Imaginez qu'au milieu du brouhaha s'élève soudain une voix claire, sage. C'est le sentiment que l'on a en refermant le livre de Michelle Perrot et de son ancien élève Eduardo Castillo, Le Temps des féminismes. Dans cette histoire des femmes et du féminisme, celle qui incarne dans le champ historique cette révolution du xxe retrace son parcours: le choc Beauvoir, son travail sur les ouvriers, 1968 et les mouvements de libération des femmes, et la prise de conscience qu'il faut s'intéresser spécifiquement à leur histoire. Michelle Perrot parle du passé mais également du présent et du féminisme futur. L'universitaire n'élude aucune des débats actuels qui traversent le mouvement. Elle les apaise avec intelligence et recul: « On peut être différent sans pour autant se draper dans une identité. Il ne faut pas perdre le cap de l'universel, c'est la seule voie qui permette de réaliser l'égalité » mais « refuser les mots “décolonial”, “woke”, “cancel culture”, “intersectionnalité”, dénoncer d'emblée leur caractère pervers, c'est refuser le débat, refuser qu'il ait lieu, refuser les mots pour disqualifier la discussion elle-même. Ce n'est ni une attitude historique, ni une attitude scientifique ». Elle s'émerveille de MeToo et « du féminisme flamboyant des dix dernières années qui se situe dans une action ». Elle est toujours enthousiaste et optimiste. Et c'est, comme souvent, dans la nuance que se trouve la justesse: « »
Michelle Perrot, Eduardo Castillo Le temps des féminismes
Jan 19, 2023
8 minutes
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