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Par les liens forcés du mariage: Témoignage
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Par les liens forcés du mariage: Témoignage
Livre électronique172 pages3 heures

Par les liens forcés du mariage: Témoignage

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À propos de ce livre électronique

Dans notre pays comme ailleurs, le mariage forcé est encore loin d'être relégué au passé...

Des centaines de jeunes filles continuent, chaque année, tant dans notre pays que dans d’autres, d’être liées à un homme contre leur gré au nom de la tradition ou d’une image figée du rôle de l’épouse. Pratique très ancienne, considérée aujourd’hui comme une atteinte aux droits humains par les Nations unies, le mariage forcé est l’union d’une personne à une autre contre sa volonté, le plus souvent avant l’âge de 18 ans. L’auteure de ce livre, devenue femme politique, a elle aussi, enfant, nourri de beaux rêves, comme des millions de filles de son âge. Elle s’imaginait faire des études, exercer un beau métier, vivre une vie amoureuse avec un homme qui partagerait ses idéaux. Mais ceux-ci seront brisés par des traditions qu’elle désapprouve. Prise dans le piège d’un mariage forcé, épuisée par des manipulations diverses et culpabilisantes, elle va de guerre lasse s’y soumettre, après une promesse mensongère « de pouvoir retourner au lycée et de passer son bac ». Elle ne passera pas son bac. Au-delà d’un témoignage étayé à l’écriture brûlante, Fatiha Saidi, avec ce livre, dresse un constat, celui de la persistance d’un modèle archaïque qui a troqué sa phase de violence physique contre celle, plus insidieuse, de la manipulation mentale.

Découvrez ce témoignage interpellant d'une jeune femme qui pensait pouvoir poursuivre ses rêves d'indépendance malgré un mariage imposé au moyen de manipulations.

EXTRAIT

Je n’arrive pas à m’adapter à cette vie conjugale. Les journées s’étirent au gré des tâches ménagères et de la préparation des repas dont je m’acquitte avec brio, car j’ai fréquenté, en la matière, l’université hors catégorie dirigée par ma mère hyperactive, exigeante, rigoureuse et maniaque. Un grain de poussière, un objet mal présenté sur une commode, un plat incorrectement préparé sont autant d’échecs qui mènent au refus de la licence ès fée du logis. Je ne tire aucune satisfaction de ce grade qui m’a fait accéder à une vie en noir et blanc, contrairement à Amar qui ne semble nullement incommodé par mes états d’âme et mon refus, pourtant clairement affiché, de lui concéder une quelconque part d’intimité ou de sentiment amoureux. Mes journées sont noires, et mes nuits blanches, lorsqu’elles tombent, me font glisser dans le lit en espérant qu’Amar dorme et qu’il me laissera en paix. Parfois, je feins de dormir pour éviter ses assauts, mais il n’hésite pas à s’emparer de mon corps, qui lui appartient en toute légalité. Alors, pour écourter le supplice, je me laisse faire et m’abandonne à ses envies. En finir, et vite.
Dans cette descente aux enfers, j’attends avec impatience la journée du samedi où je retrouve ma famille, et surtout ma petite sœur et mon amie Martine à qui je confie mon mal-être et ma tristesse. Elles sont impuissantes face à ma situation, mais leur oreille bienveillante me permet d’alléger le contenu du fardeau qui s’alourdit, rempli de mille et une meurtrissures, tracas, relations sexuelles — ou plutôt viols permanents… Nous rendons aussi visite aux cousins d’Amar qui sont, comme leurs épouses, bien aimables, mais nous n’avons pas grand-chose à nous dire ou à partager hormis quelques banalités.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Fatiha Saidi titulaire d’un Master en psychopédagogie, occupe depuis de nombreuses années des fonctions sociales et politiques. De 1999 à 2018, elle a été Députée, Sénatrice, membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et Adjointe au Maire. Féministe et engagée, elle s’investit sans relâche dans les thématiques liées à l’égalité, aux droits humains et au devoir de mémoire.
LangueFrançais
Date de sortie23 août 2019
ISBN9782390093411
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    Aperçu du livre

    Par les liens forcés du mariage - Fatiha Saidi

    mariage

    Pour commencer…

    « Il n’est point de bonheur sans liberté,

    ni de liberté sans courage ».

    Périclès

    Le livre que vous tenez entre vos mains s’est imposé à moi comme une évidence, si pas comme un devoir. En tant que psychopédagogue et femme politique, j’ai croisé de nombreux cas de mariages précoces, forcés et/ou arrangés, et constaté qu’ils sont toujours de service. Je les espérais rangés aux oubliettes, après en avoir moi-même subi les foudres il y a quarante ans.

