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Dans les nuages (Impressions d'une chaise): Un récit de Sarah Bernhardt
Dans les nuages (Impressions d'une chaise): Un récit de Sarah Bernhardt
Dans les nuages (Impressions d'une chaise): Un récit de Sarah Bernhardt
Livre électronique69 pages31 minutes

Dans les nuages (Impressions d'une chaise): Un récit de Sarah Bernhardt

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À propos de ce livre électronique

Le 22 août 1878, Sarah Bernhardt désire monter dans un de ces extraordinaires ballons développés dans le cadre de l'Exposition Universelle de Paris. À l'époque, la comédienne fait jaser en raison de son comportement de femme libérée. Le ballon est alors considéré comme un transport dangereux, et la jeune artiste comme une extravagante.
Ce 22 août 1878, Sarah Bernhardt prend tout le monde à rebours et s'envole dans les nuages accompagnée de son amant, le peintre Georges Perrin : " Voilà : j'ai une envie folle de voyager, de voir autre chose, de respirer un autre air, de voir des ciels moins bas que le nôtre, des arbres plus grands, autre chose enfin ! "
Avec ce récit, rédigé dès le lendemain de son exploration aérienne, c'est le lecteur que Sarah Bernhardt prend à rebours. Toujours aussi originale, la comédienne n'hésite pas à se mettre en scène sous la forme d'une pauvre chaise. C'est ainsi un objet des plus terre à terre qui livre au lecteur amusé les souvenirs de cette folle journée. Oscillant entre poésie des nuages et description pratique de l'engin, Sarah Bernhardt nous convie à goûter le champagne et le foie gras que les voyageurs ont pris soin d'emporter, planant entre la terre et l'azur, côtoyant les hirondelles. Car il s'agit bien d'un moment unique, festif et féerique qui est donné à partager. Après la jubilation de ce séjour presque irréel, le récit s'assombrit par un étonnant et macabre épisode. Il rappelle au lecteur que la vie n'est au fond qu'une tragédie, une scène de théâtre où la mort a toujours un rôle à jouer. Une vanité. Talentueux et jouissif, ce texte dévoile entre les lignes les pensées, les humeurs et par certains côtés le caractère de cette immense actrice qui continue de marquer l'art et le théâtre français.
LangueFrançais
Date de sortie21 juin 2021
ISBN9782322415335
Dans les nuages (Impressions d'une chaise): Un récit de Sarah Bernhardt
Auteur

Sarah Bernhardt

Sarah Bernhardt (1844-1923) est la comédienne la plus emblématique de la fin du xixe et du début du xxe siècle. En 1878, année de parution de Dans les nuages, Sarah Bernhardt triomphe dans Hernani avec le rôle de Doña Sol, au point d'en faire pleurer Victor Hugo lors de la première. Le poète l'appelle d'ailleurs la " Voix d'or ". Jean Cocteau invente quant à lui l'expression de " monstre sacré " pour la désigner. Elle réussit à s'imposer comme la première super star française à faire le tour du monde, et comme l'une des premières idoles du théâtre français.

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    Aperçu du livre

    Dans les nuages (Impressions d'une chaise) - Sarah Bernhardt

    À

    MONSIEUR HENRY GIFFARD

    DEUX ARTISTES RECONNAISSANTS

    SARAH BERNHART

    GEORGES CLAIRIN.

    Des pailles prirent naissance dans un modeste champ des environs de Toulouse et mes bâtons furent tirés d’un petit frêne de la forêt de Saint-Germain.

    Ma nature rêveuse me transportait sans cesse dans les plus hautes régions.

    Je rêvais le luxe, les voyages ; j’enviais les sièges dorés dont les pieds reposent sur des tapis d’Orient. Être chaise officielle eût été le bonheur de ma vie. Les fourgons de déménagement me donnaient des battements de cœur, lorsque je les voyais passer dans la rue chargés de meubles et de chaises qu’on transportait pour être expédiés au-delà des mers.

    Heureuses chaises !

    Et je pleurais en silence, la tête en bas, le corps accroché à une barre de fer, dans le haut de la boutique ; mes larmes coulant goutte à goutte faisaient crépiter le gaz placé au-dessous de moi.

    – Quel sale bois ! disait la dame grinchue, propriétaire de la boutique.

    C’était un mardi. Un gros monsieur entre dans le magasin.

    – Je voudrais des chaises, dit-il, des chaises pas cher.

    Il paraît que nous n’étions pas cher, car la marchande étalant vingt-quatre de mes compagnes :

    – Voilà votre affaire, dit-elle, regardez-moi cela.

    – Très bien, dit l’homme, mais il m’en faut encore.

    La dame grinchue en présente trente autres.

    – Voici toute ma marchandise… ah ! encore cette chaise ; mais je vous préviens, – car je ne vole pas mon monde, – c’est du mauvais bois… ça pleure tout le temps.

    – Donnez toujours, dit l’homme.

    Me voilà partie dans une grande voiture. Je traverse des rues, puis des rues, un grand boulevard ; la voiture entre dans une immense cour et s’arrête devant une grille.

    On nous descend, et deux jours après nous étions installées trois par trois autour de tables en marbre sur lesquelles étaient des portraits de femmes et des réclames de pharmaciens.

    Je regarde, j’écoute : je suis, paraît-il, dans la cour des Tuileries devenue l’habitation du ballon captif.

    – Quel bonheur ! un ballon !

    Je voyais un ballon et le plus gros qu’il y eût jamais eu… Et puis il y avait une grande machine qui allait, allait toujours. Il paraît que c’était superbe ce que je voyais ; car j’entendais des hommes très compétents disant :

    – C’est admirable ! Giffard est un homme tout à fait remarquable : il a une organisation géniale !

    J’étais fière. Je ne connaissais pas M. Giffard, mais ça ne fait rien, j’étais fière tout de même. Il y avait bien de-ci de-là des gens qui critiquaient le câble, la nacelle, la vapeur ; mais je compris bien vite que ces détracteurs étaient des braves poltrons qui

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