Guerres & Histoires

VENDÉE, RÉPRESSION OU GÉNOCIDE ?

Reynald Secher: « On est face à une politique délibérée et méthodique des autorités parisiennes »

G&H : Le mot génocide est inventé au milieu du XXe siècle. Est-il pertinent pour parler de la Vendée ?

Reynald Secher : C’est aussi légitime que d’appliquer les concepts d’inflation ou de démographie à l’Antiquité romaine ou au XVIIe siècle. Les historiens de l’économie font cela sans arrêt et personne n’objecterait qu’ils ne peuvent en parler au motif que ni Jules César ni Louis XIV n’ont connu ces notions. Le concept de génocide, forgé en 1943, est défini dans la Convention des Nations unies de 1948 comme « la destruction totale ou partielle d’un groupe national, racial, ethnique ou religieux, comme tel ». Convention qui affirme d’ailleurs dans son préambule qu’« à toutes les périodes de l’histoire le génocide a infligé de grandes pertes à l’humanité », ce qui explique qu’on l’applique sans état d’âme à des faits antérieurs, comme l’extermination des Arméniens en 1915. Le concept est pertinent pour le massacre des Vendéens, car à l’époque tout le monde avait conscience que c’était un crime, et même tellement énorme qu’on n’avait pas de mot juste pour le qualifier. C’est pourquoi les contemporains en inventent. Lequinio [un des exécu  teurs de la répression, NDLR] parle de « dépopulation », Babeuf de « populicide ».

À quel moment avez-vous considéré qu’il y avait eu génocide ? Avec quels documents ?

Dans ma thèse de doctorat, je me suis appuyé sur août et 1 octobre 1793 ainsi que sur d’autres documents comme la correspondance du Comité de salut public, notamment avec les représentants en mission qu’il envoyait sur le terrain. J’ai repris et précisé cette thèse dans un deuxième ouvrage publié en 2011, dans lequel je complète cette documentation par un certain nombre de « petits bouts de papier» jusque-là inédits et que j’ai retrouvés dans les archives du ministère de la Défense au fort de Vincennes. Ces documents établissent que les événements de Vendée ne sont pas le fruit du hasard, mais d’une politique délibérée et méthodique des autorités parisiennes en 1793-1794.

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