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L'Europe vue de l'intérieur: Vers un nouvel élan ?
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Livre électronique216 pages2 heures

L'Europe vue de l'intérieur: Vers un nouvel élan ?

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À propos de ce livre électronique

Un ouvrage pour tous ceux qui voudraient prendre position sur le futur de l'Europe.


Depuis sa création, les nombreuses crises qu’affronte l’Union européenne la forcent à se réinventer pour répondre aux défis et aux exigences de notre société. Comment ces évolutions ont-elles été rendues possibles ? Comment est-on arrivés jusqu’ici ?


Se basant sur sa riche expérience, Rudy Aernoudt, actuellement senior economist à la Commission européenne, nous propose une analyse profonde et inédite du fonctionnement de l’Europe et des défis qui se présentent à elle. Avec un ton direct et sans tabous, il identifie les “12 travaux d’Hercule” nécessaires pour réformer l’Union européenne de manière pragmatique, du marché intérieur aux problématiques climatiques en passant par la réindustrialisation.


Une réflexion inédite et profonde provenant tout droit des coulisses de l’Europe.


« Je conseille la lecture de ce livre tant au politicien en manque d’idées qu’au citoyen qui veut comprendre son futur. Le fossé entre les citoyens et l’Union est si profond que, sans le pragmatisme et les douze travaux de l’auteur, ce fossé pourrait ne jamais être comblé. » Henri Malosse, ancien président du Comité économique et social européen


À PROPOS DE L'AUTEUR


Le Pr. Rudy Aernoudt est senior economist à la Commission européenne, après avoir été conseiller spécial du Conseil Européen et directeur de cabinet du Comité économique et social. Il a été directeur de cabinet à différents niveaux de pouvoir en Belgique, et est professeur d’économie à l’Université de Gand et à l’Université de Nancy. Auteur de plusieurs best-sellers, Rudy Aernoudt a remporté plusieurs distinctions.
LangueFrançais
ÉditeurMardaga
Date de sortie10 mars 2022
ISBN9782804721060
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    L'Europe vue de l'intérieur - Rudy Aernoudt

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    L’Europe vue de l’intérieur

    Rudy Aernoudt

    L’Europe vue de l’intérieur

    Vers un nouvel élan

    « Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. »

    Jean Monnet, Mémoires

    Les idées exprimées dans ce livre n’engagent que l’auteur et ne peuvent être considérées comme des positions officielles de la Commission européenne.

    PRÉFACE

    Les douze travaux de Rudy Aernoudt

    Il y a beaucoup de livres sur l’Europe, mais très peu sont écrits par une personne qui a vécu et qui vit l’Europe de l’intérieur. Il fut mon directeur du cabinet lors de ma présidence du Comité économique et social européen. Il fut conseiller spécial à la Présidence du Conseil européen et occupait maintes fonctions à la Commission européenne. Et dans chacune de ses fonctions, il agissait plus en entrepreneur qu’en fonctionnaire.

    Rudy Aernoudt connaît également l’Europe du point de vue des États-membres et des régions. En effet, il a été directeur du cabinet dans son pays, la Belgique, à la fois au niveau régional et au niveau fédéral. Il a donc été directeur de cabinet aux trois échelons, un parcours unique qui lui vaudrait une mention dans le Guinness book of Records.

    Ces multiples expériences se reflètent dans le livre que vous avez entre les mains. On y sent la passion pour l’Europe, mais également l’envie que celle-ci progresse davantage. Au lieu de se lamenter sur les crises que l’Europe traverse et a traversé, l’auteur affirme qu’elle est capable de surmonter les crises, voire même qu’elle profite de chaque crise pour progresser. Et il lance un appel pour que la crise du Covid-19 ne soit pas gaspillée, en quelque sorte, mais serve à l’Europe.

    Toutefois, Rudy Aernoudt n’est pas un « eurobéat » qui voudrait que tout se fasse à l’Europe ; non, bien au contraire. Il pointe le danger, comme le démontrait Max Weber¹, que le formalisme de la bureaucratie puisse entraîner une lourdeur et une rigidité de l’action administrative, voire une monopolisation du pouvoir au profit des seuls intérêts des bureaucrates. En effet, la bureaucratie est un système qui provoque une résistance au changement. Un système qui gravite autour de son propre axe et perd le lien avec « le dehors ». La communauté du rond-point Schuman, comme l’auteur appelle cette bulle d’eurocrates, est une des causes les plus importantes du clivage avec le citoyen européen.

