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Manifeste pour gagner la paix: Des Valois à Poutine
Manifeste pour gagner la paix: Des Valois à Poutine
Manifeste pour gagner la paix: Des Valois à Poutine
Livre électronique431 pages4 heures

Manifeste pour gagner la paix: Des Valois à Poutine

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À propos de ce livre électronique

"Manifeste pour gagner la paix – Des Valois à Poutine" explore la culture de la guerre qui s’est imposée à la civilisation de la paix, en février 2022. Il constate que, malgré de nombreuses victoires militaires, la paix a rarement triomphé. Aussi, il alerte contre les régimes totalitaires qui s’efforcent de prendre le guidon de l’histoire tout en soulevant deux interrogations : quelles sont les exigences de la paix ? Comment s’inspirer de ceux qui l’ont gagnée ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Charles Simone de Mandhiraux a travaillé comme attaché d’ambassade et dans l’industrie pharmaceutique sur plusieurs continents. Sa passion pour l’histoire lui a permis de comprendre les enjeux géopolitiques de ces régions. "Dans Manifeste pour gagner la paix – Des Valois à Poutine", il utilise cette expérience pour examiner les conditions nécessaires à l’harmonie dans le monde.
LangueFrançais
Date de sortie9 avr. 2024
ISBN9791042216702
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    Aperçu du livre

    Manifeste pour gagner la paix - Charles Simone de Mandhiraux

    Prologue

    Des Valois à Poutine

    La civilisation avance avec la culture de la guerre

    Cet essai est une réflexion sur la guerre, que l’on n’a jamais su, ou voulu éradiquer et sur la paix, que l’on a toujours dû protéger.

    Un besoin ressenti intimement, suite à « l’opération spéciale », où se mêlent incrédulité, tristesse et exaspération devant une telle tragédie.

    Quelle connerie la guerre.

    Jacques Prévert

    Pourquoi ne pensons-nous à Prévert que lorsque le mal a déjà laissé son empreinte traumatisante ? Une fois les villes bombardées, les réfugiés sur les routes, les familles décimées et l’environnement piétiné ?

    Comment apprendre de l’histoire des guerres, et de ceux qui les ont déclarées pour empêcher qu’elles ne reviennent sans cesse ?

    Comment reconnaître les régimes belliqueux et s’opposer aux faiseurs de guerres ?

    Pourquoi un adolescent, probablement insouciant, devient un adulte qui passe de la guerre froide à la guerre du froid et à la mer de feu ?

    Quels sont les rapports de forces menant à la guerre, les exigences de la paix ? Comment nous inspirer des femmes et des hommes qui ont su gagner la paix ? Leurs luttes, leurs actions, leurs convictions.

    ***

    M. Poutine a ruiné nos espoirs dans la paix à laquelle nous commencions à nous habituer.

    La démocratie est de nouveau confrontée à son envers : la dictature.

    Nous assistons impuissant à la faillite de la civilisation de la paix et au retour d’une partie de l’humanité dans les horreurs de la culture de la guerre, dans le quotidien de l’effroyable.

    En temps de paix, nous oublions la guerre, en temps de guerre nous nous rappelons des exigences de la paix.

    Légèreté de notre mémoire collective qui nous joue des tours.

    On qualifie les guerres de perdues ou gagnées. Mais elles ne sont jamais finies, elles reviennent sans cesse.

    Comme si l’histoire avait besoin d’elles pour avancer¹.

    On ne dit pas que la paix est gagnée.

    Le droit international a défini les droits de la guerre, mais pas ceux de la paix. Pourquoi ne la déclare-t-il pas illégale ?

    Pourquoi les responsables jouissent-ils d’une telle impunité ?

    Pourquoi ne doivent-ils pas répondre de leurs actes, absous de tous les crimes quand ils la font et quand ils la gagnent ?

    En février 2022, un homme, un dictateur, déclenche une guerre pour annexer un pays en Europe. Bombardements de villes, destructions massives, odeur de la mort et de la peur, réfugiés, déportations d’enfants.

