À propos de ce livre électronique
Récemment libéré du service militaire, Gaston avait eu juste le temps de dévorer l'héritage d'un oncle, lequel mérite en passant une courte mention.
Le vieux duc Loys de Puyrâleux, après une existence toute d'austérité et d'agronomie, tomba, au cours d'un de ses voyages à Paris, dans les lacs charmeurs d'une jeune femme sans conduite qu'on appelle la Môme-Pipi. Une nuit, le pauvre gentilhomme apoplectique succomba dans les bras de cette sirène enrouée, au troisième étage d'un garni de la rue Lamarck (XVIIIe arrondissement).
Très fin-de-siècle, Gaston fit un joli cadeau à la Môme-Pipi, organisa de décentes funérailles à son oncle Loys et ne connu point de répit que sa petite fortune n'eût passé dans les mains, moitié de cocottes, moitié de grecs.
? Quand je n'aurai plus d'argent, se disait-il, avec la philosophie de la vingt-cinquième année, je me ferai sauter le caisson.
L'heure arriva, plutôt qu'à son tour, et le caisson ne sauta pas.
Alphonse Allais
Alphonse Allais est le cadet d'une fratrie de cinq enfants, de Charles Auguste Allais (1825-1895), pharmacien, 6, place de la Grande-Fontaine de Honfleur (aujourd'hui place Hamelin) et d'Alphonsine Vivien (1830-19275). Jusqu'à l'âge de trois ans, il ne prononce pas un mot, sa famille le croyait muet. À l'école, il semble plutôt se destiner à une carrière scientifique : il passe à seize ans son baccalauréat en sciences. Recalé à cause des oraux d'histoire et de géographie, il est finalement reçu l'année suivante. Il devient alors stagiaire dans la pharmacie de son père qui ambitionne pour lui une succession tranquille, mais qui goûte peu ses expériences et ses faux médicaments et l'envoie étudier à Paris. En fait d'études, Alphonse préfère passer son temps aux terrasses des cafés ou dans le jardin du Luxembourg, et ne se présente pas à l'un des examens de l'école de pharmacie. Son père, s'apercevant que les fréquentations extra-estudiantines de son fils ont pris le pas sur ses études, décide de lui couper les vivres.
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Avis sur L'arroseur
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Aperçu du livre
L'arroseur - Alphonse Allais
L'arroseur
Pages de titre
L’arroseur
Colydor
Le moderne Financier
L’aventure de l’Homme-orchestre
Pète-Sec
Curieux cas de sensibilité
Dressage
Supériorité de la vie américaine sur la nôtre
Avec des briques
La langue et l’armée française
Utilité à Paris du Bottin des Départements
Une Maison prolifique
Le vitrier
Le bouchon
L’inattendue Fortune
Une curieuse industrie physiologique
Royal-Cambouis
Le pauvre rémouleur rendu à la santé
Les culs-de-jatte militaires
Le mystère de la Sainte-Trinité
Véritable révolution dans la mousqueterie française
L’acide carbonique
Simplement
Maldonne
Trépidation
La flamme éteinte
Page de copyright
Alphonse Allais
L’arroseur
L’arroseur
Édition de référence :
Paris, Félix Juven & Cie, Éditeurs, 1901.
L’arroseur
C’était le printemps !
Un printemps tard éclos, mais tout de suite redevenu radieux et peut-être même torride.
Les petites femmes enfin désemmitouflées – oh qu’enfin ! – trottinaient alertes, jolies comme des cœurs, avec leurs robes claires et leurs chapeaux où s’apâlissaient les rubans bleu tendre ou les plumes roses, si peu roses qu’on eût dit des plumes arrachées à des ailes d’âme. C’était le printemps !
De leurs tables et chaises, les limonadiers encombraient tout l’asphalte ambiant, ne laissant à la passée des pédestres que l’insuffisante et granitique bordure des trottoirs. C’était le printemps !
Les dames de la petite bourgeoisie examinaient l’alpaga d’antan de leur mari et, non sans liesse, constataient qu’il pourrait encore aller très bien cette année. C’était le printemps !
Dans les cafés de la rive gauche, des jeunes hommes tumultueusement chevelus demandaient de quoi écrire, pour, en des vers brisés mais définitifs, dire la Gloire du Renouveau. C’était le printemps !
L’oxygène et l’azote de l’air avaient poliment fait place à l’arome volatilisé du tant doux lilas, et de toutes parts, dans la ramure, les bourgeons pétaient comme de petits malappris. C’était le printemps !
L’allégresse était peinte sur tous les visages, sauf un.
Sauf un : celui d’un brave garçon, qui s’appelait et s’appelle encore, d’ailleurs, Gaston de Puyrâleux.
