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La Peinture allemande
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Livre électronique404 pages3 heures

La Peinture allemande

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La culture et l’art allemand sont issus d’une tradition ancienne, bien que le pays ne se soit unifié qu’en 1871. Étudier la peinture allemande demande donc de la comprendre selon une échelle différente, plus large que les limites géographiques actuelles. Du Moyen Âge à la Nouvelle Objectivité du XXe siècle, les artistes marquants de l’histoire de l’art allemand sont présentés : Albrecht Dürer, le romantique Caspar David Friedrich ou encore l’expressionniste Otto Dix. L’art allemand, original dans ses thématiques, est toujours à la recherche d’harmonie, tout en demeurant curieux et incisif.
LangueFrançais
Date de sortie15 sept. 2015
ISBN9781783108916
La Peinture allemande

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    La Peinture allemande - Carl H. Klaus

    illustrations

    Christ en majesté, 1120. Fresque.

    Église des saints Pierre et Paul, Reichenau-Niederzell.

    La Peinture au Moyen Âge

    Depuis les Débuts à l’art roman

    Lorsque les Romains ont conquis la majeure partie du pays au nord des Alpes habitée par des tribus germaniques, ils y ont construit des camps fortifiés pour leurs troupes mais aussi des colonies pour asseoir leur règne. Colonies qui ont par la suite donné naissance à des villes. Lors de l’introduction de leur expression culturelle, ils ne se sont heurtés à aucune résistance notable.

    L’art de la construction et de la sculpture étaient inconnus des peuples germaniques, même dans leurs formes originales. Il est d’ailleurs probable qu’ils estimaient l’exercice d’un art basé sur une culture raffinée indigne d’un guerrier. Ce n’est que lorsque les Romains ont commencé à construire des thermes et des bâtiments à des fins caritatives, des refuges, des réseaux routiers, des canalisations d’eau et autres, que l’attitude des Allemands a sans doute progressivement changé.

    Ils utilisèrent de plus en plus les avantages donnés par la culture étrangère des conquérants au départ tant haïs. Puis bientôt, l’instinct d’imitation se réveilla en eux. Les Romains se sentaient tellement confiants sur leurs terres qu’ils construisaient de magnifiques maisons de campagne, en particulier sur les bords du Rhin et de ses affluents. Ils les ornaient de décors artistiques typiques de leur terre natale, en particulier de sculptures et de mosaïques.

    Cependant, les artistes qui avaient suivi les armées du conquérant n’avaient qu’un degré de compétence relativement insignifiant alors que la demande pour des œuvres d’art dans les colonies romaines augmentait. Le plus souvent, on faisait appel aux sculpteurs pour la création de monuments funéraires et de pierres tombales qui subsistent encore aujourd’hui. De cela, on peut en déduire que les artistes s’en tenaient principalement aux reproductions concrètes et terre-à-terre, reproduisant des portraits des morts de manière réaliste, rugueuse et sans raffinement artistique.

    Le contact avec Rome périclita graduellement. Pourtant, même sans cette distance, l’art romain n’aurait pas prospéré sur le sol germanique sans l’apport de sang neuf, l’art antique étant devenu à Rome même dénué d’imagination et étriqué. Cependant, il est possible que cet art réaliste austère se soit néanmoins développé dans la nouvelle terre d’accueil si les migrations de tribus n’avaient pas détruit l’Empire romain et dans le même temps, la culture romaine.

    Bien que les nouveaux États aient émergé du chaos et résisté à l’épreuve du temps sur une longue période, l’art était probablement la dernière préoccupation des souverains, et s’ils s’intéressaient réellement à ce sujet, alors c’était un art dont ils étaient les premiers bénéficiaires. Cela flattait leur goût pour la splendeur et répondait à la nécessité de garder leurs serviteurs, leurs guerriers et les vassaux heureux à l’aide de dons généreux.

    Grâce aux reliques trouvées dans des tombes, nous avons des preuves de la pratique germanique de l’art à son origine. En particulier, de nombreuses épingles, des pinces pour vêtements, des boucles de ceinture, et des bijoux en or, en argent et autres métaux, ont été trouvés dans des tombes franques, datant environ du troisième au huitième siècle. Même si ils puisent leur inspiration dans les modèles romains, ces bijoux font preuve d’une ornementation tout à fait indépendante, un merveilleux jeu de lignes enchevêtrées et entrelacées, de bandes tressées, se terminant par des têtes humaines et d’animaux grotesques. Cette ornementation n’avait en aucun cas disparu du répertoire formel des peuples germaniques, et fera une réapparition plus tard dans l’art roman du Moyen Âge.