    Ce mécanisme bureaucratique n’a pas pour autant réussi à éteindre la flamme du rêve européen chez Rudy Aernoudt. Une passion qui le fait chercher des solutions, au lieu des problèmes. C’est ce que j’admire le plus chez lui, un esprit pragmatique doublé d’un optimisme impénitent. Et puisqu’il utilise diverses anecdotes dans son livre, permettez-moi de faire de même : dans notre cabinet, les collaborateurs devaient mettre 1 euro dans un bocal chaque fois qu’ils utilisaient le mot « problème ». La cagnotte était généralement suffisante pour organiser le drink du vendredi soir ! Mais l’essentiel est que cela a pu enclencher a solution-driven attitude, comme le diraient les Anglais (dorénavant ex-membres de l’UE, malheureusement).

    Dans mon dernier ouvrage Le Crépuscule des bureaucrates, auquel l’auteur fait d’ailleurs référence, je pointais déjà le risque d’un effondrement du système européen du fait de la technocratie. Car, tant lui que moi, nous regrettons le clivage béant entre l’Europe et ses citoyens. Eh oui ! Il y a encore des eurocrates qui ont des « étoiles européennes » dans les yeux, et de nombreux eurocrates avaient à l’inverse les larmes aux yeux à l’annonce du Brexit.

    Européen convaincu, ancien élève du Collège d’Europe, Rudy Aernoudt est, comme moi, un passionné de l’Europe. C’est au nom d’une Europe des citoyens qu’il plaide, dans un style inimitable, pour une bureaucratie responsable et efficace au service des citoyens. Ceci obligerait le fonctionnaire européen à ne pas devenir un laquais du système, incapable de former des jugements moraux. La banalité du mal, comme le disait Hannah Arendt² en se référant au « fonctionnaire modèle » Adolf Eichmann³ qui atteignait largement ses objectifs sans se poser de questions sur le bien-fondé ou l’éthique de ses actions. Il n’était pas méchant mais plutôt médiocre, concluait-elle dans son ouvrage Eichmann à Jérusalem.

    Pour cela, Rudy, économiste mais également philosophe, plaide pour une bureaucratie responsable où l’éthique est le leitmotiv de chaque action. Il n’y a qu’une question qui mérite d’être posée, dit-il, référant en quelque sorte par là à L’Étranger de Camus : « Notre action au niveau de l’Europe augmente-t-elle la qualité de vie des citoyens ou non ? ». L’auteur plaide pour que l’Europe arrête de se mêler de tout et se concentre clairement sur les choses où elle peut faire la différence pour le bien-être des citoyens. Sur cette base, il propose de grands chantiers, à l’instar du marché unique lancé par Jacques Delors et toujours inachevé à l’heure où nous écrivons ces lignes. Ces grands travaux, il les appelle les douze travaux d’Hercule.

    J’ai toujours apprécié, chez Rudy Aernoudt, son ton positif et percutant, un style gai et direct que l’on retrouve très bien dans ce livre instructif et amusant à la fois. En évitant le jargon habituel des eurocrates, il permet au lecteur de s’amuser avec un sujet pourtant bien sérieux.

    Lui qui aime faire des références à la mythologie, il dirait sûrement que le dieu grec Kairos, le dieu du bon moment, de l’opportunité, est avec lui. En effet, jamais l’Union européenne, déstabilisée par le Brexit, n’est apparue aussi fragile, écartelée entre des intérêts aussi différents du Nord au Sud ou à l’Est de ses frontières, alors que la guerre froide et la guerre tout court reviennent à nos portes.

    Je conseille la lecture de cet ouvrage qui s’adresse aussi bien aux politiciens en manque d’idées qu’au citoyen qui veut comprendre et soupeser son futur. Le fossé entre les citoyens et l’Union européenne est si profond aujourd’hui que, sans le pragmatisme et les douze travaux de l’auteur, ce fossé pourrait ne jamais être comblé. Soyons donc tous comme lui ! Car l’important est, comme le dirait Jean Monnet, d’être ni optimistes, ni pessimistes, mais déterminés.

    Henri Malosse

    Président de l’Association Jean Monnet

    Président du Comité économique et social européen (2013-2015)


    1. Économiste et sociologue allemand (1864-1920).