Récemment libéré du service militaire, Gaston avait eu juste le temps de dévorer l’héritage d’un oncle, lequel mérite en passant une courte mention.
Le vieux duc Loys de Puyrâleux, après une existence toute d’austérité et d’agronomie, tomba, au cours d’un de ses voyages à Paris, dans les lacs charmeurs d’une jeune femme sans conduite qu’on appelle la Môme-Pipi. Une nuit, le pauvre gentilhomme apoplectique succomba dans les bras de cette sirène enrouée, au troisième étage d’un garni de la rue Lamarck (XVIIIe arrondissement).
Très fin-de-siècle, Gaston fit un joli cadeau à la Môme-Pipi, organisa de décentes funérailles à son oncle Loys et ne connu point de répit que sa petite fortune n’eût passé dans les mains, moitié de cocottes, moitié de grecs.
– Quand je n’aurai plus d’argent, se disait-il, avec la philosophie de la vingt-cinquième année, je me ferai sauter le caisson.
L’heure arriva, plutôt qu’à son tour, et le caisson ne sauta pas.
Est-ce qu’on se fait sauter le caisson quand il fait ce temps-là ! (Car je crois avoir fait observer plus haut que c’était le printemps.)
Gaston de Puyrâleux en était là de ses réflexions, quand il rencontra sur le Boulevard un gros homme qu’il avait connu au Tréport.
– Tiens, monsieur de Puyrâleux !... Comment allez-vous ?
– Très bien, je vous remercie... c’est-à-dire, quand je dis très bien, vous savez...
– Seriez-vous souffrant ?
– Non, mais...
Et Gaston narra au gros homme sa triste situation.
Le gros homme se trouvait être, détail ignoré de Gaston, un fort entrepreneur d’arrosage de la ville de Paris. Il compatit vivement à la détresse du jeune homme.
– Si j’osais vous offrir une place dans mes bureaux ?
– Oh ! les bureaux, vous savez, ça n’est pas beaucoup mon affaire.
– Je ne peux pourtant pas vous proposer de mener un tonneau d’arrosage.
– Pourquoi pas ?
– Comment, vous consentiriez ?...
– Parfaitement !... Moi, pourvu que j’ai le cul sur un siège et des guides dans les mains, je me fiche du reste.
– ! ! ! !
– Quant à ce qui est de la capacité, vous pouvez vous en rapporter à moi. Je sors du Royal-Cambouis, et je conduirais une prolonge de Paris à Orléans sur un fil télégraphique.
– Entendu alors.
– Entendu.
Et le lendemain matin, le dernier des Puyrâleux se mettait en devoir d’arroser copieusement la place de la Concorde, qui lui avait été assignée.
C’était le printemps !
Les petites femmes enfin désemmitouflées – oh ! qu’enfin !... (Voir plus haut.)
C’était si bien le printemps que Gaston perdit complètement la notion exacte des choses.
Les voitures affluaient au Bois.
Gaston, une fleur de marronnier à la boutonnière, crut qu’il en était encore à son époque de splendeur.
Il enveloppa d’un coup de fouet son robuste percheron et enfila l’avenue des Champs-Élysées. (Avez-vous remarqué que, dans les histoires, les percherons sont toujours de robustes percherons ?)
Maintenant, il allait au petit trot, sans souci des grandes eaux qu’il traînait derrière lui.
Tous ses vieux amis, toutes ses anciennes maîtresses le reconnaissaient, effarés. Lui les saluait gracieusement de la main : bonjour, bon ! Bonjour, chère ! Salut, vieux C... !
La vérité m’oblige à reconnaître que ses avances étaient accueillies plus froidement.
Le tonneau se vidait un peu sur tout le monde, sur les jambes des chevaux, sur les roues des voitures. Une famille qui se promenait dans une charrette fort basse fut totalement inondée.
C’est ainsi que Gaston arriva au Lac.
La présence d’un tonneau d’arrosage au trot parmi la carrosserie fine causa un scandale abominable.
Un gardin du bois s’interposa et remit Gaston avec son appareil hydraulique à deux sergents de ville, qui conduisirent le tout à la fourrière.
Le jeune comte prit gaiement la chose ; mais tous les vieux Puyrâleux, depuis ceux d’Azincourt jusqu’à celui de la rue Lamarck, eurent en leur sépulcre un long frémissement (un joli alexandrin, ma foi !) : pour la première fois, on menait en fourrière l’équipage d’un des leurs.
C’était le printemps !
Colydor
Son parrain, un maniaque pépiniériste de Meaux, avait exigé qu’il s’appelât, comme lui, Polydore. Mais nous, ses