    Quoique les dirigeants mérovingiens aient exercé une vaste activité dans la construction d’églises, aucun de ces bâtiments n’a été préservé. À la lumière de documents écrits, on sait toutefois que leurs églises étaient du même type que les basiliques paléochrétiennes et généralement en forme de croix. La peinture miniature, ramenée par les premiers prédicateurs de l’Évangile, des moines irlandais et écossais dans le nord-ouest de l’Allemagne, constitue le seul élément représentatif de l’art de cette époque.

    Contrairement aux manuscrits enluminés byzantins dans lesquels l’accent est mis sur les illustrations séparées du texte, les moines irlandais aspirent à un développement artistique de l’écriture elle-même. Ils la pratiquent avec la plus grande précision et méticulosité, permettant de développer la calligraphie, à laquelle ils ajoutent de riches enjolivures d’initiales, des bordures décorées et de nombreuses autres ornementations.

    Sans être influencés par une culture étrangère, ils apportent leur propre style décoratif, étroitement lié à l’ancienne ornementation germanique, à ses formes de base et en particulier à sa forte tendance à l’imagination et à l’inépuisable variété de jeux, à ses formes d’animaux grotesques permettant une compréhension facile et une réception aisée.

    Cette particularité calligraphique de la peinture miniature est également appliquée par les moines irlandais. Leurs manuscrits sont disponibles dans toute l’Allemagne jusqu’à la ville suisse de Saint-Gall et exercent de ce fait une influence significative sur l’imagerie des septième et huitième siècles. Celle-ci a perdu tout lien avec la nature et ne peut donc pas servir de modèle pour les scribes francs et anglo-saxons qui ont déjà progressé dans la représentation de la forme humaine. Ces derniers sont toujours sous l’influence de leurs idoles de l’art ancien, mais ils s’approprient et renforcent certainement l’ornementation irlandaise.

    Lettrine du Livre de Daniel : Daniel dans la fosse aux lions,

    105 r., Bible, Ancien Testament, Livre des Prophètes,

    Souabe (Weingarten), vers 1220. Parchemin, latin,

    page 203 et suivantes 479 x 335 cm (texte : 335 x 205 cm).

    Évangéliaire d’Ada, feuille 15 verso,

    vers 800. Parchemin, 36,6 x 24,5 cm.

    Stadtbibliothek Trier, Trèves.

    L’Art roman

    L’emploi de la peinture se limite aux peintures murales décorant les églises et à l’enluminure de textes religieux. Thèmes et caractéristiques sont similaires aux deux supports. Grâce aux croisades notamment, des éléments de style byzantin parviennent jusqu’en Europe centrale.

    Parce que la majorité de la population est analphabète, des scènes de la Bible sont représentées sous forme de cycles racontant l’histoire du Christ. L’art n’a pas seulement une fonction décorative ; il joue surtout un rôle didactique. En particulier, l’abside et les murs de la nef des églises sont peints. Dans certaines régions, on trouve régulièrement des ornements et des motifs géométriques sur les plafonds et les piliers de l’église. Le bleu, le rouge, le blanc et le noir sont majoritairement utilisés.

    Seules quelques peintures murales d’églises romanes ont survécu. La plupart ont été recouvertes ou détruites par le feu. La proximité encore reconnaissable des anciennes peintures carolingiennes avec l’Ancien Monde se perdit, et les travaux devinrent moins pompeux et figuratifs.

    Les peintures carolingiennes sont caractérisées par une planéité obtenue par l’élimination de la profondeur, des contours solides, ainsi que par une disposition symétrique des objets et un langage gestuel et expressif souligné. La perception corporelle des personnages est négligée au profit d’une fonction symbolique de la couleur et de la proportion.

    À l’exception du clergé, les gens du Moyen Âge ne savent ni lire ni écrire. La Bible n’est disponible qu’en grec ou en latin, et le sermon dans l’église est récité en latin. Afin d’enseigner les Écritures au peuple, les murs des églises romanes sont couverts de fresques monumentales. Ces fresques sont désignées comme la Biblia pauperum, la « Bible des pauvres » (c’est-à-dire des fresques ou des illustrations pour analphabètes). La peinture sur support mobile, la peinture de chevalet, principalement en bois au cours de la période romane, commence à émerger progressivement dans l’art occidental, mais les tapisseries de grande envergure font également l’objet de narration picturale de la bible et historique.

