Pourquoi l'Amérique nous espionne ?: La vérité sur les services de renseignement américains
Par Olivier Chopin
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À propos de ce livre électronique
Nos emails, nos conversations téléphoniques, nos transactions bancaires. Rien n’échappe à la NSA, l’agence américaine d’espionnage. Son ancien employé, Edward Snowden, devenu « lanceur d’alerte », égraine à la une des médias du monde entier les milliards d’intrusions dans nos vies privées. Des chiffres presque absurdes, qui renvoient à une machinerie infernale, incontrôlable, à une puissance monstrueuse dédiée à la domination américaine. Car ce qui semble intéresser les médias, c’est la mécanique de cet espionnage : comment ? Combien ? Qui ? Est-il possible de se protéger ?
Bizarrement, la question du "pourquoi" a été évacuée du débat. Donc, l’Amérique a collecté des millions de renseignements sur nos vies électroniques. Elle ne nie même pas. Mais pour quel mobile ? Que fait-on de nos SMS dans les bureaux de Fort Meade, perdus dans une forêt au nord de Washington ?
Une enquête minutieuse et accessible qui ouvre les yeux sur les enjeux de l'espionnage américain !
EXTRAIT
Les Américains, fascinés par leurs propres créations technologiques, ont visiblement abandonné toute mesure et cédé à un pur raisonnement pragmatique: «faisons-le puisque rien ne nous en empêche». Mais la « fête est finie », en quelque sorte, avec ces révélations dans les médias du monde entier. La NSA se trouve maintenant au cœur de ce qui n’est plus une simple affaire d’espionnage mais un scandale politique international.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Par un récit accessible à tous, Olivier Chopin tente de répondre aux inquiétudes de chacun face à la permanente surveillance des Etats Unis. Grâce à son humour et l’emploi d’un langage abordable, l’enseignant-chercheur essaie d’interpréter les motivations de la NSA à épier nos conversations téléphoniques ou de nos emails, en s’adressant à un large public. - France Net Info
À PROPOS DE L'AUTEUR
Enseignant la sécurité internationale à Sciences Po Paris et à l’EHESS, Olivier Chopin qui signe le titre, est un spécialiste du renseignement. Il est l’auteur de nombreux articles sur les services secrets anglo-saxons. Il a contribué à la recherche sur le Renseignement au sein du Ministère de la Défense par ses travaux au sein de l'IRSEM.
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Avis sur Pourquoi l'Amérique nous espionne ?
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Aperçu du livre
Pourquoi l'Amérique nous espionne ? - Olivier Chopin
ANNEXES
INTRODUCTION
Les Américains sont des salauds. Chacun, ici, le sait bien. On les savait injustes, par leur soutien inconditionnel à Israël en dépit de la colonisation des territoires palestiniens. On les savait hégémoniques et menaçants pour notre exception culturelle avec leurs médias, leurs séries, leurs blockbusters idiots. On les savait impérialistes, n’hésitant pas à déstabiliser l’ordre mondial à coup de guerres expéditionnaires hasardeuses, dont les échecs répétés ne masquent même pas les arrière-pensées énergétiques et commerciales. On sait désormais que ce sont également des voyeurs. Au mépris des idéaux et des principes dont ils n’hésitent pas à se parer pour faire la morale aux autres, nous apprenons depuis peu qu’ils ne respectent rien de la vie privée des Français et des autres habitants de cette planète. Ils veulent piller nos idées, notre propriété intellectuelle. Les secrets de la tarte Tatin, la cuisson du poulet de Bresse: tout est bon pour ces pirates. Voilà qu’ils veulent maintenant écouter nos conversations, archiver nos sextos clandestins, mater en douce les selfies pornos oubliés sur nos disques durs… Les acteurs de ces intrusions dans votre intimité?
Une armée de geeks cravatés et de nerds en baskets, d’informaticiens planqués entre la banlieue de Washington et celle de Baltimore; des ordinateurs gargantuesques valant des millions de dollars, cachés dans des bases secrètes de l’Utah, qui stockent chaque bit qui bouge n’importe où dans le monde. Grâce à Edward Snowden, ce «lanceur d’alerte» de haut vol qui, par son courage, mériterait le Prix Nobel de la paix voire la sanctification, la presse peut enfin faire son travail. Les salauds sont démasqués. La France peut enfin marier son antiaméricanisme et sa hantise orwellienne des nouvelles technologies.
