

    Les deux spectateurs considèrent la séance comme terminée. Désespérés et sans trop bien savoir ce qui les attend à l’extérieur, ils sortent de là en courant comme s’ils étaient des athlètes olympiques. John voit à nouveau ces deux lumières au loin. Sans réfléchir, et suivi de près par Steven, il se lance comme un molosse dans cette direction, répondant à un instinct primitif qui semble avoir raison de manière surprenante.

    – Merde ! Je ne m’attendais pas à ça. Putain, j’ai toujours voulu en avoir un ! –s’exclame John, excité.

    – Quoi ? –dit Steven, resté sans voix en arrivant près de John et voyant le Ford f-350 qui les attendait, comme s’il s’agissait d’un chien domestique.

    – Allez, allez, allez ! Il faut filer d’ici ! –s’exclame John, qui prend l’initiative et saute au volant du véhicule.

    Le moteur V8 de trois cents chevaux rugit comme une bête et l'essieu arrière aux roues jumelées dérape sur la terre, levant un immense nuage de poussière. En moins d'une seconde, ils sont déjà loin.

    Deux heures de conduite suffisent pour que l'anxiété et l'euphorie vécues dans l'écurie s’atténuent, bien qu’elles ne disparaissent pas ; elles restent simplement latentes.

    – Écoute –dit John.

    – Steven. Je m'appelle Steven. 

    – Je suis désolé, je ne me souvenais pas de ton nom.

    – Je ne me rappelle pas non plus m'être présenté. Écoute, je suis désolé de ce qui s'est passé plus tôt. Excuse-moi. D'accord ? Jamais je n'aurais dû pointer l'arme sur toi. Je ne sais pas à quoi je pensais. J'ai eu peur.

    – Oublie ça, vraiment –dit John–. Qu'est-ce qui s'est passé là-dedans ? Où sommes-nous ? C'est quoi cette histoire ?

    Le monde a été dévoré par une obscurité totale. Il n'y a rien où pouvoir poser le regard. Ce maudit brouillard si dense envahit absolument tout, empêchant les phares du pick-up d'éclairer à plus de cinquante centimètres de distance. Il domine le ciel et la terre, et donne l'impression de flotter dans un espace illimité, vierge.

    Le silence règne dans le véhicule.

    Angoissé, Steven écarquille les yeux en se rappelant la fatidique fin de Matt. Il essaie de donner une explication logique à ce qui s’est passé : quelle drogue nous a-t-on donnée pour que tout cela paraisse si réel ? Qui est cette petite fille ensorcelée ? Pourquoi nous ?  Mais les questions ne sont que cela, des inconnues, des équations non résolues.

    – Tiens, Steven, je l’ai pris avant de filer vite fait –dit John, en lui remettant le semi-automatique–. Tu te sentiras peut-être plus sûr si tu l’as avec toi.

    – Merci, John –dit Steven, se frottant le visage, après l’avoir rangé derrière son dos dans le pantalon.

    – Tu ne trouves pas de réponses, n’est-ce pas ?

    – Tout est si absurde. On vient de tuer un homme sous notre nez et nous n’avons rien fait pour l’éviter.

    – Qu’est-ce que tu voulais faire ? J’ai oublié l’eau bénite à la maison –dit John en souriant.

    – C’est une blague ? Il est possible que Matt soit un sale con, mais il ne méritait pas de mourir.

    – Je suis désolé, Steven. Tu as raison. Je voulais rendre la situation plus facile.

    – En fait, je ne le connaissais pas non plus.

    – Tu ne le connaissais pas ? Je croyais que vous étiez ensemble là-dedans. Bon, ne te méprends pas, je veux dire que...

    – Je ne sais pas ce que tu veux me dire. Nous nous sommes réveillés en même temps dans cette maudite écurie. Ça ne faisait même pas dix minutes que nous étions là. Nous n’avons pas beaucoup parlé ! Nous avons fouillé l’écurie de fond en comble et je te jure qu’il n’y avait personne et, pam ! tu es apparu comme par magie, et ensuite cette maudite gamine.

    – C’est vrai. Cette petite fille. Tu as remarqué ? Ça m’a donné l’impression qu’elle savait qui était Matt. En réalité, je crois qu’elle est allée le chercher. Et je suis sûr qu’elle voulait que nous trouvions le pick-up. Elle nous a poussés vers lui !

