Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Elle se nourrissait de nos peines: Une famille dysfonctionnelle
Elle se nourrissait de nos peines: Une famille dysfonctionnelle
Elle se nourrissait de nos peines: Une famille dysfonctionnelle
Livre électronique245 pages3 heures

Elle se nourrissait de nos peines: Une famille dysfonctionnelle

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Loula voit le jour au Cameroun, au cœur de l’Afrique, au sein d’une famille aussi complexe que dysfonctionnelle. Élevée dans l’ombre d’une mère au comportement toxique, elle doit naviguer à travers les méandres d’une culture et de coutumes bien éloignées de celles qu’elle connaîtra plus tard.

"Elle se nourrissait de nos peines" est le récit poignant d’une vie marquée par la douleur et la résilience. Loula dévoile avec courage les moments sombres de son passé, les cicatrices invisibles laissées par une enfance où régnaient la manipulation et les abus. Mais ce livre n’est pas seulement un témoignage des épreuves endurées, c’est aussi le récit vibrant d’une victoire sur l’adversité.

Loula partage ses luttes, ses triomphes et les leçons apprises au fil des années. Son parcours est une source d’inspiration, un rappel de la force de l’esprit humain. Il s’agit ici de bien plus qu’une biographie : c’est un appel à la résilience, à la compassion et à la guérison.




À PROPOS DE L'AUTRICE

"Elle se nourrissait de nos peines" est le premier livre de Princesse Tsobgni, une auteure camerounaise autodidacte qui trouve un exutoire et un refuge dans l’écriture.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie26 mars 2024
ISBN9782386252099
Elle se nourrissait de nos peines: Une famille dysfonctionnelle

Auteurs associés

Lié à Elle se nourrissait de nos peines

Livres électroniques liés

Biographies culturelles, ethniques et régionales pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Elle se nourrissait de nos peines

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Elle se nourrissait de nos peines - Princesse Tsobgni

    Prologue

    Dans l’ombre de souvenirs douloureux, j’aimerais vous conter la vie de Loula. L’histoire de sa famille l’a hantée, jour et nuit, pendant de nombreuses années. Une histoire marquée par des viols, des mariages forcés et le long chemin menant à l’intégration en Europe. Une histoire également empoisonnée, tissée de mensonges et de manipulations, dont l’instigatrice n’était autre que sa mère. Plongez avec moi dans les méandres de cette relation toxique, où l’amour filial se heurte à une cruauté inimaginable.

    L’histoire que je m’apprête à vous raconter est un voyage dans les profondeurs obscures de la psyché humaine, un voyage au sein d’une relation mère-enfants empoisonnée par la perversion narcissique, sur fond de croyances et de traditions africaines, camerounaises et bamilékées. Dans cette exploration troublante, nous découvrirons comment une mère, censée être une source d’amour et de réconfort, peut se transformer en une force destructrice, manipulant et détruisant tout sur son passage. Accrochez-vous, car cette histoire révèle les ombres inquiétantes qui peuvent se cacher derrière un visage maternel et comment des enfants ont dû lutter pour leur propre survie psychologique.

    Au cœur de cette sombre chronique familiale se trouve une femme, une mère, une prédatrice. Elle enrobait ses enfants de douleur pour se repaître de leur détresse. Au fil des années, elle a bâti son empire sur les ruines de leurs émotions, transformant un sentiment maternel naturel en un cauchemar dévorant. Découvrez ce récit troublant où l’amour et la cruauté sont entremêlés d’une manière inimaginable et où une famille doit affronter la noirceur de la femme qui aurait dû la protéger. « Elle se nourrissait de nos peines » pose une question fondamentale : comment se construire et se reconstruire quand on grandit dans un climat de brutalité, de perversion et d’ésotérisme ?

    Les personnages

    Commençons par la fratrie…

    DÉSIRÉ est le premier né de la famille, il a vu le jour en 1970. C’est un homme sans scrupule, paresseux, violent et agressif. Il ne montre aucun remords pour ses actions et ne recule devant rien pour obtenir ce qu’il veut. Il est souvent en conflit avec les autres, utilisant la force pour résoudre ses problèmes. Sa paresse se reflète dans sa fuite des responsabilités et dans son manque de respect envers autrui. Il a fait de l’enfance de ses frères et sœurs un enfer.