    ***

    Toutes les horreurs de la guerre ravivées en quelques jours avec des conséquences humanitaires et environnementales dramatiques.

    Un individu, plus ou moins légitimement élu, décide de déclencher une guerre, d’exercer sans scrupule une violence absolue, de disposer de la vie et de la mort de centaines de milliers de gens et tout cela dans l’impunité la plus totale.

    Les cauchemars du passé s’infiltrent dans le présent.

    Comment une telle tragédie est-elle encore possible à notre époque ?

    Notre exposition à la guerre se limitait à des souvenirs de famille et à des culs d’obus en cuivre, toujours bien astiqués.

    Des réminiscences entretenues par des livres qui immortalisent des réseaux de résistance, des batailles au nom de rue, des tranchées qui ont connu l’enfer et des films qui mettent en scène l’enfer du devoir et les sentiers de la gloire².

    La violence de la guerre y est pudiquement évoquée.

    La bravoure des soldats impressionne. La mort est forcément héroïque : commandos vendant chèrement leur peau pour réussir leur mission, sacrifices d’hommes simples devenus valeureux, déterminés à faire don de leur vie à leur patrie.

    Des informations factuelles relatent, pendant quelques minutes, des conflits, qualifiés de régionaux : Corée, Cuba, Vietnam, Irak, Afghanistan. Comme si la mort était régionale.

    La guerre faite au loin n’est pas une tragédie, au pire une épreuve, au mieux une simple information, presque un fait divers.

    Les guerres paraissaient réservées aux « autres », aux pays en voie de développement politique, aux régimes de petits dictateurs locaux, héritiers d’idéologies du passé, de culture tribale ou de religions ancestrales qui détiennent la vérité. Des guerres à la soudanaise.

    ***

    En ce mois de février 2022, un coup de tonnerre déchira le silence de la paix. Le conflit régional nous avait rattrapés.

    Un an après, aucune paix à l’horizon et le pire reste possible.

    Dénazifier et désarmer l’Ukraine reste l’objectif annoncé.

    La propagande est à son comble, les crimes de guerre aussi.

    On évoque déjà la Moldavie et la Géorgie…

    On menace la Lettonie et la Finlande…

    M. Poutine déclare : nous avons tout fait pour régler cette situation par des moyens pacifiques. Et ses troupes tirent des missiles détruisant des villes entières, des théâtres, des maternités, des centres commerciaux, des marchés, et ce ne sont pas des dégâts collatéraux, mais des cibles.

    M Medvedev annonce en mai 2023 après une attaque du Kremlin par des mini-drones : … Il ne reste plus d’autres solutions que l’élimination physique de Zelinski et sa clique.

    Juin 2023, destruction du barrage de Kakhovka : barbarie jusqu’au-boutiste, désastre humanitaire et environnemental.

    Véritable crime d’écocide. Des milliers de réfugiés bombardés dans les zones d’évacuation, des milliers de km² de terres agricoles polluées.

    Les limites de l’effroyable, de l’inhumain sont encore une fois repoussées.

    On continuait à se raconter des histoires et on discutait des motivations profondes de l’agresseur, des responsabilités éventuelles de pays tiers, comme si, pour se rassurer, on recherchait de bonnes raisons à ce conflit.

    Les principaux acteurs des relations internationales s’emparent de ce drame : on condamne, on approuve, on sanctionne, on reste neutre.

    Les Nations Unies multiplient, en vain, les résolutions non contraignantes.

    Les religions manœuvrent au nom de l’impartialité, de leur alliance avec le pouvoir ou de ce qu’elles pensent être de leur intérêt.

    Chacun choisit son camp en fonction de ses ambitions géopolitiques et de son histoire.

    L’événement est manipulé, l’intolérable est accepté, l’insoutenable est banalisé.

    Seule la justice reste fidèle à ses principes et à la transparence des faits.

    Karim Khan, procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), lance un mandat d’arrêt contre M. Poutine pour crime de détournement d’enfants. Décision immédiatement qualifiée par les Affaires étrangères russes d’insignifiante et ne reposant sur aucun fondement.

