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Des pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne archives souvenirs bilan édition du cinquantenaire
Des pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne archives souvenirs bilan édition du cinquantenaire
Des pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne archives souvenirs bilan édition du cinquantenaire
Livre électronique392 pages3 heures

Des pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne archives souvenirs bilan édition du cinquantenaire

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À propos de ce livre électronique

J'ai vécu Mai 68 au comité d'occupation de la Sorbonne à Paris au milieu des militants politiques.
De nouveaux concepts se mettaient en place. L'esprit de Mai a inspiré ma vie.
J'ai ressorti les archives de mes documents conservés depuis cinquante ans.
Au fil de mes cahiers, j'avais noté divers éléments. J'ai fait des bilans après 10, 20, 30, 40 ans.
En 5 décennies, j'étudie l'évolution de notre société jusqu'aux luttes du printemps 2018.
Gaelle Kermen

Ce qu'en dit Pierrick Tillet sur Yetiblog

"S’il m’a été donné de lire quelque chose de dense, de vivant, d’irrésistible et de réellement enthousiasmant en ce cinquantenaire de Mai 68, c’est bien le livre de Gaëlle Kermen : Des pavés à la plage : Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne.
En mai 68, compagne d’un militant révolutionnaire, Gaëlle Kermen (Marie-Hélène Le Doze), 22 ans, s’est retrouvée propulsée à la trésorerie du Comité d’occupation de la Sorbonne. C’est donc de l’intérieur que nous allons assister – “participer” –, cinquante ans après, à la formidable ébullition de ce mois ébouriffant.
L’ouvrage de Gaëlle Kermen n’a rien de la thèse universitaire ou de la réflexion politique nostalgique. Il tient plutôt du journal de bord d’une jeune fille, bien peu politisée au moment des faits et qui ne semblait en rien prédestinée à devenir une ” activiste révolutionnaire” :
« J’avoue ne pas avoir compris grand-chose aux différences entre les groupuscules qui s’agitaient alors, tous dissous le 12 juin 1968. Je n’ai pas participé à leurs combats, mais, par un concours de circonstances, j’ai été un de leurs témoins directs. »
Une “activiste révolutionnaire” diablement sympathique
En réalité, comme beaucoup de ces contemporains d’alors, Gaëlle Kermen s’est laissée embarquer (au su de son plein gré !) dans l’incroyable effervescence libératoire de cette époque. Effervescence qu’elle nous fait partager avec un rare talent de conteuse dans un texte entrecoupé de notes prises au vif de l’action et d’extraits au jour le jour du quotidien Combat très engagé dans le mouvement. Bref, c’est comme si on “y était”.
On est loin , très loin des récits stéréotypés et caricaturaux que nous ont livrés les médias lors de ce cinquantenaire, {...}. Le livre de Gaëlle Kermen ne s’arrête pas à la seule description de la période des “évènements”. Tous les dix ans, l’auteure a scrupuleusement fait le point sur l’évolution de l’esprit et des acteurs de Mai 68.
Mieux, elle prolonge sa réflexion par une longue mise en perspective avec la période actuelle sans dissimuler son envie urgente de voir éclore un Mai 18 et d’y participer, à 72 ans révolus, avec la même furieuse ferveur. Car non, et c’est la leçon de cette histoire, tous les acteurs de Mai 68 n’ont pas sombré et retourné leur veste {...}. Sacrifiant plans de carrière et sécurité bourgeoise, ils ont préféré satisfaire leur inextinguible appétit de liberté.
Finalement, la cerise sur le gâteau de ce livre foisonnant, vivant, excitant, c’est qu’en plus son auteure nous apparaît comme diablement sympathique."

Ce qu'en dit Pascal de Toulouse
"J'ai beaucoup aimé ce livre singulier sur mai 68. Le récit m'a complètement plongé dans l'ambiance vécue par cette jeune fille, fine observatrice auprès des principaux acteurs de ce grand moment de l'histoire. Ce témoignage est prenant, bienveillant et documenté. L'auteur s'est appuyé sur ses propres notes datées de l'époque ainsi que sur d'autres documents archivés par ses soins. Lorsque vous tournerez la dernière page de ce livre, vous ne verrez plus jamais mai 68 de la même façon. C'est ce que je ressens."