    Ce livre a pour objectif de faire connaître de manière très large les effets toxiques des pratiques telles que le mariage forcé, subi et/ou précoce sur l’avenir des personnes qui en font l’objet. Si, effectivement, ce sont le plus souvent les femmes qui doivent se plier à ces types de mariage, les hommes aussi sont parfois forcés de s’y soumettre, pour répondre aux injonctions traditionnelles, sous couvert d’honneur de la famille, d’obligation sociale ou autres raisons.

    La nuance et la prudence doivent être de mise lorsqu’on évoque les mariages forcés ou arrangés, car on appréhende à travers eux une dimension qui touche à l’intime, aux relations humaines, à un contexte culturel… Toute une série de domaines qui rendent ce sujet bien complexe. Or, le mariage forcé renvoie encore trop souvent à des images tronquées représentant une pauvre jeune fille recluse mariée contre son gré. Ce qui n’est pas toujours le cas, car lesdits mariages ne sont pas présentés de façon aussi directe ; ils sont beaucoup plus subtils, plus « aigres-doux ».

    Ces unions obéissent à des procédures, à une mécanique bien huilée qui, au bout du compte, mène une jeune fille à craquer et à dire « oui ». La pression de la famille élargie s’exerce avec doigté par la multiplication de stratégies de séduction, qui commencent par la flatterie et se terminent par l’abondance de cadeaux, par exemple. C’est lors du retour au pays d’origine que les jeunes filles sont plus vulnérables, car les fiançailles y sont fastueuses et font d’elles, le temps d’un instant, des petites princesses.

    Mais la vie de château est éphémère, et la « normalité » reprend vite son cours une fois le mariage consommé, comme expliqué dans cet ouvrage au travers du vécu d’Amal. Dans un premier temps, Amal va se tasser, intérioriser et accepter la décision parentale qui lui est vendue comme un acte « ordinaire » inscrit dans leurs pratiques culturelles, traditionnelles et/ou religieuses. Le peu d’outils et de ressources intellectuelles dont elle dispose ne lui permettent pas de remettre en question cette autorité lourde et normative, écrite à quatre mains par le voisinage élargi et la famille. Et au demeurant, la société (et dans le contexte d’immigration, « la communauté ») joue un rôle de persuasion, et non des moindres. Ainsi, lorsque ses parents lui annonceront leur décision de la marier, une foule de voisins et de membres de la famille se pressera autour d’elle pour la convaincre du bien-fondé de la décision parentale, mais aussi des « vertus » du mariage pour une femme. Par ce mariage, non seulement elle honorera sa famille, mais elle deviendra, surtout pour cette dernière, une femme rangée, respectée et respectable. Les femmes de son entourage témoigneront toutes, comme une seule femme, dans le même sens : elles ont aussi épousé un mari qu’elles n’ont pas choisi, jamais vu avant la nuit de noces, et pourtant elles se disent heureuses.

    Hélas, personne ne débat autour de la notion du « bonheur ».

    L’histoire d’Amal est une autofiction et s’inspire largement de mon propre vécu, d’un épisode de ma vie qui fut douloureux et traumatisant mais, paradoxalement, déterminant dans la construction de ma personnalité, devenue rétive à toute forme de violation des droits humains. Il m’a fallu onze années pour acquérir la force et les ressources afin de me détourner de la voie qui m’avait été tracée. Dans le contexte de l’époque, coupée de toutes ressources (humaines, matérielles, financières, intellectuelles), ma seule issue ne pouvait être que la rupture totale avec ma famille. Je n’en ai pas pris le risque, car, isolée de mon milieu familial et conjugal, que me restait-il comme alternative ? Rien à l’époque, ou du moins rien de visible à l’horizon nuageux qui était le mien.

    Comme Amal, j’ai alors traversé plusieurs étapes, dont celle du deuil de mes rêves d’avenir, professionnels et affectifs. Ensuite est venue celle du recroquevillement, durant laquelle je me suis résignée, sans jamais me soumettre néanmoins ; je n’ai jamais franchi l’étape de l’intériorisation du fait, celle qui aurait pu me mener à la soumission. A contrario, j’ai toujours rejeté et remis ce mariage en question. C’est peut-être ces interrogations qui m’ont sauvée et qui furent le dernier rempart me protégeant de cette machine infernale à laquelle on m’avait attelée pour l’éternité : le mariage forcé.

