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Rencontres inattendues sur le chemin de Compostelle
Rencontres inattendues sur le chemin de Compostelle
Rencontres inattendues sur le chemin de Compostelle
Livre électronique221 pages4 heures

Rencontres inattendues sur le chemin de Compostelle

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À propos de ce livre électronique

"Rencontres inattendues sur le chemin de Compostelle" relate les témoignages et réflexions de pèlerins rencontrés par Dominique lors de son voyage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce récit captivant et parfois troublant incite à remettre en question vos habitudes et votre manière de vivre, tout en proposant des pistes pour construire ensemble un monde plus juste, en harmonie avec la nature et moins dominé par l’argent.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Dominique Mison, doté d’une curiosité et d’une ouverture d’esprit remarquables, ressent le désir profond de rendre service et d’inspirer les générations plus jeunes. Son inspiration provient notamment des nombreux pèlerins rencontrés lors de son chemin vers Compostelle, et il a écrit ce livre pour encourager les autres à suivre leurs traces, à la recherche d’un monde meilleur et plus équitable.
LangueFrançais
Date de sortie6 juin 2024
ISBN9791042228187
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    Aperçu du livre

    Rencontres inattendues sur le chemin de Compostelle - Dominique Mison

    Chapitre I

    Envie de partir

    Commencez par changer en vous, ce que vous voulez changer autour de vous.

    Gandhi

    Soixante-cinq ans, marié, deux enfants et deux petits-enfants, je suis à la retraite depuis quelques mois. Je me suis installé avec ma femme, Patricia, à La Rochelle, ville où elle est née et a passé toute sa jeunesse. Elle me dit que je suis du genre hyperactif. Ce qui doit être vrai, car j’ai tendance maintenant à tourner en rond. J’aimerais faire quelque chose d’utile, à la fin de cette période de pandémie qui nous a tous pris au dépourvu et déstabilisés. Je me décide donc à recontacter mes anciens camarades qui ont fait leurs études d’ingénieur avec moi à Toulouse. Tous ou presque sont déjà d’anciens retraités. Ils ont retrouvé des occupations, ne serait-ce qu’avec leurs petits-enfants et ont des projets de voyages dans des pays lointains.

    Cette idée de partir en voyage ou de faire une croisière ne nous passionne guère Patricia et moi. D’abord, la France est belle et mérite d’être connue, alors pourquoi partir si loin ? Peut-être aussi sommes-nous comme ces Suédois qui n’utilisent plus les transports aériens pour lutter contre le réchauffement climatique ? C’est vrai que pour celui qui lit le journal, ou écoute les journaux télévisés, les mauvaises nouvelles sur le devenir de la planète affluent tous les jours. Le rythme des catastrophes semble même s’accélérer. Et pour beaucoup, la pandémie que nous venons de vivre, n’est que la conséquence de notre comportement sur la Terre. Mais je ne veux pas tomber dans le catastrophisme, ou la peur, parce que ce n’est pas mon genre et que cette dernière est souvent mauvaise conseillère.

    C’est donc en pleine réflexion autour de ces questions liées à l’écologie, que je téléphone à l’un de mes anciens amis d’école, José. Il est à la retraite depuis quatre ans et habite la région toulousaine.

    Je lui explique mes projets et mes questionnements…

    J’ai entendu parler de ce Chemin qui suit la côte cantabrique et sans trop réfléchir, je réponds avec enthousiasme « Ah, oui, ça me plairait ! » C’est le bol d’oxygène que j’attendais inconsciemment. J’en parle à ma femme. Elle m’encourage à accompagner José :

    Je rappelle donc José le lendemain et lui confirme mon « oui » de la veille. Me voilà donc lancé dans l’aventure. Nous convenons de partir d’Hendaye. Pour la date de départ, on parle de la dernière semaine de septembre. C’est bien. Cela me laisse pratiquement trois mois pour me préparer physiquement. Ce devrait être suffisant, car j’ai toujours aimé bouger et je n’ai jamais rechigné devant l’effort physique, que ce soit pour jardiner, couper du bois, bricoler ou faire du sport, en particulier de la montagne et du vélo. J’ai donc conservé une allure plutôt svelte, n’ai à souffrir d’aucune maladie, et n’ai nul besoin de perdre du poids. Remuscler mes jambes (mes quilles, devrais-je dire, car elles sont grandes et guère épaisses) et entraîner mes pieds à la marche me paraît toutefois absolument nécessaire. Je tiens en effet à m’éviter les courbatures le soir et les ampoules qui peuvent faire affreusement mal, pour profiter au mieux du pèlerinage et ne pas ralentir mon ami.