LangueFrançais
Date de sortie26 août 2018
ISBN9780463818534
Des pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne archives souvenirs bilan édition du cinquantenaire
Auteur

Gaelle Kermen

Née le 3 mars 1946, étudiante à Paris dans les années 60-70, diplômée de la Sorbonne et de l'université Paris 8-Vincennes (Philosophie, Droit-Sciences Po, Sociologie).Sur Mac depuis 1992, sur Internet dès 95, webmaster en 97, blogueuse.Auteur-éditeur depuis 2010, elle publie en numérique les cahiers de son Journal, tenu à son arrivée de Bretagne à Paris en septembre 1960.Conseil en gestion du temps, elle cherche toujours des méthodes pour simplifier la vie.Scrivener user, fan et evangelist, elle publie un guide francophone "Scrivener plus simple".Elle restaure elle-même sa chaumière en Bretagne et son domaine en tenant un cahier de chantier.Gaelle Kermen écrit sur la vie, le temps, la nature, le rythme des saisons, la littérature, la musique, la peinture, la politique, l'histoire du monde, les technologies, le jardin, le travail du bois ou du chanvre, la sculpture du paysage, pour la construction d'un cadre de vie permettant l'épanouissement de chacun en harmonie avec le monde qui le porte.Concept de vie : marcher dans la beauté.

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    Des pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne archives souvenirs bilan édition du cinquantenaire - Gaelle Kermen

    Des pavés à la plage

    Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne

    archives, souvenirs, bilans

    édition du cinquantenaire

    Gaelle Kermen

    2018

    Gaelle Kermen 2018

    Ann’Yvonne le Doze © 2008

    Vagabondages de Mai ou Comment je n’ai pas fait Mai 68

    Couverture par Adam Molariss pour Indiegraphics 2018

    ISBN 978046381853

    Copyright

    Des pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne

    Gaelle Kermen

    Couverture : © Adam Molariss 2018

    All Rights Reserved.Tous droits réservés

    Publié par Marie-Hélène Le Doze, Bretagne, France,  2018

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    En hommage à Jakez Morpain (1947-2018)

    le photographe de ma jeunesse

    qui nous a quittés le 31 mai 2018

    Il m’avait suivie au café de Buci en 67

    au Belon en 68

    au festival de Wight en 70

    enfin chez George Whitman

    à Shakespeare & co en 97

    Trugarez, Jakez !

    En hommage à Michel Bablon (1938-2012)

    À la mémoire des camarades

    connus au Comité d’Occupation,

    Claude Dejacques, Jacques Bleiptreu

    et ceux qui ne sont plus là

    pour vivre le printemps 2018

    Au bel avenir des luttes de 2018 !

    tant que j'aurai soif de musique

    soif de justice soif de luttes soif de vie

    je ne pourrai pas m'installer dans un bonheur tranquille

    confortable et stable

    j'aime trop les gens qui vivent et se battent

    parce qu'ils croient en la vie

    en la leur et en celle des autres

    je les aiderai dans la mesure de mes possibilités

    avec mes petits moyens

    qui peuvent être grands

    telle est mon éthique et ma mystique

    la soif

    un amour immense

    qui m'emplit le cœur et le ventre

    gaelle kermen

    24/12/ 68

    INTRODUCTION

    Histoire et histoires d’amour

    Mai 68 n’était pas qu’une histoire d’étudiants et d’ouvriers, de CRS et de CGT, de manifs et de barricades, c’était aussi des histoires d’amour, des rencontres passionnées, des discours enflammés et surtout des rêves d’avenir meilleur et de changement de société.

    Le temps de Mai 68 était celui du possible. Il a été exceptionnel, inexplicable, inexpliqué. Lié à ce qui s'était passé avant. Nié par ce qui s'est passé après. Nous avons eu la chance de vivre ce temps entre parenthèses. Une part de nous le porte encore.

    Une phrase pour moi résume Mai 68, celle, prémonitoire, de Raymond Devos, dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, trois ans avant la Révolution de Mai : « La poésie, c'est qui perd gagne ! »

    Mai 68 a été un formidable espace-temps poétique.

    Cinquante ans plus tard, l’esprit de Mai est toujours vivant.

    Pour en finir avec Mai 68 ? Le réussir en 2018 !

    Présentation

    J’ai vécu Mai 68 au Quartier latin parisien, de l’intérieur de la Sorbonne occupée. Je ne ressens aucune nostalgie d’ancienne combattante, je n’ai pas lancé de pavés, me tenant toujours à l’écart des manifestations, sauf la plus grande, celle du 13 mai qui a démarré la grève générale et l’occupation de la Sorbonne, symbole de l’Université française, phare du rayonnement intellectuel mondial.