    – Elle nous a poussés ? Allons, John, tu délires. Elle nous a plutôt virés –dit Steven, cherchant dans la boîte à gants de la documentation qui leur donnerait une piste.

    – Peut-être que oui ou peut-être que non, qui sait. –John regarde plusieurs fois par la portière. Il croit avoir vu quelque chose, et ajoute– : La seule chose qui est claire dans tout ça, c’est que je ne me rappelle rien, et que nous sommes perdus dans cet endroit de merde.

    – Il m’arrive la même chose. Je me suis réveillé sans me souvenir de mon nom. Si j’attrape le connard qui nous fait ça... Et si on nous avait drogués avec un hallucinogène expérimental ? L’armée est peut-être derrière tout ça, il se pourrait que nous soyons attachés à un lit avec une espèce de casque psychédélique plein de câbles, et qu’on nous bombarde avec toutes ces images, altérant notre perception de la réalité.

    – Steven ?

    – Il se pourrait qu’on ait été enlevés par des putains d’aliens.

    – Steven ? –insiste John.

    – Il se pourrait que...

    – Steven, Bon Dieu !

    – Quoi, quoi, quoi ?

    – Tu t’entends ?

    – Bien sûr que oui, John ! Je ne suis pas fou ! Nous nous sommes réveillés dans une écurie sans aucun souvenir, la fille de Satan apparaît et, maintenant, ce maudit brouillard. Putain, qu’est-ce qu’il est noir et étrange, tu ne trouves pas ?

    – Si. C’est comme s’il allait entrer en état solide –dit John, regardant à nouveau par la portière.

    – Il y a quelque chose, John ?

    – Je ne sais pas. Je crois avoir vu quelque chose.

    Soudain, un son familier qui s’échappe de dessous le siège de John, fait accélérer leur pouls.

    – Allo ? –dit Steven après quelques secondes d’incertitude, après avoir atteint le portable et collé très fort le combiné contre son oreille–. Steven ? –susurre une voix mystérieuse.

    – Oui ? Qui est-ce ? Matt ? –dit Steven qui, sans sortir de son étonnement, regarde John avec un air de circonstance.

    – Vous allez mourir !! ha, ha, ha ! Tu m’entends, fils de pute !? Toi et ton ami, vous êtes morts ! Je vous trainerai avec moi en enfer ! –hurle Matt à l’autre bout de la ligne, au milieu de grognements et de fou-rires, dissipant tout vestige d’espoir.

    Steven jure, s’acharne à coups de poings contre la vitre de la portière et lance le maudit téléphone, qui rebondit sur le pare-brise arrière et revient à l’endroit même où il l’avait trouvé.

    La situation empire. Les fluctuations émotionnelles sont constantes. Il n’y a pas le temps d’assumer le bombardement insistant qui fissure le bouclier de la raison et qui fait glisser Steven sur un terrain inhospitalier. Il commence à se sentir comme un équilibriste marchant sur la corde raide.

    Au contraire, John, tout en comprenant son compagnon et sentant le même désespoir ou, même davantage, prend les choses d’une toute autre manière, avec calme, avec tranquillité, avec une foi capable d’illuminer toute cette obscurité qui les empêche de voir avec les yeux, mais pas avec le cœur.

    Le téléphone sonne à nouveau.

    Steven subit une attaque d’anxiété. Terrorisé et le visage altéré, il se tord sur son siège et se bouche les oreilles, en émettant deux cris contrôlés.

    Cette fois, John fouille sous son siège. Il palpe avec les doigts la moquette jusqu’à ce qu’il attrape le maléfique appareil. Il se peut que ce téléphone soit la seule possibilité de trouver de l’aide. Cependant, il ne peut pas permettre que son compagnon perde la tête. Il baisse la vitre et jette le téléphone.

    – Tu te sens bien ? –John attend deux trois minutes que Steven récupère son souffle–. Ne te laisse pas dominer.

    – C’est plus facile à dire qu’à faire.

    – Écoute, nous allons sortir d’ici.

    – Sortir d’où, John ? Nous ne savons même pas où nous sommes.

    – Je sais que c’est difficile. Sans souvenirs, sans but, sans endroit où nous diriger... Tu dois être fort. Cherche en toi la paix et l’amour.

    – Qu’est-ce que tu me racontes ? –dit Steven, regardant John d’un air incrédule.

