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Pourquoi Pékin nous enfume ?: La question environnementale en Chine
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Livre électronique93 pages1 heure

Pourquoi Pékin nous enfume ?: La question environnementale en Chine

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À propos de ce livre électronique

Quand les affaires se font au détriment de la préservation de l'environnement

10 % de croissance valent-ils le sacrifice de 1,2 million de personnes chaque année ? Pour Pékin, la réponse est oui. Et il est utile de préciser qu’il ne s’agit ici que des morts liés à la pollution atmosphérique. La perspective est d’autant plus effrayante que l’histoire écologique du XXIe siècle s’écrira principalement à Pékin. Obsédé par son développement économique, le pouvoir chinois a déployé tout son talent pour cacher le problème. À ses propres citoyens, en réprimant sévèrement ceux qui ont voulu lancer l’alerte. Au reste du monde, en devenant une force de blocage dans toutes les instances écologiques internationales.
Pourquoi Pékin nous enfume ? est une exploration des ambiguïtés dangereuses du régime chinois sur la question environnementale. Un exercice de désenfumage qui s’attelle aussi bien à scruter les envers de ce miracle économique qu’à saisir ses transformations potentielles.

Découvrez une enquête sans complaisance sur un désastre écologique.

EXTRAIT

Le drame écologique du XXIe siècle se nouera en Chine… Malheureusement. Que l’on s’en indigne ou non, les choix délicats qui décideront de l’avenir de la planète se feront en grande partie à Pékin, au sein d’un pouvoir dont le seul horizon de réflexion pourrait se résumer à cette capacité à perpétuer son autorité sur 1,367 milliard d’individus. Il y a des perspectives plus réjouissantes. Mais le pessimisme et le déterminisme sont des guides imparfaits, l’avenir des écosystèmes, même accablé du poids des forfaitures passées, reste à écrire… au moins partiellement. Si le tableau est sombre, il n’est pas monochrome. Car aussi peu convaincante fut-elle en matière environnementale par le passé, la gouvernance chinoise se définit d’abord et avant tout par son pragmatisme, et elle pourrait trouver dans les années à venir un intérêt aussi bien pécuniaire que politique à faire évoluer son modèle vers davantage de durabilité. Elle devrait être poussée dans ce sens par une société civile chinoise qui, si elle n’a pas toujours voix au chapitre, n’est pas non plus constituée de dociles spectateurs attendant sans mot dire le point de non-retour.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Matthieu Timmerman est un spécialiste de la politique asiatique, et plus particulièrement chinoise. Docteur en sciences politiques, ancien professeur à l’Institut d’études politiques de Lille et à la Beijing Foreign Studies University (BFSU Pékin), il travaille actuellement pour l’ONG Planète Urgence en Asie du Sud-Est.
LangueFrançais
Date de sortie15 févr. 2017
ISBN9782367740638
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    Aperçu du livre

    Pourquoi Pékin nous enfume ? - Matthieu Timmerman

    ?

    PROLOGUE

    POINT DE

    NON-RETOUR

    Point de non -retour. Expression terrible qui pourrait paraître pour le moins exagérée. Mais les faits sont là et le doute n’a plus lieu d’être : la Chine est un enfer écologique. Même le pouvoir chinois a fini par admettre à demi-mot ce qu’il aura pendant longtemps nié ou minimisé. Mais ni l’évidence des faits ni la pression internationale (et encore moins un quelconque souci éthique) n’auront été à l’origine de ce revirement. Le seul intérêt pour Pékin à se saisir de la question environnementale est le risque potentiel de déstabilisation politique qu’elle pourrait provoquer. Le Parti communiste l’a très bien compris, le seuil de tolérance de la population vis -à- vis de la dégradation rapide de son environnement s’amenuise et la confiance à l’égard du gouvernement pour juguler ces problèmes est au plus bas – et devrait certainement le rester. Rien de plus logique pourrait-on dire, les autorités n’ont jamais fait preuve d’une once de responsabilité en la matière, préférant jouer avec un temps qu’elles n’avaient pas et supposer que la sainte croissance viendrait, une fois le problème surgi, encore une fois à sa rescousse.

    Le drame écologique du XXIe siècle se nouera en Chine… Malheureusement. Que l’on s’en indigne ou non, les choix délicats qui décideront de l’avenir de la planète se feront en grande partie à Pékin, au sein d’un pouvoir dont le seul horizon de réflexion pourrait se résumer à cette capacité à perpétuer son autorité sur 1,367 milliard d’individus. Il y a des perspectives plus réjouissantes. Mais le pessimisme et le déterminisme sont des guides imparfaits, l’avenir des écosystèmes, même accablé du poids des forfaitures passées, reste à écrire… au moins partiellement. Si le tableau est sombre, il n’est pas monochrome. Car aussi peu convaincante fut-elle en matière environnementale par le passé, la gouvernance chinoise se définit d’abord et avant tout par son pragmatisme, et elle pourrait trouver dans les années à venir un intérêt aussi bien pécuniaire que politique à faire évoluer son modèle vers davantage de durabilité. Elle devrait être poussée dans ce sens par une société civile chinoise qui, si elle n’a pas toujours voix au chapitre, n’est pas non plus constituée de dociles spectateurs attendant sans mot dire le point de non-retour.

