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L'Homme Éternel - Livre 1 : Impulsion
L'Homme Éternel - Livre 1 : Impulsion
L'Homme Éternel - Livre 1 : Impulsion
Livre électronique285 pages3 heures

L'Homme Éternel - Livre 1 : Impulsion

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À propos de ce livre électronique

FORTEMENT RECOMMANDÉ par Michael Marshall-Smith, gagnant du British Fantasy Award et best-seller sélectionné par le New York Times.
Pour les fans du Trône de Fer, Wool, Blade Runner, Le Hobbit, Stephen King, David Gemmell et Robert J. Crane.


Le monde, comme nous le connaissons, n'est plus.
Un homme reste déterminé. Un homme qui a été formé à l'art sauvage de la guerre. Un homme qui mène sa vie selon des principes. Un homme simple qui ne veut pas du pouvoir qu'il a reçu. Cet homme est le Sergent de la Marine Nathaniel Hogan, attaché à l'ambassade américaine de Londres et, bien qu'il ne le sache pas, il est l'Homme Éternel.

La première impulsion a eu lieu lors de l'année 2022 de l'ancien calendrier. Une séquence d'énormes éruptions solaires a provoqué une série de massives impulsions électro-magnétiques qui ont arrêté le cœur de notre monde moderne, nous renvoyant à l'ÂGE DE PIERRE.
Des dizaines de milliers sont morts lors des premières heures quand les avions sont tombés du ciel, quand les hôpitaux ont cessé de fonctionner et quand tous les moyens de transport modernes se sont subitement arrêtés.
En quelques jours, le nombre de morts avait atteint des centaines de milliers. Des feux ont ravagé les villes, les réserves d'eau se sont épuisées et les survivants se sont tournés les uns contre les autres, la loi du plus fort surpassant toutes les autres.

Et Nathaniel découvre qu'il a été transformé par de hautes doses de radiations gamma venant des éruptions solaires. Elles ont amélioré ses capacités naturelles, augmentant sa vitesse, sa force et son pouvoir de guérison. Étendant son espérance de vie indéfiniment et lui permettant de drainer le pouvoir des éruptions solaires pour créer de la magique.
Mais même l'Homme Éternel n'était pas prêt pour ce qui allait arriver ensuite, alors que les éruptions ininterrompues fissurent le temps et l'espace, créant un portail par lequel « ils » sont apparus.

Des royaumes fantastiques arrivèrent les orques, les gobelins et, les menant tous, le Bon-peuple.
Étaient-ils là pour aider, ou pour conquérir ?


Une saga de fantasy épique au top.

Craig Zerf est devenu sérieux ! C'est le premier livre de son ÉNORME nouvelle saga de fantasy épique. Une vraie saga fantasy avec un super-héros qui recouvre des centaines d'années de l'existence dystopique de l'homme sous le joug du Bon-peuple.

Auteur primé.... Choisi par London Radio BBC 4 comme meilleur livre de fantasy épique et héroïque.

˃˃˃Auteur primé.... Choisi par London Radio BBC 4 comme meilleur livre, roman de fantasy jeunes adultes

SF CROWSNEST - Craig Zerf est très inventif et a beaucoup d'esprit. Un excellent roman sur la Terre dans un monde fantasy post-apocalyptique.

Un excellent roman dystopique avec un super-héros.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie4 janv. 2017
ISBN9781507147498
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    Wow ! C'est ce qui m'a souvent traversé l'esprit en lisant ce livre. Un savant mélange de SF et de fantasy. Je l'ai lu en une nuit, incapable de le poser. L'histoire est géniale, écrite brillamment, la précision des détails nous plonge encore plus facilement dans le monde de L'Homme Éternel. Le personnage principal est vraiment bad-ass, mais les personnages secondaires ne sont pas en reste. Vraiment hâte de lire la suite, une série bien prometteuse.

Aperçu du livre

L'Homme Éternel - Livre 1 - Craig Zerf

L'Homme Éternel

Livre 1 : Impulsion

© 2014, Auteur Craig Zerf/C. Marten-Zerf

TOUS DROITS RÉSERVÉS. Ce livre contient du matériel protégé par les lois et traités internationaux et fédéraux sur la propriété intellectuelle. Toute impression ou utilisation non autorisée de ce matériel est interdite. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous n'importe quelle forme ou manière que ce soit, électroniquement ou mécaniquement, ce qui inclut la photocopie, l'enregistrement ou tout système de récupération et stockage de données sans la permission expresse écrite de l'auteur/de l'éditeur.