    L’Enluminure

    Les principaux supports artistiques de l’art roman sont les enluminures de précieux manuscrits, principalement exécutés par des moines, et l’ornement de couvertures de livres en ivoire sculpté. Les enluminures ornent des scriptoria monastiques en tant qu’interface graphique du texte. Les initiales, de grande taille et particulièrement ornées sont caractéristiques de l’enluminure, tout comme les encadrés décoratifs et les représentations figuratives.

    Les personnages sont simples et limités à l’essentiel. Les contours audacieux et les couleurs vives et lumineuses correspondent au goût du jour, les couleurs or et rouge symbolisant la plus haute dignité. La taille d’une personne dans l’image (dans le sens de la perspective) dépend de son importance, c’est pourquoi Jésus est toujours représenté plus grand que les anges. Ses yeux et ses mains sont par ailleurs accentués pour renforcer son expression. Les protagonistes se déplacent à peine et ne montrent que de rares gestes typiques. Ils se trouvent toujours disposés symétriquement et animés seulement par de petits écarts. L’origine de l’auréole découle de l’art byzantin et les vêtements commencent à être évoqués par quelques plis de draperie stylisée. Une représentation naturaliste n’étant pas considérée comme nécessaire, on ne figure pas les ombres et la profondeur spatiale.

    Le développement des régions médiévales de l’Italie doit être appréhendé dans son contexte. C’est-à-dire à travers les œuvres de la peinture miniature, l’enluminure de recueils de chansons évangéliques et des missels utilisés dans les églises et les monastères, ainsi que les premières copies d’œuvres d’écrivains grecs et romains destinés aux manuels scolaires et aux monastères.

    Vers le milieu du XIIe siècle, l’influence de la chevalerie est à son apogée. Une poésie profane voit alors le jour et ses manuscrits se voient décorés au même titre que les ouvrages religieux. Cette poésie prend rapidement un brillant essor, culminant d’une part dans la poésie lyrique des troubadours, et de l’autre dans une splendide poésie narrative.

    Le dessin à la plume est préféré à la peinture sur fond d’or. Il permet une plus libre expression qui répond mieux aux besoins de représentation des personnages, et il autorise une plus grande vitesse de production et de circulation que les moyens classiques de la peinture miniature. Il s’accorde ainsi avec les événements contemporains. Les dessins à la plume et à l’encre sont parfois légèrement colorés et doivent donc être considérés comme précurseurs de la estampe, qui aura également des contours « enluminés » avec de la couleur.

    Codex Manesse, feuille 219 verso et 220 recto, vers 1160/1170-1330, 426.

    Feuilles de parchemin, 35,05 x 25 cm. Composé de 140 poèmes,

    137 miniatures et un dessin à la plume. Universitätsbibliothek Heidelberg, Heidelberg.

    La Peinture sur verre

    Les vitraux romans des fenêtres en rosette donnent aux fidèles un avant-goût de la gloire céleste. L’origine du vitrail remonte probablement aux anciens Perses sassanides. Au début du Moyen Âge, il est utilisé à la fois dans les églises et dans les constructions séculaires. Deux méthodes différentes sont pratiquées : soit on applique le dessin directement sur le verre coloré, soit on enduit le verre incolore de peinture émaillée.

    Les couleurs se présentent initialement sous forme de poudre. En plus du mélange des poudres colorées, la gravure sur verre peut également être réalisée avec des métaux précieux. Les fenêtres de verre permettent ainsi d’achever le décor intérieur de l’église, de sorte que les surfaces peintes ne sont pas interrompues par les fenêtres donnant de la lumière. Ce qui est communément appelé « vitrail du Moyen Âge » est en fait une branche de l’art de la mosaïque.

    En effet, les représentations sont conçues au départ dans leur ensemble sur du papier ou du parchemin. Elles sont ensuite découpées dans la masse à l’instar des mosaïques, puis assemblées sur des plaques de verre taillées et reliées entre elles par des lignes qui figurent le futur cadre de plomb dans lequel elles seront insérées. Les détails les plus fins du dessin sont quant à eux appliqués avec de la grisaille qui est fixée lors de la cuisson des plaques.