    L’intérêt de cet opus n’est pas d’élaborer des récits d’anticipation mais plutôt d’explorer les dilemmes et les ambiguïtés de la Chine sur la question écologique. Pour ce faire, rien n’est plus évocateur que d’aborder ces problèmes à travers les smogs qui s’abattent régulièrement sur les villes chinoises. Celui de l’hiver 2013 à Pékin n’aura (à l’échelle de la Chine) pas été le pire mais assurément le plus symbolique. Il constituera notre fil rouge, celui à partir duquel nous tenterons de comprendre pourquoi Pékin nous enfume.

    1. PARCE QUE

    LA CHINE

    SUFFOQUE

    Il ne fut guère une surprise, seule sa visibilité fut une nouveauté. Car qui pouvait décemment croire que cette formidable croissance économique chinoise n’entraînait pas une destruction importante, sinon massive, de l’environnement ? Il est une chose de savoir, il en est malheureusement une autre de voir. Et le smog qui s’est abattu sur la ville de Pékin entre décembre 2012 et janvier 2013 avait tout d’une vision cauchemardesque : brouillard si dense que l’on distinguait à peine à dix mètres, passants portants des masques, hôpitaux encombrés et cet AQI (Air Quality Index ²) qui venait chaque heure asséner ces chiffres, 500, 775, 900 – alors qu’audessus de 150, l’air est jugé malsain, au -dessus de 300 dangereux et qu’au-delà de 500, on est hors indice. Vision déroutante, effrayante, anxiogène et pourtant révélatrice… sur laquelle il fallait poser un nom. On peut aisément comprendre que, face à ces images surréalistes, le mot airpocalypse ait rapidement fait l’unanimité. Le smog frappa de nouveau au mois d’octobre 2013, mais cette fois ce fut la ville d’Harbin dans le nord-est du pays qui dut fermer son aéroport et ses écoles et là encore, l’AQI dépassa très largement 500. Puis ce fut Shanghai au mois de décembre 2013 avec un taux qui n’atteignit que 480.

    Quiconque a récemment vécu à Pékin n’a pas été étonné outre mesure par cet univers grisâtre, ces masques de protection et l’absence de ciel bleu, ils font désormais partie du quotidien de la capitale chinoise – auxquels il ne faudrait pas manquer d’ajouter ces picotements réguliers à la gorge et l’impression d’être un fumeur invétéré. Pékin ne prit donc pas un nouveau visage, en revanche ce fut la première fois que l’AQI affichait de tels niveaux de concentration de particules depuis son installation en 2008 ³. AQI n’est pas une initiative chinoise, c’est un chiffre fourni par un appareil de contrôle de la qualité de l’air installé sur le toit de l’ambassade américaine à Pékin – destiné, selon le discours officiel, à informer les citoyens américains présents sur place et diffusé via les réseaux sociaux. Sa spécificité est de mesurer les particules PM2,5, c’est-à-dire celles dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres – celles qui sont les plus dangereuses pour la santé car pénétrant les alvéoles pulmonaires. Inutile de souligner que les autorités pékinoises n’apprécièrent que fort modérément cette publication horaire, qui sous une apparente neutralité chiffrée, appuyait là où ça fait mal. Le ministère chinois de la Protection de l’environnement a certes son propre index, l’API (Air Pollution Index) mais il ne mesure que les PM10 (particules moins dangereuses que les PM2,5) et il a la faiblesse d’être directement lié aux instances gouvernementales, peu reconnues pour être des modèles d’objectivité.

    La crise de l’hiver 2012-2013 ne fut pas seulement environnementale, elle fut également révélatrice d’une crise de confiance de la population à l’égard d’un discours qui, s’il n’est plus dans le déni, s’obstine à rassurer plutôt que de jouer la transparence. Et à ce petit jeu, les autorités y ont laissé quelques plumes. Car c’est bien du côté de l’ambassade américaine que les Pékinois guettaient l’information et c’est bien l’AQI qui est devenu la référence en matière de qualité de l’air en Chine (les consulats américains à Chengdu, Guangzhou, Shanghai et Shenyang possèdent désormais leur propre index).

    Une autre conséquence de l’airpocalypse, certes moins stratégiquement importante mais loin d’être négligeable, est l’image qui en a été renvoyée. En à peine six mois, le nombre de touristes à Pékin a baissé de 14,3 % par rapport au premier semestre de l’année 2012, et c’était la première fois depuis 2008 que la capitale chinoise enregistrait un tel reflux de touristes. Et que dire de ces expatriés qui hésitent à renouveler leur contrat, ou des futurs candidats à l’expatriation pour qui l’eldorado chinois a désormais un goût plus âcre. Cette image écornée à

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