    300/400 000 morts en douze mois, 10/15 millions de réfugiés, plus de 10 000 enfants déportés, destructions massives d’infrastructures civiles, mais où sont les coupables ?

    On hésite pudiquement à qualifier de criminel de guerre les autorités politiques et militaires, individuellement responsables de ces actes.

    Les médias analysaient consciencieusement les opérations militaires pour savoir si l’une était une scène de guerre, l’autre un crime de guerre, mais personne ne disait que la guerre était en soi un crime.

    Des dirigeants concoctent, dans l’urgence et de toute bonne foi, des plans pour négocier un cessez-le-feu. Hommes de paix, qui refusaient d’accepter qu’il était trop tard, et de reconnaître que la coquecigrue³ avait déjà pris son vol.

    Nous constations, impuissants, que des dirigeants d’un pays déclenchent à leur guise une guerre, massacrant, bombardant, détruisant, tuant en toute impunité. Comme si faire la guerre était une de leurs prérogatives à laquelle nous devions nous soumettre.

    Nous avions l’illusion de croire qu’au XXIe siècle, nous étions libérés du pouvoir absolu, de l’ignorance et de la soumission.

    M. Poutine nous a catapultés dans la guerre.

    Le Président Xi annonce fermement que l’indépendance de Taïwan signifie la guerre.

    Kim Jung-Un déclare qu’une interception de ses missiles serait considérée comme une déclaration de guerre.

    Le Hamas ouvre un nouveau conflit contre Israël qui se défend. Otages civils, bombardements de Gaza. Tragédies humaines.

    Ils nous ont rendus plus modestes.

    La paix est fragile comme le cristal et la guerre de plomb rôde de nouveau autour de nous.

    Notre mémoire collective se réveille, un peu engourdie.

    Elle a du mal à regarder dans les yeux cette nouvelle réalité qui fait peur, tant elle ressemble au passé.

    Les causes et justifications historiques des guerres sont multiples : annexions géographiques, schismes religieux, expansion coloniale, révolutions, idéologies, nationalisme…

    En survolant notre histoire depuis le XIVe siècle, que les historiens soient indulgents, on réalise que les périodes de paix ont été l’exception et sont courtes.

    Chaque siècle a connu ses guerres avec des armes de plus en plus destructrices. On passe allègrement de quelques milliers de morts à quelques dizaines de millions.

    Les tragédies deviennent des statistiques.

    L’innovation dévastatrice : une flèche des archers anglais prend la vie d’un homme, une bombe atomique en pulvérise cent mille.

    Il faut se méfier des ingénieurs⁴.

    Gaz moutarde, gaz sarin, napalm, armes chimiques.

    Les stukas déchirant les oreilles puis les corps.

    Les orgues de Staline et leur musique stridente annonçant la mort.

    Les kamikazes japonais : ultime soumission.

    Les V1, les V2, les missiles intercontinentaux, hypersoniques…

    Des bombardiers avec une signature radar de la taille d’une balle de golf, des sous-marins géants avec des torpilles qui seraient capables de déclencher des tsunamis nucléaires… et après ?

    Jusqu’au XVIe siècle, les monarchies absolues déclarent des guerres pour accroître leurs territoires, fondement de l’autorité et de la gloire de leurs princes.

    Les guerres se font pour des raisons géographiques, et quelques batailles suffisent pour désigner le vainqueur.

    Ignorants et soumis, les peuples fournissaient la sueur de leur front pour les payer et les bras pour tenir les épées.

    Ils ne remettaient en cause ni la légitimité du roi ni celle du féodalisme. Ils défendaient leur peau.

    Un schisme au sein de la chrétienté, et deux révolutions, remettent en cause l’ordre établi, et nourrissent la montée en puissance de la violence des guerres.

    La soumission de l’ignorance est remplacée par la soumission à des croyances.

    En 1517, Martin Luther publia ses textes fondateurs du protestantisme. Chrétien, mais pas romain.

    Les protestants s’attirèrent les foudres de l’évêque de Rome, légitime successeur de Saint-Pierre, qui revendiquait le monopole sur la chrétienté.

