Le commissaire n’est pas à la noce

Les voitures, ornées de magnifiques rubans blancs, ressemblaient à d’immensesbonbonnières.Leurdéfiléautour de la place de l’église, agrémenté de grands coups de klaxons, était ininterrompu. Un quart d’heure plus tard, au bas du grand escalier, il ne restait plus l’officier de police Prigent qui tournait en rond sur le trottoir, tel un lion en cage : dans l’excitation générale, personne ne lui avait proposé de l’emmener. Sa voiture, qu’il n’avait pas pensé à décorer et qui, de toute façon, était maculée de boue, l’attendait sur le parking de la gare.

Il commençait à regretter d’avoir accepté l’invitation de sa nièce. Mariette, dite Marinette, jeune recrue de la police – il devait exister un virus familial, commentait-on –, convolait en justes noces ce jour. Avec Louis, étudiant en médecine. Un beau mariage, assurément. Un soleil splendide, dressé haut dans le ciel pour saluer le printemps et les jeunes mariés, rendait la fête encore plus belle et les tenues des dames encore plus resplendissantes.

Mais Prigent s’ennuyait toujours devant l’église. Il était arrivé presque à la fin de la messe et n’avait pu s’entretenir avec un membre de la famille qui aurait été capable de l’orienter. Il ne savait même pas où il devait se rendre exactement.

Soudain, un coup de klaxon intempestif le fit pivoter sur lui-même. Il reconnut au volant d’une vieille 4L toute cabossée l’abbé Glacet avec lequel il avait fomenté, jadis, quelques coups fumeux dans la cour d’école. C’est lui qui avait officié pendant la cérémonie religieuse. – En pleine panade, notre super flic ? lança-t-il dans un grand éclat de rire. Il ouvrit la portière côté trottoir et Prigent le rejoignit avec un « ouf » de soulagement. Arrivés sur place, tous deux se mélangèrent à la masse ondoyante et bruyante des invités qui s’étaient déjà égaillés dans l’immense prairie d’un vert éclatant, derrière la ferme des parents de Mariette. Au centre avait été dressé un double chapiteau (on