Comme toujours, à ma femme Polly et mon fils Axel. Vous chassez les ombres de mon âme.

Un jour, j'ai dit à un épouvantail : « Tu dois être fatigué de rester debout dans ce champ esseulé. »

Et il a répondu : « La joie d'effrayer est profonde et durable, je ne m'en lasse jamais. »

Après une minute de réflexion, j'ai dit : « C'est vrai, moi aussi j'ai connu cette joie. »

Ce à quoi il a répondu : « Seuls ceux qui sont remplis de paille peuvent la connaître. »

Puis je suis parti, ne sachant pas s'il m'avait fait un compliment ou insulté.

Kahli Gibran

Livre 1 : Impulsion

Chapitre 1

Le Sergent Maître Artilleur Nathaniel Hogan se tenait devant la nouvelle ambassade américaine de Nine Elms à Londres et regardait les bateaux descendre la Tamise. Il était vêtu de son uniforme de combat standard, aussi appelé num' en raison du camouflage numérique MARPAT. Il portait la version foncée forestière, par opposition à la version légère désertique, même si, strictement parlant, elle ne devait être portée qu'en hiver.

Hogan était un homme imposant. Les os saillants, un mètre quatre-vingt quinze, environ cent-dix kilos. Et, à seulement vingt-six ans, un des plus jeunes Sergents Maîtres Artilleurs du corps. Ses cheveux noirs étaient coupés selon le style standard des marines  : courts à l'arrière et sur les côtés, la longueur n'excédant pas sept centimètres. Il était rasé de près. Ses yeux, en profondeur sous des sourcils fournis, étaient d'un vert sombre, comme des émeraudes recouvertes par des ombres. De hautes pommettes suggéraient des origines amérindiennes, ce que confirmaient ses larges dents blanches et son nez romain bien droit.

Il ne portait pas de fusil d'assaut, mais un Colt 1911M25 à la ceinture, la dernière version du vénérable 1911. Toujours chambré pour le calibre 45, mais avec un chargeur échelonné renfermant dix cartouches ainsi qu'un compensateur intégré.

Il regarda sa montre. Dix huit heures zéro zéro. Le reste du public était parti. Le coucher de soleil était prévu à vingt heures zéro zéro. La relève de la garde était prévue à la même heure.

Hogan était en charge de huit marines stationnés à l'ambassade. C'est ce que le corps appelait un «  poste de récompense  ». Dix-huit mois pépères dans une des villes les plus fun du monde. Ce soir, il débauchait après la relève de la garde et allait retrouver une Anglaise en ville. Emma Rittington. Grande, blonde, carrure de cavalière. Ses amis anglais disaient d'elle que c'était une snobinarde, ses amis américains disaient qu'elle était sophistiquée. Elle avait un appartement trois pièces, ou F3, sur Sloane Square et semblait ne manquer de rien. Mais ce n'était pas cela qui attirait le sergent des marines chez elle. Son attirance se basait presque entièrement sur le physique. En toute honnêteté, elle avait avoué la même chose envers lui. De plus, être un Américain et un sous-officier avait, selon ses propres mots à elle, « provoqué chez papa une vraie cascade d'angoisse », quelque chose qui semblait énormément lui faire plaisir.

Il regarda une nouvelle fois la Tamise. Les nuages se reflétaient dans l'eau au courant rapide, un fac-simile brunâtre du firmament.

Puis un arc-en-ciel glissa sur la surface. Comme si des milliers de litres d'huile avaient été versés en un instant dans l'eau. Un orgasme de couleur. Hogan leva les yeux et vit le ciel enflammé de lumière. Une lumière s'écoulant, se retirant, s'étalant et se fondant. Il avait déjà vu cela, mais jamais avec autant de clarté. Et jamais en plein jour. Il avait vu un tel phénomène quand il avait été détaché à l'ambassade de Moscou. C'était une aurore boréale, ou aurore polaire. Il la regarda, fasciné, alors qu'elle ondulait dans le ciel. Vaste. Écrasante. Et tellement silencieuse. Avec un tel spectacle, il s'attendait à une sorte de son accompagnateur. Le tonnerre. Le vent. Une sorte de roulement de tambour naturel. Pas un bruit.