    Les monarchies sont priées de choisir leur camp.

    Cette alliance de l’épée et du goupillon ajoute une légitimité religieuse pour déclencher des guerres autrement plus cruelles que les guerres des trônes.

    Maintenant, on se battait aussi pour Dieu.

    Soumission à son Roi et fidélité à son Pape.

    Pour vaincre, la soumission imposait de gagner des batailles, la fidélité oblige de détruire les vaincus : hérétiques et renégats.

    Deuxième événement clef dans la course à la violence : 1789.

    La Révolution française.

    Pour la première fois, le pouvoir absolu des monarchies est contesté par une autorité supérieure : la Nation, qui rassemble le peuple dans son histoire, des valeurs et une culture commune et un avenir partagé.

    Rupture majeure dans la définition de la légitimité du pouvoir.

    L’État-nation prend le dessus sur l’État monarchique.

    Le peuple est le véritable détenteur du pouvoir, qu’il délègue à ses représentants, pour l’exercer en son nom.

    Idée inconcevable pour des monarques concentrant en leurs mains, tous les pouvoirs, depuis tant de siècles.

    République, droits de l’homme, égalité contre privilèges, justice indépendante, liberté, nationalisme émancipateur… si ces valeurs accèdent au pouvoir, la monarchie n’a plus sa place ni le féodalisme.

    Les monarques européens s’unissent et déclarent la guerre à l’ennemi commun : la République, soutenue par tout un peuple qui se bat pour rompre les chaînes de la soumission, pour ouvrir le chemin de la liberté, de l’égalité et de la justice.

    La violence et les destructions des guerres révolutionnaires montèrent d’un cran. La nation républicaine donne naissance au patriotisme, et le fanatisme remplace le fatalisme.

    Il n’y a pas de place pour deux. La société, déjà déchirée par l’inégalité, est maintenant fissurée par des idées que tout oppose.

    Troisième date clef : 1917. La révolution d’Octobre des bolcheviques. Pour la deuxième fois après la Révolution française, une monarchie absolue qui se pensait immuable, le tsarisme, est contestée dans son existence même.

    L’autorité supérieure menaçant l’ordre établi n’est pas la Nation, mais le prolétariat.

    Les bolcheviques écartent les soviets et s’emparent du pouvoir.

    Lénine et Karl Marx font rêver les ouvriers et les travailleurs agricoles dans le monde entier.

    La classe des exploités allait pouvoir crier sa colère, assouvir sa vengeance et s’asseoir à la table du maître.

    Avec la fiction de la dictature du prolétariat et de l’infaillibilité du parti communiste, la révolution d’Octobre est née dictature.

    Lutte des classes pour détruire le passé, censure et propagande pour construire l’avenir.

    Le pouvoir absolu du tsarisme a été remplacé par la pensée absolue de l’idéologie communiste.

    Cette révolution, confiscatoire de la propriété privée avec la collectivisation des biens de production, et initiatrice de la lutte des classes, fait peur, puis effraye avec son expansion.

    Elle se répand comme la lave d’un volcan, parée de l’illusion de la justice sociale et de la paix.

    Après le tremblement de terre révolutionnaire de Moscou, il y eut des répliques, qui s’appelèrent Mussolini et Hitler.

    Alliance objective des démocraties parlementaires avec les fascistes contre les velléités idéologiques et le désordre du bolchevisme.

    Bouclier et bâtons du grand capital et de la classe moyenne contre les menaces venant de Moscou.

    Les démocraties parlementaires avaient besoin d’un allié sans trop de scrupule pour faire barrage à la marée communiste.

    Ceux qui pensaient pouvoir jeter le bâton une fois l’ordre revenu se trompaient lourdement. Les deux dictateurs s’imposent avec une idéologie d’extrême droite ou l’ordre primait sur la liberté, ou le seul droit était celui de se taire et le seul devoir, de se soumettre.

    Le « bâton » s’opposa comme prévu au communiste, traita les démocraties parlementaires avec mépris et voulut les éliminer.