    PRUDENCE est la deuxième de la fratrie, née en 1972. C’est une femme au comportement complexe piégée dans une situation difficile. Maltraitée par sa mère, elle endure des insultes et des rabaissements constants. Malgré cela, elle trouve la force d’endosser le rôle de mère pour ses cadets, leur offrant chaleur et soutien dans un environnement particulièrement toxique. Son caractère est façonné par cette dualité, elle oscille entre la résilience et la vulnérabilité. Prudence est une figure tragique. Elle lutte pour trouver une stabilité mentale en combattant ses démons intérieurs qui résultent de son passé traumatisant.

    HORTENSE, la troisième, est née en 1976. Elle est la meilleure amie de Loula, la narratrice, une véritable compagne d’âme. Elles partagent leurs hauts et leurs bas. Durant son adolescence, sous l’influence toxique de sa mère, Hortense traverse une période très dure. Elle est en colère. Elle se referme sur elle-même et développe un caractère complexe, parfois distant. Les maltraitances infligées par sa mère ont un impact profond sur sa vie d’adulte. Elle a du mal à établir des relations saines, luttant contre les séquelles émotionnelles laissées par son passé. Mais Hortense est une survivante et, grâce à sa relation solide avec Loula, elle trouve un soutien précieux pour guérir de ses blessures et se reconstruire tout au long de l’histoire.

    LOULA arrive dans la fratrie en 1980. C’est une jeune fille exceptionnellement sensible et attachante. Sa nature douce et empathique lui a valu la présence protectrice de ses frères et sœurs, ce qui représente une grande source de soutien au sein d’une famille dysfonctionnelle. Cependant, en contrepartie, son amour inconditionnel pour ses proches l’a conduit à endurer d’énormes souffrances. Malgré sa sensibilité, elle est très sûre d’elle. Au fil du temps, elle est d’ailleurs devenue le pilier émotionnel de cette famille, capable de rassembler tout le monde, d’apaiser les conflits et de fournir un amour inébranlable. Sa force réside dans sa capacité à transcender les épreuves et à guider les siens vers la guérison et la réconciliation. Loula est le cœur battant de cette histoire. Elle démontre que l’amour et la persévérance peuvent triompher des épreuves les plus sombres.

    SYLVAIN, le chouchou de la famille, est né en 1984. Il a passé une grande partie de son enfance et de son adolescence à l’internat, ce qui l’a partiellement préservé des drames et des abus qui ont marqué la vie familiale. Son absence physique lui a servi de bouclier contre la perversion de sa mère. Sylvain est généralement en retrait par rapport aux conflits familiaux et, du fait de son éloignement, il est moins touché par les traumatismes que ses frères et sœurs ont vécus.

    Puis vient GUY, le dernier de la famille, en 1990. Il évoque à Loula des sentiments contrastés. Bien qu’elle connaisse peu son frère finalement, leurs interactions limitées lui ont laissé une impression de froideur, d’opportunisme, d’égoïsme, voire d’ingratitude. Cette image est peut-être influencée par l’âge de Guy et sa proximité avec leur mère. Il semble être un homme toujours en quête de ses propres intérêts, capable de mettre de côté les besoins et les sentiments de sa famille pour atteindre ses objectifs personnels. Son comportement égoïste a des conséquences sur les relations familiales, provoquant des tensions et des conflits.

    Parlons maintenant de leurs parents…

    Le père s’appelle MATT, il est né vers 1940. C’est un homme imposant, grand de taille et robuste, qui incarne l’image d’un roc au sein de sa famille. Il est aimant, attentionné et protecteur envers ses enfants et sa famille en général. Son cœur généreux l’anime et il veille sur ses proches avec une dévotion inébranlable. Véritable modèle pour tous ceux qui l’entourent, sa nature bienveillante et sa gentillesse inspirent le respect et l’admiration. Il représente la stabilité et la chaleur au sein de sa famille, apportant équilibre et soutien dans les moments difficiles.

    MADO, la mère, est née vers 1950. C’est une femme petite en taille, mais elle compense par une personnalité forte et dominante. Elle est souriante en apparence, mais cette façade masque une froideur implacable. Elle est un pilier pour ses frères et sœurs, se tenant à la tête de sa famille et exerçant un contrôle quasi tyrannique sur son entourage. Mado est quelqu’un qui dirige son monde d’une main de fer. Elle est autoritaire et impose sa volonté, laissant peu de marge de manœuvre à ceux qui l’entourent. Son influence sur sa famille peut être à la fois un atout et une source de conflits, car sa froideur et son désintérêt envers ses enfants créent des tensions et causent des blessures profondes. C’est une femme complexe qui trouve une forme de satisfaction dans la douleur des autres. Au fil des années, des comportements de perversion narcissique émergent, révélant une personnalité toxique et nuisible. Ses actions laissent une empreinte profonde et dévastatrice sur sa famille, créant un climat constant de tension et de souffrance.