    De femme encagée à femme engagée

    Après une hibernation de femme et de mère au foyer, j’ai scié mes barreaux en m’appuyant sur la lecture, les formations diverses et les études. L’hibernation avait un atout : celui de me libérer du temps pour lire et apprendre. La littérature m’a, sans conteste, ouvert les yeux et donné la volonté de changer de mon statut de femme « encagée » à celui de femme engagée. Forte de mes nouvelles acquisitions, j’ai commencé petit à petit à m’imposer, affirmer mes convictions, revendiquer des libertés somme toute minimales (travailler, conduire) et surtout remettre en cause les choix que l’on m’avait imposés sous des arguments fallacieux. J’ai appris à sortir du « normalement » pour ne pas sombrer dans le « fatalement » où l’on subit et intègre, au fil des jours qui passent, la maternité, l’autorité du mari, les inégalités entre les femmes et les hommes…

    Les mariages forcés, arrangés, sont anxiogènes et toxiques, mais existent toujours. Malheureusement. Ils sont toujours d’actualité un peu partout dans le monde. En mars 2018, l’UNICEF faisait état de douze millions de femmes impactées chaque année dans le monde par ces pratiques. Un chiffre qui devrait certainement être revu à la hausse, car il ne comptabilise ni les hommes, ni les nombreuses situations passées sous silence, qui passent ainsi au travers des fourches caudines des statistiques.

    Pourtant, aucune personne ne devrait être enterrée vivante dans un futur que l’on échafaude pour elle, au détriment de sa liberté, de la réalisation de ses rêves, de son droit au bonheur. J’espère que ce livre aura pour effet de libérer la parole des femmes et des hommes, même s’ils sont plus rares, qui sont ou ont été enfermés dans ces unions destructrices, et j’espère surtout qu’il en évitera d’autres. Enfin, ce livre est un rappel à l’article 16 de la Déclaration universelle des droits humains qui stipule, avec justesse, que « le mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux ».

    Dont acte.

    Fatiha Saidi

    Partir…

    Je ne respire plus… Suis-je morte ? Les bras de ma grand-mère m’étreignent comme un étau autour de mon corps de fillette, dans la chambre sombre encore enveloppée dans le silence de la nuit, lequel se voit percé brutalement par ses pleurs. Je tente de me désincarcérer d’entre les bras geôliers, de sortir de cette sensation d’étouffement devenue insoutenable. Je ne veux pas mourir, et surtout pas en ce jour, date d’un rendez-vous important : du haut de mes 5 ans, je m’apprête à donner un nouvel envol à ma vie. Et quel envol ! Mon père est venu d’un pays étranger et lointain, pour emmener maman, ma sœur et moi, le rejoindre dans un ailleurs dont nous ignorons tout.

    Depuis son arrivée, il y a une huitaine de jours, je suis tiraillée entre la folle envie de partir avec Saïd, ce bel homme que je n’ai vu qu’épisodiquement depuis ma naissance, et rester auprès de mes grands-parents qui m’ont entourée de leur amour dès la minute où j’ai poussé mon premier vagissement. Un amour inconditionnel pour moi qui suis la première petite-fille issue de l’un de leurs fils et qui porte le prénom de leur fille décédée il y a quelques années ; soit deux éléments qui me font jouir d’un statut privilégié, faisant de moi une petite fille capricieuse et revendicative.

    Une tension palpable est entrée dans la maison familiale, en même temps que mon père. Ses parents et ses sœurs ne semblent guère se réjouir, cette fois, de la visite de ce fils et frère, présent une fois l’an depuis qu’il a émigré. Les nerfs à fleur de peau, le quatuor taciturne évolue au ralenti, comme pour économiser les paroles, les rires et les questions qui, d’ordinaire, fusent à longueur de journée. Seul mon oncle, autiste plongé dans ses eaux solitaires, semble heureux de le revoir, car il ne réalise sans doute pas la réalité de la situation.

    Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, papa s’était exilé vers une terre lointaine et froide, le cœur tout à la fois empli de l’espoir d’une vie meilleure pour lui et sa petite famille, mais lacéré par la douleur de la déchirure avec les êtres qu’il aime, dont ma mère et moi, âgée d’un an à peine. Il pensait que la Belgique, qu’il venait de rejoindre après une halte de quelques mois chez son grand frère à Toulon, ne serait dans sa vie qu’une courte parenthèse qu’il refermerait bien rapidement, après quelques années de travail et de rondelettes économies qu’il ferait fructifier. Aucun membre de la famille n’arrivait à se représenter ces deux pays dans lesquels il avait successivement atterri et dont ils écorchaient les noms avec peine. Ils se trouvaient loin et il y faisait froid, ce furent là leurs seules certitudes.