    Une fois leur pays mis au pas, les aventures guerrières commencèrent. Contre le bolchevisme, les démocraties parlementaires et pour se tailler un petit empire colonial.

    Comme les Anglais et les Français, mais avec un siècle de retard.

    Avec le combat des idéologies absolues, les guerres civiles et la Deuxième Guerre mondiale atteignent des niveaux de destruction et de cruauté jusqu’alors inconnus.

    URSS, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, France, Japon, États-Unis, Chine. Le monde s’embrase.

    À peine le nazisme terrassé et ses principaux responsables jugés à Nuremberg, l’alliance militaire avec Moscou se transforma en guerre d’idéologies, opposant dictatures communistes aux démocraties parlementaires.

    Après l’ouragan du fascisme, les cyclones du communisme.

    1940-1945, Révolution communiste en Chine, Staline en URSS, famines et champs de bataille : plus de 100 millions de morts.

    Ce chaos mondial accoucha de deux superpuissances nucléaires, de l’équilibre de la terreur, de la révolution communiste en Chine, mais aussi des Nations Unis et de deux nouvelles démocraties : le Japon et l’Allemagne.

    La guerre froide d’un côté, période de paix impossible et de guerre improbable⁵, la Révolution culturelle de l’autre, période d’auto-destruction, au service du pouvoir d’un homme et au nom de la dictature du prolétariat.

    Les conflits opposant modèles communistes et démocraties se multiplient, par pays interposés : Corée, Cuba, Vietnam, Cambodge, Nicaragua, Chili… Chacun considère comme inacceptable la présence de l’idéologie honnie dans sa zone d’influence.

    La folie destructive sur le compte de l’idéologie ne connaît plus de limite : Corée du Nord, bande des quatre en Chine, Pol Pot au Cambodge, goulag en URSS, coche bomba de Guzman au Pérou.

    Février 2022, la petite dernière en Ukraine, déclenchée par une sorte de dinosaure de l’histoire soviéto-russe, élevé au biberon de la guerre froide, drogué du pouvoir, dictateur hybride improbable, voulant restaurer l’influence de l’URSS et l’empire des Tsars.

    Méthode stalinienne et du KGB, au service d’Ivan le Terrible, de la grande Catherine, de Pierre le Grand, avec le soutien sacré de l’Église orthodoxe.

    La Russie blanche avec les méthodes de la Russie rouge.

    Melting pot historique hétérodoxe, inspirant l’illusion d’un homme pensant avoir la mission sacrée de restaurer le passé de son pays-empire tel qu’il le conçoit. Pour jouer les premiers rôles, comme avant.

    Toutes ces guerres ont un point commun : ce sont toujours les peuples qui se massacrent, militaires ou civils, dégâts collatéraux ou cibles. Malheureusement, leur mémoire collective est sélective et leur soumission éternelle.

    Les horreurs de la guerre sont oubliées. Le ménage du subconscient.

    Contrairement à nos cellules, qui mémorisent les virus et bactéries pathogènes, les reconnaissent et les empêchent de sévir de nouveau, le corps social a la capacité d’effacer les violences et les crimes de guerre de sa mémoire.

    Il ne se rappelle que d’actes qualifiés d’héroïques et de morts censés faire don de leur vie. Instinct de survie subliminal.

    La guerre a gagné ses lettres de noblesse. Les superbes défilés militaires, les uniformes rutilants et la musique entraînante des commémorations nous donnent presque envie de la faire.

    La citation de Paul Valéry traverse les siècles et reste d’actualité :

    La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent, mais qui ne se massacrent pas.

    Avec ses millions de morts depuis des siècles et sur tous les continents, est-elle inhérente au genre humain ou aux régimes qu’il se donne ? Est-elle dans l’ordre des choses ? Y a-t-il des cycles de guerre alternant des cycles de paix trop courts ?

    La violence est omniprésente dans la nature, ou chacun est à la fois prédateur et proie de l’autre. Darwin nous dit que seuls les plus forts assurent la pérennité de l’espèce. Compétition pour survivre, concurrence pour s’adapter ou disparaître.

