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Une enquête du Père Brun
Une enquête du Père Brun
Une enquête du Père Brun
Livre électronique150 pages1 heure

Une enquête du Père Brun

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À propos de ce livre électronique

Une enquête policière originale.

Elle est menée par un moine franciscain, le Père Brun, dans un petit village de la côte Normande, en compagnie d'une jeune policière, Amanda Lemercier, plutôt moderne, assez belle et athée.

De leur confrontation, faite d'incompréhensions et de préjugés, va naître une amitié fraternelle, car Amanda, qui ne connaît rien au monde religieux, va peu à peu découvrir les talents hors du commun de ce moine simple, chaleureux et très intelligent.

Plusieurs rebondissements vont compliquer l'enquête au point d'égarer les enquêteurs sur nombre de mauvaises pistes, toujours en quête de vérité, dans la bonne humeur. Saurez-vous découvrir le mobile et l'assassin ?

On croise toute sorte de personnages. On parle de musique, de peinture, de littérature, de sciences physiques, de recettes de cuisine, mais aussi de métaphysique.

Quelques conversations viennent ponctuer l'intrigue, non sans une pointe d'humour bienveillant et de joyeuse désinvolture, sur la place de la vérité dans nos vies humaines, en miroir avec le déroulé de l'enquête.

Grâce à ses immenses lectures, à sa grande culture religieuse et scientifique, la figure du Père Brun illumine le récit de part en part, comme une torche dans l'obscurité d'un labyrinthe. Et comme toujours dans les bonnes histoires, l'action s'achève autour d'un bon repas.

"Une enquête du Père Brun" est le premier volume d'une sérié d'enquêtes, dont chaque intrigue est autonome.
LangueFrançais
Date de sortie29 févr. 2024
ISBN9782322567478
Une enquête du Père Brun
Auteur

Benoît Roch

Benoît ROCH a beaucoup voyagé sur tous les continents. Né à Nantes, il reste amoureux de son port d'attache, mêlé d'opulence coloniale et de sobriété bretonne, selon les mots de Michelet. Entre Loire et Océan, il évoque les paysages de son enfance (La Ville aux camélias 2012). Nourri par l'imaginaire des grands lointains, il explore les rêves d'un royaume inconnu (Quai des Indes 2015). Bercé par la mémoire du Grand Commerce maritime, il conte les aventures humaines des lointains (Contrebande 2017). Amoureux des voyages, il se passionne pour les grandes traversées (Un pont sur l'Atlantique). Curieux des autres cultures, il nourrit un amour éveillé pour le monde asiatique (L'Eventail 2019). Interrogé par la question de la mort, il sonde les racines du mal et les replis de l'âme humaine (Le poids des âmes 2020). ll questionne les démons de l'esclavage (L'enfant de la rivière 2021). Benoît ROCH exerce des activités de conseil et de formation auprès de PME. Juriste, ancien Juge de Commerce, il représente les Employeurs français à l'OIT (Organisation Internationale du Travail) au siège de l'ONU à Genève.

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    Aperçu du livre

    Une enquête du Père Brun - Benoît Roch

    Chapitre 1

    C’était un mariage heureux, comme on en aperçoit encore dans nos campagnes, pendant les beaux jours d’été. La messe avait réuni les amis des deux familles sous les vieilles voûtes romanes de la charmante église, à Donville-sur-mer, au nord du Pays d’Auge. La réception, depuis les hauteurs, prodiguait une vue imprenable sur la Manche. Avec ce magnifique soleil, on pouvait presque imaginer, là-bas, dans les lointains, les côtes d’Angleterre qui miroitaient à l’horizon. Il faisait si beau que les plus taquins demandaient où était passée la Normandie. Devant un manoir à pan de bois, une grande et splendide bâtisse, les invités, qui tous rivalisaient d’élégance, cancanaient avec insouciance, massés près du buffet, une coupe de champagne à la main. Il flottait dans l’air un mélange d’aisance et de désinvolture. Sur le gazon vert, superbement tondu dans un genre de perfection, un festival chamarré de chapeaux répandait, au creux de tous les regards, les couleurs de l’arc-en-ciel.

