Diapason

Un homme nommé Bach

On connaît son portrait officiel, le seul authentique : celui d’un vieux bonhomme emperruqué, pas très avenant, un rien scrogneugneu. Et quelques anecdotes controuvées, qui nous masquent l’homme véritable. Ce dernier, il faut le chercher dans les méandres des indices et témoignages les plus divers. On a vite fait de s’apercevoir qu’il est bien différent de ce que nous rapporte la légende qui s’est peu à peu cristallisée…

A bien lire, on rencontre un homme de caractère, puissant. Ce grand chrétien, pétri de théologie, protestant luthérien et anti-calviniste, est à l’évidence très exigeant pour luimême et pour les autres. Ferme. Au point de se fâcher facilement, on va le voir. Mais en famille, avec ses enfants, ses proches, ses nombreux amis, on l’aime et on l’admire. « Tout le monde trouvait sa fréquentation très agréable et souvent très édifiante », nous dit-on. Il est le maître. On imagine les visiteurs quittant sa maison avec le sentiment d’être plus intelligents qu’en y étant entrés. On peut aussi le retrouver en ville, ce « petit Paris » qu’est alors Leipzig, cité animée, avec ses artisans, ses commerçants, ses belles demeures et ses jardins, mais aussi des foires réputées qui attirent nombre de chalands à la ronde; une célèbre université, foyer de réflexion et d’édition, surtout. On se retrouve volontiers au café – ils sont nombreux, alors. Au fameux Zum arabischen Coffeebaum, « Au caféier arabe », l’un des plus anciens d’Europe, dont on dit que Bach le fréquentait, avant que l’établissement ne devienne un lieu de rencontre pour tous ceux qui y sont depuis passés, Telemann, et plus tard Goethe, Klopstock, Schumann, Wagner, Nietzsche et tant d’autres. Ainsi que le prince électeur de Saxe, Auguste le Fort et son Premier ministre, quand ils venaient à Leipzig, devant une tasse de café, un verre de vin ou une chope de bière.

Il y a encore, sur le Markt, le café Lehmann et, tout près, le café Zimmermann. Non, Bach n’était pas un pilier de bistrot : le café était d’abord un lieu de vives discussions, sur des sujets qui pouvaient être les plus graves ou les plus élevés. On y buvait, on y fumait. Et en l’absence de salle de concerts, la grande salle du café Zimmermann pouvait accueillir cent cinquante personnes.

A la maison

Examinons de près son unique portrait authentique. C’est celui d’un homme déjà âgé pour l’époque, fatigué par un dur et constantd’excellente eau de vie à Monsieur mon cousin [Johann Sebastian]… je sais que je lui ferais ainsi un grand plaisir. » Eh oui, un grand plaisir, le bon petit verre de schnaps, à condition qu’il soit excellent !

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