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Daniel Kretinsky, l’insatiable

Les mains frottées au gel hydroalcoolique, bûchant jusqu’à trois heures du matin, il commence sa journée vers 10 heures, carburant au thé vert tout en s’accordant parfois quelques gorgées de bourgogne. Une silhouette sèche soulignée par ses chemises cintrées, lunettes métalliques et sourire fin traçant une parallèle, deux traits dans un visage oblong, cheveux ras, corps guerrier stupéfiant ses rivaux, méditant, inquiets, sur la discipline que ce géant des affaires, naviguant entre Prague, Londres, Bruxelles, Berlin et Paris, s’impose. L’un de ses commensaux s’étonne encore de cette tape qu’il lui fit un jour de bonne négociation, sidéré que sa main ait rebondi sur le biceps, « on dirait Djokovic, tout est muscle »

Daniel Kretinsky, 48 ans, parle rarement, intimant à son communicant à Prague la même retenue – « on n’a pas le temps, tout le monde travaille ici ». Son bureau, sépulcral, au sixième étage d’un immeuble Art déco dans la chiquissime rue de Paris de la capitale tchèque, 40 mètres carrés, la table vide placée contre le mur, pas de fenêtre. Dans un salon attenant, là où il reçoit, moquette cramoisie, tableaux de maîtres – « un décor de cocotte », griffe un invité. L’homme qui pèse 8,6 milliards d’euros, patron de 80 000 salariés français (le nombre de personnes travaillant dans une entreprise qu’il possède ou dont il est le principal actionnaire), n’a jamais été croisé à une mondanité, absent de ces spectacles où les importants se rassurent en coquetant. Il fait en revanche des apparitions enjouées aux matchs de foot du Sparta Prague, le club acheté en 2019, comme aux réceptions à l’ambassade de France en République tchèque, où il déambule ponctuel, sans garde du corps. Echappant aux curiosités qu’il dédaigne et jamais n’alimente, il cache ses vacances de nabab sur son île Velaa aux Maldives, tout comme ses deux yachts, mentionnés dans les Panama Papers.

Cette discrétion permet à son entourage de filer la légende du modeste, pas ramenard. « Ce n’est pas un nouveau riche, c’est un ancien pauvre, il se souvient d’où il vient », appuie ainsi Denis Olivennes, son poisson-pilote à Paris, patron de son groupe de presse CMI en France. Et de décrire le van qui attend sur le tarmac pour lui et ses collaborateurs, la réunion écourtée pour conduire sa mère à un rendez-vous médical, ses goûts décidément à part, contracycliques comme les briques de sa fortune. Lorsqu’il propose au même Denis Olivennes de passer par Londres, où il possède la villa Heath Hall, (parfois louée à Justin Bieber ou à François- Henri Pinault), afin de lui montrer sa dernière acquisition, surprise de l’ancien DG de chez Lagardère d’apprendre qu’il ne

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