    Je ne me suis pas tout de suite impliquée dans la Révolution. Un matin, celui du 11 mai, j’ai réalisé que l’année précédente j’étais moi aussi une étudiante du lieu et si, à la rentrée de septembre 1967, je m’étais orientée vers la couture, je restais concernée par le sort de mon Alma Mater, comme je me sens encore concernée par le sort de mon autre université de cœur, l’ancienne fac de Vincennes devenue Paris-8-Vincennes-Saint-Denis, où je me suis construite telle que je reste, avec la passion de l’étude et de la recherche.

    Mon compagnon de l’époque était politisé et préparait le Grand Soir. J’ignorais à quel point il l’était et me préoccupais plus de mes créations de mode que de changer le monde.

    Ayant passé du temps au Quartier latin et à la Sorbonne, je suis un témoin apte à décrypter certains signes a posteriori, surtout après avoir retrouvé des notes inédites prises sur le vif du Comité d’Occupation. Cinquante ans après, j’éprouve le besoin de faire les bilans, comparer les époques et voir si l’échec d’alors peut devenir la réussite d’aujourd’hui.

    J’ai regardé quelques documentaires télévisés, j’ai apprécié de revoir les films de l’époque, mais je me suis beaucoup ennuyée, à la limite de l’endormissement, en écoutant les entretiens des anciens militants. Ce n’est pas leur faute, j’imagine que leurs souvenirs devaient être intéressants, mais le montage est insupportable. Pourquoi tout morceler ainsi ? Comme si nous n’étions plus capables d’attention au bout de deux phrases. Le seul qui m’ait intéressée est l’entretien du petit-fils du général, Yves De Gaulle, lycéen en Mai 68, qui nous révèle une autre face du personnage historique.

    J’ai pensé que ma voix avait son mot à dire dans le concert de l’anniversaire de Mai 68 en 2018. Non pas en thèse universitaire, mais en témoignage encore vivant de l’esprit de Mai, qu’on a tenté d’éradiquer, mais qui est toujours là, prêt à exploser, plus que jamais en ce printemps policier qui tente de désamorcer tous les fronts en lutte.

    J’analyse la situation avant Mai 68 sur trois plans : personnel, transpersonnel et politique.

    Pendant Mai 68, je décris ce que j’ai vu : l’occupation de la Sorbonne, mon rôle dans le Comité d’Occupation où j’assurais la veille de la trésorerie le soir et la nuit, les rencontres, les relations amoureuses et amicales.

    Je publie certaines notes de mon Journal de 68 et les notes prises avec les militants sur la gestion du Comité d’Occupation élu après le 17 mai. Inédites, ces notes sont en exacte résonance avec les événements du printemps 2018 en cours.

    De mes archives, j’extrais des Unes du Journal Combat pour comprendre le contexte quotidien. Parfois, je crois qu’il est question de notre actualité.

    Au fil des cinq dernières décennies, j’ai fait des bilans dans mon Journal. Je décris tous les dix ans comment j’ai vécu l’esprit de Mai.

    En 1978, après un retour à la nature en Ariège auprès des communautaires agricoles post-soixante-huitardes, nous étions revenus en Bretagne et restaurions la chaumière de Kerantorec pour créer une crêperie.

    En 1988, j’avais été interviewée dans le Télégramme local pour évoquer mes souvenirs de la Sorbonne. Déçue de l’article, j’avais écrit un Droit de réponse, jamais publié. Je le saisis et je publie ici le premier bilan après vingt ans.

    En 1998, l’Internet a changé la donne et permet la démocratie directe prônée par Mai 68. Je fais la publication des premiers documents d’archives sur mon site Internet. Gérard Pangon de Télérama se sent en « connivence » avec mon site Internet et publie une page sur lui dans le Télérama souvenir de Mai 68.

    En 2008, les journées de Mai 68 sur la radio France-Inter me donnent l’occasion d’écrire mes souvenirs dans mon Journal. Ma sœur rédige un article pour mon site Internet qui décrit bien l’ambiance des événements de l’époque. Je publie cet article au début de cet ouvrage.

    En 2018, je reprends mes archives. J’ai conservé une collection du journal Combat du 16 mai au 18 juin 98, le temps de l’occupation de la Sorbonne. J’en publie les Unes chaque jour sur mon blog cinquante ans plus tard.

    J’analyse l’évolution de la société en un demi-siècle.

    Je tente de définir ce qui nous est nécessaire maintenant.

    J’essaie d’envisager les perspectives d’un printemps 68 qui réussirait au printemps 2018:

    guerre de guérilla rurale à Notre-Dame-des-Landes ou autre Zone à Défendre (ZAD) : « Ils détruisent, on reconstruit ! ».

    guerre de guérilla urbaine dans les facultés, les gares, les hôpitaux, les administrations, les services publics...

    L’esprit de Mai revient !