    Chapitre 1

    Mes parents se sont connus à Batié. Au Cameroun, les gens de notre tribu sont communément appelés les Bamilékés. Ma mère est une femme petite de taille, qui mesure à peine un mètre cinquante. Elle a rencontré mon père en 1970. À cette époque, en Afrique, les alliances étaient arrangées et on convolait très rarement par amour. Dans la mesure du possible, la coutume voulait qu’un enfant soit confié au couple pour aider l’épouse dans les tâches ménagères.

    Alors, après leur union, Jacqueline a été confiée à ma maman. À ce qui se dit, c’était une jeune fille très gentille, serviable et travailleuse. C’est elle qui s’est chargée de prendre soin de nous durant nos premières années de vie. J’étais trop petite pour m’en souvenir, mais elle est considérée comme la première née du foyer. Très rapidement, mes parents se sont installés à Nkongsamba, où nous sommes nés mes frères, mes sœurs et moi.

    Je ne saurais vous dire si mes parents s’aimaient ou pas. Même s’ils ont toujours vécu sous le même toit, je ne les ai vus que très rarement ensemble. Quand j’avais 4 ans, si mes souvenirs sont exacts, j’ai assisté à une dispute. La seule dont j’ai été témoin. J’ignore les raisons de leur querelle, mais mon papa a donné une gifle à ma maman. Après cela, ma mère a quitté le domicile conjugal. Quelques jours plus tard, elle est finalement rentrée à la maison.

    Peu après cet épisode, mon père a décidé d’aller s’installer à Douala, la capitale économique du Cameroun, à la demande de son petit frère Pierre. Ce dernier s’y était établi quelques années plus tôt et y avait ouvert une boulangerie. Il avait sollicité mon père pour l’aider dans la gestion de son commerce.

    Après le départ de mon papa pour Douala, notre maman et nous avons déménagé à Bafoussam, nous rapprochant ainsi de sa famille, notamment de sa petite sœur, Hélène, et de sa tante qui l’a élevée. N’ayant pas connu notre véritable mamie, décédée bien trop tôt, cette dernière nous avait été présentée comme telle. C’est bien des années plus tard que nous avons appris qu’elle n’était pas réellement notre grand-mère. Jacqueline, quant à elle, était déjà mariée lors de notre départ. Elle est donc restée à Nkongsamba avec son époux.

    Nous avons vécu un peu plus d’une année à Bafoussam. Avec ma mère, nous sommes ensuite allés retrouver mon père à Douala.

    Chapitre 2

    Arrivées à Douala, ma sœur Hortense et moi avons été hébergées chez notre oncle Pierre. Sa femme, Brigitte, était une cousine de ma maman. Mes parents sont partis de leur côté avec Prudence, Désiré et Sylvain, qui n’était encore qu’un tout jeune gamin de 3 ans. Je ne saurais vous dire où ils ont logé.

    Le séjour que nous avons passé chez notre oncle et notre tante a été la période la plus insouciante de notre enfance. Je ne m’en rends compte qu’aujourd’hui, au moment de rédiger ces lignes. Ma tante était très gentille et présente. Elle s’amusait, rigolait, discutait et passait du temps avec nous. Je ne me souviens pas avoir partagé ce genre de moments avec ma maman. Brigitte n’avait qu’une seule fille qui avait l’âge de Désiré. Les choses se déroulaient si naturellement qu’on avait l’impression que c’était ça, la vraie vie. Mais, progressivement, la situation a changé.

    Après quelques mois passés à leurs côtés, nos parents sont venus nous chercher, Hortense et moi, et nous ont amenées dans ce qui serait notre nouveau chez nous. J’avais l’âge de commencer l’école cette année-là. J’avais tellement hâte ! Mais ma mère en a décidé autrement : il fallait que je reste à la maison avec Sylvain pour qu’il ne soit pas tout seul et je commencerai donc l’école en même temps que lui. Ainsi, quand Sylvain a eu l’âge d’être scolarisé, il a été inscrit au jardin d’enfants, une étape typique pour les plus jeunes, tandis que moi, j’ai été inscrite trois niveaux de classe supérieurs au sien. Cette décision a créé entre moi et les autres un écart notable en termes de maturité scolaire.