    – J’essaie de te dire que maintenant toi et moi, nous sommes une équipe, que, pour une raison que nous ne comprenons pas, quelqu’un ou quelque chose nous a mis ici et nous ne pouvons pas abandonner. Je ne vais pas te laisser t’enfoncer et j’espère que tu vas faire de même avec moi. J’essaie de te dire qu’il faut chasser le désespoir, la frayeur et l’angoisse de ton corps.

    – Et comment ?

    – Aide-toi en visualisant une image qui te fera te sentir bien. Invente-toi un souvenir agréable et utilise-le pour être en harmonie, tu comprends ? –dit John, se sentant comme un prophète en terre promise.

    Steven courbe les lèvres vers le haut pour esquisser un sourire, comme si ces arguments lui avaient donné de la force pour continuer. Il dit :

    – Maintenant que j’y pense, je n’ai pas besoin de m’inventer une histoire. Cette petite fille, je n’arrive pas à croire ce que je vais dire. Tu l’as vue ! Elle m’a pris la main avec ses doigts délicats et j’ai senti quelque chose en moi. La Paix, je dirais.

    – Alors, accroche-toi à ça.

    Subitement, la radio s’allume et commence à émettre un bruit d’interférences aiguës et assourdissantes. La graine de bien-être et d’harmonie qui avait commencé à germer, se détruit.

    – Éteins ça, éteins ça, éteins ça ! –proteste Steven hystérique.

    Trop tard.

    Il se peut que ce soit la main du destin. Peut-être que le diable le provoque ou, peut-être, ne s’agit-il que d’une étourderie. Attiré par cette putain de lumière de la radio, John détourne le regard du parebrise un millième de seconde.

    La collision est inévitable.

    La porte du copilote absorbe l’impact et enfonce l’amas de ferraille vers l’intérieur. Ça secoue violemment Steven qui, sans ceinture pour le retenir, est éjecté contre le parebrise et reste inconscient. John s’accroche au volant de toutes ses forces et résiste à l’angle ascendant que prend le Ford. Le côté du conducteur se lève et, alors, juste au moment où les roues retouchent le sol, une pancarte métallique et rectangulaire traverse le parebrise et s’encastre dans le siège, à quelques centimètres du visage de John, séparant la cabine en deux.

    Cinq minutes plus tard, Steven ouvre les yeux. Un filet de sang s’écoule de sa tête et glisse timidement sur son front. La douleur lancinante dans la nuque ne se calme pas, bien qu’avec les mains il se frotte la zone avec insistance. Qu’est-ce que ça peut faire ? Tout cesse d’avoir de l'importance, du moins, en ce court instant où il tourne la tête et observe avec surprise la pancarte rectangulaire logée dans la cabine, avec de grandes lettres qui indique : « STATION ESSENCE 30 KILOMÈTRES ».

    – John ? John ! –s’exclame-t-il désespéré.

    Le silence l’étouffe. L’angoisse lui brûle l’estomac et l’anxiété, grattant sous les côtes, s’amplifie. Il vient de se rendre compte qu’il est coincé dans l’amas de ferraille et que la porte ne s’ouvre pas.

    – Du calme. Réfléchis, réfléchis –murmure-t-il en même temps qu’il ferme les yeux et attend que la solution lui vienne à l’esprit.

    Quelques secondes d’attente suffisent.

    – Steven ! Il faut que tu voies ça ! Steven ? –s’écrie John arrivant de l’autre côté du panneau.

    – Voir ? La seule chose que je vois c’est que je suis coincé ici sans pouvoir sortir.

    – Attends, laisse-moi t’aider.

    – Où étais-tu ? Tu ne t’es pas... Si, tu l’as fait ! Tu m’as laissé tomber.

    – Allez, sors d’ici –dit John euphorique, et il lui tend la main pour l’aider à se glisser par-dessous la pancarte.

    Une fois dehors, ils abandonnent la sécurité factice de l’espace illuminé que produisent les phares du Ford f-350. Ils entrent dans l’obscurité, attirés par un rai de lumière au loin. La sensation de ne pas savoir ce qui les attend à chaque pas est effrayante. La foi règne, par pure nécessité de subsistance.

    – Regarde, c’est là-bas ! –s’exclame John, montrant du doigt les lumières qu’on devine dans le ciel.

    Steven ne peut pas croire ce qu’il voit. C’est comme une explosion d’énergie positive imprimée dans cette obscurité infernale. C’est merveilleux. Ce monde magique et mystérieux, pour la première fois, leur donne un réel motif d’esquisser un sourire, bien que bref, très bref.

