Trump, tu ne nous auras pas !: Plaidoyer pour l’Europe
Par Maroun Labaki
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À propos de ce livre électronique
Donald Trump est un homme dangereux. Chaque jour en apporte de nouvelles preuves. De surcroît, il ne nous veut pas du bien, à nous, Européens.
On entend donc dire de plus en plus, et c’est tant mieux, que l’Europe doit être notre réponse. Elle sera l’écrin de notre résistance.
Pourtant, l’Europe a mauvaise presse. C’est encore davantage le cas en Belgique depuis la querelle du CETA, l’accord commercial UE-Canada, en octobre 2016. Dans l’imaginaire de beaucoup, la Wallonie avait alors donné la preuve que le « petit village gaulois » d’Astérix était toujours là, plus vaillant que jamais, décidé à résister aujourd’hui à l’Europe comme jadis aux Romains. Les Wallons, maîtres en Wallonie ? Les Britanniques, maîtres au Royaume-Uni ?
Les Français, maîtres en France, comme le veut Marine Le Pen ?
Quoi qu’en disent les populistes de droite ou de gauche, ce serait la mort assurée !
Dans ce livre passionné, Maroun Labaki souligne, exemples à l’appui, que la seule dimension qui permettra de nous protéger à l’avenir, dans ce monde globalisé où apparaissent – outre Donald Trump – de nouvelles menaces, c’est la dimension européenne.
Demain, la souveraineté sera européenne ou ne sera pas. Notre salut sera européen ou ne sera pas.
Un texte engagé pour un réveil de l'Europe face aux nouveaux dangers qui la menacent !
EXTRAIT
Mais le pire, pour l’Europe, c’est qu’elle ennuie ! Elle paraît compliquée, illisible, lointaine. Elle est un problème, parce que les Européens l’ont voulue ainsi. Pour autant, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Surfons sur l’effet Trump. Oublions les raccourcis pénibles des réseaux sociaux – si propices aux manipulations – et réfléchissons. La construction européenne nous a déjà tant apporté, en plus de la paix. Je le redis : c’est un projet de civilisation, que le monde entier nous envie, et c’est notre passeport pour l’avenir.
Aujourd’hui, nous, Européens, devons d’urgence améliorer l’Europe, la rendre plus efficace donc plus intégrée, avec plus de souveraineté partagée. Car c’est elle qui nous protégera demain. Pas nos États. Et encore moins nos régions.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Maroun a choisi quelques exemples précis où il démontre cette nécessité européenne, à l’aide de chiffres mais aussi de souvenirs journalistiques et d’émotions personnelles. Ce qui rend ce livre très attachant, au-delà des idées qu’il promeut. - Nicolas Gros-Verheyde, Bruxelles2
À PROPOS DE L'AUTEUR
Journaliste belge d’origine libanaise, Maroun Labaki a couvert l’actualité européenne depuis le début des années 80. Il a surtout travaillé au quotidien Le Soir, où il a notamment été chef du service Monde. Il est à présent expert indépendant en affaires européennes et président du Press Club Brussels Europe.
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Avis sur Trump, tu ne nous auras pas !
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Aperçu du livre
Trump, tu ne nous auras pas ! - Maroun Labaki
leur.
Le bébé
et l’eau du bain
En réalité, je suis encore fou de rage. Et Donald Trump n’y est pour rien. Le débat sur le CETA, l’accord commercial UE-Canada, qui a mis en émoi la Wallonie, la Belgique, l’Europe et le monde à la fin du mois d’octobre 2016, n’était pas de mauvaise qualité. Et la démocratie s’épanouit toujours dans les joutes d’idées qu’elle suscite. Il n’est évidemment pas inutile de s’interroger par exemple sur ce qu’on a appelé la « privatisation » de la Justice – dans le cadre du commerce international de demain. Cela dit, j’aurais personnellement été plus enclin à faire confiance à un « arbitre » privé qu’à un juge chinois ou vietnamien si j’avais investi quelque argent en Chine ou au Vietnam. Il ne suffit pas d’un juge pour lever l’insécurité juridique, et encore moins d’un slogan.