    Les slogans d’hier sont actualisés pour aujourd’hui.

    Méthodologie

    Il n’est pas question pour moi de faire une compilation de tout ce qui s’est dit, écrit ou filmé sur Mai 68 depuis cinquante ans.

    Si j’avais voulu écrire une thèse, je serais restée à la Sorbonne ou à Paris-8. Or, j’ai choisi le retour à la terre quand certains de mes camarades restaient à la fac, où Jean-Claude Passeron me proposait un poste d’assistante de sociologie. Ma compréhension du monde en a été changée. Ma vie matérielle aussi bien sûr, mais c’était mon choix.

    Je préfère transmettre une vision plus personnelle, avec focalisation sur quelques sujets de réflexion. Cette période de mon Journal a été publiée dans un de mes premiers livres, Le Soleil dans l’Œil 1966-68, en 2010. Il témoigne de la façon dont une jeune fille de l’époque pouvait vivre ses histoires d’amour au milieu d’événements qui allaient changer la société. L’amour reste universel, beaucoup de mes lectrices plus jeunes se sont reconnues dans mes lignes, sans jamais avoir vécu ce genre d’aventures.

    Dans ce nouvel ouvrage à la fois historique et littéraire, je veux garder ce qui me semble essentiel maintenant pour comprendre l’ambiance de la Sorbonne, vue du Comité d’Occupation. J’avoue ne pas avoir compris grand-chose aux différences entre les groupuscules qui s’agitaient alors, tous dissous le 12 juin 1968. Je n’ai pas participé à leurs combats, mais, par un concours de circonstances, j’ai été un de leurs témoins directs.

    Je publie ici des notes que je n’avais pas mises dans Le Soleil dans l’Œil pour conserver le rythme du Journal en cahiers. Elles permettront peut-être à des chercheurs de creuser certaines pistes que je n’ai pas l’intention d’exploiter, ayant d’autres écrits à publier tant que je suis en forme et inspirée.

    En guise de chronologie, je publie les notes prises en juin 1968 alors que nous étions repliés sur la faculté de Censier, après la reprise de la Sorbonne. Je les complète en avril 2018 dans le bureau de ma chaumière bretonne. Lors de la saisie de mes notes, je fais des recherches sur Internet, privilège que nous n’avions pas autrefois et dont je ne cesse de mesurer l’importance, avec l’émerveillement inaltérable de mes débuts internautes de l’été 1995.

    Je fais des recherches sur les personnes dont j’avais noté les paroles. Je ne retrouve pas tout le monde. J’ai parfois l’impression qu’un courant d’air s’est infiltré dans certains dossiers et a fait voler hors des cadres certaines informations. Certains militants ont-ils demandé le droit à l’oubli sur Internet ? Pourtant, aucun ne m’a demandé d’effacer son nom sur mon article publié en mars 98, Une soif jamais ressentie, repris dans de nombreuses publications sur Mai 68.

    Mes notes restent brutes de décoffrage, sans amélioration stylistique, pour conserver la réalité de juin 68. Nous vivions alors dans l’urgence permanente et la crainte de descentes de police.

    Ensuite, l’ouvrage relate la façon dont on vivait Mai 68 en 1978, 1988, 1998 et 2008 jusqu’à l’évolution d’une société qui finit par vouloir « liquider Mai 68 ». Je publie ici les notes que j’en tirais dans mon Journal.

    Enfin, je tente de faire un bilan des journées du printemps 1968 en les comparant avec les journées de manifestations du printemps 2018. Je donne le point de vue d’une jeune fille de la Sorbonne qui a quitté les pavés parisiens pour retrouver la plage bretonne. Je suis maintenant une vieille dame qui va à vélo à la plage.

    Casamayor : « Ce que vous pensez Vous »

    Je vais dans ce livre appliquer la pédagogie apprise de mon maître Casamayor. Il est le seul à qui j'aie jamais décerné ce titre de maître, en immense respect.

    Casamayor (juge Serge Fuster dans le civil) a été notre professeur de Libertés Publiques à la fac de Vincennes, héritière de Mai 68, nommée d’abord Centre Universitaire Expérimental de Vincennes par la loi Faure d’orientation de l’enseignement supérieur de novembre 68. Ouvert en janvier 69, le CUEV est devenu l’Université de Paris-VIII-Vincennes, puis Paris-8-Vincennes-Saint-Denis pour garder la référence historique des débuts.

