« JE PRÉFÈRE ADMIRER PLUTÔT QUE RICANER »
IL A RÉUSSI deux des plus gros « coups » des derniers mois: l’entretien avec Barack Obama sur France 2 (plus de dix millions de téléspectateurs), puis celui avec Camille Kouchner, l’autrice de La familia grande, regardé par 930 000 téléspectateurs, soit la troisième audience depuis la naissance de « La Grande Librairie » sur France 5, il y a treize ans. François Busnel est journaliste, producteur et animateur du principal rendez-vous littéraire à la télévision, voire dans les médias hexagonaux, après une carrière qui l’a mené à L’Express, à France Inter, ou à la tête du magazine Lire pendant onze ans. Il a aussi fondé, en 2017, America, la revue qui a scruté par la voix d’écrivains le mandat de Donald Trump, et dont le dernier numéro est paru le 20 janvier 2021. François Busnel s’exprime rarement. Mais quand il accepte, c’est avec un oui franc, généreux. Discret sur sa propre vie, il devient intarissable dès qu’il s’agit d’évoquer la littérature et ses principaux artisans, les écrivains. À 51 ans, cet homme de télévision, qui vient de réaliser son premier documentaire sur l’écrivain américain Jim Harrison, songe aussi au cinéma. Entouré de centaines de livres, il a reçu GQ pendant près de trois heures dans son bureau à Rosebud, sa société de production.
Lors de l’entretien que Barack Obama vous a accordé, il a déclaré avoir espéré bâtir « une vie fondée sur le dialogue et non plus sur la division ». Il évoquait les États-Unis, mais cette vision peut-elle s’appliquer à la France?
Oui, ça serait tout à fait applicable à la France. C’est même paradoxal, car vous allez me répondre que sur les chaînes infos ou dans les émissions dites culturelles, il y a des débats partout. Mais en réalité, ce n’est pas du débat: c’est de l’invective, de la prise de bec, du buzz, la recherche de la petite phrase qui sera reprise pour recréer le lendemain une nouvelle invective. Les réseaux sociaux et les chaînes tout info ont accéléré cette perte de débat ; la pensée a besoin de temps pour se construire et se développer. Pour revenir à Obama, il est apparu au début du XXIe siècle, en même temps que les réseaux sociaux se
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