    Rivalité fatale dès la Genèse : le paisible Caïn tua son frère Abel.

    Est-ce notre modèle, notre destin ?

    En Mésopotamie, les guerres existaient avant l’écriture. En Chine, Sun Tzu publie L’art de la guerre quatre cents ans avant Jésus Christ. Homère qualifie les guerres de l’Iliade de mal nécessaire.

    La guerre a-t-elle pénétré nos gènes, notre condition humaine ?

    Cette violence s’est perpétuée dans un contexte de misère, de peur, de ressentiment et d’ignorance.

    Cette vie de souffrance, réalité quotidienne de la population, fut la cause de nombreuses révoltes, de croyances religieuses censées donner un sens à l’existence et d’idéologies qui promettaient l’ordre et la discipline, l’égalité et la justice sociale. Au choix.

    Pouvoir absolu, ignorance et misère sont le terreau des guerres. Religions et idéologies en sont les catalyseurs.

    Mélange d’autant plus explosif, que les peuples ont une propension en temps de crise, à se soumettre à l’homme « providentiel » qui rétablira l’ordre et les protégera contre leurs peurs et ennemis du moment.

    Le réflexe de Pavlov du peuple qui perd la raison pour entrer dans la déraison : Révoltes-Peurs-Soumission. C’est la guerre.

    Certes, la guerre qui se mène pour repousser un agresseur semble juste. Encore faut-il gagner la paix.

    On ne gagne pas la guerre avec ses cohortes de destructions, de violences et de morts. Au mieux, on la termine.

    C’est la paix qui se gagne.

    Il est impossible de gagner la guerre, on peut juste gagner une relation interétatique.

    Clausewitz

    Israël a gagné des guerres, mais n’a pas pu, ou voulu, établir des relations interétatiques et n’a pas gagné la paix.

    Construire la paix n’est pas une mince affaire. Il n’est pas facile de prêcher pour un avenir commun après avoir subi les morsures de la guerre, des décennies de soumission, de racisme, de colonialisme, de déportation et d’injustice sociale.

    Les souffrances, les rancœurs et les préjugés historiques appellent plus la colère et la vengeance, que la conciliation.

    Les blessures infligées par les cavaliers de l’apocalypse laissent des cicatrices et affectent la raison.

    Ce n’est pas le résultat d’une négociation convaincante, mais l’instauration de nouveaux rapports de forces entre valeurs démocratiques et pouvoir absolu, entre regards sur le passé qui divise et vision sur l’avenir qui unit.

    Elle a ses exigences : institutions démocratiques, indépendance de la justice, libertés individuelles, justice sociale.

    Elle peut être intransigeante avec les forces du passé qui alimentent la guerre.

    Imaginer ce qui unira dans l’avenir, sans que le lourd passé ne se répète, nécessite des qualités humaines exceptionnelles et des convictions démocratiques inébranlables.

    Déclarer des guerres ne requiert que l’orgueil d’hommes en quête du pouvoir, qui s’imposent avec ce qui a divisé dans le passé.

    Seuls ceux qui visualisent l’avenir, sans l’influence de leurs souffrances passées, sans recherche du pouvoir et capables de conciliation, gagnent la paix.

    La colère, la vengeance, la recherche du pouvoir, par quelques-uns pour quelques-uns, n’ont pas leur place.

    Gandhi, Mandela, Adenauer, de Gaulle, Simone Veil nous ont montré qu’il était possible de construire la paix.

    Ils l’ont cherchée, ils l’ont construite, ils l’ont gagnée.

    Des convictions démocratiques, une interprétation lucide de l’histoire, la capacité de servir les autres, la recherche de la justice sociale et le désintérêt pour le pouvoir sont les fondations de leurs actions pour ouvrir le chemin de la paix.

    Toutes ces guerres et les cas où la paix fut gagnée ont des prérequis, les rendant inévitables pour les unes et réalisables pour les autres : la paix est possible avec la démocratie, la guerre est probable avec les dictatures. Nécessité pour l’une, cause pour l’autre.