    J’ai d’ailleurs redoublé ce niveau trois fois. J’étais complètement perdue, je n’y comprenais rien. C’était prévisible, étant donné que je n’avais aucune base. On apprenait l’alphabet, à écrire et à compter à la maternelle. Moi, je me suis retrouvée immédiatement dans une classe où tous les élèves savaient déjà faire ces trois choses-là. Je me disais que je ne valais rien. Je n’avais aucune confiance en moi. En Afrique, à cette époque-là, plus tu avais du mal à comprendre, plus tu récoltais des coups de ton enseignant. Et je peux vous promettre que j’en ai reçu des tapes. Mes camarades se moquaient de moi tout le temps et j’avais tellement peur que je n’avais même pas le courage de demander la permission d’aller faire mes besoins. Alors, je me retenais jusqu’à finir par me faire dessus, en plein cours. J’ai tellement redoublé ma première année scolaire que Sylvain est parvenu à me rattraper. C’est cette année-là que j’ai enfin réussi à passer en classe supérieure.

    Chapitre 3

    C’est Prudence qui nous amenait à l’école et venait nous chercher, une fois ses propres cours terminés. Nous fréquentions un établissement situé à sept kilomètres de la maison et nous nous y rendions à pied. Imaginez sa peine ! Parcourir autant de kilomètres avec moi, toute souillée. Je me rappelle que je pleurais tout le long de la route, parce que je voulais marcher tout contre elle, tandis qu’elle me repoussait à cause de mon état. La pauvre…

    Parlons un peu de Prudence.

    Je me souviens d’elle comme d’une deuxième maman. C’est elle qui nous faisait à manger, lavait nos vêtements et ceux de nos parents, s’occupait du ménage ou encore de nos cheveux…. Bref, tout ce qu’une maman est censée faire dans une maison. Je n’ai jamais vu ma mère faire quoi que ce soit de tout cela. Elle sortait à l’aurore et revenait le soir. Quant à mon papa, il partait à l’aube et rentrait dans la nuit, vers 1 heure ou 2 heures du matin.

    Un dimanche, voyant que Prudence n’était pas encore levée, notre mère a essayé de la réveiller pendant un très long moment. Sans succès. Elle lui a versé de l’eau dessus et a tenté tant de choses qu’elle a fini par penser qu’elle était décédée. Maman s’est mise à pleurer, alertant tout le voisinage. Finalement, Prudence a ouvert les yeux presque une heure plus tard. Elle nous avait fait une belle frayeur.

    Prudence se chargeait des repas et également de faire les courses. Elle s’y rendait très souvent avec Hortense et, de temps à autre, je me joignais à elles. Un jour qu’elles étaient parties toutes les deux, je me suis retrouvée seule à la maison avec Désiré. C’est la première fois qu’il a abusé sexuellement de moi. Par la suite, il s’arrangeait toujours pour que je reste avec lui quand les filles allaient au marché, afin d’accomplir sa sale besogne. Je ne pourrais pas vous dire combien de temps cela a duré.

    Nous vivions dans une maison composée de trois chambres. Mes sœurs, Sylvain et moi étions dans l’une d’elles et Désiré avait la sienne à lui tout seul. Un jour, il y a eu la fois de trop. Celle qui a fait que j’ai finalement eu le courage de parler à mes parents. Il est venu me chercher en pleine nuit, dans mon lit, pour me ramener dans sa chambre et est resté toute la nuit sur moi.

    Malgré mon jeune âge, je comprenais que si je ne disais rien, il n’allait jamais arrêter et que les choses risquaient d’empirer. Le matin suivant, je suis donc allée raconter ce qu’il se passait à papa et maman. Je me rappelle que ce jour-là, on a reçu la visite d’un ami de mon père et que Désiré a reçu un châtiment corporel de leur part à tous les deux. Mon père a ensuite remis de l’argent à ma maman. L’objectif était clair, m’amener à l’hôpital pour obtenir les soins médicaux nécessaires à la suite de cette agression.

    Nous sommes tout d’abord allées dans un marché de la ville où une amie à elle tenait un commerce. Là, ma mère a pris un moment pour expliquer la situation à son amie, lui disant qu’elle envisageait de me conduire à l’hôpital. Cette femme l’en a dissuadée, exprimant des doutes sur l’efficacité de cette démarche.

    Ma mère, qui gérait un magasin dans un marché important de la région, a alors décidé de m’y amener pour passer la journée avec elle. Les choses se sont terminées ainsi.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1