    Le bruit strident produit par la radio du Ford inonde l’endroit avec une intermittence aiguë émise par les interférences qui, finalement, cèdent la place à l’étrange voix d’un présentateur qui propage son agréable onde sonore dans tous les coins de cet obscur univers :

    Bonsoir, chers auditeurs. Bienvenus, comme chaque semaine, dans notre espace musical. Dick vous parle sur l’antenne de KWF. Je vous rappelle que pour faire vos demandes en direct, vous devez appeler le 666. Je répète, 666. Si vous appelez en dehors de Nirvana, souvenez-vous que vous devez composer le préfixe 666 et ensuite le numéro 666, ha, ha, ha, ha. Et, attention, mes amis ! Le premier appel de la nuit vient d’arriver. C’est parti !

    – Bonjour, qui es-tu ? –demande Dick.

    – Bonjour. C’est Mary –dit la même voix angélique qui avait susurré à l’oreille de John dans l’écurie.

    – Bonsoir, Mary.

    – Bonsoir, Dick.

    – D’où nous appelles-tu ?

    – D’un Ford-350 –répond la petite fille.

    Au milieu du néant, avec le faisceau de lumière dans le dos et le Ford face à eux, John et Steven restent immobiles. Où allaient-ils aller ?

    – J’espère que tu ne conduis pas –dit Dick–. Je suppose que, au son de ta voix, tu n’as pas encore l’âge de conduire, n’est-ce pas ?

    – Non. J’accompagne John et Steven dans leur voyage. Je ne veux pas qu’il leur arrive quelque chose de mal.

    – C’est très bien, ça, Mary, très bien. Quelle est ta demande ?

    – Eh bien, écoute, Dick. J’aimerais écouter Highway to hell de AC/DC, et la dédier avec tendresse et affection à John et Steven –dit Mary.

    – Alors, on y va !

    La guitare exceptionnelle d’Angus Young commence à jouer.

    ––––––––

    John suit le rythme de la percussion avec la pointe de ses brodequins et esquisse un sourire. Il semble prendre du plaisir. Ensuite, sans plus tarder, il passe le bras par-dessus les épaules de son ami, qui garde le silence, atterré et étonné, et le conduit vers la source lumineuse pour qu’il puisse contempler de ses propres yeux le spectacle : des milliers de lucioles survolant le néant, illuminent l’espace central d’une route secondaire vieillie, abandonnée et non signalisée, qui naît à quelques mètres de leurs pieds et se perd dans l’horizon ténébreux.

    – Ça devient de plus en plus intéressant –dit Steven.

    Inquiets, excités, devenus des naufragés et se sentant comme des hommes des cavernes à la recherche du feu, ils restent là, debout, savourant cette petite et gratifiante victoire.

    – Qu’est-ce que tu en penses ? –demande John.

    – Qu’il faut suivre les panneaux.

    – J’espère que dans cette maudite station il y aura des Buds fraîches.

    Bien qu’ils se trouvent dans ces parages terrifiants et sans issue apparente, ils réussissent à arracher une série de fous rires qui remplissent leurs cœurs de joie.

    Bientôt ils réaliseront que les réponses à leurs questions attendent en eux. Avec toutes les inconnues contre eux, ils décident de suivre le chemin que quelque chose ou quelqu’un leur offre pour chercher des certitudes, et reviennent sur leurs pas jusqu’au Ford.

    Steven se glisse par dessous le panneau métallique, et dit :

    – C’est peut-être un piège, John.

    – Je sais. Est-ce que nous avons une autre option ?

    – Autre chose, mon ami. Nous allons devoir trouver une autre voiture, parce que c’est la dernière fois que je rentre dans cette cage.

    – Ha, ha, ha !

    – Tu ne rirais pas autant si tu étais à ma place –réplique Steven.

    Sur l’asphalte de la route secondaire, John roule avec le pied au plancher. Le moteur rugit comme un diable sous le capot, et les lucioles se dispersent apeurées dans toutes les directions. La lumière de leurs petits corps s’éteint pour toujours et l’obscurité harceleuse se dépêche de couvrir l’espace illuminé jusqu’à maintenant.

    – Elles s’en vont –dit Steven.

    Derrière eux, la route prend vie et commence à s’élever à la verticale, à une vitesse vertigineuse. Elle se courbe comme une vague par-dessus le Ford, donnant la sensation de vouloir les engloutir, pour après se désintégrer dans l’obscurité.