    Au moment de la fabrication et de la composition du verre, il faut être vigilant quant à sa totale transparence. Cette compétence technique a rarement été aussi bien maîtrisée que par les fabricants de la fin du Moyen Âge. La magie des effets de lumière que le vitrail ancien permet dans les églises médiévales est comparée, à juste titre, à l’éclat de pierres précieuses. Cette luminosité qui semble venir des profondeurs demeure un secret de la verrerie antique et des maîtres verriers.

    Déjà au Xe siècle, des représentations figuratives sont placées au milieu des fenêtres, et entourées d’une bordure ornementale. Il faut un long moment avant que les verriers n’arrivent à un traitement plus libre de la forme humaine.

    Comme les fenêtres de verre sont exposées à un degré de destruction bien plus élevé que les peintures murales, seuls quelques vitraux de l’époque romane nous sont parvenus. Les plus anciens d’entre eux sont probablement les cinq fenêtres de la cathédrale d’Augsbourg. Datant du VIIIe siècle, elle comporte deux tours de la fin du XIIe siècle visibles de loin et des sculptures représentant des prophètes. Leur attitude rigide dénote un savoir-faire moins accompli que dans la peinture de la même époque.

    Par la suite, les artistes se contentent de ce genre de sculpture simple et de motifs ornementaux rappelant les tapis orientaux. Seuls les vitraux gothiques franchiront une nouvelle étape en osant des compositions plus vastes, peuplées de nombreux personnages, en concurrence directe avec la peinture murale.

    Peinture murale romane d’un des maîtres de

    Ratisbonne représentant l’évêque Otto Ier de Bamberg,

    vers 1125/1130. Abbaye Prüfening, Ratisbonne.

    Chapelle de la Sainte Croix, vers 1360.

    Fresque et feuille d’or. Château de Karlstein, Karlstein.

    La Peinture murale

    Pendant le règne du style roman, la peinture murale demeure tout aussi importante que l’enluminure. L’on sait que l’intérieur des églises, pas seulement les murs et les plafonds voûtés, mais aussi les piliers et les colonnes, sont recouverts de peintures figuratives et ornementales.

    Les représentations figuratives dépassent parfois la série d’images contiguës dont le contenu est déterminé par le clergé des églises en conformité avec certaines considérations dogmatiques. Malheureusement, ces peintures murales ont disparu, sauf pour de très rares exceptions, et l’infime partie restante a été défigurée par les intempéries ou par des couches de peinture plus tardives, de sorte que l’on ne peut obtenir une image correcte témoignant de l’importance et de la richesse de la peinture murale romane.

    Nous pouvons cependant observer que, tout comme l’architecture et la sculpture, la peinture murale trouve ses fondements dans l’art paléochrétien romain sous les Carolingiens. Elle est développée de manière similaire à la peinture miniature qui, après avoir atteint son apogée plus tôt, influence l’art de la peinture murale à bien des égards.

    Le plus ancien témoignage encore intact de peinture murale médiévale en Allemagne a été découvert dans la nef de l’église St George à Oberzell située sur l’île de Reichenau dans le lac de Constance. Recouvertes d’un lait de chaux, ces peintures, réalisées à la fin du Xe siècle, représentent les huit miracles du Christ. Elles témoignent par leurs nobles postures, le mouvement des personnages, le traitement des vêtements et la grandeur de la composition, de la vivacité de l’art carolingien.

    Les secondes plus anciennes peintures murales se trouvent dans l’église inférieure de Schwarzrheindorf, ainsi que celles de la salle capitulaire de l’abbaye Brauweiler près de Cologne. Elles appartiennent déjà au milieu du XIIe siècle et apportent la preuve que dans l’intervalle, l’artiste a appris à œuvrer pour une plus grande richesse et puissance d’expression, sans perdre le sens de l’effet solennel. Ces caractéristiques sont renforcées durant la période suivante, alors que la représentation devient de plus en plus libre et vivante, et que les visages sont de plus en plus détaillés.

    Ce que la peinture murale romane accomplit en Allemagne à son plus haut niveau de développement est parfaitement illustré à travers les peintures murales de la première moitié du XIIIe siècle dans la cathédrale de Brunswick, dont des vestiges considérables existent encore dans

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