Trêve de plaisanterie. Ni le cybermonde ni l’univers du renseignement ne sont à peindre en noir et blanc.
Les informations provenant des disques durs du fugitif Edward Snowden, et relayées par les journaux The Guardian et The Washington Post, ou Le Monde en France, n’ont de cesse de mettre en avant des faits saillants et pour beaucoup choquants. Pas une semaine ne se passe sans que de nouvelles révélations ne dévoilent l’ampleur invraisemblable du dispositif d’espionnage électronique américain. Le cœur de cette toile est la très secrète et mystérieuse National Security Agency (NSA), longtemps surnommée par les initiés, le Puzzle Palace¹.
Il est à peine possible de faire le compte des irruptions de la NSA dans l’actualité récente. Le scandale initial toucha en juin 2013 l’opérateur téléphonique américain Verizon, suspecté d’avoir accepté de livrer directement à l’agence de renseignement des données sur ses clients. Cette pratique s’avérera étendue chez de nombreux opérateurs dans le monde entier, y compris en France. Au fil des documents distillés par le «donneur d’alertes», on apprend que tout le monde peut être sous surveillance électronique. L’ambassade de France et la représentation de l’Union européenne à Washington; notre représentation permanente aux Nations Unies à New York; le système de visioconférence interne de l’ONU; le Vatican et même le Pape en personne; des industriels et des sociétés structurant le Web: Yahoo, Facebook, Gmail, dont des dizaines voire des centaines de milliers de contacts sont interceptés. En octobre, on apprend que sur l’espace d’un mois seulement, l’espionnage des sociétés françaises Alcatel et Wanadoo aurait représenté plus de 70 millions d’interceptions de la part de la NSA. En novembre: la révélation de 33 millions d’appels téléphoniques enregistrés en Norvège. 60 millions de coups de fil en Espagne en moins de deux mois. En décembre, l’un des principaux câbles sous-marins opérés par Orange, piraté. Les dirigeants du monde écoutés sur leur portable personnel: on l’apprend pour la présidente du Brésil Dilma Roussef et le président du Mexique Enrique Penña Nieto en septembre, pour la chancelière allemande Angela Merkel en octobre. Finalement, la NSA possèderait les numéros de trentecinq dirigeants de par le monde. Les nerds surveillent les nerds: Second Life et World of Warcraft sont infiltrés. Et bien sûr les djihadistes de tous horizons placés sous surveillance pour archiver leur consommation d’images pornos… Depuis, d’innombrables articles de fond décrivent la profondeur et l’ampleur démesurée des programmes d’espionnage: Prism, XKeyscore, Tempora, et tant d’autres. Les chiffres, par dizaines de milliers de malwares implantés, de giga-tera-exa-on-ne-sait-pas-quoi-octets de stockage, gonflent jusqu’à l’absurde et ne veulent plus rien dire.
Vous sortez essoufflé de ce paragraphe? Avec une légère sensation de tournis, ou vaguement mal à l’aise? C’est bien naturel. On peut à bon droit se demander: «Y a-t-il quelque chose que la NSA n’a pas encore espionné? »². Très légitimement, cette avalanche de révélations alimente beaucoup d’inquiétudes. Et, faute d’informations suffisamment précises, beaucoup de fantasmes.
Les Américains, fascinés par leurs propres créations technologiques, ont visiblement abandonné toute mesure et cédé à un pur raisonnement pragmatique: «faisons-le puisque rien ne nous en empêche». Mais la « fête est finie », en quelque sorte, avec ces révélations dans les médias du monde entier. La NSA se trouve maintenant au cœur de ce qui n’est plus une simple affaire d’espionnage mais un scandale politique international.
L’interprétation dominante, dans la presse française comme pour la plupart des commentateurs autorisés, est que la justification des agissements de la NSA au nom de la sécurité (la lutte contre le terrorisme, « homeland security ») masque en fait la volonté des États-Unis de conserver un