En désaccord total avec l’ancien président français Nicolas Sarkozy, le député européen Raphaël Glucksmann* refuse toute idée de compromis avec Moscou, et appelle l’Europe à amplifier l’effort de guerre aux côtés de l’Ukraine.
Nicolas Sarkozy a appelé dans Le Figaro Magazine à trouver un « compromis » avec la Russie. Pour l’ancien ambassadeur Gérard Araud, Sarkozy ne ferait que dire tout haut ce que beaucoup de responsables pensent tout bas…
Raphaël Glucksmann Ce que dit Nicolas Sarkozy – il faut sacrifier la liberté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine pour arrêter la guerre – est effectivement une tentation qui existe dans certaines chancelleries occidentales et dans certains pans de nos opinions publiques. Pourquoi ? Parce que c’est une guerre longue, atroce, et que nous ne sommes plus habitués à faire des efforts soutenus sur un temps long. Il y a un phénomène de lassitude qui monte. C’est dans ces moments difficiles que l’on voit qui prend la mesure des enjeux historiques auxquels nous faisons face et qui ne le fait pas. Si l’on suit la logique de Nicolas Sarkozy, on donne un quitus à l’envahisseur, à la destruction du droit international et de l’architecture de sécurité européenne.
Cette position exprime la faiblesse d’une part des élites occidentales inaptes aux rapports de force géopolitiques. La tentation naturelle de dirigeants biberonnés au mythe de la « fin de l’Histoire » peut être de baisser les yeux face au guerrier. Mais baisser les yeux face à un caïd comme Poutine, c’est l’encourager à aller plus loin dans l’agression. Il est d’ailleurs paradoxal que cette tentation de la soumission soit portée par quelqu’un qui se dit gaulliste, comme François Fillon avant lui, alors qu’il n’y a là rien de plus opposé à la geste gaullienne. La stratégie de Poutine repose aujourd’hui sur le pari de cette lâcheté occidentale. Depuis l’échec de son