    2. Politologue, philosophe et journaliste juive d’origine allemande (1906-1975).

    3. Criminel de guerre nazi (1906-1962).

    Avant-propos

    L’Europe, fondée sous sa forme actuelle en 1957, a désormais atteint l’âge de la retraite. Il ne lui est cependant pas permis se reposer sur ses lauriers. Lors de référendums, des citoyens se prononcent systématiquement en sa défaveur. Des mouvements populistes, notamment en France et aux Pays-Bas, s’élèvent contre elle et demandent la réintroduction des monnaies nationales. Pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne, un membre a même choisi de quitter le club. De plus, lors des négociations post-Brexit, la crise sanitaire a frappé, donnant lieu, comme dans toute crise, à des réflexes nationalistes. Il semble donc que l’Europe ne puisse pas naviguer en eaux calmes. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment un si beau projet – du moins sur papier – a-t-il pu subir de telles attaques ? Et comment l’Europe peut-elle se projeter dans l’avenir ?

    L’Europe est un phénix. Plus la crise est profonde, plus les possibilités se font jour. La crise institutionnelle a conduit au projet de marché unique, la crise bancaire a conduit à l’union bancaire et la récente crise sanitaire a rendu possible ce qui n’avait jamais fonctionné auparavant : l’émission d’obligations européennes. Un peu comme si l’Europe ne pouvait naître et évoluer que grâce aux crises.

    Pourquoi écrire un énième livre à propos de l’Europe ? Chaque semaine, un nouveau livre, pour ou contre l’Europe, est publié. Chacun a sa propre opinion sur la façon dont les choses devraient se dérouler et chacun se considère soudainement expert européen. Mais en réalité, la plupart de ces experts ne connaissent l’Europe qu’au travers d’autres livres, et celui qu’ils écrivent – un de plus – est souvent une mosaïque de textes existants. La philosophe française Julia Kristeva appelle cela l’intertextualité. Aujourd’hui, nous pourrions parler de « culture du copier-coller ».

    J’ai donc estimé qu’il était de ma responsabilité d’écrire sur l’Europe à partir de mon expérience professionnelle au sein des institutions européennes. De proposer la vision de quel­qu’un qui a connu et vécu l’Europe, en tant qu’européen dans la vie quotidienne mais aussi en la voyant de l’intérieur, dans la bulle des eurocrates de Bruxelles.

    Ma triple fonction de chef de cabinet en Belgique, aux niveaux fédéral, flamand et wallon, a été une parenthèse dans ma vie, car j’ai travaillé pour l’Europe pendant presque toute ma carrière : dans les organes consultatifs européens, au Conseil européen et à la Commission européenne. J’ai assisté à d’innombrables sessions du Parlement européen à Strasbourg. J’ai été directeur de cabinet au niveau européen, conseiller spécial du président européen, économiste en chef et me suis vu attribuer bien d’autres titres ronflants.

    Je suis donc ce que l’on appelle, dans le jargon, un « eurocrate ». Pour beaucoup, le terme « eurocrate » est une sorte d’insulte associée à une caste qui gagne trop d’argent tout en ne faisant pas grand-chose. Je suis né quelques années après la création de l’Union européenne et je mettrai donc bientôt un terme à ma carrière professionnelle européenne. Pour moi, ce livre est le testament d’un eurocrate. Testament est ici utilisé dans le sens de « témoignage », en l’occurrence celui d’un témoin privilégié. Il commence donc par une analyse critique de l’Europe, fondée sur mes années d’expérience dans diverses institutions européennes. Sur la base de mon analyse et de mon expérience, je veux tracer les lignes de l’Europe du futur.

    Dans l’un de mes livres précédents, Wallonie Flandre je t’aime moi non plus, j’ai évoqué la relation amour-haine entre Wallons et Flamands. Dans Bruxelles, l’enfant mal aimé, j’y ai ajouté une analyse de Bruxelles, leur enfant bâtard. Et dans Coronavirus, électrochoc pour la Belgique ?, j’ai exposé ma vision de l’avenir de la Belgique et de la politique à développer. Pour moi, hors de l’Europe, point de salut ni d’avenir pour la Wallonie, la Flandre, la Belgique ou Bruxelles. Et pas non plus pour la France, Paris, la Bretagne, pour n’en citer que quelques-uns. L’Europe est et restera le berceau de notre culture, de notre civilisation et de notre économie. Et à la fin de ma vie, je n’ai pas envie de voir une Europe en déclin, comme ce fut le cas avec d’autres civilisations.