Il pencha la tête sur le côté et se concentra. Le silence était étrange. En fait, il n'y avait aucun bruit. Rien du tout. Le bruit de fond constant d'une ville en mouvement n'était pas là.

Deux millions et demi de voitures et de bus. Deux mille huit cents sites de construction, un millier de projets de travaux routiers, cent vingt mille appareils d'air conditionné, plus de cent avions de ligne.

Silence.

Puis le bruit de pas de quelqu'un qui court. Le Caporal des Marines Manson venait vers lui à toute vitesse.

– Artiflot, il n'y a plus de courant dans l'immeuble et le générateur d'urgence n'a pas pris le relais. Une panne d'électricité totale.

– Bien, Manson. Dites aux hommes de rester à leurs postes. Allez trouver le concierge et voyez ce que vous pouvez faire avec le générateur. Au pas de course.

Manson ne bougeait pas. Il semblait pétrifié sur place, regardant par dessus l'épaule d'Hogan avec des yeux écarquillés. Puis, comme un homme montrant sa propre mort du doigt, il leva un bras. Hogan se retourna pour regarder.

Une pluie d'avions tombait du ciel. Dix, vingt, trente. Des centaines de milliers de tonnes d'acier plongeaient vers le sol, tournoyant maladroitement vers la terre. Succombant aux lois de la gravité qui avaient été peu avant défiées grâce à des moteurs de jet et leurs trois cents mille chevaux.

Le premier frappa la ville. Kensington. De la poussière, puis des flammes. Enfin, du bruit. Un massif mur de son sourd lorsque les cent mille litres de kérosène explosèrent. Quelques secondes plus tard, l'avion suivant s'écrasa. Puis le suivant. Et celui d'après.

Brentford, Fulham, Shepherd’s Bush. Belgravia.

Les bruits d'explosions tonnaient à travers toute la ville. Mais les sons des sirènes n'étaient pas là. Pas de klaxons des camions de pompiers. Pas de signal d'avertissement. Rien que le bruit du feu. Ils étaient trop loin pour entendre les cris des mourants.

Hogan attrapa le caporal par l'épaule et le secoua brusquement.

– Manson. Focus. Maintenant, retournez à l'intérieur. Dites aux civils de ne pas sortir. Demandez au Sergent Johnson d'ouvrir l'armurerie. Je veux tous les marines en tenue de combat complète, M16, quatre chargeurs en plus, colts, deux chargeurs en plus. Apportez-moi ma tenue plus une mitraillette M249M22, plus trois bandes de 200 cartouches et des sacs. En avant.

La formation prit le pas sur la pensée rationnelle et Manson salua puis partit au pas de course, retournant dans l'ambassade.

Hogan alla vers les grilles principales en trottinant. En chemin, il sortit son téléphone portable et regarda l'écran : mort.

Les deux marines se trouvant là le saluèrent. Les bras tremblants, les visages blêmes en raison du choc. Mais la discipline restait intacte, il salua à son tour.

– Ronaldo, Jessup.

– Monsieur, demanda le première classe Ronaldo, que se passe-t-il ?

– Rien de sûr pour l'instant, Marine, mais je pense à une frappe IEM. Une sorte d'impulsion électromagnétique.

– Sommes-nous attaqués, monsieur ?

Hogan réfléchit quelques secondes.

– Cela reste à voir, soldat. Ce pourrait être un phénomène naturel. Ce pourrait être une détonation nucléaire dans l'atmosphère. Johnson et Manson sont en train de s'équiper et ils vont vous amener votre kit. Je vous veux tous en complète tenue de combat. Restez à vos postes. Je reviens.

Hogan reprit sa course vers les portes de l'ambassade. À mi-chemin, il croisa Johnson et Manson qui en sortaient au pas de course, les bras chargés de kits. Johnson continua vers les hommes à la grille, Manson aida Hogan avec son kit. Une veste tactique moderne avec des plaques de blindage évolutives. Un pack d'hydratation Camelbak avec un système de purification d'eau aligné. Un kit de premiers soins. Des casques de combat améliorés. Une veste à munitions avec des sacs de munitions supplémentaires. Et enfin, la mitraillette légère M249M22.