    Casamayor a été le premier professeur de ma vie à nous demander ce que nous pensions, mes camarades et moi, du sujet qu’il nous donnait, sans lui recopier l’opinion des manuels qu’il connaissait mieux que nous. Vrai, c’était la première fois qu’on me demandait mon avis dans un devoir. Pourtant, j’avais fait philosophie au bac et, après une année de fac de droit (sans diplôme), j’avais obtenu une année de propédeutique à la Sorbonne. Jamais on ne m’avait demandé mon avis.

    Le mois de Mai 68 était passé par là et je pouvais désormais penser par moi-même. Depuis le premier cours de Casamayor, un lundi matin de février 69 dans un amphi de l’Université de Vincennes, je n’ai plus jamais cessé de penser par moi-même.

    J’ai ajouté le doute cartésien à cette maxime, pour ne jamais croire d’emblée ce que croyait le plus grand nombre. J’ai toujours eu un point de vue engageant toutes les possibilités. Je n’ai jamais laissé quiconque penser et décider à ma place.

    La vie avec les autres a parfois été difficile et j’ai fini par me retirer dans ma coquille, par le réflexe de l’escargot, rentrant mes cornes de crainte d’être blessée par les déversements de haine venimeuse qu’il m’arrive d’entendre quand je regarde, écoute ou lit ce qui se dit dans les médias ou les réseaux sociaux.

    J’évite toutes les discussions chronophages et stériles, n’ayant plus d’énergie ni de temps à perdre.

    Mais je m’arroge le droit d’apporter ma pierre écrite à l’édifice.

    Je m’en fais même un devoir dans mes écritures.

    Je ne ferai pas de compilation sur les publications déjà émises sur le sujet de Mai 68. Je vais donner le point de vue d’une jeune fille que les circonstances ont fait vivre les événements de Mai 68 de l’intérieur, à la trésorerie du Comité d'Occupation de la Sorbonne.

    Et comme j’ai presque toujours écrit dans mes cahiers, je vais exprimer les bilans faits régulièrement sur les acquis positifs ou les interprétations négatives de Mai 68 :

    en 1978, à 32 ans, alors que je restaurais la chaumière où j’habite encore et qui nécessite nouvelle restauration cette année,

    en 1988, à 42 ans, alors que je venais d’avoir mon troisième enfant,

    en 1998, quand j’écrivais depuis un an sur Internet et publiais mes premières archives, dont Trois jours de folie à la Sorbonne,

    en 2008, quand je complétais des souvenirs sur mon blog par ceux de ma sœur, car Mai 68 restait une référence absolue dans nos vies.

    La vie passe vite. Je ne serai peut-être plus là dans dix ans à 82 ans. Le cinquantenaire de 2018 est l’occasion de sortir mes archives des cartons et d’en tirer la substantifique moelle chère à Rabelais, dont l’esprit régnait encore sur le Quartier latin dans les traditions estudiantines qui ont marqué les soulèvements parisiens depuis le 13e siècle.

    C’est l’occasion de réfléchir, de se souvenir, d’en tirer des philosophies de vie.

    Si j’avais été encore concernée par les discours des leaders historiques, je leur aurais laissé la parole. Ce n’est plus le cas. Un des slogans de Mai 68 était : « Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule. »

    C’est sûrement le slogan le plus stupide et le plus préjudiciable. Je l’entends dans un autre sens. Je ne suis « rien » par rapport aux leaders médiatiques. Je n’ai peut-être rien à dire, mais je vais le dire quand même.

    L’écrivain américain d’origine québécoise et bretonne, Jack Kerouac, écrivait : « Je ne sais pas où je vais, mais j’y vais. »

    Citation exacte tirée de On the Road :

    — Sal, we gotto go and never stop going till we get there.

    — Where we goin, man ?

    — I don’t know, but we gotta go.

    J’y vais donc. Qui m’aime me suive !

    Gaelle Kermen

    Kerantorec, le 3 avril 2018

    AVANT MAI 68

    Mon origine sociale, religieuse et politique

    En 1968, je n’étais pas politisée et j’ignorais ce que pouvaient représenter les différents groupuscules d’avant Mai. Par contre, j’étais sensibilisée aux problèmes nucléaires. Habitants de Saint-Leu-la-Forêt près de Taverny où se situait le PC de la force de frappe, nous avions peur de l’usage de la bombe atomique. Nous faisions entre amis et en famille chaque année la Marche de la paix de Taverny à Suresnes.

    Le mouvement beatnik m'avait intéressée d’abord par les dessins du square du Vert-Galant sous le Pont Neuf, faits par mon grand frère revenu d’Algérie, qui y passait ses journées un temps. En 1967, j’ai découvert la littérature de Jack Kerouac et des autres à la librairie américaine Shakespeare & Company ou chez mes amies américanophiles.

    Le

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