Lorsqu’il arrive à la tête du régime, en novembre 2012, non seulement personne ne se méfie de ce dirigeant à l’allure débonnaire et aux cheveux noirs impeccablement gominés, mais il suscite de l’espoir en Occident. N’est-il pas le fils d’un vice-Premier ministre réformateur ? A l’époque, Xi Jinping hérite d’une situation enviable : pauvre et recluse à la mort de Mao, la Chine s’est hissée en quarante ans au rang de deuxième puissance économique mondiale grâce à une prodigieuse croissance. Elle semble promise à un avenir radieux, d’autant que l’Occident, persuadé que ce développement entraînera une démocratisation, accueille avec bienveillance son essor.
Dix ans plus tard, l’ambiance a bien changé. Xi Jinping a montré son vrai visage, celui d’un dirigeant autoritaire, ultraconservateur et nationaliste. Loin de libéraliser le pays, il n’a cessé d’étendre l’emprise du Parti sur la société, tout en muselant la moindre voie dissidente et en instaurant un culte de la personnalité d’un autre âge. Ce grand bond en arrière a cassé la dynamique. Tous les indicateurs ou presque sont passés au rouge. Paralysée par la politique du « zéro Covid » et la mise en coupe réglée de secteurs entiers, l’économie tourne au ralenti. Et nombre d’entreprises étrangères réduisent la voilure sur l’ancien eldorado. Signe que le « rêve chinois » de Xi Jinping peine à convaincre, le nombre des naissances est tombé au plus bas l’an dernier depuis 1949, accélérant un inquiétant vieillissement. A l’extérieur, les atteintes aux droits de l’homme et l’agressivité des diplomates ont écorné l’image de la Chine, qui fait désormais peur. Et incité les Etats-Unis et l’Europe à changer de ton face à ce « rival » menaçant.
Xi Jinping changera-t-il de cap ? C’est peu probable. Il devrait, au contraire, vanter son bilan devant les plus de 2 000 délégués réunis dans le très stalinien Grand Hall du peuple, lors du XXe Congrès du Parti communiste chinois, qui démarre le 16 octobre et devrait lui accorder un troisième mandat historique. Les tensions avec l’Occident ? Fidèle au principe marxiste du matérialisme dialectique, « il considère qu’elles traduisent des résistances inévitables à la mise en place d’un nouvel ordre mondial, la Chine étant selon lui sur une trajectoire ascendante et l’Amérique en déclin », décrypte Steve Tsang, professeur au SOAS China Institute, à Londres.
Du point de vue de « l’empereur rouge », la Chine est entrée dans une « nouvelle ère ». Durant la première, Mao, le fondateur du régime en 1949, a rendu au pays sa souveraineté. La deuxième, initiée par Deng Xiaoping, fut celle de l’enrichissement. Xi Jinping, lui, veut faire de la Chine une superpuissance, avec en ligne de mire la