Pourquoi le CETA a-t-il mis les Wallons dans cet état ? Les autres Européens sont-ils aveugles, inconscients, bêtes, complaisants ? Au vu des résultats, on peut avoir des doutes sur ce qui était vraiment visé à travers ce débat, mais il est certain que c’est l’Europe qui, en définitive, a été touchée. Elle tenait le mauvais rôle.
Pire : dans la sorte d’exaltation qui s’est emparée de la Wallonie et de son ministre-président, Paul Magnette, une idée a fini par s’imposer : le sort des Wallons doit être, doit revenir, entre les mains des Wallons. Le droit de veto en Europe s’en est trouvé soudain réhabilité, illuminé du prestige de la résistance démocratique. Les souverainistes de tout poil et de tout le continent n’en ont pas cru leurs yeux. Drôles de Wallons ! Natacha Polony, journaliste à Europe 1, chroniqueuse au Figaro et grande prêtresse de la souveraineté nationale de la France, a été conquise. Elle a même couché noir sur blanc : « Chers amis wallons, montrez-vous magnanimes envers des voisins nécessiteux. Prêtez-nous Paul Magnette pour 2017 ». Le premier Wallon souhaitait sans doute rester à la postérité pour son engagement social sinon socialiste. Las ! Il est en bonne voie d’entrer dans l’Histoire drapé des vieux oripeaux de la souveraineté nationale, voire régionale.
2016, le grand retour de l’esprit de clocher ? Paul Magnette et ses amis politiques étaient, dit-on, bien conscients des torts que leurs saillies, et leur vibrant veto, occasionnaient au projet européen. Il ne s’est toutefois trouvé personne au PS pour dénoncer publiquement les amalgames et voler au secours de l’Europe. L’intérêt supérieur du parti était en jeu, l’heure n’était pas aux nuances. Malmené dans les sondages, dépassé sur sa gauche par un PTB libre de surenchérir puisque n’assumant aucune responsabilité, le PS devait urgemment redonner de la voix, du « Camarades ! ». Et comme, en Belgique, la plupart des élus n’ont, dans les faits, de comptes à rendre qu’au leadership de leur parti…
Soyons de bon compte : les Wallons et les socialistes n’étaient pas seuls dans cette enivrante aventure. Mais les autres – Communauté française, Bruxellois, CDH et Ecolo (en embuscade) – jouaient des rôles secondaires, pour ne pas dire qu’ils faisaient de la figuration.
L’Europe se serait évidemment bien passée de toutes ces flèches empoisonnées. Voilà des années que la cote de l’Europe baisse, y compris en Belgique, pourtant terre historique de profondes convictions européennes. Si ça va mal, c’est la faute à l’Europe : on connaît la rengaine. « Si ça va bien, c’est grâce à moi, qui ai tenu tête à tous les autres », se plaisent à répéter chacun de son côté les chefs d’État ou de gouvernement des Vingt-Huit lorsqu’ils débriefent les journalistes à l’issue de leurs sommets. Courage, fuyons ! Et ce n’est pas une légende. Ces pitoyables rodomontades à destination des opinions publiques nationales n’arrangent assurément rien à l’affaire.
Le taux de participation aux élections européennes est souvent cité comme indice de ce désamour. En moyenne européenne, il est passé de 61,99% en 1979, année des premières élections européennes au suffrage universel, à 42,54% au dernier scrutin, en 2014. Huit élections et sept baisses, c’est un peu partir en vrille. Du reste, en 2014, les adversaires déclarés du projet européen, à droite, ont pour ainsi dire doublé leur présence au Parlement européen, où ils alignent aujourd’hui quelque 150 eurodéputés sur 751. Le populisme est passé par là, avec ses réponses si simples à tous les problèmes compliqués. Il existe malheureusement une version de gauche de la chose, qui rejoint l’autre, en un étrange et douloureux grand écart, essentiellement sur le dénigrement de l’Europe.
La Belgique paraissait avoir été longtemps épargnée. Les données de l’Eurobaromètre, le grand sondage d’opinion officiel réalisé au niveau de l’Union, révèlent pourtant un glissement qui ne date pas d’hier. À l’été 2006, à la question : « En général, l’Union européenne évoque-t-elle pour vous une image très positive, assez positive, neutre, assez négative ou très négative ? », 54%