    Il existe des jours où le poids des soucis et l’ennui des années semble suspendu. On se sent un autre ou, plus être plus précis, on a l’impression de posséder la meilleure part de soi, ce noyau qu’on aimerait conserver de l’autre côté, dans ce que les religions archaïques avaient coutume de nommer l’Au-delà, et que les chrétiens ont appelé pour toujours la Vie éternelle. Il ne fait aucun doute que nous ne maintiendrons pas les aspects les plus sordides de nos âmes, trop fréquemment maculées de boue, pour peu que nous cherchions humblement à nous approcher de la lumière, née de la lumière, cherchant le vrai Dieu, né du vrai Dieu. Néanmoins, même pendant les moments les plus agréables, où tout paraît se révéler sous son meilleur jour, où la vie se dévoile pour ce qu’elle est en réalité, un pur moment de grâce et de joie, surgit un incident imprévisible qui, malencontreusement, peut venir troubler la sérénité des âmes.

    Et ce jour-là, tandis que nos jeunes mariés recevaient les félicitations de leurs invités, bien sagement rangés en file indienne pour attendre le moment tant convoité, où seuls à seuls, et en tête à tête, il est permis de débiter ses petits compliments au couple, bientôt harassé de recevoir les mêmes balivernes, pour ne pas exprimer des choses plus désagréables, lors de cette petite cérémonie difficile et interminable des félicitations qui finit toujours par prolonger le buffet, avant de passer à table, installant une sorte de flottement dans la journée, entre ceux qui sont élus pour rester dîner et ceux qui sont priés de repartir, tandis que la queue n’en finit pas de s’étirer, bref donc, à ce moment étrange et indéterminé, un événement tragique devait soudain briser les fils du destin et rompre le charme de la fête.

    Mais avant de parler de cette affaire plus en détail, il nous faut dire un mot des mariés. Charles et Mathilde sont-ils heureux ? Il faut le supposer, car alors pourquoi se marier ? On pourra m’objecter que le mariage ne fait pas le bonheur, mais je vous répondrai sans trembler que le concubinage non plus, pas davantage que le célibat. Nous ne sommes pas faits pour vivre seuls, mais nous n’arrivons pas à vivre ensemble. C’est le drame de l’être moderne, qui rêve d’individualisme et crève de solitude. Mais revenons plutôt à nos tourtereaux. Ils sont jeunes et beaux. Tous leurs amis et leurs familles sont réunis autour d’eux pour célébrer ce jour si particulier.

    Il y a, là-bas, la grand-mère de Mathilde, ou l’arrière-grand-mère. Sait-on à quelle génération on appartient lorsqu’on est entré dans l’hiver glacial du grand âge ? Elle se tient assise dans son fauteuil roulant, et sourit aux anges, avec un air béat qui laisse entrevoir ses dernières dents. La tante de Charles, elle, tient encore debout, sous un chapeau à voilette digne d’un film en noir et blanc, en s’appuyant sur la cane en ivoire de son défunt père qui avait servi en Indochine. Son fils, le capitaine au képi bleu marine, a gagné la plupart de ses médailles en Afrique. Sa femme est la jolie blonde en robe verte qui discute avec deux autres chapeaux.

    Les parents de Charles sont très heureux d’accueillir Mathilde dans la famille. Après de brillantes études de médecine, le jeune homme se prépare à entamer une carrière de cardiologue. Son père, un neurologue éminent, est fier de voir son fils marcher dans ses pas. La famille vit à Paris, mais possède une maison sur la Côte Fleurie. Et du côté de Mathilde aussi. Tout ce petit monde se retrouve le dimanche à la messe de Donville. Il existe là une communauté de familles, assez heureuses, aimant la vie, bien installées dans l’existence, ravies de se coudoyer au mariage de Charles et Mathilde. Mais, un malheur inattendu vient perturber la joie de ces retrouvailles. Au moment très précis où le capitaine au képi bleu marine soulève son verre, au milieu d’un petit groupe de convives, et proclame: Domine salvam fac Galliam ! on distingue un bruit étrange, disons plutôt un mélange de sonorités, pas deux tonalités concomitantes, mais réellement un bruit contenant un autre bruit, l’un mat et sourd, comme celui d’un solide se liquéfiant, l’autre sec et cassant, celui d’une carcasse se disloquant. La source des sons avait jailli du côté du manoir à colombages, et plus précisément au pied de la tour carrée. Des cris avaient soulevé les poitrines. Il n’était pas difficile, parmi les ouïes les plus fines, de saisir toute la signification du mélange de ces bruits. C’était la percussion fatale d’un corps humain qui venait de chuter.

