La Corruption dans Les Pays en Développement Défis et Réponses: La corruption, définie simplement comme l'abus de pouvoir à des fins privées, est un problème mo

Par Shahid Hussain Raja

La corruption, qui se définit simplement comme l'abus d'un pouvoir confié à des fins privées, est un problème mondial et historique important qui impose des coûts politiques, économiques et environnementaux aux sociétés du monde entier. Outre son universalité, la corruption n'est pas un phénomène nouveau. Elle est aussi vieille que les êtres humains ont commencé à vivre ensemble et ont établi une certaine forme d'État pour gérer leurs affaires.

En dépit de ce qui précède, nous devons admettre que la corruption est beaucoup plus répandue dans les pays en développement que dans les pays développés. Ce livre électronique est une tentative d'évaluer l'omniprésence de la corruption et des pratiques corrompues dans les pays en développement, d'en découvrir les causes et d'établir un cadre pour la minimiser, voire l'éradiquer totalement. Pour cela, j'ai proposé une série de recommandations dans les trois derniers chapitres avant la conclusion, c'est-à-dire les chapitres sept à neuf, du livre. Le chapitre 2 traite des perspectives de la corruption, y compris la question de l'élaboration d'une définition précise de la corruption et de ses différentes facettes. Le chapitre 3 porte sur les causes et les conditions propices à la corruption.

Le chapitre 4 de l'ouvrage explique la manière dont la corruption est mesurée dans un pays afin de classer les pays en deux catégories : les plus corrompus et les moins corrompus. Il souligne également les limites de ces méthodes afin d'avoir une perspective adéquate et une comparaison mondiale, tandis que le chapitre 5 énumère les coûts - sociaux, économiques et politiques - de la corruption généralisée dans le pays. Il démonte l'idée que la corruption sert de monnaie d'échange dans un pays en développement pour accélérer le processus de modernisation. Une absurdité totale.

• Langue: Français
• Éditeur: BadPress
• Date de sortie: 23 juil. 2021
• ISBN: 9781667405520

Aperçu du livre

La Corruption dans Les Pays en Dévéloppement

Défis et Réponses

Shahid Hussain Raja

Droit d’auteur© 2020 par Shahid Hussain Raja

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Ceci s'applique à toutes ses éditions en différentes langues.

Dédicace

À tous mes collègues qui ont travaillé avec moi au sein du Bureau Ehtesab, désormais appelé Bureau National de la Responsabilité, Secrétariat du Premier Ministre, Gouvernement du Pakistan.

Table des Matières

Chapitre 1: Introduction

Chapitre 2: Perspectives sur la Corruption

Chapitre 3: Causes et Conditions Propices à la Corruption

Annexe A: Lignes de Faille Encourageant la Corruption

Chapitre 4: Comment Mesurer la Corruption

Chapitre 5: Coûts de la Corruption

Chapitre 6: Plan d'Action Anti-Corruption

Chapitre 7: Stratégies de Lutte Contre la Corruption-1. Niveaux d'Opération

Chapitre 8: Stratégies de Lutte Contre la Corruption-2. Domaines d'Intervention

Chapitre 9: Conclusion

Préface

J’ai servi comme Conseiller Commercial à l'Ambassade du Pakistan à Rome de 1992 à 1995. C'était l'apogée des mouvements anti-corruption et anti-mafia en Italie. J'ai donc eu la chance d'être témoin de la manière dont les magistrats italiens ont mené une campagne systématique et bien coordonnée contre la mafia et leurs mécènes politiques et bureaucratiques qui s'y déroulait. À l'époque, je me demandais si nous pouvions mener une opération anti-corruption similaire au Pakistan, considéré comme l'un des cinq pays les plus corrompus au monde au milieu des années 1990.

Par chance, lorsque je suis retourné au Pakistan après avoir terminé mon mandat de trois ans, des élections ont eu lieu en 1997 et le gouvernement de Nawaz Sharif est arrivé au pouvoir avec le slogan d'éradiquer la corruption dans le pays. J'ai été choisi comme le premier fonctionnaire à servir dans l'équipe formée par le nouveau chef de la cellule de responsabilité, qui devait travailler directement sous la supervision du Premier Ministre du pays.

L'une de mes premières tâches a été de préparer la vision et la mission de la nouvelle organisation chargée de lutter contre la corruption dans le pays. Je me souviens très bien des dates que j'avais fixées pour améliorer la perception du Pakistan dans le classement de Transparence Internationale. Nous sortirons des dix premiers au cours de la première année, des 20 premiers au cours de la deuxième année et des 40 premiers au cours de la troisième année. Tout le monde a souri. Je ne veux pas vous dire ce qui est arrivé à mon document de déclaration de vision que j'ai présenté au Président de la Cellule de Responsabilité,

Cependant, nous sommes sortis des dix premiers pays les plus corrompus du monde l'année suivante et nous étions 22e la deuxième année. Puis le gouvernement a été renversé par un coup d'État militaire. La Cellule de Responsabilité, le Secrétariat du Premier Ministre sont devenus le Bureau National de Responsabilité (BNR) qui fonctionne toujours comme l'institution la plus renommée du pays.  Le Pakistan ne figure pas parmi les 20 premiers pays les plus corrompus du monde ; le classement du Pakistan dans l'Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2019 est de 29, contre 28 l'année dernière et 27 l'année précédente.