– Monsieur, dit Manson. Je suis tombé sur l'élec. Il a dit que le générateur est out. Les circuits ont cramé.

Hogan s'agenouilla et plaça la crosse du M249M22 sur son genou, arracha la poignée de chargement, libéra le couvercle du tiroir de chargement et y inséra une bande de munitions. En se relevant, il vit Liz Tutor, la Députée Chef de Mission, qui approchait. Elle descendait rapidement les escaliers. Des chaussures confortables à petits talons, un tailleur-jupe rose qui lui arrivait sous les genoux, des cheveux bruns coupés au carré aussi lisses et durs qu'un casque, des dents blanches comme celles d'une aspirante d'Hollywood.

– Artiflot.

– Madame.

– Que se passe-t-il ?

– Ça ressemble à une sorte de frappe IEM, Madame. Une impulsion électrique qui semble avoir anéanti toutes nos capacités électroniques. Le générateur a grillé, toutes les comm' sont HS et les avions tombent du ciel. J'ai mis les marines en alerte maximale.

– Sommes-nous attaqués ?

– Pas assez d'infos, Madame. Mais à mon avis, ce serait plutôt un phénomène naturel, dit Hogan en montrant le ciel. Aurore boréale, Madame. Si c'était nucléaire, le ciel serait clair.

– Alors, que faisons-nous maintenant ?

– Je ne suis pas sûr, Madame. Peut-être faudrait-il poser cette question à l'ambassadeur.

– Impossible. Il n'est pas là aujourd'hui. Rendez-vous avec le Premier Ministre britannique.

– Eh bien, Madame, je suggère que nous fermions les portes et attendions. Voir ce qu'il se passe. Que tout le monde reste à l'intérieur, nous avons assez de vivres et d'eau pour au moins dix jours. Je vais demander à des gars de sortir les lampes et réchauds à gaz. Demain, nous verrons ce qu'il se passe et nous agirons en conséquence.

Liz hocha la tête pour montrer son approbation.

– Combien de temps avant que de l'aide arrive ? demanda-t-elle.

Hogan prit une profonde respiration.

– Madame, il n'y aura pas d'aide. Surtout si c'est un phénomène mondial. Pas de transport, pas de communication. Nous sommes livrés à nous-mêmes, Madame.

– Ne dites pas de bêtises, Artiflot, dit Liz en secouant la tête. Nous sommes des Américains, la nation la plus puissante de cette planète. Je ne pense pas qu'une simple coupure de courant va nous mettre à genoux. Cependant, j'accepte que nous restions là pour cette nuit. Je suis sûre que nous aurons de bonnes nouvelles dès demain.

Elle se retourna et remonta en vitesse les escaliers menant à l'ambassade.

Hogan alla se poster à la grille près des deux marines.

Le soleil plongea lentement derrière l'horizon.

Et Londres brillait de mille feux, littéralement. Par moment, le silence de la nuit était interrompu par une explosion quand une station-service ou un gazoduc s'enflammait, envoyant de larges boules de feu vers le ciel.

Et alors que la nuit avançait, la ville vieille de deux mille ans se consumait et retournait lentement vers l'âge de pierre.

Mais ce que l'humanité ne savait pas encore, c'était que l'impulsion ne touchait pas seulement la Terre. Elle lançait également un appel, à travers des distances inimaginables mesurées en temps et dimensions.

L'Impulsion avait lancé son appel.

Et quelqu'un avait entendu.

***

Le Commandant Amon Seth-Bat du Bon-peuple se tenait à l'extérieur de sa tente et regardait vers le ciel. Il était terne. Bleu et laid sans l'habituelle vague de couleurs psychédéliques qui y palpitait. Il y avait à peine une pointe de Lumière de Vie. Peut-être un infime éclat sur l'horizon. Mais cela était peut-être ce qu'il voulait voir, admit Amon, à lui-même. Car sans la Lumière de Vie dans les cieux, le Bon-peuple n'avait plus de source pour son pouvoir. Leur magique était inutile sans le pouvoir des lumières. Faible et sans substance. S'ils voulaient survivre, ils devraient suivre la Lumière de Vie ailleurs, là où elle serait forte et durable. Et là, ils prospéreraient. Le Bon-peuple avait fait cela auparavant, de nombreuses, nombreuses fois au cours de leur histoire. Quand la Lumière de Vie partait, ils faisaient de même.