    En Europe, tout ne fonctionne donc pas parfaitement, loin de là ! L’Europe a perdu le contact avec ses petits-enfants. L’idée « plus jamais la guerre » est générationnelle et ne peut constituer une légitimation durable pour l’Europe. La relève ne peut être assurée que si l’Europe est vraiment présente pour tous ses sujets et pas uniquement pour quelques privilégiés. L’Europe ne peut avoir un avenir que si elle écrit aussi une histoire qui séduira la prochaine génération. C’est là le grand défi : quelle est la narration – comme disent les eurocrates – de l’Europe aujourd’hui ? Comment l’Europe s’assure-t-elle que ses citoyens se portent mieux grâce à elle ? Comment répondre aux populistes qui disent que tout irait mieux sans l’Europe ?

    Dans la première partie de ce livre, je décrirai le fonctionnement de l’Europe. Il ne s’agit pas d’un énième ouvrage pédagogique ou d’une description des institutions. Pour cela, il existe de nombreux sites internet ou différentes brochures gratuites de et à propos de l’Europe. Non, je veux donner un aperçu des coulisses, de ce que le commun des mortels européen ne voit pas. Je pense qu’il s’agit là de la meilleure façon de comprendre l’Europe et ses institutions. Dans cette partie, je résumerai les phénomènes qui font que l’Europe nage en eaux troubles. Cette description me permettra, dans une deuxième partie, d’évoquer les issues possibles pour l’Europe. Dans les troisième et quatrième parties, j’évoquerai respectivement ma vision de ce à quoi l’Europe pourrait ressembler dans le futur et les actions – les « douze travaux d’Hercule » – que l’Europe doit entreprendre pour réussir à améliorer réellement la qualité de vie de ses citoyens. Car, comme le dit le proverbe japonais, une action sans vision est un cauchemar.

    Mon objectif est d’écrire à propos de l’Europe en utilisant le moins possible le jargon des eurocrates. J’espère avoir réussi à atteindre cet objectif. Afin de rendre les choses plus concrètes, vous trouverez des exemples dans douze encadrés, à découvrir au fil de cet ouvrage. Les réactions et les commentaires sont, comme toujours, plus que bienvenus à cette adresse : raernoudt@gmail.com.

    Je vous souhaite une agréable lecture !

    CHAPITRE 1

    L’Europe : du rêve à l’action

    « Du rêve au réel, on se heurte à des lois et des tracas pratiques. »

    Willem Elsschot⁴, Mariage, trad. Paul Claes

    S’ils regardaient en arrière, les pères fondateurs de l’Europe pourraient se montrer satisfaits. Peu de gens en effet croyaient au plan de Schuman et Monnet. Réunir autour d’une table des peuples en guerre les uns contre les autres ou même rassembler leurs intérêts au sein d’une même organisation paraissait une mission impossible. Et pourtant, cela a fonctionné… L’époque où l’Allemagne et la France se faisaient la guerre tous les vingt ou trente ans est révolue. C’était l’un des objectifs, et il est atteint !

    Mais cette belle narration séduit-elle encore les jeunes ? Pour la génération Z, la guerre fait partie des manuels d’histoire. Le slogan « Plus jamais la guerre » sonne creux. Il n’y a quasiment plus d’anciens combattants ni de détenus des camps de concentration qui pourraient faire revivre l’histoire grâce à leur témoignage. Les livres d’Anne Frank, de Primo Levi ou de Jorge Semprún sont des récits du passé, de l’ancien temps. Le sujet est émouvant, mais il s’est estompé de nos esprits. Les cyberattaques et les hackers parlent davantage à l’imaginaire des jeunes que les tranchées.

    Ces pères fondateurs seraient-ils aussi heureux s’ils découvraient l’armée d’eurocrates, les sessions plénières désertes et le va-et-vient permanent entre Bruxelles et Strasbourg ? Seraient-ils heureux s’ils s’apercevaient que l’Europe est aux abonnés absents dans des domaines essentiels pour le citoyen tels que la politique migratoire ? Seraient-ils heureux de constater qu’une approche coordonnée des contrôles aux frontières dans la lutte contre le virus COVID-19 s’est avérée impossible ?

    Pour répondre à ces questions, examinons brièvement l’idée fondatrice de l’Europe et analysons comment cette belle idée a pris forme, pour aboutir à une Europe… qui a perdu le contact avec les Européens. Par analogie avec Le mariage de Willem Elsschot, on dira que, pour passer du rêve à la réalité, les lois et les tracas pratiques représentent autant d’obstacles sur le chemin de l’Europe. Le mariage entre l’Europe et ses citoyens, comme la plupart des mariages, est donc un parcours semé d’embûches.

    1. De la Genèse au Brexit

    Plus jamais la guerre

    23 juin 2016, coup de tonnerre

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