    – Oui. Tout disparaît sur notre passage –dit John regardant dans le rétroviseur.

    – Quoi ?

    – Regarde derrière.

    – Mon Dieu !

    – Tu crois qu’au bout de cette route nous trouverons une réponse ?

    La question n’arrive jamais à sa destination. Elle reste suspendue dans le vide, dans le petit espace qui reste entre eux deux.

    Une douleur lancinante dans la tête de Steven paralyse son système moteur, annule tous ses sens et le traîne dans la profondeur de ses souvenirs.

    ––––––––

    Steven ouvre les portes vitrées coulissantes qui donnent sur le jardin et avance jusqu’au bord de la piscine. Il regarde une femme qui, sans s’apercevoir de sa présence, continue de nager, faisant ses exercices quotidiens pour préserver sa belle silhouette.

    La chaleur est asphyxiante. Steven enlève sa veste et la lance par terre en signe de protestation, non sans avoir desserré avant sa cravate et essuyé la sueur de son front avec elle.

    Être avocat, l’enchaîne à cet uniforme que la société lui impose. On ne peut pas l’appeler autrement. Pourquoi ? Perd-on sa capacité intellectuelle en maillot de bain ? Quelle importance ? Selon les circonstances, finalement, la seule chose qui importe, quand on l’invite à l’une de ces fêtes glamour pleines de gens arrogants qui le regardent par-dessus l’épaule et le jugent en fonction des zéros de ses comptes bancaires, c’est de pouvoir dire, au moment où on lui demande ce qu’il fait, qu’il est avocat, médecin ou tout autre profession avec une rémunération suffisante pour posséder une maison de trois millions de dollars et une piscine comme celle-là. Mais, est-ce réellement cela qui est important ou bien l’amour, le partage, être heureux ?

    Tout est simplifié. Après quinze ans de mariage, Steven est capable de remplir le vide de son pantalon avec une érection en voyant sa femme, avec ses yeux bleus brillant sous la lumière de la lune, avancer nue vers lui, reconnaissante et amoureuse.

    Je suppose que c’est comme ça que les personnes obtiennent tout ce qu’elles veulent, en aimant, en étant heureuses, en embrassant cette mystérieuse énergie qui les entoure. C’est peut-être pour cette raison que Steven se retrouve nu et la femme la plus merveilleuse du monde garde la langue sous son gland quand il éjacule. De cette même manière, de grands rois et des conquérants perdent des batailles, des possessions, des royaumes et, même, la vie, en se laissant entraîner par une déesse comme Krista. Elle qui, jouant avec sa semence chaude dans la bouche, l’étreint entre ses bras pendant qu’elle lui caresse la peau avec ses tétons roses, pour finir par lui susurrer à l’oreille, « je t’aime ». Une femme qui l’oblige à copuler alors qu’il sent encore les spasmes de l’orgasme contractant son pénis, pour satisfaire son feu interne... Sans le savoir, la luxure le dirige et l’asservit, le faisant perdre son statut de chasseur, pour le convertir en proie.

    Le téléphone de la cuisine sonne.

    Krista, comme si elle montait un poulain sauvage, ne cesse de remuer le bassin sur son mari, qui est encore allongé sur le sol.

    – Ne réponds pas, mmm. N’arrête pas –lui susurre Krista tout en gémissant.

    Steven sort son pénis du vagin humide de sa femme, la jette sur un côté avec douceur et se dirige vers l’intérieur de la chambre.

    – Je suis désolé, c’est peut-être un appel important.

    Sans s’arrêter, ni oser tourner la tête vers l’arrière, il sent le regard de Krista planté comme un couteau dans son dos. Il est ironique de constater que la réitération de situations semblables à celle qu’ils viennent de vivre, provoque une partie des divorces qui lui permettent, comme avocat, de gagner autant d’argent.

    Effondré, Steven raccroche le téléphone et s’écroule sur une des chaises de la cuisine. Il appuie les coudes sur la table et laisse tomber sa tête entre ses mains.

    Avec le parfum du sexe imprégné dans l’air et étrangère à ce qui se passe, Krista s’approche sur la pointe des pieds, lui écarte les bras doucement et ouvre les jambes pour s’asseoir sur ses genoux. Elle cherche la dernière chevauchée, mais lui, il n’a plus la tête à ça.

    Insensible à ses charmes, Steven la prend par les aisselles et l’assied sur la table.

    – Fais les valises. On s’en va.

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