Mais en toute honnêteté, se dit Amon, il y avait peu de chances que cela arrive et, si jamais cela arrivait tout de même, il y avait encore moins de chance que son peuple survive à la guerre en cours. Peut-être la fin était-elle proche.

Non ! Il prit une profonde inspiration, ramena son attention au moment présent et continua de surveiller la vallée en bas. Il n'avait pas besoin d'utiliser une longue-vue car il maîtrisait depuis longtemps l'art de « distovision » et pouvait identifier une espèce de papillon à une distance de plus de deux kilomètres.

En temps que commandant de l'armée, Amon était membre du Conseil des Douze qui régnait sur le Bon-peuple et leurs sous-fifres et, en ce moment, son armée était déployée dans la partie étroite de la vallée de Sudée. De chaque côté de la vallée, s’élevaient les Monts Séthanon, un refuge naturel entre le Haut Royaume et les Terres Centrales. Cette vallée était le seul chemin pratique pour traverser. C'est pourquoi il y avait placé ses troupes.

Quinze bataillons d'orques totalisant une force de cent mille individus. Six mille trolls en armure lourde avec des piques longues de six mètres et des boucliers massifs. Les trolls formeraient un mur d'armure contre lequel il espérait que l'ennemi se briserait, telle la marée contre une falaise. À l'arrière, quarante mille archers gobelins, leurs petits arcs recourbés déjà tendus, des tas de flèches à leurs pieds.

Et enfin, les Créas, repérables à leurs tuniques d'un blanc étincelant et leur lenteur. Ces créations du Bon-peuple, toujours souriantes et à la peau pâle, transportaient l'eau, les bandages et les réapprovisionnements de flèches aux combattants. Après, s'il y avait un après, elles seraient utilisées par les orques et les gobelins pour leurs offrandes plus... avenantes.

Il n'y avait aucun représentant du Bon-peuple dans la formation de combat. Leurs talents reposaient dans la gouvernance, la création, le commandement, le contrôle. La cruauté sauvage du combat en première ligne, très peu pour eux. Et même s'ils avaient voulu participer d'une façon plus physique, ils n'auraient pas fait une grande différence.

Les hommes mesuraient environ un mètre vingt, avaient une peau grise, douce et glabre, une musculature à peine visible, d'énormes têtes en forme de dôme, pas d'oreilles ni de narines apparentes, de petites bouches et de grands yeux noirs. Leur corps n'était qu'un système ambulatoire pour leur cerveau extrêmement avancé. Un cerveau capable de contrôler ceux moins avancés, capable de psychokinésie, de pyrokinésie et, le plus important, de maîtriser le pouvoir de la Lumière de Vie. Bien que, comme Amon s'était fait la remarque, depuis quelques années, la Lumière de Vie s'estompait, son pouvoir diminuant. Et avec lui, le pouvoir du Bon-peuple.

Les femmes se laissaient rarement voir. Plus petites et la peau plus claire que les hommes, avec de plus petites têtes allongées. Elles restaient à l'intérieur, loin de la lumière du soleil et si elles voulaient s'aventurer à l'extérieur, elles étaient transportées dans des palanquins ou des chaises porteuses pourvus de rideaux et portés par deux orques de combat.

Comme les hommes, les femmes vivaient plus de trois cents ans. Au cours de leur vie, elles pondaient en général trois ou quatre sacs embryonnaires. Ces sacs étaient fertilisés par les hommes qui s'asseyaient dessus et les arrosaient de leur semence. Les plaisirs du Bon-peuple étaient bien plus ésotériques que le simple acte sexuel, quelque chose qu'ils ne jugeaient acceptable que pour les êtres des rangs les plus bas.