    Dans ce pays lointain au climat rude, les réalités du quotidien ne répondaient nullement à l’idée que mon père se faisait de sa « parenthèse ». Chaque jour passait en épaississant davantage sa solitude, cette bête noire et cruelle qui s’était infiltrée sans sommation dans sa vie et qui est devenue, à la longue, une compagne possessive ne le lâchant plus d’une semelle. Elle était là, omniprésente, rôdant autour de la plaie béante qui refusait de cicatriser. Les souvenirs de son épouse, de son premier enfant dont la naissance l’avait rendu fou de joie, et de sa deuxième fille, conçue entre deux visites et née en son absence, se muaient, chaque soir et chaque jour de repos, en une douleur sourde qu’il n’arrivait plus ni à contenir ni à gérer.

    Bruxelles et Oran, auparavant séparées par des milliers de kilomètres et l’immensité de la mer, s’unissaient, à présent, par des fils invisibles tissés d’amour, de mélancolie et de nostalgie. À l’approche des vacances, mon père redevenait un enfant, et son cœur s’emplissait de joie à l’idée de retrouver son village, ses amis et surtout sa petite famille. Il était heureux et fier du bas de laine constitué qu’il dépensait sans compter, car rien n’était trop beau ou trop onéreux pour ses proches qui l’attendaient. La joie des retrouvailles et le bonheur qu’il lirait dans leurs yeux chassaient les centaines de journées de solitude durant lesquelles il s’échinait, sans se plaindre, sur les chantiers des futurs immeubles cossus qui commençaient à poindre des terres bruxelloises, encore porteuses d’opportunités foncières dans les hectares de champs et de terrains vagues vierges.

    Saïd comptait 6 printemps lorsque ses parents quittèrent leur région natale, ce Rif aride, partie d’un « Maroc inutile », délaissé politiquement jusqu’à ne plus pouvoir nourrir ses ressortissants. Les longues périodes de disette les laissaient sans pain, et parfois sans vie. Après des efforts surhumains, les hommes de la région extrayaient de la terre rouge et aride les capuches de moines, petits rhizomes que les femmes grillaient avant de les moudre pour en tirer un semblant de farine à pétrir et à cuire en guise de pain. Cette misère sans nom poussa Bouziane, mon grand-père paternel, à quitter sa terre pour aller titiller sa chance de l’autre côté de la frontière, dans l’Algérie française où il se racontait que l’abondance coulait à flots. Un matin de l’année 1945, à l’aube, bien avant que le soleil gonflé à bloc ne déverse sa fournaise sur le douar¹, il prit la route avec ses deux fils aînés pour aller sonder cette vallée oranaise qui, au gré des immigrations successives, prenait les allures d’un village rifain. Après leur mission exploratoire, ils arrivèrent à la conclusion d’un potentiel de vie intéressant pour la famille. Mon grand-père se délesta de ses deux fils auprès d’une parente et retourna dans l’arrière-pays de Driouch pour déménager avec le reste de sa petite tribu.

    C’était la première fois que ma grand-mère et ses enfants quittaient ce village, qui s’offrait à la vue en un spectacle de terres brûlées et de désolation. La poussière rouge imbibait les façades des maisons, leurs murs intérieurs et même le linge que les femmes lavaient, avec le souci de l’économie d’eau, dans le fond de grands plats en terre cuite fabriqués de leurs mains. Malgré la misère ambiante, malgré les enfants qui tombaient comme des mouches, faute de nourriture équilibrée et d’eau pour hydrater leurs petits corps, l’exil prenait la forme d’une rupture brutale et anxiogène. Aucune personne, et encore moins les femmes, ne partait sans appréhension devant les lendemains incertains qui surgiraient au bout de la route. En se dirigeant vers le achchaq², les paysans rifains étaient conscients qu’il s’agissait d’un aller sans retour, à moins d’un miracle ou d’une fortune amassée qui constituerait un pactole conséquent pour leur assurer une vie si pas confortable, à tout le moins modeste dans leur pays d’origine.

    Mes grands-parents — ma grand-mère, surtout — quittèrent leur pays le cœur gros pour assurer l’avenir de leurs enfants. Mais ils en sacrifiaient un dans le lot, en la personne de ma tante, mariée très jeune, et qu’ils laissaient derrière eux. Elle ne les reverra que des décennies plus tard, lorsque mon père et ses frères, ayant à leur tour pris la route vers l’Europe, reviendront la saluer dans le patelin, qui commençait à changer lentement sous l’effet des devises étrangères, envoyées par les hommes du village qui avaient entrepris la conquête d’une vie meilleure — non pas vers le achchaq, mais vers lkharij³ cette fois.

    De pied ferme cette fois, muni de tous

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