    Ce délai est aussi l’occasion de me documenter. Mes lectures, notamment celles sur Internet, et les conseils de mon ami, m’indiquent dans le détail tout ce qu’il faut faire : poids maximum du sac à dos, affaires essentielles à emporter, comment choisir ses chaussures de marche, entraînement préalable… À la limite il y a trop d’informations et celui qui n’a aucune expérience, risque d’avoir du mal à choisir son matériel. Pour ne prendre qu’un exemple, celui de la protection contre la pluie : il y a les partisans du grand poncho qui recouvre le sac à dos et les bras, mais bat dans les jambes, et les partisans inconditionnels de la veste imperméable associée à un couvre sac étanche qui laisse libre les bras, mais protège mal le bas du corps. Heureusement mon idée est déjà faite là-dessus et je choisis le poncho léger, en matériau semi-respirant, facile à enfiler et à enlever.

    Je prends contact aussi avec l’Association des Amis de saint Jacques. Elle tient ses permanences à La Rochelle, dans l’église Saint-Sauveur. J’y rencontre d’anciens pèlerins, dont certains sont allés plusieurs fois à Saint-Jacques ! Je les sens tous passionnés et prêts à repartir. Je suis impressionné par l’énergie et la volonté qu’ils dégagent. Ils me donnent de nouveaux conseils et me remettent la fameuse crédentiale², l’indispensable passeport qui doit être tamponné tous les jours dans les auberges où nous dormirons. Ce document permet d’authentifier de manière chronologique le passage en divers points du Chemin, justifie le statut de pèlerin et prouve à l’arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle que plus de cent kilomètres ont été parcourus à pied. Sur présentation de la crédentiale, le pèlerin peut alors demander la « Compostella ». C’est un document écrit en latin et avec de belles enluminures qui atteste que son porteur a bien accompli le pèlerinage.

    C’est aussi à ce moment-là que naît en moi l’idée de profiter de ce voyage à pied pour rencontrer des gens et recueillir leur témoignage sur ce qu’ils ont à cœur. J’en parle au téléphone à mon ami. Il est dubitatif, car l’idée lui paraît difficile à réaliser :

    Je suis un peu déçu… Mais il me rappelle le lendemain matin avec un brin d’excitation dans la voix :

    Me voilà gonflé à bloc. Cela m’incite à m’entraîner à utiliser la fonction enregistrement sonore de mon téléphone portable. Il sera également parfait pour prendre des notes écrites et bien sûr des photos.

    Je fais aussi la liste de ce que je dois emporter, avec pour objectif de ne pas dépasser un total de dix kilogrammes sur mon dos, poids du sac compris. Je suis aussi sélectif que possible : pas de rasoir électrique bien sûr, une moitié de pain de savon de Marseille dans une boîte étanche pour la toilette et la lessive, un tube de dentifrice à moitié utilisé…

    Dans le même temps, je commence à m’entraîner à la marche en faisant toutes les courses en ville à pied et je rayonne de plus en plus loin dans la campagne autour de chez moi. Je découvre ainsi que la marche n’est pas si facile que ça et qu’elle requiert beaucoup de temps : quinze kilomètres nécessitent près de trois heures !

    Mes chaussures étant de simples « baskets » vieillissantes, je me décide un mois avant de partir, à m’équiper avec un modèle taillé pour la marche et la randonnée. Je choisis une paire solide et confortable en cuir, avec tige basse, dotée d’une membrane intérieure imperméabilisante et respirante et bien sûr, d’une semelle absorbante bien crantée. J’essaye les chaussures l’après-midi même le long du canal de Marans. Mais cette sortie est un échec cuisant, c’est le cas de le dire : non content de devoir écourter la balade que j’espérais plus longue que les autres, j’ai de grosses ampoules en revenant à la maison ! J’alerte aussitôt José, car mon entraînement immédiat semble compromis. Il a oublié de m’en parler, mais il connaît bien le problème :

    Me voilà donc contraint quelques jours au repos forcé, mais grâce à la crème je peux vite reprendre la marche d’entraînement avec comme objectif prioritaire de faire mes nouvelles chaussures à mon pied, à moins que ce soit l’inverse ! Toujours est-il qu’à la fin, je me sens suffisamment prêt pour faire coup sur coup deux étapes du chemin de Saint-Jacques entre La Rochelle et Saintes, avec l’assistance de ma femme qui me retrouve pour le pique-nique de midi, et me récupère le soir. Je suis content : le test est une réussite !

    Quelques jours avant le départ, j’achète enfin des vêtements ultralégers, qui sèchent rapidement et que j’utiliserai chaque jour alternativement : deux tee-shirts, deux shorts et deux slips. Et pour le cas où ma lessive ne parviendrait pas à sécher dans la nuit, je prévois un portemanteau léger en fil métallique quel je pourrai accrocher sur le dessus du sac à dos.

    Voilà, je crois que j’ai pensé à tout et je suis maintenant prêt à partir.

    Chapitre II

    Le départ ou la remise en question

    Être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui semblerait ne pas dépendre de soi.

    Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes

    Jour 1 : En Train vers Hendaye

    Ma nuit a été assez agitée, passée à vérifier sans arrêt le contenu du sac à dos dans mes méninges, comme si j’avais oublié quelque chose d’important. J’ai tenu à partir de la maison à pied pour rejoindre la gare. Ma femme m’accompagne pour ces trois premiers kilomètres. Le soleil n’est pas encore levé et l’on voit encore Vénus dans le ciel, gage d’une belle journée. Nos adieux à la gare, devant quelques témoins curieux, me font prendre conscience du caractère insolite de ma démarche. Nous nous souhaitons tout le meilleur et je promets de rester tous les jours en contact par téléphone et d’envoyer des photos.

    Aussitôt le train parti, je suis bercé par le clac clac régulier des roues d’acier sur les rails. J’arriverai à Hendaye un peu avant treize heures et j’y retrouverai José et son fils Clément, qui eux arriveront en voiture depuis Toulouse. Clément a eu envie de faire les deux premières étapes avec nous et il ramènera la voiture. Je relis les derniers messages d’encouragement des enfants et des amis sur mon téléphone. Je réponds que je viens de partir et que je penserai bien à eux durant tout le voyage. Je sens confusément que ce départ représente une remise en question, peut-être une quête de vérité, en tout cas une page blanche où tout est à écrire…

    Le soleil se lève à peine. Je guette le bord de mer du côté de Chatelaillon-Plage, puis la traversée des marais avant Rochefort. Des hérons et une cigogne s’envolent lentement à notre passage et vont se poser plus loin au bord d’un canal à demi enfoui sous la végétation. Nous ne devons être que quatre ou cinq dans tout le wagon, alors qu’il y a de très nombreuses voitures sur la route à quatre voies que j’aperçois par la fenêtre.

    Nous n’avons pas encore bien compris le message du Covid, me dis-je. Les vieux réflexes reprennent vite le dessus !

    En fonction des rayons du soleil qui entrent dans le wagon et de l’ombre dans l’arrière-plan, la vitre du train renvoie le temps d’un éclair mon image. Je l’avoue, je trouve celle-ci plutôt sympathique. Mes yeux marron clair avec des paillettes de vert et encadrés par des sourcils bien noirs semblent regarder dans le lointain. Certains amis disent que j’ai le regard bienveillant. C’est vrai qu’en général les gens aiment bien se confier à moi. Bien sûr, impossible de cacher que je suis allé hier chez le coiffeur ! Cette coupe courte me donne un air plus jeune, surtout avec mes lunettes de soleil que je viens de poser sur mon nez. Pour un peu je croirais que mes cheveux sont restés noirs et n’ont pas blanchi ces dernières années. J’ai l’impression aussi d’avoir le teint cuivré et parfaitement hâlé d’un véritable explorateur. Mais je constate un tantinet déçu que cet effet seyant provient de la lumière réfléchie par mon tee-shirt rouge sur mon visage ! Bon, mais n’exagérons rien, j’ai la peau naturellement mate et relativement bronzée grâce aux entraînements de marche tout récents.

    Le bras appuyé sur mon sac à dos posé à côté de moi, mon esprit finit par vagabonder et mes yeux se ferment par moment puis se réouvrent, afin de contempler la campagne qui défile.

    Bordeaux, la gare est pleine de vie : du monde en tous sens, des bruits de pas, des valises que l’on traîne, des trains qui arrivent ou repartent. L’animation de la gare succède à la douce torpeur qui avait envahi le wagon depuis La Rochelle. Je recherche dans le passage souterrain le quai d’où partira mon train pour Hendaye. J’approche de l’escalier, mais un autre train vient d’arriver et délivre ses flots de passagers qui déboulent sur moi alors que je m’apprête à monter pour rejoindre le quai. Je me sens aussitôt entraîné à contre-courant par la meute des plus pressés. Heureusement, j’ai plus d’un quart d’heure de battement. Donc pas de panique. J’en profite pour observer cette foule qui avance comme par automatisme, mue par je ne sais quels objectifs. L’espace d’un instant, je me revois à Paris lorsque j’allais au travail le matin. Je ne faisais sans doute pas mieux.

    Sur le quai, le train vient d’être positionné. Les cheminots s’affairent encore. Oui, c’est bien le train pour Hendaye et Irun. Je m’y installe et j’observe à travers la vitre, le manège et les mimiques des personnes qui passent sous mes yeux. Une jeune femme à cheveux longs et jean moulant attire mon attention. Elle téléphone en parlant très fort comme si elle était seule sur le quai. Je n’entends pas tout ce qu’elle dit, mais je comprends à ses allées et venues saccadées, aux mouvements de sa tête et aux gestes de ses mains, qu’elle n’est pas contente. Visiblement, elle en veut à quelqu’un et manque de peu de louper notre train qui s’ébranle maintenant. Heureusement, elle ne vient pas dans ma direction et sa conversation s’estompe dans le frottement des roues d’acier sur les rails. Alors que je pense que je vais voyager seul dans mon carré,

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