Ce jour-là marquait la fin d'une année de guerre continuelle. Une année d'échec constant et amer au cours de laquelle l'ennemi elfique avait, mètre par mètre, conquis le royaume du Bon-peuple. Les repoussant par la force du nombre. Ils étaient des combattants compétents, grands et incroyablement minces avec des visages en forme de cœur, des cheveux blonds aussi fins que des toiles d'araignées et de petites dents pointues. Mais leur nombre, associé à leur mentalité de ruche, en faisaient un ennemi redoutable. Leurs stratégies de combat étaient faibles, mais, en raison du fait que leurs esprits étaient reliés via la reine de la ruche, leurs réactions en tant que groupe étaient troublantes. Les brèches dans leurs lignes étaient refermées immédiatement, les remplaçants arrivaient toujours au bon moment et les fournitures étaient toujours livrées au moment exact où ils en avaient besoin. Ils ne paniquaient jamais, ils tombaient rarement dans des pièges ou autres ruses et leur moral ne baissait jamais, car ils tiraient leur force de leur reine.

Amon utilisa ses pouvoirs de distovision et les vit arriver. Une obscure masse amorphe de guerriers vêtus de leur habituelle tenue vert sombre. Se déplaçant comme une seule entité, telle un banc de poisson ou une volée d'oiseaux.

Ils étaient apparus un an auparavant dans les Bas-Royaumes. Il y avait eu une période de bouleversements solaires, les jours avaient raccourci, les nuits étaient devenues plus froides et la constante lueur de la Lumière de Vie dans le ciel avait disparu pendant presque six jours.

Puis un trou s'était ouvert. Un passage, large, entre les royaumes et l'endroit infernal d'où venaient les elfes. Ils en étaient sortis en grande quantité, se déversant telle une vague et prenant la majorité des villes côtières du Bas-Royaume de l'Est en seulement quelques jours.

Amon avaient rassemblé ses troupes et marché des Hautes-Terres vers les plaines des Terres Centrales à la rencontre des intrus. Il avait vite appris à ne pas combattre les hordes elfiques dans de larges batailles. Leur nombre était trop élevé et leur esprit de ruche assurait la perfection de leurs manœuvres de masse.

Il avait donc mené une centaine de petites batailles, choisissant toujours le terrain avec précaution. Des cols de montagne, des confluents de rivière, des forêts. Tout ce qui pouvait empêcher que son armée, dont le nombre baissait, ne soit encerclée par un grand nombre d'ennemis.

Et au fil de l'année, l'arc-en-ciel vacillant de Lumière de Vie s'était estompé dans le ciel. Avant cela, il brillait dans le ciel, une constante vague de couleurs, comme de l'huile versée sur de l'eau, apportant avec lui le pouvoir que le Bon-peuple utilisait pour alimenter leur magique. Le pouvoir pur de l'univers. Le pouvoir de la Lumière de Vie.

Il sentit plus qu'il n'entendit Seth Atoum-Noun marcher jusqu'à lui. Seth était le mage premier du Bon-peuple et il avait été, bien plus que les autres, fortement diminué par le déclin de la Lumière de Vie, ses formidables pouvoirs s'amenuisant de jour en jour. À l'époque où la Lumière de Vie était forte, il aurait pu invoquer une volée de boules de feu qui aurait carbonisé les intrus elfiques dans la vallée. Il aurait pu faire s'écrouler les montagnes sur eux ou créer une tempête orageuse dont les éclairs les auraient anéantis. À ce jour, il n'était qu'une source de sagesse, capable de n'utiliser qu'une once de magique si les bonnes circonstances étaient réunies.

– Ravi de vous voir, Seth, salua le commandant.

– Ravi d'être vu, Amon. Combien de temps avant que la bataille ne commence ?

– Plus que quelques minutes, mage. Quelques minutes. Dites-moi, pouvez-vous amplifier ma voix afin que les troupes puissent m'entendre ? Je pouvais le faire moi-même quand la Lumière de Vie était forte, mais maintenant, c'est un talent qui m'échappe.

– Quelle triste époque nous vivons si vous devez me demander si je peux encore pratiquer une magique si basique, répondit Seth. Mais oui, je peux faire en sorte que vous soyez entendu. Pas par amplification, mais ils entendront ce que vous dites.

– Merci, mage.

L'essaim d'elfes continuait de se déverser dans la vallée,

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