    Ce choc épouvantable fit tourner toutes les têtes. Pendant une pincée de secondes brèves, chacun resta figé sous l’effet brutal de la surprise, puis les premiers s’approchèrent. Au sol gisait un corps inerte soudain la proie de toutes les attentions. Immédiatement, le père de Charles, médecin de son état, constata la mort de la victime. Il intima qu’on ne touche à rien avant l’arrivée de la police. On pria quelqu’un d’appeler la gendarmerie. Du sentiment général, il était préférable d’exposer la situation aux autorités, personne ne voulant s’attirer des ennuis. En dépit de cet incident - encore plus pénible car inapproprié - l’ensemble des convives s’en retourna du côté du buffet, la plupart ayant besoin de chercher du secours dans le fond d’une flute de champagne.

    Chacun y allait de son commentaire ou de son explication. Mais tous condamnaient l’idée sinistre de se suicider pendant un mariage. Le cadavre qui gisait là au pied de la tour carrée, était inconnu aux yeux des familles, autant qu’à ceux des convives ; anonymat qui ne manquait pas d’ajouter une ombre à l’énigme de son geste. A l’arrivée des gendarmes, on expliqua les circonstances du drame, et le père de Charles rapporta qu’il avait aussitôt constaté le décès après la chute. Il avait d’ailleurs noté l’heure précise sur un carnet. Après plusieurs échanges avec des témoins, les gendarmes avaient clairement conclu au suicide de l’inconnu. Mais alors qu’ils s’interrogeaient sur les motivations et sur l’identité de la victime, une voix claire et forte annonça sans trembler :

    - Non, messieurs, ce n’est pas un suicide.

    Chapitre 2

    La voix qui avait fendu l’air, dans ce bel après-midi d’été, appartenait à un homme assez grand et bien bâti. Sous ses cheveux bruns, et courts, on devinait un air méridional, accentué par une belle barbe fleurie d’ébène, ni longue, ni courte.

    - Que dîtes-vous ?

    Le plus vieux des deux gendarmes était tourné vers l’homme brun, au regard noir.

    - Je dis que ce n’est pas un suicide.

    - Et pourquoi ?

    Le plus jeune des deux gendarmes, lèvres entrouvertes, dévisageait l’homme en question avec un mélange de candeur et de stupéfaction. Dans ses yeux, perçait une étincelle d’incompréhension, pas seulement à cause des propos tenus, mais parce que le personnage qui se tenait devant eux portait une bure de couleur brune, avec une corde à nœuds à la ceinture.

    - En vous attendant, j’ai eu tout le loisir d’examiner le corps, avec les yeux, je précise, et j’ai remarqué plusieurs indices qui obligent à conclure que cet homme ne s’est pas suicidé.

    Machinalement, les gendarmes lancèrent des regards du côté du cadavre, mais ce nouvel examen bref ne se révéla pas plus fructueux que leurs précédentes observations.

    - Voyez la position du corps ! L’homme est sur le ventre, la tête vers le mur du manoir. Une simple réflexion. Si l’envie me prenait de me suicider - Deus me custodiat ! - il est certain que je me jetterais par la fenêtre, tête en avant. Or la position du corps indique bien qu’il est tombé à la renverse, exécutant un tour sur lui-même, pour retomber la tête vers le mur. Mais qui réalise un salto arrière pour se suicider ? Je vous le demande. Personne ne fait ça ! Cette acrobatie dans la chute n’est pas volontaire, ce qui tend à prouver qu’il a été poussé.

    A ce moment, les gendarmes maintenaient des yeux ronds comme des billes, le plus âgé vers le cadavre, le plus jeune vers la fenêtre du troisième étage, qui était la seule ouverte.

    - A supposer que vous ayez raison, il n’est pas possible de prouver ce que vous affirmez.

    - Bien sûr que si, reprit l’homme en bure, dont le visage aux traits marqués ressemblait à celui d’un philosophe barbu des temps anciens. C’est assez simple, il suffit de prélever la mince pellicule blanche sous les ongles de la victime pour vérifier qu’elle correspond à l’entourage de pierre crayeuse de la fenêtre ouverte. Je suis certain que, si l’un d’entre vous se déplace pour étudier les montants, il découvrira des traces de griffure.

    Le plus jeune des gendarmes avisa l’autre et comprit d’un seul échange de regards qu’il

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