    Elles la fragilisent avec leur idéologie et leur volonté d’imposer un prétendu modèle social, de supprimer les libertés individuelles au nom de l’intérêt général, pour entrer dans la culture nauséabonde de la guerre. Véritable gaz toxique, s’infiltrant de partout, pour absorber l’oxygène de la paix et étouffer les droits de l’homme.

    Elles ont besoin d’un ennemi, même fictif, pour exister, pour justifier leur autorité et la totale soumission exigée.

    Elles se construisent en manipulant la réalité à leur avantage.

    Propagande et censure sont leur moyen pour se justifier et promettre gloire et grandeur.

    Elles écartent leurs opposants et s’assurent de l’impunité en contrôlant la Justice.

    Mensonges, tromperies, désinformation, déportations, manipulations électorales et interférences avec la justice sont des délits dans le monde démocratique. Ce sont des moyens de gouvernance pour les dictateurs.

    Construire la paix devient une nécessité. Les prochaines guerres pourraient être nucléaires. Elles ne sont pas inéluctables, si nous réagissons contre cette gouvernance des dictateurs.

    Les réformes n’y suffiront pas, il faut innover avec des initiatives crédibles :

    PARLONS – Répondre factuellement aux déclarations de propagande et communiquer avec les forces démocratiques des pays soumis, afin de libérer leur opinion publique du monopole de propagande des dictatures et les accompagner sur le chemin du libre arbitre.

    Avoir accès aux faits et penser par soi-même ne sont pas des idéologies « occidentales », mais des droits universels.

    JUGEONS – Compléter les crimes de guerre de Nuremberg avec des délits de propagande et de censure, de suppression des libertés et de contrôle de la justice, d’écocide afin d’en finir avec l’impunité des dictateurs. Être soumis à la justice n’est pas un modèle de gouvernance, mais une cause de l’humanité.

    INNOVONS – Conférer aux Nations Unies le pouvoir judiciaire pour décider de l’accès au droit de vote des régimes des pays membres : droit de veto, vote des résolutions, des traités. Elles doivent pouvoir remplir le rôle pour lequel elles ont été créées sans être paralysées et manipulées par des régimes totalitaires qui piétinent les valeurs de la Charte.

    Les Nations Unies des démocraties contre les bastions unis des régimes totalitaires.

    Rappelons inlassablement la force de ces valeurs qui sont une aspiration universelle : libertés institutionnelles et individuelles, vérité factuelle et indépendance de la justice.

    La véritable ligne de fracture du monde est entre ceux qui les respectent et ceux qui les bafouent.

    La paix est trop sérieuse pour être confiée à des dictateurs⁶.

    Partie I

    La guerre des trônes et la guerre de religions

    Monarchie absolue

    Cent ans de guerre pour un trône

    Durant cette période de l’histoire, la misère, la malnutrition, les souffrances physiques sont le quotidien de la population.

    L’ignorance et la soumission en sont à la fois la cause et la conséquence. La notion de souveraineté du peuple n’existe pas.

    Des familles « royales » se partagent l’Europe et n’ont de cesse de se déclarer la guerre pour accroître leur territoire, leur puissance et leur gloire. Parfois contestées par des « ducs » ambitieux, les alliances se font et se défont. La seule limite à leur pouvoir absolu est leur capacité à financer ces guerres, à recruter leurs soldats et à s’assurer du sort des armes.

    Pour ce faire, on invente des impôts en nature, production agricole, ou en argent. Ce qui accroît la pauvreté et l’injustice.

    Le peuple, saigné à blanc, doit également fournir les bras qui tiendront les épées et supporter l’arrogance et les privilèges des princes qui ne sont soumis ni à l’impôt ni à la mobilisation.

    Les dynasties se succèdent, le sang coule.

    Les trônes se transmettent, se contestent où se conquièrent.

    Cette réalité du pouvoir est, à l’époque, considérée comme légitime et immuable.

    Le XIe siècle est rempli de ces luttes entre souverains au pouvoir absolu, quasi divin,

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