Ce petit livre est basé sur les leçons que j'ai apprises pendant mon séjour de trois ans dans la Cellule/Bureau de la Responsabilité en tant que membre de l'équipe qui a poursuivi avec succès des affaires de corruption très médiatisées au Pakistan entre 1997 et 1999. Je suis fermement convaincu que, même si nous ne pouvons pas éradiquer entièrement la corruption du corps politique d'un pays, elle peut être gérée dans des limites acceptables à condition qu'il y ait un engagement politique fort au plus haut niveau, ce qui est probablement l'élément le plus difficile pour une mise en œuvre réussie et durable de toute réforme. 

Outres diverses sources Internet, une grande partie du matériel de cette présentation à la été tirée de la thèse de Doctorat e M. YEMANE DESTA intitule Conception de Stratégies Anti-Corruption pour les Pays en Dévéloppement: Une Etude de l’Erythrée.

Elle peut être téléchargée à l’adresse suivante:

https://repository.lib.ncsu.edu/handle/1840.16/3844

Le deuxième livre que j'ai utilisé pour plusieurs idées dans ce livre est la Corruption;

Une très courte introduction par Leslie Holmes, (Presse de l’Université d’Oxford)

Shahid Hussain Raja

Cambridge. Royaume-Uni

1er Juillet 2020

Chapitre 1: Introduction 

La corruption, le symptôme le plus infaillible de la liberté constitutionnelle. - Edward Gibbon

La corruption, définie simplement comme l'abus d'un pouvoir confié à des fins privées, est un problème mondial et historique important qui impose des coûts politiques, économiques et environnementaux aux sociétés du monde entier. Il s'agit également d'un problème complexe comportant de nombreuses dimensions et couches multiples. Alors qu'au niveau central, il s'agit des traditionnels pots-de-vin et détournements de fonds, ses couches extérieures sont constituées de clientélisme et de favoritisme. Enfin, au niveau le plus élevé, il s'agit d'une capture de l'État par le biais du lobbying des groupes d'intérêts, agissant de manière formelle comme aux États-Unis ou informelle comme dans presque tous les pays.

Outre son universalité, la corruption n'est pas un nouveau phénomène. Elle est aussi ancienne que les êtres humains qui ont commencé à vivre ensemble et ont établi une certaine forme d'État pour gérer leurs affaires. Ceux qui se sont vus confier la tâche de gérer l'État se sont invariablement livrés au népotisme et à la corruption, qui étaient considérés comme allant de soi et acceptés comme un mal nécessaire par le peuple.

Il y a plus de 2300 ans, Kutilia Chanakya (le Machiavel de l'Orient) a énuméré plus de quarante façons de détourner l'argent du gouvernement dans son ouvrage classique sur l'art de gouverner, l'Arthashastra.  Il a déclaré qu'il n'était pas possible pour un fonctionnaire de s'abstenir de la corruption et a comparé le processus de génération et de collecte des revenus (par les fonctionnaires) au miel ou au poison sur le bout de la langue, qu'il devient impossible de ne pas goûter. Platon, dans La République, reconnaît la nature corrompue des institutions politiques et recommande aux Philosophes de s'abriter derrière un mur pour éviter de se martyriser inutilement.

Les disciples de la philosophie [...] ont à quel point la profession de philosophie est intéressante et bénie, et ont aussi vu et été satisfaits de la multitude de la folie, et ont su qu'il n'y a jamais personne qui agisse honnêtement dans l'administration des États, ni aucun auxiliaire qui sauve quiconque soutient la cause des justes.

Dante, dans son livre Inferno, a décrit l'enfer comme neuf cercles de souffrance et a réservé le huitième cercle aux fonctionnaires qui ont trahi la confiance du public pour des gains financiers personnels. Shakespeare a également évoqué la corruption dans plusieurs de ses pièces. Même dans un passé pas si lointain, la vente de sièges parlementaires dans les bourgs pourris d'Angleterre avant la loi de réforme de 1832 est un exemple classique de corruption de haut niveau.

Pour en venir au passé récent, M. Mohammed Ali Jinnah, fondateur du Pakistan, pays nouvellement indépendant, s'adressant à la toute première session de son Assemblée Constituante en 1947, a fait les observations suivantes

La deuxième chose qui me vient à l'esprit est la suivante : L'un des plus grands fléaux dont souffre l'Inde - je ne dis pas que les autres pays en sont exempts, mais je pense que notre situation est bien pire - est le pot-de-vin et la corruption. C'est un véritable poison. Nous devons y mettre un terme d'une main de fer et j'espère que vous prendrez des mesures adéquates dès que cette Assemblée pourra le faire.

Comme indiqué précédemment, la corruption n'est pas exclusivement un phénomène du tiers-monde, puisqu'elle existe à la fois dans les pays développés et dans les pays en développement, sous des formes et à des degrés différents, mais on ne peut nier son omniprésence dans les pays en développement. De nombreuses entreprises de pays à hauts revenus pratiquent la corruption dans le monde entier.

La Loi Américaine sur les Pratiques de Corruption à l'Etranger (LAPCE) a été adoptée en 1977 pour rendre illégale la corruption de fonctionnaires étrangers. Les registres officiels montrent que les entreprises Américaines ont versé des pots-de-vin dans 80 pays depuis 1977, y compris dans de nombreux pays de l'OCDE.

En dépit de ce qui précède, force est de constater que la corruption est bien plus répandue dans les pays en développement que dans le monde développé. Selon un sondage réalisé en 2010 par la Société de British Brodcasting Company (BBC) auprès de 13 353 personnes dans 26 pays, la corruption est le sujet le plus discuté au niveau mondial, dépassant des problèmes tels que la pauvreté et le chômage (Rothstein & Varraich, 2017, p. 12).

La corruption est difficile à combattre si elle s'institutionnalise dans la société au sens où il est courant que les gens la perçoivent